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vienne parfaitement au refte d elà pièce. (Apo-^
logie de la Mijf. de S. Maur , p. 97. )
IN T E R R E X , fénateur romain qui èroit revêtu
par éle&ion , & pour cinq jours , de l’autorité fu-
preme j pendant la vacance du trône ; & fous la
republique, dans le cas de quelque anarchie , *au
defaut d’un dittateur.
C e nom eft proprement latin , mais il faut s’en
Fervir dans notre langue, puifque nous n’en avons
aucun qui lui réponde $ gouverneur, régent, &
meme entre-roi, ne rendent point le nom interrex, \
& ne peuvent le rendre , attendu la différence de 'i
110s gouyernemens avec celui de Rome.
Toutes les foiv que , dans les commencemens
de c tte v ille , l’életfion d’un roi ne fe fa foit pas
fur le champ & qu il y avoit un interrègne , le
pouvoir.ceffoi- entre Ns mains des fénatuirs , qui
ch ififfo ent un chef pour gouverner l’état avec
to tes les manques de la dignité royale 5 on appel-
loit-le paiticien qui en étoit honoré interrex. C ’é-
toit lui qui aflembl.it le peuple pour procéder à
1 élection d un nouveau roi ; mais fa charge ne
duroit que cinq jours, au bout defquels on en dé-
claroit un autre, fl la vacance du r-ône n’étoit pas
’ déclarer Yinterrex, plutôt
qu e.ire : le mot consacré étoit prodere interre-
gem. ■
11 eft vrai cependant que les hiftorîens ne font
P°-nÇ dAccord fur la manière dont les fénateurs
ddlribuèrent entr’eux l’exercice de l’autorité fu-
prême , dans Yinterregne qui fubfîfta une année
entière après la mort de Romulus. Denis d’Hali-
tarnaffe affure que chaque fénateur fut interrex
cinq jours de fuite. Tite Live marque que les féna-
leuvs s étant partages en d.xaines , chaque dixame
commandoip alternativement durant cinq jours }
mais qu’il n’y en avoit qu’un de ces dix qui portât
les marques de la fl»uveraineté, & gui fît marcher
devant lui les lideurs avec les haches & les
faifeeaux.
Le commandement de l’armée, après la mort
de Romulus, fut prolongé pour un an aux confuls,
& le fénar nommi pour premier interrex Cn. Clau-
d us 3 fils d’Appius. Ce ju t fur la fin de cet interrègne
que celui qui en fit le premier la fon&ion ,
a heflanc la parole au peuple en pleine afîemblée,
toi tint ce difeou-s remarquable : « Élifez donc un
* r i , romains ^ le fénat.y confent j & fl vous
»» f.ites choix d’un prnee digne de fuccéder à
» Romulus , le fénaf le confirmera.»
Après l’étab’iffement de la république fous les
confuls, quoiqu’ il n’y eut plus de roi, on garda
Je nom & la f néèton d’interrex , car lorfque les
HVi&iftrats croient abflens, morts, qu’ils ne pou-
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voient tenir les comices, qu’ils avoient abdiqué
qu’il y avoir eu quelque défaut dans leur élection,
ou qu en un mot l ’ttat fe trouvoit dans une êfpèce
■ d'anarch e, qui ne demandent pas néanmoins qji’on
vînt à créer un dictateur, on décbrôit un interrex
pr.s du nombre des patriciens j fa. fonéh’on ne du-
io it, comme foi s îa royauté , qu* cinq jours,
au bout defquels on en créoit un autre.
Il convoquoft le fénat par fon pouvoir, faifoit
aflembler le peuple pour l’éleétion des confuls ou
des tribuns militaires lorfqinls avoient lieu , &
veilloît à ce qu’on y procédât dans les règles.
Pendant le temps de fachaige, tous les raagiftrats,
excepté les tribuns du peuple, dépofoient leur
autorité. En effet, il arriva que l’an 700 de la
fondation de Rome, ils s’opposèrent fi fortement
à l ’éleéfcicn des confuls, que Y in te r r e x ne pouvant
. les y contraindre, on fut obligé de déclarer Pompée
dictateur : c’eft là , je penfe, la dernière fois
qu’il eft parlé de cette magiftrattrre provifoire
dans 1 hiftoire romaine. Elle.tomba d’elle-même
avec la république , quand les empereurs, fe rendirent
maîtres de tout le gouvernement.. (,D. J . )
INTERULA , fubucula , intufum , xirmlmcos.^
viroxctftiToVj iffatpofiov, & dans les bas ficelés cami-
fia. Tous ces mots défignent une tunique courte,
: placée immédiatement fur la peau , comme la
| chemife des modernes , & fous la tunique. Voye£
C hemise. Subucula & interula défignoient celle
des hommes , & intuf um celle des femmes, félon
Manuce ( Qusf. per epijl. 3 .2 . ).
IN TES TIN UM-. \ T . f
INTES TINARIÜS. j Les romalns aPPeI’
loient intefiinarii, inteftinairès, certains ouvriers,
Cetoient ceux qui faifoient des ouvrages pour le
dedans des maifons & des appartemens appelles
opus inteftinum. Budé & d’autres favans ont cru
que ces ouvrages étoient ce que nous appelions
de la boiferie, de la menuiferie. Ainfi les zntefti-
noires étoient des menuifiers. Sàumaife eft du
même fennment que Budé. Voyez-le fur Solin ,
pag. 2034 & 10 4 0 ,8c la 2e. loi du code Théo-
dofien, de Excuf. Artif. Godefroi fur cette loi,
Vitruve L. IV. c. 4. L. V. c. L. VI. c. 2.
Pline L. X V I , c. 42. où il eft parlé des ouvrages
de ces artiftes & de leuts différentes efpèces.
IN TR ITUM , efpèce de panade à l’a i l, ragoût
des moifionneurs.
INTUSIUMj ou interula. Varron appelle de ce
nom la tunique que lès femmes portoient fur la
peau., comme les modernes portent la chemife*
Voyeç ce mot. ( Ling. lat, IV . 30. )
IN V IC T A . Voye% LlMAçON*
1 o
} C'eft un des fursoros de
Jupiter ; les romains célébroient une fête aux ides
de juin, en l’honneur de Jupiter invincible.
IN V IT A T O R , T ,, , a .
IN V IT A ÏE U R , Ç 0fficedim domeftique a
Rome. Il paroît, par une inscription rapportée
par Grævius, p. D X C V I Ï I , n°. Ô, que cet office
n’éto.it pas des moins confidérables , puifqu’on le
doanoit à des affranchis 5 elle porte A gatopus
AUGG. LIB. IN V IT A T O R , &c. Les invitate.urs
étoient ceux qui ailoîe'nt inviter le s convies au
repas que l’on donnoit'. Voye^VWne , L. X X X V .
c. 10, où il parle des invitateurs de Ptoiémée ,
qu’il appelle vocatorcs.
10 3 fille du fleuve Inaehus, forçant un jour de
chez fon père , fut furprife par Jupiter qui, pour
l’empêcher de fuir, couvrit là terre d’un nuage
épais qui fe répandit autour d’Io. Junon étonnée
de voir la terre couverte de ténèbres dans, un
temps ferein , defeendit fur la terre & diflipa les
nuages. Jupiter , qui avoit prévu l’ anivée de fon
époufe , avoit changé Io en une génifle qui »même
fous cette forme', confervoit encore de la
beauté, Junon ne put encore s’empêcher de l’ad- 1
mirer ; & feignant d’ignorer ce qui s’étoit pafie,
elle demanda à qui àppajtenoit la génifle, & de
quel troupeau elle sétoit. Jupiter , pour terminer
toutes fes demandes, lui dit que la terre venoit
de la produire, Junon la voulut avoir, & la donna
à garder à Argus, qui avoit cent yeux. C e fur-
veillant la laifibit paître pendant le jour 5 la nüit,
il l’enfermoit & la tenoit attachée. Elle vint une
fois paître fur les bords du fleuve Inaehus fon
J>ère qui, charmé de fa beauté, lui arracha de <
l’herbe: elle baifa les mains qui lui. préfen-
toient, laifla couler quelques larmes, & au défaut
delà parole qu’elle n’avoit p'us , elle traça avec le
pied , fur le fable, fon nom &: fes malheurs. Jupi-
•ter ne pouvant plus fupporter les maux auxquels
il voyoitlo expofée/envoya Mercure pour tuer
Argus. A cette mort, la colère de Junon redoubla
; la malheureufe Io en reffentit de nouveaux
effets j à fes yeux fé présente une horrible furie
qui, jettant l’épouvante dans fon èfprit & le trouble
dans fon coeur,, la fit,errer par toute la terre.
Elle arriva enfin fpr les bords du N i l , où , accablée
de fatigue & de laflîtude , elle fe coucha fur
le fable , & pria Jupiter de terminer fes tourmens.
Junon s’ appaifa à la prière de fon mari ; Io reprit
fa première figure, mit au monde Epaphus , &
'devint même déeiïe fous le nom d’Ifis.
C ’eft ainfi qu’Ovide raconte la fable d’f o , au
premier livre de fes métamorphofes. On trouve,
dans les poëtès grecs , quelques autres circonf-
tances. Junon, pour vengèr la mort d’Argus ,
envoya, dit-oa , à la vache Io une mouche qui,
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là piquant faps cefle de fon aiguillon > la mettoi
en fureur. Agitée d’une étiange forte, Io traverfa
à la nage la mer qu’on appel la depuis Ionique ( de
fon nom ) j elle alla en Illyrie , paffa le mont Hé-
mus, d’où elle defeendit dans la Thrace. La mer
arrêtoit auffi peu fes courfes que les montagnes.
Le golfe de Thrace. fe trouvant; fur fa route, elle
le franchit comme la mer Ionienne : ce golfe prit
de là le nom de Bofphore, qui veut dire le trajet
de la vache. Elle alla enfuite en Scythie, de là en
Europe & enfuite en A llé , & enfin fur les bords
du Nil.
Efchile, dans fa tragédie de Prométhée , fait
arriver Io en Scythie, au lieu où Prométhée^étoit
enchaîné fur fon rocher. Prométhée, comme dieu,
la reconnoît ; elle en eft étonnée 5 elle l’interroge
fur la durée de fes maux : après plufieurs difficultés
, il lui révèle les autres voyages auxquels la
jaloufe Junon l’a condamnée, & fixe fon établir—
fement en Égypte > où elle aura , de#Jupiter, Epaphus,
dontla domination s’ étendra aufli loin que le
Nil. A cedifcours, un nouvel accès de fureur faifit
Io, & lui fait continuer fes courfes. Voye^ A rgus,
Epaphus , Isis.
Marsham ( Canon Ægyptiac. Sec. 1 .) a montré
le premier que YIo des grecs avoit été formée fur
Tins des égyptiens, & fur l’Aftarte des Phéniciens.
Jabionski ( Pantk. Ægypt. lib. 3. c. 1. ) a porté
cette opinion à la démonftration , en rappellant
que le nom cophte, ou ancien égyptien, de la
lune (dont-Ifis étoit le fymbole ) étoit loh. Hérodote
avoit dit expreflement ( lib. 1. cap. 1. 6* y .)
que YIo des argieos étoit la même di\inité que
l’Ifîs des égyptiens. Les cornes de boeuf que porte
Ifis ontfervi de fondement à lamétamorphofedTa
en vache. Enfin, les argtens , qui étoient d’origine
égyptienne avoient dans leur temple une vache ,
« image d’Io ou de la Lune, dit Euftathe ( zk
” Dionif. Periegèten. verf. 94. ) ; car la Lune eft
» appelée Io dans leur idiome ». Jean Mal al a
( Chronograph. pag. 27. ) dit auffi que les argiens
donnoient encore de fon temps, à la Lune le nom
myftique & fecret d'Io. Voyeç A rgiens.
ƒ C e mot étoit , chez les grecs & les
latins, une efpèce d’intirjeélion. On peut le comparer
à notre oh ! -----Les Bacchantes', dans les
orgyes , crioient fréquemment Io Baccke. — Les
romains crioient auffi Io Saturnalia, pendant les
faturnâles (Marc. X I. 2.).
‘ Clamant ecce mei 1 0 Saturnalia verf us. — Les -
foldats , dans les triomphes , faifoient retentir Jes
airs du cri Io triomphe. ( TibuLl. i. 6. 12 1 .)
Ipfe gerens laurus , lauro devinctus agrefii
Miles 3 Io. magna voce , triumpke caneu
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