
une rivière de ce nom a où" Ton méttoît le lieu de
la fcène. D'autres ont dit que c’ étoit le fleuve
Evène 5 & cette circonflànce eft indifférente On ne
voit pas trop ce que fa.t ici la circonflànce du labour
, qui fenible ne pas tenir aux autres aventures
: mais les anciens ne difoient rien inutilement
dans ces hiftones ; & quand on ne pour-
roit pas expliquer ce fait particulier', il ne s'enfui
vroit pas que l’explication des autres laits fût
mtuvaife».
« Quoi qu’ il en foit, Jafon laboura. Enfuite il
s’achemina àda cour de Péltas. Chemin faisant ,
il eut befo n de traverfer le fleuve Anaure > il ne
favo t comment faire 5 il trouva Junon dégui-
fée en vieûje , qui le prit fur Ces épaules Se le
porta. D ’autres difcnr que ce fut lui qui porta
Junon fur Ion dos. Mais de quelque manière
qu’on prenne cette fable , c’ elt une fable j &
comme e! e ne peut être qa’ aftronorniqué & que
Junon eft la lune , cette circonflànce tient à un
afpeét obfervé de la -vieillelune , à l’époqut où le
fleuve va difparoicre, ôc où il faut le traverfer.
( Dans les peintures qu’on traç ait des dieux aftro1
Bom que s j on obfervoit.de leur donner des attributs
r- la tifs à leur âge ; ori changeoit ces attributs >
on habilloit 8 on béshab riloit les ftatues. Cérès,
après la perte de Proferpine, c ’eft-a-dire eri hiv
v e r , étoit habi tée de noir. Apollon & Bacchus
©nt été peints quclqüef is avec line barbe. La
lune étoit peinte une ou trois5 elle étoit , félon
fort âge , ou vierge , ou amante, ou matrone , ou
fage-femme».
« Cependant Jafon ne mit qu’un pied dans leflèuve,
car 'il n’eut pas le temps d- les y mettre tous deux ,
& le fleuve efl couthé avant que les deux jambes
du ferpentaire forent fur l'horizon : il perdit à
cette occafion un de fes Cooliers 5 & fe préfenta
dans cet état à la cour de PéliVs. O r , l’oracle avoit
averti Pélias de fe défier de quelqu’un qui fe pré-
femeroit à lui* un pied chauffé & l’aurre nud. Le
roi frappé , comme on peut croire , de l’apparition
de Jafon y fi conforme à la menace de l’oracle ,
chercha à fe défaire de lui, en-lui ordonnant d’-al-
1 er chercher la torfon d’or ».
« Alors fut conftruit le va’ffeau. Les argonautes
dont j’ai parlé, s’embarquèrent-, c’ eft -à-dire , que
les principales conflellations qui font le voyage
célrfte en même temps que le ferpentaire, s’embarquent
avec lui. Chiron leur fit cqnnoître les
aftres 3 & leur enfeigna la route qu’ils dévoient
tenir : & voilà pourquoi l’on dit que Chiron* étroit
inventeur de l’Aftronomie, circonflànce fabuléufe,
fur laquelle le grand Newton avoit fondé, fa chronologie
Le centaure Chiron paffoit pour avoir
enfeisné la chirurgie , parce que fon nom fignifie
l’ art de la main , qui s'appelle chéïr'tn grec. La
main armée d’une flèche fut long-temps le fymbole
du Sagittaire , appelle auffi la main. Il eft
à c h e v a l i l avoit en feigne, i’équitatn n ; il eft
chaffeur , on lui devoir la fciencede tirer de 1 àrc ,
& il avoir mené Achille à laj chaffe. 11 fe lève
asec le navire , il fut de 1 expéd t on, & enfeigna
la route aux argonautes. Jepafle les cittonftances
du voyage , auxquelles je dois revenir, '& je fuis
Jafon à la cour d’Aéttis, auquel il commença.par
demander la toifôn».
« Le ferpentaire eft placé perpendiculairement
fur le figne du icorpion , & eft porté par lui i
& lorlque le foleil eft dans fon dernier figne, e t ft
l’annonce du labourage. Celui- qui étoit porté par
le. ftorpion , fur le dos duquel font appuyés les
pieds du ferpentaire, cet homme, dis - je , étoit
le laboureur , & annonçoit les travaux de la fai-
fon ». ;
« Dans les calendriers anciens ou la balance
n exiftoit pas , & où le fe orp on occupoit deux
places, il fuivoit immédiatement Iavierge comme
le labourage fuccède aux moiffons! La vierge porte
un épi à la main, ligne pariant qu'il eft-aifé de
recondoître. On l’appelia Cérès1, & c etoit el.e
j qui avoit fait don aux humains du bled & de la
charrue. On la dépeignît, comme -chacun fait,
portée fur tin char; c ’étoit le char aratoire, & il
étoit attelé de deux ferpens ».
« Céres fit préfent de ce char , comme on fait
encore, à Triptolème fon fils, qui étoit dépeint
porté fur fa charrue & traîné par .les. deux ferpens.
Triptoleme etoit le laboureur, le ferpentaire
des athéniens , & l’ on célébroit fes tetes a Eleufis.
Eue porté par le feorpion, ou être porté par le
char aratoire, étoit la même chofe. On voit donc
ici deux- fymboies anciens , ce ui de Cerfs, portant
des épis , 8c traînée fur^ le char attelé des deux
ferpens d‘ Opkiucus ; & celui d’Ophiucus ou
du fer p entai r e , ’porté fur le dos du feorpion, &
traîne par deux ferpens. Cela fignifioit que les
époques, d’abord de h'moiffon , & enfuite du
labourage, étoient arrivées».
« Cependant il y a lieu de croire que le feorpion
avoit été auparavant figuré par une chanue ;
premièrement, pour les raifons que je viens' de
dire , enfuite parce que le nom oriental du
feorpion défigne aüfii l’adtion de déchirer, de labourer
la terre. Les hébreux l’appelloiém & les
arabes l’appellent encore Hacrab , qu-i vient de la
racine hacrab, déraciner, déchirer. Manilius qui
s*eft fort, étendu a raconter les influences des
conftellations , tranfmifes par les anciens , & qui
font toujours tirées du nom de ces confie! iatio ns
& de leur fens, dit que ceux qui naiffent fous la
conftellation du feorpion, s’adonneront à la charrue
, & qu’ils feront laboureurs; & il attache cette
influence à la queue du feorpion,. qui défigne
aufiî le contre de la charrue. Celui qui naît fous
le figne du feorpion, au moment où les étoiles de fa
queue brillent dans le firmament, celui-là accroîtra
le nombre des villes , & foumettant des taureaux
au joug, il tracera l’enceinte des cités, ou
bien il renverlera les villes mêmes , il les réduira
en champs labourables , 8c voiturera les récoltés
dans les. greniers. En ftyle aftronomique , cela
fignifie que le feorpion eft l’annonce du labourage,.
& qu’il en cft 'l’inftrumtnt. Le figne aftronomiiqué*
dont nous nous fervons encore pour défigner le
fc.orpioiV, & qui ne reffemblc en aucune m inière
à cet animal, reffemble beaucoup plus à une charrue
montée fur fcs-.loues , & terminée par un
coutre. .C’ eft le figne primitif réduit au fîmple
trait , : comme le .vérfeau , les poiffons , le lion ,
les gémeaux, 8c c. Scahger & les autres fa va ns
qui' ont. fait des recherches à cet égard , are paroi
ffent avoir mal expliqué ce ifigné abrégé du
feorpion ».
« Une autre hiftdire conipofèe à propos du
ferpentaire, prouvera c\ ideenment que cette conf-
tellation-,étoit l’.:nnonce du labourage. Gn racontait
.que Céres s’étoit lendue am luretiié d’un
homme n 'mmé lafio.n , dot t ôn'voit dé.'à que le
nom rtfièrnble beaucoup à celüi.d: J.<jfont s'il n’ cft
pas .le ‘meme-. Céres lui acco-da fes faveurs dans
un champ défriché & labouré trois !o s j & de ce
commerce, naquirent deux frères, Plutus ou le
dieu des richelfes , P h ilom é lu scelui quiaime les
croup'.-aux. L’injulîe Plutus prenoit tous, 'es b;ehs
pour lu i, & n’en fàifoit poinD part: à fon frère;
alors Philomélus ^’adonna, à la culture des tro.i-
peaux ; il ach-ta deux boeüfs, il les fi: labourer 5
& Çérès ench ntéc des fuccès de fon- fils, ’ le
p'aç-â -parmi l.-s aftres , ' fous' lé'tibrri du' bouvier1/
cette conflellatîon étoit en effet le fymbole &
l ’annonce de la moiffon,- comme je le prouverai
évidemment à la fin de cet article.. On voit-par!
cette hiftoire de Philomélus,. fils d'Iafion , une
patenté allégoViqüe entre le bouvier & Je ferpen-
taïfei Le b:)uvier etoit le ivioiffonneur , & le fer-
pencaire qui le fuit étoit celui qui laboUre , Sc
auquel îe moiffonneur ordonr.e de battre les.grains ,
d’atteler des taureaux & de labourer.la terre fous
le figne du feorpion. Aufiî cette même hftoire
continue fur le même ton. laffon reçut Cad mus
chez |ui. dans l’ile de Samothrace, an moment ,011
Cadrnus al p.'t époufer fà fqeu.r Hérrnione. Tous
lès d ieux. affifterent aux noces & lui' firent des
piéfens; Cérè-i lui donna du bled, ces épis qu^ëliè.
t'e' t à'la main-, afin que lafion le femât: Mais
Jafon, lafion 3 & même Iafusy frère de Dardanus,
ne font autre chofe que le ferpentaire ». '
et N.otis voyons donc, ic i, l’explication .dé".la
fable Je /Jafon & de celle’de Cadrnus. Quelque
foin que. jè.préhrie de l ’abréger, je,ne puis me dif-
pé-fer de donner les détails néceffaires ; ,& comme
c ’eft encore ici une clé de l'explication dé feiu-
coup d’autres hiftélres grecques,' je dois en dire
affez potir que l’on y trouve les règles qui peuvent
fervir à les dé brou lier ».
« Avant que Jafon pût conquérir la teifon, il
avoit d’autres travaux aftronomiques à remplir.
Ætas le lui fignifia en ces termes pleins de courage,
& que dictoit une fureur fccrete : « pour-
» quoi m’adreflés tu , ô Jafon , de fi longs dif-
» cbars ? Si.vous êtes en effet de la race des dieux ,
i » & qu’égaux à moi en valeur, vous foyez venus
» tenter des aventures, je te livrerai la teifon
» d’or , pourvu que tu te foumettes aux épreuves
! » néceffaires 5 car je r:e fuis point jaloux des héros
» tels que vous me dépeignez le maître de la
; » Grèce. Le combat auqutÉj’ëxpdférài ton cou-
» rage, quelque périlleux qu if foit, eft un-exploit
- » .que je fais moi-même. J’ai dans le champ de
» Mars d eux taureaux-aux pieds d’airain , & dont
» ' les n ifeaux foufflent la flamme. Je les foumets
» au jou g, & je les fais labourer quatre.arpens
» dans un champ confacré au dieu Mars. Ce que je
» fème n’eft point le froment de Cérès, mais les
,» dents d’un ferpent horrible; elles*fortent de la
»: terre, fous la forme de guerriers armés; je me
» jette au milieu d’ eux avec ma lance , &c je les
» mets en pièces. Tous ces travaux font l’ouvrage
» d’un feu! jour : le matin j’ attèle les laureaux,’ &
» le fuir ma moiffon eft faite. Si tu achèves en un
» jour cet exploit, je te livre la toi fon ; finon,
» n’cfpère rien de moi ; il feroir indigne d’un
» homme de çôéur d e c ed ;r à un homme moins
» brave qu;e iuL». ( Apollon-, Argon. I. I I I , v. 401,
& f iq -Y C ette pompe de.paroles ne d< it plus;. nous
étonner, depuis que nous .connoiffons le génie des
anciens ; & puifqüe l ’aftronomie & l a iricult-ure
étoient mifes en p ,èmes épiques, il failoit bien que
des hé-ros poétiques pariaffmt un langage digne
d eux* L’ordre donné à Jafon a évidemment rapport
au labourage : les. taureaux qu’il doit atteler
font lès .boeufs cé ertes, ceux qui traînent le char
Ceprqntrional ; les.boeufs d’Icare , qui eft aufiî le
bouvier 5 les, bpeufs id’Her<.ule que ce héros embarqua
avec lui.;; les ' boeufs, du foleil qu’osèrent
attaquer les compagnons d’Ulyffe. Ils ont des pieds
d’airain, comme la biche célefie & comme le taureau;
.comme:celui-ci ils foufflencia flamme, emblème
de' la lumière que répandent les conftejla-
tions. Les dents delà conftellation afimech, dont
il .va.être queftion -, de cette lance entourée de gerbes
'^ ' furmontée de ferpens, ces den s font le
bled‘IuCmême qui tombe fous le fléau ; & ces
guerr iers armés , au milieu defquels Ætas fai foie
v.o.er fa lance pour les exterminer, font les bleds
qui.tombent fous le fléau du moilfonneur. E t cette
dernière explication “que je donne, n’eft pas pius.
arbitraire que les autres- Héfiode parlant dans fa
Théogonie ( Thépg. v, 18). ) de la mutilation allégorique
du ciel, avec une faulx mife dans la main
de -Saturne, dit que lefang du ciel devint fécond ;
que là ‘terre reçut ces gouttes précieufes, & qu’au