
on les appelloient fynthlfes. Selon Ferrarius , la
figure principale d’un bas-relief de laVilla Negroni
( admiranda Roman, antiquit. fol. 71. ) en elt revêtue
: ce bas-relief repréfente quelques fêtes ,
que les uns ont pris pour les Saturnales, & les
antres pour le feftin deTrimalcion de Pétrone.
Selon Bianchini ( Iftoria univerfale ,fo l. 8$-. ) , la
barbe prouve décidément que la figure principale
n*eft point Trimalcion ; mais fa grande ftature
ne prouve pas non plus que ce foit Saturne ,
'comme P a penfé cet auteur. Quoi qu'il en foit,
il étoit contre la bienféance de paroître en public
avec la Jynthefe : Néron fut blâmé de l'avoir fait
CSuetonius). Ferrarius ( de re vefi. cap. 32.) cite
un paffage de Jufte-Lipfe, fuivant lequel la fyn-
thefe rdïembJoit au pallium. Il n'ell pas poflible
de diftinguer la forme de cet habillement à la
figure du bas-relief de la Villa Negroni. Les mo-
numens qui repréfentent des romains à table,
leur donnent ordinairement une tunique fans ceinture
3 accompagnée d'un manteau, dont ordinairement
on ne voit qu'une partie. Les hiftoriens
n'ont rien écrit de pofitif fur cet habillement de
table ; ils ont feulement blâmé Néron de s’être
préfenté en public avec la fynthèfe, dont ils parlent
comme d’ un habit trop généralement connu
pour avoir befoin d'être décrit. On ne découvre
pas davantage les ferviettes (Bayfius 3 de vafculis 3
fol. 147. 151 . ) , dont les romains -faifoient ufage
au lîècle de libère & de Néron:
Le luxe ayant introduit à Rome F ufage de
manger couchés fur des lits 3 cette coutume ne
pouvoit être fi générale, qu’une infinité de per-
fonnes ne s’en tinlfent à la manière ancienne de
manger âflîs fur des fièges. On voit fur quelru?s
monumens de ces fièges recouverts d'un couflinet
avec un doflier; & fouvent des femmes & des
enfans aflis fur ces fièges auprès d'hommes couchés
fur les lits auprès d'une table.
L i t n u p t i a l , lectus genialis , lit préparé par
les mains de l’Hymen. C'étoit un lit qu’on dref-
foit exprès chez les romains pour la nouvelle
mariée, dans la fille fituée à l'entrée de la maifon,
& qui étoit décorée des images des ancêtres de
l'époux. Le lit nuptial étoit toujours placé dans
cette falle, parce que c'étoit le lieu oh la nou- j
velle époufe devoit dans la fuite fe tenir ordinai- \
rement pour filer & faire des étoffes.
On a voit un grand refpeft pour ce lit ; on le
gardoit toujours pendant la vie de la femme pour
laquelle il avoit été drefle 5 & fi le mari fe rema-
rio it, il devoit en faire tendre un autre. C ’eft
pourquoi' Cicéron traite , en orateur , de crime
atroce l'a&ion de la mère de Cluentius, qui ,
devenue éperduement éprife de fon gendre, l’é-
poufa , & fe fit tendre le même lie nuptial qu’elie
ayoit drefle deux ans auparavant pour fa propre
fille, & dont elle la chafia. ,
Properce appelle le lit de noces adverfum 1er
tum, parce qu'on le mettoit vis-à-vis de la porte.
Il s'appelloit genialis , parce qu’on le confacroit
au génie, le dieu de la nature , & celui-là même
qui préfidoit à la nailfance des hommes. (D . J.)
LITTERARIÆ URNÆ. C ’ eft le nom qu'on
donfioit aux vafes qui portoient quelque inferip-
tion , ou fimplement quelques lettres numérales
indicatives de leur capacité.
■ U T TO R A L IS . On trouve cette épithète,
donnée à Sylvain , dans un monument où il paroît
couronné de lierre , avec fes cornes qui percent
la couronne apparemment qu’il étoit honoré fur
le rivagè de la mer en cette forme.
L IT T U S 3 ce mot ancien, qui veut dire rivage,
du côté de la mer, étant joint à quelque
épithète, a été donné par les anciens, comme
nom propre à certains lieux. Ainfi, dans Ptolo-
mée, littus Cccfu, étoit une ville de Corfej littus
magnum3 une ville de Taprobaae , &c.
L i t t u s , p l a g i a 3 p o r t u s 3 s t a t i o 3 p o s i t i o ,
g o t o , r p f u g i u m , g r a d u s . Il y a, dans tous
ces mots de la navigation des romains , des différences
qu'il importe d'expliquer non-feulement
pour Fintell'gence des auteurs, mais encore parce
que l'itinéraire maritime d’Antonin eft difpofé
par littora 3 plagia , portus, ftationes, pofitiones
cotones , réfugia & gradus.
Je commence par le mot littus „ rivage, qui
a la plus grande étendue, & qui comprend tous
les autres} car, à parler proprement, littus eft
la lifîère , le bord de la terre habitable, qui
touche les mers, comme ripa, la rive , fignifie
la lifiere qui borde les fleuves départ & d'autre.
Il eft vrai cependant qu’en navigation, ce mot
général a une lignification fpéciàle. En effet, il
fe prend dans les bons auteurs pour tout endroit
où les bâtimens peuvent aborder à terre, & y
refter à l’ancre avec quelque furecé , & pour
lo rs, ce mot défigne ce que nous appelions une
rade.
Plagia, plage, fe confond afifez ordinairement
avec littus & ftatio, comme Surita le remarqué }
mais aufli fouvent les rades & plages, plagiat
font des parties du rivage, fortifiées par des ouvrages
de maçonnerie, pour en rendre l'accès
plus fur & plus facile. On appelloit ces fortes
de fortifications ou remparement, aggeres , nom
commun à toute levée de terre excédant en hauteur
la furface du terrein.
Il fe trouve aufli des rades ouftàtions, ftationes
3 très-fùres, & qui font l’ouvrage feul delà
nature. Telle eft celle que Virgile dépeint dans
fes géorgiques, liv. IV .
% , , , . , 77.1 .................Eft fpecus ingens
Exefi latere in montis, quo plurima vento
Cogitur inque finu fc indit fefe unda redullos,
Deprenfts olim ftaticr tutiftima nantis.
Portus figmfie tous ports faits par nature ou
par art, ou défîgnés par la natare, & achevés
par artifice.
Cotones font les ports fûrs fa’ts uniquement
de main d’hommes ; cotones , dit Feftus , appel-
las tur portus in mari tutiores , arte & manu fadti ,*
tel étoit le port de Carthage en Afrique, que
Scipion attaqua. Portum, ditAppius* quem co-
tonem appellant, ineunte vere aggrejfus eft Scipio ,*
tel étoit encore le port de Pouzzoie , près de
Naples, au rapport de Strabon.
Statzones , les ftations tiennent le milieu entre
les plages & les ports, plagia & portus ; ce fon r
des lieux dityofés, foit naturellement, foit arti
ficiellement} de manière que les navires s’y tiennent
plus furement que dans de Amples plages,
mais moins fûrement que dans les ports. Su-.ira-
nous le fait entendre, en difant: Stationes funt
qu& portum , tutam matzfionem non ajfequüntur ,
éf tamen littoribus pr&ftant ; tel étoit dans l’île
de Lesbos le havre, dont .parle Virgile en ces
termes :
N une tantum finus, & fiatio mate fida carinis.
Pofitiones 3 les pofitions défignent la même
chofe que les ftations} pofitiones pro fiationibus
indifferenter ufurpantur, dit un des commentateurs
de l'itinéraire d'Antonin.
Refug ium femble défigner en général tout rivage
où l'on peut aborder} cependant il paroît
lignifier fpécialement un havre, où les navires ,
qui y abordent, peuvent refter avec aflurance.
Ego arbitror , dit Surita , voce refugii ftationes
defignari quâfida navibus manfio defignatur.
Gradus, degré , fignifie quelquefois une efpèce
de pont fur le bord de la mer ou fur le rivage
des grands fleuves, fait exprès comme par degrés,
pour monter de terre dans le vaifleau, ou
du vaifîeau defeendre fur terre avec plus de facilité.
C ’eft la définition de Surita. J ’ajoute que
les romains donnèrent plus communément le nom
de. gradus aux ports qui étoient à l'embouchure
des rivières, & où l’on avoit pratiqué des degrés
, enfin, ils nommèrent gradus les embouchures
du Rhône. Ammien Marcellin nous l'apprend,
en décrivant le cours de ce fleuve : « Rko-
danus, dit-il, inter voiles quas ei natura pr&f-
ertpfit, fpumans gallico mari concorporatur , per
patulum finum t quemvocanty ad gradus , ab Are-
late 18 ferme & lapide difpofitum ». Le Rhône
coulant tntre les vallées que la nature lui a pref-
crites, fe jette tout écumant dans la mer gau-
loife, par une ouvoture qu'on nomme aux degrés,
à environ 18 milles de la ville d’Arles. (D . J .}
L ITU U S 3 inftrument avec lequel les augures
partageoient le ciel en quatre régions*, pour former
le templum3 lorfqu'ils vouloient obferver le
vol des oiféaux. C'étoit un bâton droit fur les
deux tiers de fa longueur , & recourbé fur le
troisième tiers en fpirale à un ou deux tours :
tel , en un m o t, que la crofîe des évêques
romains.
Romulus, dont la politique demandoit de favoir
fe rendre les dieux favorables, créa trois augures,
inftitua le lituus, pour marque-de leur
dignité, & le porta lui-même comme chef du
collège, & comme très-verlé dans l'art despré-
fages : depuis lors les augures tenoient toujours
en main le Lituus, lorfqu'ils prenoient les auf-
pices fur le vol des oifeaux } c’eft par cette
raifon, qu'ils ne font jamais repréfentés fans Is
bâton augurai, & qu’on le trouve communément
fur les médailles, joint aux autres ornemens pontificaux.
Comme les augures étoient en grande con-
fîdération dans les premiers te ms de la république,
le bâton augurai étoit gardé dans le ca-
pitole avec beaucoup de foin : on ne le perdit
qu'à la prife de Rome par les gaulois ; mais on
le re.rouva, dit Cicéron, dans un petit temple
des faliens fur le Mont-Palatin. •
Dans la collection deStofch,.on voit fur une
fardoine, qui paroît étrufque, un augure debout ,
fans, barbe,, ayant à la main droite le lituus,
tel qu’on le voit fur quelques médailles romaines.
( Vaillant, num.famil.cajf. ). Winckelmann
croyoit que cette gravure étoit la plus ancienne de
toutes celles qui avoient été publiées fur ce fujet,
& il obfervoit que fur les anneaux qui font aux
doigts de prefque toutes les ftatues de bronze
des empereurs, qu'on a trouvées à Herculanum 9
il y a un lituus.
L ituu s 3 inftrument de la mufique militaire des
romains. Les auteurs latins diftinguefit conftam-
ment le lituus de la tuba ; & entr’autres, Horace,
dans ces vers: ( Od. 1. 1. 23k )*
Multos cafira j avant, & lituo tuba
Permiftus fonitüs......... /............... ....
Acron , ancien commentateur de ce poète ^
d:t fur ces vers : Litui acutus eft fonus 3 tub& gravis
: inter lituum & tubam hoc diftare inveni : lituus
equitum eft , & incurvus ,* tuba yero pediturn eft
& direfta.