
Hollande. Tl e£i vient aulîi du Levant par la voie
de Marfeille , qui fe tirent de Conftantinople , de
Smyrne , d’Alexandrie , d’Alep, de Chypre de la
Mo rée & de Barbarie ; ces dernières font peu efti-
mées , Smyrne & Conftantinop'le fournirent les
meilleures qui viennent du Levant.
Laines de France.
Les laines de France le vendent ordinairement
par'les fermiers & par les laboureurs en toifon , &
tout en fuin., ou , comme difent les bas-Normands ,
en fu if , c’eft à-dire , fans avoir été lavées de la
graille qui eft de {fus. En quelques autres endroits
ces fortes de laines grafles fe nomment laines j
Jiirg e s .
Ceux qui les achètent aiafi de la première main
avee leur fuif, les font laver .pour en faire enfuite
le triage, ou pour les vendre en toifons , fans autres
apprêts que de les avoir lavées. Quand les laines
ont été triées , alors elles ne fe vendent plus qu’au
poids.
Les habiles fabriquans croyent qu’il y a plus
d avantage à acheter les laines toutes triées qu’en
toifons j les marchands de laines ayant coutume
de les farder en roulant le plus fin par deflîis, &
renfermant en dedans le plus mauvais.
Les meilleures laines de France font celles de
bafle-Normandie, & entr’autres celles de Valogne
celles du Cotantin font prefque autant eftimées ,
quoique de moindre qualité ; mais celles des environs
du Ponteau-de-mer , ville fîtuée entre Rouen
& Caen , ne font comparables ni aux unes, ni aux
autres , étant très - groflîères ; auflî ne s’en fabrique
t-il que des frocs de Lizieux & de Bernai, ou
des ferges de Falaife qui font des étoffes très-communes
; tandis, que les laines de Valogne ou de
Coutance s’emploient en draps de Valogne , de
Cherbourg, de V i r , & en ferges tant finettes que
razès , de S. L o & de Caen, toutes étoffes qui fe
travaillent en fin.
Les laine$ de Berry entrent auflî dans la fabrique
des draps de Valogne & de V ir , & c*eft auflî
avec ces laines que l’on fait les draps qui portent
le nom de draps de B e r r y , aufli-bien que les dro-
guets d’Amboile , en y mêlant un peu de celles
d’Efpagne.
L e pays de Caux fournit des laines propres aux
pinchinats, & aux ferges cordelières , & particulièrement
pour les draps d’Uflêau ; on en fait auflî
ides frocs de Bolbec & des ferges de Fecamp.
Pour les laines de Champagne, outre quelques
pinchinats & couvertures qu’on en fait , elles ne
fervent qu’aux chaînes des petites marchandifes de
Rheims & d’Amiens.
Les laines propres à lâ tapiffêrie fe filent à
Abbeville & aux environs , ou à Rozières auprès
(d’Amiens, par des fileurs qui fe nomment houpiers.
Elles fe vendent au poids par paquets de cinq livres,
Çf font teintes pour la plupart à Paris par les teut-i
tilriers en f i l , laine & foie ; les fileurs de Rozie*
res aimant prefque autant les y apporter qu’à Abbeville
, dJ où l’on tire la plupart de celles dont on
fait des envois en Allemagne , en Pologne & dans
le Nord.. '
Les négociant de Lyon en font auflî un com-*
merce confidérable en Savoie & en Italie. Ces laines-
d’Abbeville font de deux fortes ; les belles qu’on
nomme au xy , & les communes qu’on appelle
frontières : celles qu’on choifîc,pour faire- les plus
beaux bas au métier ou à l’éguilie, fe nomment laines
triées.
C’eft de Bayonne & des environs qu’on tire ces
fortes de, la in e s , plus femblables à de longs poils
qu’à de véritables toifons , dont on fait les lizièrës
des draps , & principalement des draps noirs , en ys
mêlant quelque poil d’autruche ou de chameau.
Outre les lieux d’où on tire les laines dont on
vient de parler , les François , particulièrement les
Provençaux, en apportent une affez grande quantité
de l’ifle de Candie. Ces laines ainfi que toutes
les autres qui viennent de la Grèce & des ifles de
l’Archipel, font d’une allez médiocre qualité , &
ne peuvent guères fervir qu’à la fabrique de quelques
étoffes affez groffières ou aux lifîères des étoffes
fines j on en fait auflî des matelats.
Savary,-grand partifàn des réglemens fur le commerce
, en fa qualité d’exécuteur & de fabricateur
de pareils adtes, continue cet article de la manière
fuivante , qui mérite en effet une attention fpé-
ciale.
L ’arrêt du confeil du 9 mai 1 699 , portant ré^
glement pour le commerce des laines de France ,
eft un des plus importans & des plus néceffaires
qui ait été rendu fur cette matière. Auflî on a cru
que le leâreur feroit bien-aife de le trouver dans ce
Dictionnaire.
L e roi étant informé qu’il s’étoit introduit plu*,
fleurs abus dans le commerce des laines du royaume
, & que dans les provinces plufieurs perfonnes!
de toutes qualités fe mêloient ae les acheter des
fermiers , laboureurs & autres , qui élèvent &
nourriffent des troupeaux , quelquefois même avant
que les moutons euffent été tondus ; & ainfi fe
rendoient maîtres de toutes les laines pour les
revendre enfuite bien cher , ce qui en augmentoit
le prix , & par conféquent celui des manufactures
d’étoffes de laine , en faifoit cefler les travaux , &
ruirioit le commerce qui fe fait defdites étoffes de
laine tant dedans que dehors du royaume. Sa ma*-
jefté , pour prévenir & empêcher ces abus , fait
défenfes par cet arrêt à toutes perfonnes de quel-*
que qualité & condition qu’elles foient, d’enharrer
ni acheter chez les fermiers , laboureurs & autres
qui nourriffent des troupeaux , les laines des mou-*
tons & brebis ayant qu’ils ayent été tondus, à peine
de nullité de ventes , perte des deniers qui auroiene
été fournis d’avance pour lefdits achats , & de cinq
cens livres d’amende qui ne pourra être remife ni
“modérée : fa majefté faifant pareillement défenfes &
Inhibitions à toutes perfonnes qui ne fort pas marchands
de laine ou fabriquans d’étoffes , d’acheter
des laines pour les revendre & en faire trafic &
commerce , à peine de confifcation des laines dont
ils fe trouveront faifis, & de mille livres d’amende ;
& en cas de récidive, de punition corporelle ; défi-
quelles amendes & confîfeations. il en appartiendra
un tiers au dénonciateur , un tiers “aux hôpitaux
& pauvres du lieu , & lèfurplus à fa majefté.
Cet arrêt fut interprêté par un autre arrêt du z
Juin enfuivant.
Sa majefté ayant été informée qu’en divers lieux
lufagc ordinaire écoit de vendre daas le mois de
mai les laines fur les bêtes avant qu’elles foient
tondues ; & que cela Convénoit mieux au bien du
commerce , parce que les acheteurs p renoient eux- .
mêmes le foin de tondre & faire tondre les moutons
& brebis , qu’ils ménageoient mieux la laine
par l’intérêt qu’ils y avoient ; & qu’ils en faifoient
le triage en même temps pour ,- après lès avoir
lavées & blanchies, les vendre fuivant leurs différentes
efpèces ; en forte qu’on ne pouvoit regarder
comme vicieux & abufifs, que les achats & enhar-
remens des la in e s , qui font faits avant le mois de
mai. Sa majefté , en interprétant l ’arrêt précédent
& jufqu’à ce ; qu’autrement il en ait été ordonne,
a fait & fait très-expreffes inhibitions & défenfes
d enharïer ni acheter les laines fur les moutons &
brebis avant le mois de mai de chaque année, &
le permet après ledit mois ; ordonnant au furplus
que ledit arrêt du 9 ’ mai 1699 , feroit exécuté
fuivant fa forme & teneur.
Tout antre qu’un enthoufiafte du monopole mer-
cantil , verroit dans ces deux arrêts rendus coup
fur coup , à quelles erreurs s’expofe l ’autorité quand
elle s en rapporte à de tels réglemens fur le commerce.
Laines d3Efpagne.
Les laines qui fe tirent d’Efpagne viennent particulièrement
des royaumes- de Caftiile , d’Arragon
& de Navarre ; on leur donne des noms , ou
félon leur qualité , ou félon les lieux d’où on les
envoie* Celles de Caftiile & d’Arragon viennent ordinairement
par Bilbao, capitale de laBifcaye, à deux
Üeués de la-mer.
Les envions de Sarragoffe pour l’Arragon & le
voifinage de Ségovie pour la Caftiile, fourniflent les
laines d ’Efpa gne les plus eftimées.
Parmi les plus fines de ces deux.royaumes , on
y diffingue encore la pile des Chartreux, la pile des
Jefuites , celles qu’on nomme la g r ille , le refin de j
Ségpvie>^ k* refin V ille-Caflin.
En général on donne aux laines les plus fines le
nom de prime ", en y ajoutant celui du lieu d’où
’elles viennent : ainfi on dit, prime Ségoyie, pour
1 dire la plus belle laine qui fe tire de Cette ville.
Celle qui fuit s’appelle fécondé ou refleuret, en y
joignant auflî la dénomination de quelque lieu d’Efi
pagne, comme refleuret Ségovie , refleuret Ville-
Caftin. Cette féconde efpèce de laine fe nomme
quelquefois -Amplement Ségoviane. L a troifiéme
laine s’appelle tierce , qui fe diftingue pareillement
par une feçonde appellation , comme tierce
Ségovie.
L a prime ,efur-tout celle de Ségovie & de Ville-
Caftin , s’emploie pour l’ordinaire à faire des draps ,
des ratines , & autres femblables étoffes façon d’Angleterre
& de Hollande les plus fines. L a Ségoviane
ou refleuret fert à fabriquer des draps d’Elbeuf ou
autres de pareille qualité ; & la tierce n’entre que
dans les draps les plus communs , comme ceux de
Rouen & Darnatal.
Le rebut dé ces trois laines Efpagnoles s’appelle
en quelques lieux de France migot, comme qui di-
roic mauvais. On fe fert particulièrement de ce terme
en Languedoc.
Les laines moliennes fe tirent de Barcelone ; 8c
quoique le Rouflîllon ait été détaché depuis longtemps
dé la monarchie d’Efpagne , & cédé à la
France , les laines qui en viennent gardent toujours
le nom de laines d*Efpagne.
Il y en a de trois fortes ; le refleuret qui eft la
prime, ou la plus fine des laines de cette province
; la fécondé qui eft celle d’après , & le mi»
gneau qui eft la moindre, & dont les Languedociens
ont apparemment pris leur migot dont on vient de
parler.
Les autres noms des laines d ’E fpagne ou réputées
d’Efpagne , font l’albarazin , la .forie Ségo-
vianne , ou Dellos Rios, la forie commune , les
cafères , ou petite Ségovie , la fegeweufe Ségo-
vianne , la fegew'eufe de Moline 9 les floretonnes
I de Ségovie , & les floretonnes communes de Navarre
& d’Arragon, les cabefas d’Eftramadoure, &
les petites campo de Séville & de Mallagis.
Outre les draps de diverfes fortes/ dont on a parlé
ei-deffiis , à la fabrique defquels on emploie les
laines d’E fp a g n e , elles fervent à faire les bas drapés
, camifolles, chauffons, & autres ouvrages de
bonneterie les plus fins.
L ain es de P o rtu ga l.
■ Les laines de P o rtu g a l ne diffèrent guères de
celles d’Efpagne, & elles paffent ordinairement pour
laines de Ségovie. Les draps où elles font employées
toutes pures font très-doux & très-mollets
à la main ; mais rarement les fabriquans veulent-
ils les employer de la forte, à caufe de la nature
de ces laines , qui foulent fur la longueur & non
fur la largeur ; ce qui fait que les draps fortent
très-courts du foulon, & caufe beaucoup de perte
au marchand.
L ain es de Hollande.
ï l vient de Hollande de deux fortes de la id e s ?