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re plufîeurs plaqués cie fer jointes enfemblè à clous
rivés ; & comme le poids du métal 3c celui de l’eau
'dont cette chaudière eft pleine forme enfemble un
poids confîdërable, elle eft foutenue par le haut par
divers crampons Sc de forces barres attachées à des
"poutrbs1 qui tirâverfent tout 1 atcelïer , quoiqu’elle
porte par le bas fur le fourneau.
• L ’eau dont on remplit 1 :s cuvés , doit bouillir
huit heures pour être réduite en JH . Quand il eft
fait , au point qu’il’ né lui refte qu’un peu d’humidité
, il eft porté dans une autre falle , pour le
dre fier en pains ; ce qui fe fait en le mettant dans
cesefpeces d’écuelles de bots qu’on nomme je b ille s ,
faites exprès pour cet ufage & qui ont environ huit
‘poncés ,de diamètre fur quatre de profondeur. !
Ç’eft dans ces febilles qu’on fait fecher le f e l ,
en les arrangeait fur des barres de fer placées'..au-
deflus d’un brader où l’on entretient un feu modéré.
En fortant de ces moules, dont il conferve la forme.,
'i l eft en état d’être débité & tranfporté. '
On ne fauroit croire combien ces falincs pro-
duifenc de f e l par a n , & combien, ,• en fus de la;
confommation.de la province, il s’en tranfporté dansf
les pays étrangers. L a quantité en eft fans-doute bien’
' eonfidérableI puifqite le prix en eft encore modique;
après avoir acquitté les droits du Roi, qui s’élèvent à
une très forte Comme,
Les Calmes'de Loraine font confidérables foit par
leur nombre , foit par le produit du _/è/-, qui feroit
encore plus grand fi la fabriqué en écoit établie dans
toutes celles qui s’y trouvent. -
, Les principales font Rodé res , Cbateau-Sàlins &
Dieuze, Il y en a plufieurs autres, aux environs des
yivieres de'Seillè & de la Sarre , comme Màrfàl;
Saloné, Surable, la Surée & Salle ; mais il n’y a
guères queues trois premières qui travaillant.
Sel de Moyenvic & la maniéré de le faire.
Moyenvic eft une petite ville de Loraine , dont
le roi a les faiines ; & c’eft de'-là qu’on' tire tous
les fels qui fe confommenr dans les trois évêchés.
Elles avoient été cédées à la Francè par le traité
des Pirënées 8ç elles lui Ont été Confervées par celui
de Rifwic.
Les autres Câlinés de Loraine fuffifànt pour la con-
fomination de cette province & pour celle des trois
évêchés , on avoit négligé longtems-*fle faire valoir
la faline de Moy envie ; & ce ne fut qu’en 1670^
ou même en 16 74 , qu’on fë détermina à les mettre
fur le pied où elles font aujourd’hui. Ce qui y
a le plus contribué eft un'canal" qu’on y a fait,
& quelques'ruilfeaux qu’on a rendus allez navigables
pour la eônduite dès bois, qui avant ces travaux
etpient un peu- rares.
Les eaux dont on fajrle f l Ce tirent dés fpurces
faléës qui fe trouvent à Moy envie dan S des puits
très-profonds. On penfe qu’elles contractent cette
qualité en panant par des mines de fe l fojfile que
la terre y produit ? n’y ayant aucune apparence
s e 1;
qu’elles puîflent venir de la mer, qui eft très-éïoî-
gnée d’autant qu’en filtrant au travers1 des terrés dans
un li long efpace , elles perdroienc nécciïai renient
leur-vertu,falinèi
; On remarque r qu’elles croifïcnc ou diminuent
commè prefqife toutes les_ four.ee s en rai fon du plus
ou moins de' plui.es. sa
L ’eau fe tire des .puits-par le moyen dés pompes
ou des, chapelets Sz fe conduit., aux atuliers de la
cuite.
Ces atteliers font de grands bâtimens de charpente
couverts en planché , fous leIquels font‘des ■
poelgs ou chaudières de fer de là grandeur d’vmé
chambre médiocre , 8c il y en accrois aux filin es de
Moyenvic.
Quand elles font fuffifam-mènt 'remplies, d’eau,
on les* chauffe par degrés , en entretenant du feu
fous toute l’étendue de chaque:, poêle., & en i’aug-
mentant jufqu’à ce que la chaleur foit affez forte
pour évaporer la. plu s .grande partie de l’éau. A menue
qu’elle bout, 1e f e l vient fe former fur fa fuper-
.ficie , mais lorfqu’il s’y en eft amaue allez, pour lui
donner du poids .il retombe au fond.
Lorfqu’il eft errcet état on le tire avec des râteaux
., pour en.former dès meules fur. la chaudière
même, en Tam.affant fur des efpèces de, tables
trouées qu’on, nomme des chevres. Ces tables ne
tenant’qu’a une cheville.., & .étant pofées fur des
morceaux de bois, difpofés en pente » coulent d’elles-
,mêmes avec les meules, dans ,un vriagaifin qui en eft
proche , lorfque l’on a coupé la cheville. Les morceaux
de bois , qui, fervent à conduire les meules
. s’appellent le ban ; noua qu’on donne, àuffi an
magafin,
C’eft dans ce premier .magafin que le f e l fe
refïuye ;-après quoi an le porte, dans, le grand magafin
, ou il eft plus- fèchement, & où il refte julqu’au
débit.; ce qui'va quelquefois .à deux ans. L
Enfin pour le tranfporté r , pille met dans des tonneaux
de diverfes rnefures, c’ eft-à-dire, plus petits
pour, le dedans du pays & beaucoup plus grands
pour le dehors.
Tout ce f e l eft blanc , mais fale bien moins que
\e f e l marin. A u ® s’en diftribue-t-il davantage. Cette
raifon pouvant occasionner dés abus de la part de
ceux qui font chargés de la cuite , de la façon &
du débit dû f e ' l i l y a des officiers prépofés pour
veiller à ce que la qualité en foit bonne & qu’il n’y
ait point de fraude à la diftribution qui s’en fait au
public.
Les eaux des puits & des foürces falées de Lorraine
ont différens degrés de bonté ;, entre lefquels
celle de Moyenvic eft la meilleure ; cent livres d’eau
rendant dix-fept livres de f e l , & la plus forte des
autres n allant què de quatorze à quinze , outré que
l’exploitation eh eft moins çouteufe, ne demandant
pas tant dé bois ni de cuitei
Le produit des gabelles dans les trois évêchés eft
moindre en tems de paix qu’en tems de guerre,
parce qu’il y refte peu de troupes«
X#
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3La faline de Ho fie r es rend cinq à fix livres de
f e l pour cent livres d’eau celle de Dieufè , douze
,â treize pour cent,, & celle de Château-Salins, quatorze
à quinze.
Rofieres fournit par an fix mille muids de f e l ;
Dieuze huit mille, & Chateau-Salins feulement, cinq
.-mille cinq cens., le muid compofé de feize vaxels ,
.& le .vaxel pefant trente - quatre à trente- cinq
Jivres ; ce qui revient à peu-près à cinq c.ent foixante
livres.
La. raifon pour laquelle on néglige tant- d’autres
faiines de Lorraine, eft le peu de débit qu’on en
.aurait ; .cependant l’excédent de cé-qui fe confomme
dans le,pays,fe vend allez'bien dans i’Alface, dans
le Palatinat, à Trêves , à Mayence , à Worms ., ■&
dans quelques Autres lieux de l’empire en deçà du
Rhin.
Lion h’a parlé dans ce long article des f e l s ,
.que de ceux qui Te fabriquent & fe confommenc,
ou dont on fait commerce en-Europe ,• encore,
•.n’a-t-on raie mention que des faiines-les plus confi-
dérables , y en ayant beaucoup d’autres en divers
endroits.
•ju’Afie , l’Afrique & l’Amérique ont également
beaucoup de faiines, dont on ne parlera pas ici,
parce que n’ayant pas trait au commerce de France,
il devient inutile d’en rien dire»
Commerce du fel?
Le commerce du f e l fe fait diverfement fu'ivant
la diverfité' des lieux où il fe fabrique & d’où il
fe tite.
Prefque par-tout le propriétaire des faiines -eft le
maître de .fon f e l & le débite comme il lui plaît ,
ainfi -que les marchands de toute autre efpece de
marchandifes ou de denrées, en payant les droits dus
au fouverain & au feigneur des lieux où font fituées
les faiines. En France ce font les propriétaires des
marais falans & les faùniers des fe ls blancs qui en
font l é négoce , mais il n’eft pas libre par-tout, ni
a toutes fortes de perfonnes.
Les fâuniers Àes fe ls blancs de Normandie , qu’on
appelle f e l de Bouillon , ne peuvent vendre leurs
fe ls qu’aux habîtans des paroifîes fpécifîées par le
titre 14 de l ’ordonnance des gabelles. Il y a même
,oes faiines marquées dans le même titre , donc les
fâuniers font tenus de porter leurs Jç ls chaque fe-
maine §ç même de jour à autre dans un magafin fer-
xné à deux clefs, dont l’une demeure au -commis
& 1 autre au faünier. Ce magafin ne s’ouvre que les
mercredis & les famedis en préfence des officiers des
greffiers à fel.
A Rronage , Maran-s , Pille de Rhé & le comté
Nantois , les propriétaires des marais falans vendent
leurs fe ls aux. fermiers des gabelles fur un pied
hxé par ,lçs arrêts ffii .confeil, & %ux étrangers fui-
■ vant le prix courant, que réglé la bonne ou la mau-
yaife récolte des fe ls ; mais pour éviter la fraude, ko/nmerfic.Tome IJI. Fart. Ih
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o i i e f t a f t r e in t à b e a u c o u p d e fo rm a l i t é s m a r q u é e s
d an s p lu f ie u r s a r t i c l e s d e l a m êm e o r d o n n a n c e .
H o r s d e s p r o v in c e s & l i e u x p r i v i l é g i é s , to u t l e
c o m m e r c e d u f e l f e fa i t e x c lu f i v em e n t p a r l ’a d ju d i c a t
a ir e d e s f e rm e s g é n é r a le s , & c h a q u e p a r t i c u l i e r e ft
o b l i g é de s ’ e n fo u r n i r à fe s g r e n ie r s ,
•L e s g -r e n ie r s a f e l fo n t d e d e u x fo r t e s : c e u x d e '
v e n t e v o lo n t a i r e 8c c e u x 'd ’ im p ô t . O n . a p p e l l e g r e n
ie r s d e v en te, v o lo n t a i r e - , c e u x o u c h a c u n v a
a c h e t e r d u f e l , a u t a n t q u ’i l e n v e u f v& q u a n d i l
lu i p l a î t . L e s g r e n ie r s , d im p ô t fo n t c e u x o ù l ’ o a
e f t o b l i g é d ’à l i e r p r e n d r e l a 'q u a n t i t é Ae f e l p o u r
la q u e l l e o n a é t é e m p l o y é d a n s l e s r ô le s d re fl'é s p a r
le s a f le f f e i ir s & le s c o l l e é le u r s n om m é s à c e t e f fe t
p a r l e s h a b it a n s d e s p a r o i f f e s o r. l e f e l d ’im p ô t
a lie u * J & ' I
O u t r e l e s g r e n ie r s o u f e v e n d 1 e f e l , i l y a e n c o r e
d e s r e g r a t t ie x s , fo ie d e f e l b la n c , fo i 1 At f e l g r i s 9
fu iv a n t l e s l i e u x o ù cés f e l s o n t c o u r s j m a is c ’ e f t ’
l ’^ f f iu d k a t a i r e q u i l e s c om m e t & q u i e n r é p o n d
c iv i lem e n t ; ,& c e n ’ e f t q u e . d u f e l g a b e l é q u ’i l s p e u v
e n t v end r.e .
L e f e l fu r l e s m a r a is fa la n s f e v e n d e n g r o s à
l a c h a r g e & a u m u i d , & ,fe -débite a u b o i f f e a u ’ &
a u m in o t . D a n s le s g r e n ie r s .à f e l , l a d i ft i ib u c io a
s ’e n f a i t a u m in o t , a u d em i 8c a u q u a r t d e m in o t .
I l a n é a nm o in s é t é p e rm i s d e p u is l e c om m e n c em e n t
du d i x - h u i 'iem è f ie c le d ’e n le v e r d an s c e lu i d e P a r i s
jù fq u ’a u d em i q u a r t d e m in o t .
L e fel à p e t i t e m e fu r e q u e v e n d e n t l e s , r e g r a c -
t ie r s d e P a r i s , f e d é b i t e a u b o i f t e a u , d em i b o i f f e à u
q u a r t & d em i q u a r t d e b o i f l è a u , a u l i t r o n d em i
l i t r o n , q u a r t d e . l i t r o n & m e fu r e t t é . D a n s l e s a u t r e s
g r e n i e r s , le s p e t i t e s m e fu r e s fo n t l e l i t r o n & a u -
d e f lo u s . C e l l e s .de P a r i s d o iv e n t -être é t a lo n n é e s f u r
l e s m a t r i c e s -de fo n t e d é p o fé e s a ù g r e f f e d e l ’h ô t e l -
d e - v i l l e , a i l le u r s e l l e s d o iv e n t l ’ê t r e fu r l e s m o d è le s
g a r d é s d an s le s g r è n i e r s à f e l .
<( L e s f e l s d e s m a r a is fa la n s d u r o y a u m e e n t r a n t
p a r le s p o r t s d e C a la i s , B o u lo g n e , E c a p l e s &
D u n k e r q u e , p a ie n t fu iv a n t le s a r r ê t s c b s 2 3 n i a r s -
1 5 2 0 ÿ & V r i ju in 1 7 2 2 , p a r r a f îe t e d u p o id s d e
d e u x c e n t c in q u a n t e l i v r e s , i l . ? £
« L e même d r o it e f t du au p o r t d e G r a v e l in e s » ,
« L e s f e l s d e f t in é s p o u r l e C a l a i f i s , l 'A r t o i s 8e
l e B o u lo n n o i s p a y e n t , d ’ a p r è s le s a r r ê t s d e s p r e m
ie r f é v r i e r & 7i 2 m a r s 1 7 4 3 » .
« C e u x p r o v e n a n t d e s m a r a is fa la n s d u P o i t o u
d e f t in é s p o u r la- p ê c h e d e l a m o ru e , p a r l e s h a b i - '
t an s d e s p o r t s d é i ig n é s p a r l ’ a r r ê t d u 2 6 j a n v ie r 1 7 5 1
jo ù i f f e n t , fu iv a n t c e t a r r ê t , d e l ’ e x em p t io n d e d r o i t
d e b r o u a g e & d’ e n t r é e » .
« L e f e l p a ffa n t d e s c in q g r e f f e s fe rm e s a l ’ é t r a n g
e r , o u d a n s u n e p r o v in c e r é p u t é e é c r a n g è r e ^ q u i
n e f e r o i t p o in t a f fu je t t ie à l a g a b e l l e , 'd o i° f iu v a n t
le, t a r i f d e 1 .6 6 4 , p a r m u id i l . 5 f . » .
« L e f e l g em m e é t r a n g e r e n t r a n t p a r to u s le s
b u r e a u x o u v e r t s a u x d r o g u e r ie s , p a y e fu iv a n t l ’a r r ê t
d u 1 3 o c t o b r e 1 7 1 1 , p a r q u in t a l n e t , 30 1 . » .
t< V e n a n t d e s p r o v in c e s r é p u t é e s é t r a n g è r e s d a a §
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