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comme dans une des plus importantes échelles du
levant. 11 fort encore de cette ifle beaucoup d étoffes.
de foie , qui s’y fabriquent , entr’autres des
Damas, des latins, des taffetas , & qu’on tranfporte
au Caire-fur les côtes de la Natolie & à Conftan-
tinople. On y fait aufli des toiles qui ont la même
deftination. Les François rapportent en outre de
cette ifle du miel & de laxire. Ses autres denrées
font de la laine , des fromages & des figues , qui
y viennent par caprification. On eftime qu’il s’y
fait tous les ans de"6o a -80,000 maffes de foie, ce
qui monte à 30 à 4.0,0.00 livres poids de France.
C h ip r e ou Qypré 1 Jfeffameufe dans l’antiquité,
par le culte de9Venus , par fa beauté ,.fa fertilité
& les mines de cuivre ; a paffé de la domination
des Vénitiens , à celle des Turcs , & n’eft .pins
aujourd’hui que l’ombre de ce qu’elle étoit ; .cependant
il s’y fait encore _du commerce. Nicofîe eft
fa capitale, mais c’eft à l’Arnaca que réfident Iss
confuls & les négocians des différentes nations de
l ’Europe. Les vins de Chipre, principale marchan-
dife qu’on y va charger , dont le débit dépendoit
de la qualité , & qui ne peuvent en acquérir que
fur les mers , ont déjà perdu de leur valeur par
1 ’ex.tradition des vieilles futailles où ils fe formoient,
qu’on n’auroit pu fe procurer autrefois, & que-la
mifèré eft depuis long temps forcée de vendre.
M été lin; L ’ancienne Lefbos , produit de bon
froment, d’excellente huile, les meilleures figues de
l’Archipel & des vins.eftimes- : on en tire beaucoup
de bois de fapin & de mâts de vaiffeaux, qui ont un
grand débit dans tout le levant. Sa capitale s’appelle
Çaftro.
M il lo . Cette ifle, d’environ zo lieues de tour,
7l un des meilleurs & des plus grands ports de la
Méditerranée , où mouillent d’ordinaire les .vaiffeaux
qui vont au levant ou qui en reviennent. Il s’y fait
un affez bon commerce de vin, d’huile, de fe l,
de foufre , d’alun , de coton , de fefànne & de
toutes fortes de légumes. Le fel & le coton y font
a très-bon marché. On en tire une très - grande
quantité de meules de moulin , tant pour la mer
Egée , que pour Çonftantinople , Chypre & une
partie de l’Egypte. Millo fournit des pilotes à la
plupart des vaiffeaux qui naviguent dans la Méditerranée
, perfonne ne la connoifîant mieux qu’eux.
Micone ou Miçord. Son port eft excellent &
fon territoire produit beaucoup d’objets de commerce.
Ses marins qui font le commerce de cabotage
aux ifles de l’Archipel fur les côtes de la Ro-
manie & de la Morée , paffent pour être très-experts
dans cette navigation. Ils font au nombre de 500
qui montent plus de 100 bateaux.
Ils portent des marroquins & des cordouans des
côtés dé Natolie en Turquie & des. vins de Micone
en Morée. Il vient fouvent dans cette ifle des
barques provençales qui y chargent des grains , de
la foie , du coton & d autres marchandises des ifles
voifînes , la France , l’Angleterre & la Holjande y
ont chacune un conful.
1 U IV
N a x i a ou Naxie. Quoique cette Ifle manque
prefque.de port , il ne laiflè pas de s’y - faire un
affez bon commerce. Le s principales marchandifes
qu’on en tire , font de l’o rg e , des v in s , des figues,
du coton, de la foie , du lin, du fromag e, du fe l,
des. boeufs, des moutons , des mulets , de l’éméril,
du ladanum &.de l’huile. Cette dernière denrée y
eft à, rrès-bon compte, & l’éméni y eft fi commun &
fi bon marché , que les Anglais en leftent fouvent
leurs vaiffeaux. L e marbre de N axia eft fort eftime.
Le s François ont, un conful à N a xia , ville
capitale de l’ifle.
P a r o s . L e commerce de cette ifle & de fa
capitale qui a le même nom , confifte en froment,
en orge en légumes , en vin , en fefanne., en
toiles de coton & en. huile.
Cette ifle étoit autrefois très-célèbre pour fon
marbre blanc; & l’on prétend que c’eft de ce mar-
bre que font faites toutes les ftatues antiques. Le s
fculpceurs modernès ne font pas fur ce point de
l’avis des anciens ; ils préfèrent â ce marbre celui
d’Italie d’un grain plus fin , plus doux & qui obéit
plus facilement au cifeau.
Patino ou P a thm o s . Ce que cette ifle produit
fuffit â peine à fa confommation ; mais fes habi-
tans font le commerce du cabotage ; ils ont une
douzaine de '.caïques & quantité d’autres petits bâti-
mens, avec lefquels ils vont chercher du bled en
Terre ferme & jufques fur les côtes de la mer
N o ir e , pour venir en charger des vaiflèaux François.
Il y" a dans cette ifle un vice - conful . de
France.
P ol icandro. Peu fe rtile, ne fait de négoce un
peu confidérable que de . fes toiles de coton , propres
à faire des ferviettes qui s’y vendent à bon
compte.
R hodes. Ifle célèbre dansl’h iftoirep a ria marine,
par fa ftatue colbffale du fo le il, une des fept merveilles
du monde', & pour avoir été environ 2 0 0
ans la réfidence des chevaliers de St. Je an de Jé -
rufalem ( aujourd’hui de Malthe ) , a environ" id
lieues de long & 6 lieues de large; E lle n’eft plus
ce .qu’ elle étoit anciennement ni du temps des che-»
valiers. Quoique R h o d e s fa capitale ait un excellent
p o r t , le commerce-y eft fort peu confidérable.
Cette ifle eft un des pays de la domination des
Tu rc s , qui a l e plus fouffert des Vexations de fon
gouvernement.
S amos. Son commerce eft important. L e s raifîns
mufeats, le vin , les huiles , les grains , les figues!,
le fromage, le volani ou avelanede-, qui fert â taner
les cuirs, font les principaux objets de ce commerce.
Cette ifle fournit aufli beaucoup de poix , des foies,
du miel, de la cire , de la feamonée, des laijies , diffère
ns bols & de l ’émeril.
S an to r in . Cette ifle n’ eft proprement qu’un
écueil de pierre ponce , que l’induftriï & l’aftiviré
de fes habitans a rendue fertile. Le s marchandifes
qu’ils vendent à leurs voifins font de l’orge, des vins ,
b du coton & des toiles. L a France y tient un conful
q u i
T ü R
qui fait fa réfidence â Scaro , petite ville bâtie au»
fond d’un port.
S 1 k 1 n o. Le principal commerce de cette ifle
confifte en froment , le meilleur de F Archipel. Les
tartanes de Provence en enlèvent beaucoup' & en
fontprefque tout le négoce. Les autres marchandifes'
de Sikino font des vins , quelques cotons & des“
figues. La; nation Françoife y entretient un conful.
Siphanto. Les marchandifes qu’on en tire font
des huiles; des câpres-, de la fo ie , des toiles
de coton , des figues, de la cire , du miel & du
féfamé. .
S kiros. Tout fon commerce confifte en blé,, en
orge, en vins 3 en cire , en fromages,
S y r a . On en tire d’exceliens froments , beaucoup
d’orge & de vin , des .figues , des olives & du
coton. -
T hermie. Les François y entretiennent un conful.
Le principal' commerce de fes habitans confifte
en foie, qui eft fort eftiméc. On en tire encore du
vin, du miel, de la cire , de la laine & du coton ,
dont on fait diverfes toiles, particulièrement une
efpèce de gaze jaune Tort jolie.
Z ia . Ses marchandifes font du. frometît, de-l’orge
du vin,: des figues , des foies, & beaucoup develani.
Voy. VELA NI.
Il fe fait â Z i a des capots de poil de chèvre qui
font excellens contre la pluie , qui ne les perce que
difficilement. Pline &.quelques auteurs affurent que
les étoffes de foie furent inventées dans cette ifle,
mais d’autres prétendent,avec plus de vraifemblance,
que l’invention en- eft xliie aux habitans de l ’ifle
de Cos,
Conftcintinople.
Çonftantinople, dans la Romanie, eft l'ancienne
Eizance. Cette ville, autrefois, la fécondé Rome,.
-depuis."q;ne Conftantin , dans le quatrième fîeele, y
eut tranfporté le fiege de l’empire Romain , eft devenue
enfin , après plus de onze cent ans, la capitale
de l’empire des Turcs, qui la prirent fur les Grecs
en t4?3*
L ’heureufe-fituation de cette grande ville, dont
-on eftime la population prefque égale à celle de
Paris , jointe à la -beauté & à la fureté de fou port,
-en pourroit faire, :1a ville la plus commerçante du
monde , fi fes habîtans, plus libres & plus affurés de,
leurs propriétés*! ©foieut -p enfer à s’enrichir, par le
négoce., ou fi les étrangers'que ce négoce ÿ.attire
y étoient traités avec moins de hauteur & de l'éventé.
Malgré ces raifons fi- propres à dégoûter les -nations
chrétiennes du commerce de Çonftantinople,
un y voit arriver tous le_s ans tffi grand nombre de
leurs vaiffeaux. L a plupart y ont un miriiftre pour
protéger ie,urs% marchands , plutôt que pour désintérêts
politiques.
L e s Anglois & les Hollandois y -font beaucoup
-d affaires. Ils y font fur-tout un débit confidérable
-de leurs draps. Les François y , font aufli un grand
OQmnier.cjt. Tome I I I , P a rt , I I ,
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commerce de leurs draperies de Languedoc & de
1 Dauphiné. Les draps Vénitiens autrefois les plus recherchés
par les Turcs , n’y ont plus la même vogue
ni le même débit.
Les. draps qu’on deftine .pour Çonftantinople,
doivent être fins & déliés', bien foulés , tondus de
près. Il leur faut..'fur -„tout, la meilleure teinture &
une grande fidélité pour les largeurs. Les couleurs
les plus convenables font le violet ,.le verd , le peur-?
pre, le cramoifi, l’écarlate, le bien célefte, les couleurs
de chair & de canelle.
L a vente des draps peut aller année commune â
neuf ou dix mille pièces. Ils uë'fe. vendent ordinairement
que -tiers comptant & les- deux autres
tiers à crédit pour ,fix mois.
Les autres laine ries de l’occident qui Je vendent
à Çonftantinople , font des perpétuanes ou cadis
larges,-des pinchenats qui fe font à Marfeille & dans „
le refte de la province, & des vigans qui font des espèces
de gros draps qui fe vendent â la foire de
Beaucaire. Les couleurs des perpétuants doivent être
à peu-près les mêmes que celles des draps. Les pinchenats
& les vigans doivent être d’une couleur tirant
fur le roux.
Il fe fait auffi à Çonftantinople un commerce,
confidérable de diverfes étoffes d’or, d’argent & de
foie, de France & d’Italie, & meme d’Angleterre
& de Hollande. Les principales font les fatins de
Florence , les tabis , les damafquetes de yenife 2
fleurs d’or & d’argent, & les velours de Gênes â
fleurs. Quoique toutes ces étoffes confèrvent le nom
de leur ancienne fabrique, la plupart néanmoins font
de Lyon , de T ours & d’Angleterre. ;
Lecspapier eft une des meilleures marchandiles.
qui fe portent à Çonftantinople & fur laquelle il y
a fouvent le plus de profit à faire. On n’y en débite
o-père que de celui de France &- de Venife ; mais
.beaucoup plus du premier. On eftime que le débit
de celui-ci va à près de tooo balles de' 24 -rames
chacune.
Les autres marchandifes propres pour .Confiant
tinoplefont delà quincaillerie , des aiguilles, de la
pierre de mine qu’ on tire de Lyon, du fer blanc,
du fil de léton ou de fe r , du fil d’or fin ou faux ,
des bonnets de Marfeille & de Tunis , du verdet,
de i’hu-ile d’afpic, du tartre , Au lucre., des épiceries,
du camfre , du vif-argent, de la cochenille,
du bois de teinture., de la cerufe, &c.
Il fe tire peu de marchandifes de Conftantino-
p ie , en tcomparaifon de celles xqu’on y porte : aufli
pour en faire la balance, les négocians d’Europe
font tirer des lettres de change fur Çonftantinople
par les correfpondans de leur Nation qu’ils ont à
Smirne & Alep} ou leur font faire des remifes d’argent
dans ces deux villes pour y acheter de quoi
achever leur eargaifon.
Les marchandifes qu’on exporte de Conftanti-
nople font environ 2000 balles de laines pelades &
trefquilîes,' 1:0000 peaux de -buffles , 5000.0 peaux
de boeufs, ou:vaches , de la potaffe., de la cire, du
. Hhhhh.