
72<î S U I mélangés de f u i f de boeuf ou de vache, ils font d’un
blanc tirant un peu fur le jaune.
Les fu if s de boeuf & de vache » outre ceux de
place que les marchands bouchers de Paris- débitent
par mefures , comme les fu if s de mouton
& de brebis, viennent en futailles de différentes
grandeurs & poids , ou des pro'vinces du royaume ,
ou des pays étrangers, particulièrement de Hollande
, d'Irlande , de Pologne & de Mofcovie. Il en
vient aufli d’Angleterre.,
Ceux de France , particulièrement ceux de Paris,
tiennent le premier rang ; ceux de Hollande vont
après , puis ceux d’Irlande , & enfuite ceux de Pologne
qui fe tirent de Danzick. Pour ce qui eft des
f u i f s de boeuf de Mofcovie qui viennent par la voye
de Hambourg , on les eftime très-peu parce qu’ils -
font pour la plupart fales , & l’on n’y a recours que
lorfqu’ils font rares , foit en France , foit dans les
autres pays.
Pour que les Ju i f s de boeuf & de vache foient
de bonne qualité, ils doivent être nouveaux, point
puants & d’un beau blanc , quoique jaunâtre.
On appelle f u i f en branche la panne ou
graille de boeuf , de vache , de mouton ou de
brebis , telle qu’elle a été tirée par les bouchers
du corps de ces animaux, fans avoir encore été
fondue»
Quand le f u i f en branche a été fondu , ce qui
refte dans le fond de la chaudière fe nomme les
frétons de f u i f , dont on fait' de grands pains ronds
de la forme d’un fromage de gruyere, qui fervent à
faire de la foupe pour des chiens de meute & de
pour. C’eft du f u i f en branche que fe fait le f u i f
de pla ce»
Pour faire de la bonne chandelle il faut moitié
f u i f de mouton ou de brebis , & moitié f u i f de
boeuf ou de vache , fans mélange d’autres graif-
fos, qui ne fervent qu’à la rendre jaune & coulante
, & à empêcher qu’elle ne donne une belle
lumière.
Ce qu’on nomme à Paris & en quelques autres
endroits pe tit f u i f ou f u i f de trip e , n’eft autre
chose que de la graille qui fe trouve fur le bouillon
réfroidi , dans lequel on a fait cuire les tripes des
boeufs, vaches , moutons & brebis que l’on a fait
enfuite réfoudre dans une chaudière avec d’autre
graille qui a été tirée des boyaux des mêmes
animaux.
Ces fortes de fu i f s font peu eftimés , ne pouvant
fervir qu’à Ja préparation de quelques cuirs. On
s’en fort dans la fabrique des lavons.
L e moindre de tous leç fu i f s eft celui de porc &
de truye , que l ’on nomme du flambart , aufli s’ap-
perçoit-on bien aifément quand il y en a dans les
chandelles, ce mélange les rendant d’une mauvaifo
odeur, molalfos , d’un blanc jaune & fale, & faciles
à couler, Voy. f l a m b a r t .
C’eft d’Auvergne, des environs de Lyon & dç
Nevers, que l’on tire le /hf/ debouc; il eft, dit-on,
de quelque ufage en médecine ; mais la plus grande
s u i
T confommation s’en fait par plulieurs artifons 8c
I ouvriers qui ne peuvent s’en pafler dans leur pro-
' feflion. Pour être bon, il doit être foc, d’un blanc
clair, deflus & dedans , & fur-tout n’être point mêlé
avec d’autres fu i f s ou grailles.
Les fu i f s de cerf & d’ours ne fervent qu’en médecine.
Les fu i f s de ■ toutes fortes venant d’Angleterre ,
peuvent entrer dans le royaume ; leur entrée a été
permifo par l’arrêt du 6 fepte.mbre 17 0 1. Ils ont
été également compris dans l’état annexé à celui du
17 juillet 1785.
Suivant un arrêt du 29 octobre 17 6 8 , les fu i f s
venant de l’étranger, doivent feulement le quart du
droit d’entrée du tarif de la province .par laquelle
ils entrent.
AinII les fu i f s devant à l’entrée des cinq grôftes
fermes, fuivant le tarifée 1664, 30 f. par quintal, le
droit pour ceux qui viennent de l’étranger eft réduit
à 7 C 6 d.
« A la fortie des cinq grofles fermes , ils
doivent, au même tarif, 1 liv. 5 fols du quintal.
« A la douane de L yon , ils payent favoir :
« Venant de l’étranger pour le quart du droit
de 10 f. qui s’étoit toujours perçu fur cette marchandise
, avant l’arrêt de. 1768,- 2 f. 6 den. par
quintal. »
. « Venant de l’intérieur , comme chandelle, avec
9 den. d’augmenration , 1 o f. 9 d. »
« A la douane de Valence où ils font nommément
défîgnésau 6e article du tarif, 1 1. 9 d.
S’ils venoient de l’étranger par l’étendue de ce
tarif, ils ne payeroient que Te quart de ce droit»
Suifs pour les Colonies Françoifes. ,
Suivant une décifion du Confeil du 3 1 oélobre
1740 , & un arrêt du 28 août 1748 , les fu i f s venant
de l’étranger , & deftinés pour les Colonies
Françoifes de l’Amérique , font exempts de droits ,
à la charge d’être mis en entrepôt jüiqu’à leur départ.
S u i f , ( a r b r e a ) C’eft ainfî que l’on nomme à
la Chine un arbre qui produit une fubftance fem-
blable au fu if .
Cet arbre croît à la hauteur d’un cerifier , fes
feuilles taillées en coeur font d’un rouge v i f , &
l’écorce en eft unie.
Le fruit eft enfermé dans ijne efpèce de goufle
ou d’enveloppe à peu près comme les châtaignes;
il confifte en trois grains blancs & ronds de la
groffour & de la forme d’une noifotte qui ont chacune
leur capfule particulière , & au dedans un petit
noyau.
L a fubftance blanche qui entoure ce noyau, a
toutes les qualités du véritable fuif , fa confiftan-
ce , fa couleur , l’o,deur même : aufli les Chinois
en font - ils des chandelles qui foroient aufli bonnes
que celles d’Europe , s’ils favoient purifier
ce fuif végétal comme nous faifons le fuif des
s u 1
animaux. Tout ce qu’ils y font eft d’y mêler un
peu d’huile pour rendre la pâte plus douce &
plus maniable.' Il eft vrai que les chandelles qu’on
en fait rendent une fumée plus épaiffe & une lumière
moins claire & moins vive que les nôtres ;
mais ces défauts viennent des mèches qui ne font
pas" de coton , mais d’une petite verge de bois
foc & leger qu’on entoure d?un filet de moèle de
jonc.
SU IN T . Efoèce de graiffe ou axonge qui eft
adhérente à la laine des moutons & des brebis y
les marchands qui en font le négoce , tels que les
épiciers , le vendent fous le nom A’cefype. Voye\
O E S Y P E .
SU IN T . ( laines e n ) C’eft le nom que l’on
donne aux laines graffes & qui fe vendent fous avoir
été lavées ni dégrailTées. On les 'nomme plus ordinairement
furges. Il envient beaucoup de Conf-
tantinople , d*Alep , de Smyrne , de l’ifle de
Chypre , d’A le x a n d r ie , de Tunis & de Barbarie.
L ’Efpagne en fournit aufli une grande quantité, r o y .
SUR GE & LAINE.
Ces, laines payent les mêmes droits que les
laines non filées qui viennent du levant & ae barbarie,
pour être exemptes des droits de traites,
elles ne font pas moins fujettes au droit de vingt
pour cent y dont l’arrêt de ■ 1749 ne les a pas dif- j
penfées. Ce droit eft dd , fur l’eftiination de 30 1. i
le quintal brut, eltimation fixée par l’état joint à
l’arrêt du 22 décembre 1750;
SUISSE. Ce pays fi connu & Il renommé par !
la candeur , la fidélité &t :la bravoure de fes habitons
, eft aufli très-célébre par le commerce que la
plupart des principales villes de fes cantons font avec
les étrangers.,
La France , l’Allemagne, l’Italie , la Hollande,
font les états de l’Europe avec lesquels la Suiffe
entretient les liaifons de commerce les plus confî-
dé râbles.
L a 'F rance lui. fournit des bleds d’Alface , des
fols de Franche - Comté , des vins de Bourgogne ,
des ouvrages d’or , d’argent, de foie de Lyon ,
& diverfes petites étoffes de laine qui fe font dans
les manufactures des provinces voifînes des cantons.
Elle tire d’Allemagne Sc particulièrement de Nuremberg,
beaucoup' de mercerie, de çlincaillerie.
Francfort lui fournit des cuirs tanés gc préparés.
L ’Italie, fur-tout le Piémont & la Savoie lui
envoyént’ des foies ordinaires , des organcins &
des fleurets foit filés, foit autrement , ou en ma-
taffe.
Enfin on lui porte de Hollande des draps , des
forges , des flanelles', des ratines , des calemandes,
des toiles peintes ,des batiftes, des cotons en rame ,
de 1 yvoire , des drogues pour la me de cia e &
pour la teinture , des épiceries, du thé y du chocolat 1
de la Baleine, des cuirs de Ruflîe & des étoffes de !
foie des Indes;
Les marchandifes que la Suiffe produit de fou 1
s u r 757
? c ru , ou qui fe fabriquent dans fos manufa&ures ,
font des crépons ou burails de Zurich tout de laine;
d’autres moitié laine, moitié foie ; des crêpes de
tout numéro ; des toiles de Saint - Gai , doat il
fo fait de grands envoie en Allemagne , en France,
en Efpagne, en Italie; quantité de petites étoffes de
laine , des toiles de cocon, des cotons filés & qui
's ’emploient dans les manufactures de France , des
mousselines ( dont il fe faifoit une très-grande con-
-fommacion en France avant la conceffion du privilège
excluflf faite à la nouvelle compagnie des Indes,
en août 1785 ) ; des fromages , des laines, du gros
& du menu bétail, & particulièrement des boeufs
gras.y des chevaux qui font fort eftimés, foit pour
la cavalerie , foie pour le fervice de l’artillerie, des
peaux de chamois & de bouquetin , des fîmple; ou
plantes en ufage dans la pharmacie. Ajoutons à cela
beaucoup d’articles d’une induftrie très-répandue 8C
très-exercée dans les villages & hameaux des montagnes
de la Suiffe, des reflorts de montre, d’autres
pièces d’horlogerie & des montres toutes montées ,
des criftaux bruts ou taillés & beaucoup d’éditions
delivres françois, contrefaits à Berne, à Yverdun,
à Neufcharel, &c» &c. On peut encore regarder
comme un objet de commerce très-avantageux pour
la Suiffe ; les troupes que les cantons font dans
il’ufage de mettre à la folde de la plupart des puis-
fances de l’Europe & q u i, outre l’honneur qu’ils
en retirent, font eutrer beaucoup d’argent dans le
pays.
A Zurich, les livres des marchands fe tiennent
en rifchdales & en creutzers. La rifchdale ou ducat
vaut 28 bats & 2 fchellings de Zurich, qui valent
plus que les bats ordinaires de Suiffe & moins que
ceux que l’on nomme bons bats,
Le goulde ou florin , qu’on appelle bon goulde,
eft de 1 6 bats ou de 40 fchellings de Zurich. L e
bac y vaut 2 fehelings \ de Zurich ou 4 creutzers
«
L e fchelling , 6 anters, ou un creutzer & f de
creutzer.
Toutes les diverfes efpeces qui ont cours en
S u iffe , font reçues à Zufzach fur le pied qu’elles
valent dans chaque ville de leur fabrication ; ce
qui oblige les marchands à convenir, foit en vendant
foit en achetant, de quelle monnoie ils feront payés
ou paieront.
Le commerce eft à peu-près à Schafoufe fur le
même pied qu’à Zurich , quoique moins considérable.
La rifchdale y vaut 17 bons bats , le goulde
13 bons bats, le bon bac , 10 bats ordinaires; le bat
eft de 4 creutzers.fc
Tous les bateaux qui deftendent du lac de Confo
tance , font obligés de décharger leurs marchandifes
à Schafoufe, pour les tranfporter par terre fur des
charetces ou autres voitures , au - delà d°une cataracte
du Rhin , qui , à cent pas de cette ville , fo
précipite à travers des rochers avec un bruit effroyable,
& quand ce faut eft pafle on rembarque ces
marchandifes fur la rivière. Ce tranfport continuel