
788 T U R
& en bois de chauffage, dont il fort chaque année
150 chargemens. Elle envoie encore au - dehors
t 5 chargemens d’oignons ?. 8c, ï 50 chargemens de
divers fruits , foit frais ou fecs.
H é r a -c l é e , petite ville fituée près d’une très-
bonne rade , a une population d’envïron 6006 ha
b'tans. Ses petits bâtimens font les voyages du Danube.
Son commerce d’entrée eft le même que celui
de Bartin. L e commerce de fortie confifte en cire,
en foie, en fil de lin , en cuirs, en fruits & en
bois de conftrnftion. Les autres petits ports de la
côte de Natolie jufqü’au Bofphore ne méritent pas
une mention particulière. Nous devons cependant
excepter Aktchechar, d’où ïl fort plus de roc O chargemens
de bois de conftru&ion chaque année. Dans
tous :les petits ports dont nous venons de parler,
on ne commît guères que les monnôies de Turquie ;'
il convient même d’y porter de la monnoie plutôt
que de l’or.
D e s côtes de la Natolie fu r la Méditerranée &
particulièrement de Smyrne..
S m y r n e eft une des villes les plus belles, les
plus grandes , les plus jich.es , & la plus commerçante
de la Turquie. L a bonté de. fon port y
attire un-concours prodigieux de marchands de toutes
les parties de l’ancien monde.. On y compté fopoo
Grecs , zoo- Arméniens ,. :.oo .Francs , 1800 Juifs
& 150000 Turcs ou naturels du pays. Elle a. été
renverfée -& comme ruinée 7 à 8 fois par des tremble
me ns de terré, mais l’avantage de fa fîtuation
& là (ïïreté de fa rade l’a toujours fait; rebâtir.
L e s vaiffeaux-marchands y abordent à une portée
de moufquet de la ville , d’où Ton porte les mai-
ehandifes à terre avec des chaloupes. Son port eft
d’un, excellent ancrage & toujours plein de toutes-
fortes de bâtimens. Il peut contenir plufieurs flottes
& l’on y voit en tout temps plufieurs centaines de vaiffeaux
de diverfes nations.
Cette ville fituée dans un golfe dè l ’Archipel ,
dans cette partie de l’Afie, que les Grecs apgel-
loient Y Ionie , .eft- un' des plus riches magafins du
monde». Elle eft placée-comme au centre du com
merce du levant , à huit journées de Gonftanti-,
nople par terre à 15 par. caravane d’Alep, à 6. de
Satalre, &c.
Les caravanes de Pèrfe. ne cellent point d’amver
à Smyrne dépuis la Touflaint jufqu’à la mi'mai,
& même jufqu’en.juin; elles 'y apportent plus de
2000 balles de foie par an , fans compter les drogues
8c les toileries
. L a plupart des principaux- marchands étrangers
y ont de belles- & commodes maifons en propre.
Les particuliers qui n’y reffent pas longtems ou
qui veulent épargner la dépenfe, ont la commodité
des kans-, qui font comme autant de grandes hôtelleries
où peuvent loger jufqu’a 1000 perfonnes,
8c où. chaque chambre ne le loue qu’une piaftre ou
deux par mois*.
T u R
Il y- a deux grandes douanes à Smyrne y l ’une qui:
eft la plus grande, appelléc la douane du commerce
où fe payent les droits delà foie 8c des autres mar-
chandifes que les Arméniens apportent de Perfe,
& de celles que les Nations chrétiennes y déchargent
ou embarquent pour leurs retours.;, l’autre, qu'on,
nomme la douane de Stamboul ( ou Conftanti-
nople ) , ne regarde q.ue le commerce de cette capitale
de l’empire Ottoman, de Salonique & autres,
lieux dé la Turquie»
Des- Nations de l’Afie , qui- font le plus grand-
commerce à Smyrne , ce font les Arméniens ; les
caravanes- de Perfe én étant prefque toutes eoiri-
pofées. A l’égard des Nations de l’Europe, ce font
les Anglois, les Hollandois , les François , les Li-
vournois, les Vénitiens, les Génois, les Mefliniens^.
depuis,peu les Efpagnols & les Rufles qui ont
.des traités /particuliers de commerce avec la Porte
& qui peuvent cpmmercer fous, leur propre ban-
.nièrei Autrefois le commerce, dulevant étoit exclu-
.fivement réfer-vé à la France , & les autres Nations
chrétiennes étoient obligées d’emprunter fa bannière
.comme font encore aujourd’hui celles qui n’ont pas
de capitulations avec le grand-Seigneur.
Les diverfes Nations Européennes, d’abord admi-
fes ^ partager: avec les François-, lés profits dé ce
: commerce, en prirent infenfiblementla -plas grande
.parienforte que jufqu’au milieu de ce fié clé , de
vingt millions de marchandifes qu’on fuppofe être
.dors tirées du levant par. les occidentaux , 1 5 étoient
pour le compte-des Anglois 8c des Hollandois, deux
ou trois tout-au - plus pour celui des François, &
le refte pour les Vénitiens & les Génois ; mais; aujourd’hui
le commeree des François y*égale s’il ne
liirpaftè, celui des Hollandois & celui des Anglois
’mêmes; les draps- du> Languedoc plus légers , de
: couleurs. plus voyantes 8c moins chers que ceux
d’Angleterre 8c de Hollande, ont pris dans les échelles
de la Méditerranée une faveur que .lés autres
pourront difficilement foutenir ; leurs foie ries, leurs'
étoffes- d’or 8c. d’argent y font également préférées ;
enforte qu’on peur affurer, fins rien bazarder, que le
commerce de cette Nation y éft aétuèllement double
de ce qu'il étoit il y a trente ans, & qu’iksiy accroît
tous les jours, .tandis que celui de Tes rivaux y baille
' vifiblement;.
Nous ne pouvons pas donner ici un état au jùfte
du commerce de Smyrne, non-feulement parce que
nous ne connoilfons pas de mémoire exaét fur
Ce commerce., mais parce que ces fortes d’états
.même faits avec le plus grand foin par lés perfonnes
les plus inftrü-ites, n’ônt'jamais de bafë allurée , le.
commerce étant un élément toujours mobile ; nous
nous contenterons de donner un apperçu de celui,
qu’y faifoiènt les François , il y. a 30 ans , & qui
étant à peu près le fixieme de celui des autres Nations
deTEurope prifes enfemble, doit donner une.
idée approchante de là totalité.
Les François y envoyoient alors de. iz à.L.5
T U R
vires , fans compter 5 ou 6 barques ou polacîes. Ce j
nombre a augmenté depuis.
Leur chargement confiftoit en piaftres , en draps
deCarcaffonne & de laTerraffe, deSapte & de Dauphiné
, en perpétuaries ou forges impériales , en
bonnets-, en papier, en cochenille, entartre, en
verdet, en indigo de Saint-Domingue & de Guatemala
, en étain, en bois de teinture , en épiceries
& en fucre.
Les retours étant prefque les mêmes pour toutes
les Nations de l’Europe qui trafiquent a Smyrne ,
on n’en fera qu’un foui article qui aura place plu.s
bas.
On eftime que l’échelle de Smyrne pouvoit alors,
confommer par an ,-dés marchandifes que-les vaiffeaux
François y apportoient ,1 5 0 balles de drapsLondrins
féconds ; 100 balles de Londres, larges ; 100 balles
d’impériales des Géhennes , 15 üo"' ocques de cochenille
, revenant à quatre mille cinq cent livres
poids de France ; z00 carfles de bonnets'de toutes
fortes, de 60 a 80 douzaines la caîffe ; 6oo ballons
de papiers de pliage; 30 caiffes de papiers à écrire
de_z4 rames la caille; 500 quintaux d’indigo d’Amérique
; 300 quintaux de fucre ou de caftonades des
ifles.
Si .Ton compare ce commerce des François à
Smyrne , avec celui' qu’ils y faifoiènt dans les premiers
teriis de leurs relations avec les Turcs , &
même avec le commerce qu’ils y font actuellement,
on verra qu’il étoit bien foible en comparâifon de ce
qu’il a- été & de ce. qu’il eft.
Les Anglois y ènvoyoient autrefois jufqu’â trente
mille pièces de draps ,• ils. y portoient, & ils y
portent encore , du poivre, de l’étain , du plomb ;
mais fur-tout beaucoup d’argent en eüpèces qu’ils
tirent d’Efpagne. & d’Italie. H o y e \ ( T a i l l e u r s ,
p o u r l e c om m e n c e d e s A n g l o i s en Turquie, &
p a r t i c u l i è r e m e n t à Smyrne, V a r t . A n g l e t e r r e d e
ce D i c t i o n n a i r e .
Nous avons peu de chose à dire du commerce des
Hollandois à Smyrne , en ayant été déjà traité à
l’article H o l l a n d e ; on ajoutera feulement que c’eft
prefque le feul endroit du levant où ils fanent du
commerce , & que ce commerce y eft déchu..
C’étoienc eux , dans le temps de fa plendeur, qui y
faifoiènt le plus d’affaires ; moins à la vérité par la
quantité de leurs draps, de leurs épiceries & autres
marchandifes que par les profits qu’ils faifoiènt fur
leur argent qui n’eft cependant pas de bon aloi, , j
Les Livournois - envoient tous les ans 4 vaiffeaux
& 2» polacres a> Smyrne ,, les Vénitiens z ou 3 ,
& de temps en temps on en voit a t iffi quelques-
uns de Gênes.
. Le chargement des navires de Livourne eft de
draps , de latins-., de cochenille , de plomb , d’étain
& d’épiceries qu’ils reçoivent des-Hollandois. -
Les Vénitiens compofeuc leurs çargaifons de draperies
, de brocards, de fa tin sd e perles faufles , de
glaces>de miroirs,de verres à vitres. Tf . Z’nrr. V enise.
. Enfin loi'fquil y va quelque vaifleau Génois ?
’ T U R 78-p
fa charge ne confifte qu’en efpèces qui ont cours a
Smyrney 8c en toutes fortes d'étoffes de foie de leur
fabrique; - ■ .
Les marchandifes que Ton tire de Smyrne , font
les foies, les poils de chevre 8c de chameau , foie
filés , foit non filés & ceux qu’on appelle torts ;
diverfes toiles de coton blanches ou peintes ; des
mouflelines dont il y en a avec des broderies d’or
& d’argent que les ouvriers de l’Europe ne fàu-
roient imiter; du coton en lame 8c en fil ; des cuirs
paffés , fort covdouans , foit maroquins ; d autres
cuirs en poil & non apprêtés ,* des camelots de'
couleurs ^ des laines , de la cire , de l’alun , des noix"
de galle , du buis', des raifins de Corinthe ; quantité
de drogues , comme du galbanum , de la rhu—,
barbe, de la fémencine , de l’hippoponax, de la tutie,.
de l’ambre, du ràufc , du. lapis pour faire l’outremer
; diverfes gommes.
On en tire auffi du fel ammoniac de la foamo-
née , de l’opium , du maftic , du ftorax , du fa von ,.
des tapis de plufieurs efpèces ; enfin des perles
. des. diamans , des rubis , des émeraudes & autres-
. pierres précieufes.
- De ce grand nombre de marchandifes, il n’y a*
gueres que la feamonée , l’opium & les noix de-
galle qui foient du terriroire de Smyrne ; mais les
autres y font apportées d’ailleurs en.fi grande abon--
dance , & les boutiques y font" toujours fi bien- remplies
, qu’il femble que toute la ville ne foit qu’un:
bazar , où il fe tient une foire continuelle.
En généraL le plus grand débit que les nations
.chrétiennes falfent de leurs marchandifes à. Smyrne'
.eft celui de leurs draperies ; & leur plus grand achat
des marchandifes du levant , eft celui des.foies,-,
des poils de chevre , de chameau & de teftic ou-
‘ chevrom
La rotte ou rotton, le batteman , l ’ocos & le
chequîs font les poids dont on fe fert à Smyrne ,
mais non pas indifféremment , chacun de ces quatre*
poids étant propre à certaines efpèces de marchandifes.
Les cotons fe pèfent à la rotte ; Tes foies atr
batteman ; les laines, les poils de chevre ,Jes épiceries
, les drogués , l’étain, les cordouans', à l’oços ;;
& le poil• dé teftic ou chevron au chequîs. '
. Le pic eft la feule mefuire pour les longueurs
8c qui é f t commune non - feulement aux draps •• aux:
camelots & autres étoffes , & à toutes ces fortes de;
toiles ; mais encore aujç maroquins jaunes & rouges:
& aux tapis de Perfe. Ces deux dernières eipèces de;
marchandifes fe mëfurent au pic carré. Voy. ces<
p o id s '& ces mefures à leurs articles.
; Le change, baille où augmente à Smyrne -, com-
| me par-tout ailleurs , fuivant .la fituation des affaires.-
Le change maritime fe fait de 6 à 8 pour 106 & le;
porteur en couit les rifques ; lé change de Smyrne:
à Conftaatinople perd 1 à z pour iôo.^
Les droits d’entrée &' de fortie , qu’on appelle-
droits d’ermin , font différens luivant les différentes:
capitulations des nations Chrétiennes avec la.Port© ^