
fleuve de ce dernier nom , qui traverse toute la
Pologne ; ce lac reçoit au (II les eaux de la Paf-
farge , du P regel, de Y Elbing, de la Huntau ,
de la Jafte & de quelques autres fleuves moins
confidérables qui traverfent une grande partie de
la Pologne & des deux Prujfes.
Depuis que le roi de Pruffe eft maître d'E lb in g ,
le Commerce ea a beaucoup augmenté. O n en fera
peu furpris fi l’on confidère les vexations affueufes
que fouffrent les Polonois, de la part de la douane
Pruflîenne établie fur la Viftule aniïitôt après le'partage.
Pour forcer en quelque façon les Polonois de
porter leurs marchandifes à Elb ing, on les oblige de
payer i i pour c e n t, s’ils veulent les descendre a
Dantzick , au lieu de z pour cent feulement s’ils les
portent à E lb in g .
Comme ces droits fubfiftent encore aujourd’hui'
fur le même pied , le Commerce à’E lb in g continue
à en profiter & celui de Dantzick à en fouffrir. Cependant
, quelque avantageufe qu’ait été la révolution
au Commerce dé la ville d’E lb in g depuis que
la Pruffe ducale eft fous la puiffance du roi de
Pruffe , fa proximité de Konisfberg d’une p a rt, &
fon éloignement de la mer d’une autre, feront toujours
des obftaclés à ce qu’elle fafle un Commerce
maritime aufli brillant que Dantzick , Konigfberg
& Memel , villes qui depuis long - temps font en
poffeffion de la plus grande partie du Commerce de
-la Pologne.
B r au n s b e rg & F r au en bo u r g , les deux villes
principales de la principauté de W arrnie, appellée
en Allemand Ermelan d, font un Commerce con-
fidérable en fil & en toiles communes-.
Ma r ien bo u r g , en Polonois Ma lborg , eft une
ville royale fur la rivière de N ogat, bâtie fur un
• terrein élevé & au milieu p’une contrée .agréable &
fertile. L a digue du Werder reflerre la Nogat à
l’oppofite de cette-ville. O n nomme Tf^erder un
terrein bas & marécageux qu’on a défriché & rendu
propre à la culture, fur lequel on a même conf-
truît des maifons. Ces Werders donnent abondamment
de l’herbe & du grain. Oh n’y trouve7
uère de bois, encore moins 'de montagnes , & le
ois a Elbing eft le plus grand de tous ceux qu’on
y rencontre. Une partie de ces Werders eft habitée
p ar des familles Hollandoifes dont les ancêtres
avoient été appelles dans la P ruffe ducale pour le
défrichement des terres incultes & le defTéchement
des terreins bas & marécageux.
Culm , ou Chelmno, capitale du territoire du
même nom, eft bâtie fur un lieu élevé au bord de
la Viftule. C’étoit autrefois une ville anféatique ,
mais aujourd’hui fon Commerce eft tellement déchu
, qu’il ne mérite pas que nous.en parlions»
Graudentg, Stum , P u t \ ig ou Pant^ke , D ir f-
ehau & quelques autres villes, de la Pruffe d u ca le ,
font chacune un trop petit Commerce , pour entrer
dans le plan de cét ouvrage.
A r t . II. Commerce de Berlin & de la Poméranie
B randebourgeoife.
§Y 1* B e r l in e ft l a c a p ita le d e s c in q M a rc h e s
q u i fo rm e n t l’é le é lo r a t de B ra n d e b o u rg . C e tte v ille
eft fîcuée a u 5 2 e. 4 d é g ré d e la titu d e & a u 3 1 e. d e
lo n g itu d e d a n s l a M a r c h e m o y e n n e , c o n tr é e f o r t
fa b lo n n e u fe , m a is d o n t le s te r r e s fo n t fi b ie n fo r-
g n é e s , que d e to u te s le s v ille s d’A llem a g n e , Berlin
e ft c e lle o ù le s g r a in s a b o n d e n t le p lu s ., & o ù
c om m u n ém e n t ils fo n t à m e ille u r m a rc h é . L a v ille
de Berlin a e n v iro n d eu x m ille s d e c ir c u it, L a
r iv iè r e d e Sprée l a tra v e rfe & l a c o u p e e n d eu x
p a r t i e s ; c e lle d u c ô té d u n o r d - e f t , a p a r tic u liè r e m
e n t l e n om d e Berlin , 8c c e lle d u fu d - o u e f t ,
c e lu i d e Cologne , o u Colin an der Sprée : c ’e ft
d ans c e l l e - c i q u ’e ft le palais r o y a l. D ’a i l l e u r s , . Berlin a fix g ra n d s q u a r tie r s q u ’o n p e u t r e g a r d e r
c om m e au tant de v ille s , L e s é c a b lm em e n s d e C om m
e rc e le s p lu s rem a rq u a b le s q u ’o n y tro u v e ,f font,
la b a n q u e & le s l o m b a r d s d o n t n o u s f e ro n s m e n tio
n c i- a p r è s , b e a u c o u p d e fa b r iq u e & m a n u fa c tu
re s e n to u t g e n r e , q u e la u e s ra ffin e rie s d e fu c r e
I & u n e b e lle fa b r iq u e d e p o r c e la in e . Berlin e ft â-
proprement p a r l e r u n e v ille f a b r iq u a n te ; le s o u v ra g
e s d an s le fq u e ls e lle a l é m ie u x réuffi ju fq u ’à p ré -
fe n t , fo n t le s d ra p s fins , p a r tic u liè r em e n t e n b le u
& r o u g e ; le s éto ffes lé g è r e s d e la in e ; le s b ro d e r ie s
e n o r & argent 3 le s b ro d e r ie s e n m o u ffe lin e • & e n
c am b ra i ; le s d am a s , f a tih s , fe rg e s d'e fo ie & autre s?
fo rte s d ’éto ffes ; le s c a fto rs & to u te s fo rte s de c h a peaux.
N o u s n e p a r lo n s p o in t d e s - e a rro ffe s 8ç
ch a ife s., des o u v ra g e s de jouaillerie & d’o r f è v r e r ie ,
d e s in ftrum e n ts d e m a th ém a tiq u e s & d e c h i r u r g i e ,
& autres- g e n r e s d’in d u f tr ie d an s le fq u e ls le s a r tif te s
de Berlin e x c e lle n t. L a p r em iè r e ra ffin e rie d e fucre-
1 q u ’a it e u Berlin y fu t é ta b lie e n 1 7 4 7 ; e l l e r é u f -
fic fi b ie n q u e p e u d e tem p s a p r è s l e p ro p rié ta ire ?
en- é ta b lit d e u x a u tre s , p o u r l ’e n c o u r a g em e n t d e f-
q u e lle s l e r o i d e Pruffe d é fe n d it l’in tr ô d u é lio n des;.
-■ fucres étrangers raffinés & en-pierre dans"toute l’étendue
del’élc&orat de Brandebourg & -de-la Poméranie.
On imprime à B e rlin parfaitement bien les-
‘ toiles de coton. L e fil de coton blanc de cette ville-
■. eft très-fin. Il y aaufii diverfes manufaélures de tapif-
fériés de différentes façons , en hiftoirè , payfh—
ges y &c. telles que celles de- France & des Pays-
bas. L a porcelaine qui fe fabrique à Berlin eft aufli
belle , fi même elle ne l’eft plus , que celle de-
Saxe.
L a banque de Berlin fut établie en 1765 , 8c
l’ouverture s’en fit le i er de juin de la même année».
: Toutes les lettres dé change au-deffus de 100 Rthlr..
doivent être payées par cette hanque , fous peine
d’une amende égalé à la fomrae qu’on auroit payée
' autrement. Chacun , foit bourgeois, foit étranger ,
peut fe faire ouvrir un compte dans cette banque
foit en y portant les efpèçesqu’elle a.coutume de
recevoir, foit en fe procurant de l’argent de banque
â la caille -d’e fcompte ou au grand lombard y
Sont nous parlerons ci-après.1 Les feules efpeces
que la banque de B e rlin reçoit, font des Frede-
ricks d’or de Pruffe , dont 3 5 pèfent un marc,
poids de Cologne ; le titre de l’or de ces-monnaies
eft de 7.1 j carats ; elle les reçoit fur le pied
de 4 livres de banque pour un Frederick. Cette
banque fe. ferme une fois l’an , depuis le 31 mai
ju fqu’au 1.4 de juin. Ce temjfi eft employé à faire la
balance.des, livres.'
L a même année de l’établiflèment de la banque
L ’or de z r à 24 carats ». . . • • • . • »
Celui de 16 à z i carats • •• . » • » . . .
Celui d’un titre plus bas, • » • . • • » • »
L ’argent, de 1 z. à ié loths, 9 à iz .
Celui » . de 6 à n loths, 4 à '9 d, •
Celui d’un titre plus bas, . » • • • • • •
I l y a aufli à B erlin un petit lombard qui prête
de l’argent contre des gages , à peu-près de la
même manière que les lombards des autres pays.
Un autre étâbliffement de cette ville qui mérite
plus d’attention à caufe de fa fingularité & du rapport
qu’il a avec l’objet de cet ouvrage , eft une
fociéte de Commerce maritime érigée par le roi de
1Pruffe en'1772 , & dont la direction générale eft
à Berlin. Comme l’oélroi ou les lettres patentes
accordées à cette fociété le 14 oécobre de ladite
année, font d’une- trop grande étendue pour pouvoir
être inférés ici ,.nous nous contenterons de
donner des fubftapces ,dcs 43 articles que contient
ledit oétroi.' Dans*; le préambule le roi déclare qu’il
a jugé à propos de .former cette fociété, dont le
fonds principal feroit fourni de fa propre caille ,
pour établir un Commerce & une navigation di-
reéle & permanetîte entre les ports- de fes états &
ceux d’E(pagne & autres ; & qu’à cette fin , à
compter du i er. janvier 177 3 , il ne 'feroit permis
à d’autres navires qu’à ceux de la fociété , d’importer
du fel dans aucun des ports de la domination
Pruffienne ;’.qu’il feroit formé à la douane de
Fordawi ( établie par le roi de Pruffe fur la Viftule
au deffus de Dantzick , auflîtôt après la révolution
qui a mis ce prince en poffeffion de la Pruffe
ducale | uni entrepôt de la cire qui y pourroit arriver
par la Viftule & de toute celle qui pourroit
être recueillie à dix milles tant à la droite qu’à la
gauche de ce fleuve , & qu’enfîn la fociété jouiroit
du droit exclufîf de l’achat de ces cires : ce droit
& celui d’importer, des fels dans les états Pruffiens
devant former les principaux privilèges de ladite
fociété.
L article i er. de l’oélroi permet à tous les fu-
jets Pruffiens de prendre un intérêt dans la fociété.
L e ze. fixe la durée de l’oélroi à vingt années
a compter du i er. janvier 17 7 3 . Le 3 e. fixe le
premier fonds de la fociété à 2,400 aétions, de
500 rthlr* courantes de Brandebourg chacune,
ou de 4 f i rthlr. , enFredèricks d’ or , comptés
chacun a 5 - rthlr , ce qui fait un capital de
à Berlin, (7 7 6<>) le z i oélbbre, le roi y érigea,
de fes propres fonds , une caille d’efeompte & un
grand Lombard. L a première efeompte toutes fortes
d’eflèts payables à des termes fixes à 3 pour
cent par an d’intérêt, ou ^ p £ par mois d’efeompte.
Le dernier prête de l’argent contre' des gages juf-
qua 6 mois de terme à ^ p £ d’intérêt par mois :
il prend & aehette de l’or & de l’argent en matière
&~en efpèces , fuivant leurs poids & leurs titres r
par exemple :
IÇO 1. bco.le marc
a 148 dites. '
â 140 dites.
a 9 1. '4 gr- le ma:
W f f lÊ • Baffl dit.
a 8 . • • . dit.
1 ,zoo,Ooo rthlr. courantes de Brandebourg où de
i , i 4z,8 f^ ^ î- rthlr. en Fredericks comptés chacùa
a $ rthlr. Le 4e. ordonne que les z,4oa àétions
feront diviféès en autant de billets imprimés, numérotés
& fignés par le caiffier de la fociété 8c
avec le - v ifa ou vu-bon du chef. L e 5e. déclare
que S. M. s’intéreffe elle - même dans la fociété
pour 2, t 00- aélions , & que les 300 reliantes feront
<hftribuées aux fouferipteurs. L e 6e. ajoute, que ,
fi le roi trouvoit convenable dans la fuite d’augmenter^
ce premier fonds de la fociété, S. M. permet-
troit la levée d’un nombre de nouvelles aérions qui
feroit alors fixé. Le 7 e. que dans ce dernier cas il
fera permis tant aux fltjets du roi qu’aux écrano-ers
d’acheter tout autant de nouvelles aélions que&les
uns & les autres trouveront convenable. L e 8e.
ordonne qu’on tiendra un rëgiftre exad . où les
noms de fouferipteurs feront écrits félon la date
de leur fonfeription. L e 9e. affranchit les' étrangers
qui voudront s’intérefièr dans ladite fociété du .droit
d’aubaine & les garantit de toute faifîé quelconque
fur les . aélions pour lefqueîies ils pourront y être
mtéreffes. L e 10 e. permet le négoce des aélions ,
lefqueîies doivent etre confidérées comme une mar-
chandife. L e iTe. établit une caifie-d’efeompte pour
la réception des aérions de la fociété. L e i z c.
forme l’adminiftration de celle-ci , qui doit être
compofée d’un ch e f, dé deux direéleurs & d’un
caiffier, qui doivent réfîder à B e r lin , & d’un troi-
fiéme direéleur qui réfideroit à Cadix , mais qui
feroit fubordonné à la direélion générale. L e ch e f,'
les direéleurs & le caiffier feront choifis & nommés
par le roi. L e 13 e. accorde à la direélion générale
la nomination de fes officiers fubalternes^ & lui
donne le choix de fes çommiffionnaires dans les
pays étrangers : avec injoüaion à ladite direaioù
de faire chaque année la balance de fes livres pour
partager aux aaiohnaires la part des bénéfices qui
leur reviendroic. Le 14 e. ordonne qu’avant de faire
aux aaionnaires une répartition des bénéfices de
Chaque année , on commencera par mettre de côté
1 0 p | , qui feront enfuite payés à chaque aaionnairè
N no ij