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M O R T ICA L . Monnoie qui fe bat à Fez , capitale
du royaume du même nom. Voye\ la table.
MORTODES. Perles fa u jfe s dont on fait quelque
commerce avec les nègres du Sénégal & autres
endroits de Guinée. En général elles s’appellent,
perles gaud'eronnées. Il y en a de plufieurs fortes
& figures particulièrement de façonnées en long, &
d’autres en rond.
MORUE ou MOLUE. Poiflon de mer pafîk-
blement gros, qui a la tête hideufe, les dents dans
le fond du gofîer, la chair blanche, la peau d’un
brun grisâtre pardeffus le dos , & un peu blanch'eâtre
pardeffous le ventre, couverte de petites écailles
minces & tranfparentes.
Ce poiffbn mangé frais eft excellent, & bien
apprête & falé comme il faut, fe peut garder du
temps fans fe corrompre. L a morue fa lé e fait la
plus grande partie du négoce de la faline qui eft
allez confidérable.
Il y a de deux fortes de morue fa lé e , l’une qui
s’appelle morue verte ou blanche , & l’autre que
l ’on nomme morue féche ou parée , & quelquefois
merlu ou merluche. Ce n’eft néanmoins que la même
efpéce de poiflon, mais diverfement falée & préparée
pour la rendre de garde.
Les morues vertes fe tirent & fe comptent différemment
fuivant les lieux où on les décharge des
vaifleaux & où s’en fait la vente.
A Nantes, on en tire de quatre fortes qui font;
t °. L a grande morue ou poiffon marchand dont
le cent en compte doit pefer neuf cent livres. z°. La
morue moyenne ou poiflon moyen eftimé un tiers
moins que le poiffon marchand, le cent en compte
ne pefant gaères plus de fix cent livres. 30. L a pe^
rite morue ou raguet ; & 40. L a morue de rebut,
dans laquelle l’on comprend les plus petites morues
au-deTous du raguet, celles qui font, tachées ou
douces de fel, rompues ou pourries , ou écorchées,
même les lingues qui font des morues un peu longues
, mais qui n’ont prefque que la peau & l’arrête.
Il y a des mefùres pour la grandeur que doivent
avoir les morues pour être admifes au poiflon marchand
, tant a l’égard de la longueur que de la
largeur & épaifleur, mais on s’en fert peu dans les
triages, les perfonnes propoféçs pour cela les faifant
à la vue.
A la Rochelle & à Bordeaux , le triage fe fait à
peu près comme à Nantes ; la feule différence qui
s’y rencontre eft que dans les deux premières villes
l’on fait, entrer dans le raguet les plus petites morues
, pourvu qu’elles h’ayent point de défaut, &
qu’à Nantes ces petites morues , quoique de bonne
qualité, ne laiflent point de fe mettre dans le rebut.
Au Havre de Grâce, à Honfieur, à Dieppe &
dans les autres ports de Normandie, on en tire de
fis fortes qui font; i° . La gaffe qui eft une morue
d’une grandeur extraordinaire. z°. L a morue mar^
chaude ou grand poiffon qui eft la plus grande d’après
la gaffe. 30. L a trie qui eft la grandeur d’après
Ja marchande. 40.' L a lingue & le raguet qui ne
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paflent que pour une même-forte. f ° . L a valide otf
patelet qui eft la plus petite de toutes ; & 6°. L a
viciée qui eft le rebut des autres.
A Nantes & dans la plupart des ports de France ,
la morue verte fe compte & fè vend à raifort de
Ü 4 morues ou 6î poignées ou couples pour cent,
ce qui s’appelle grand compte ou compte marchand.
Cependant à Orléans & en Normandie, Ion
donne 1 3 1 morues ou 66 poignées pour cent, ce
qui fè nomme aufli grand compte ou compte marchand.
A l’égard de Paris, le cent n’eft que de 10 8morues
ou cinquante-quatre poignées, ce qu’on appelle
pe tit comptel
Pour vendre & débiter la morue verte dans les
marchés , on la fait deflaler dans l’eau, on la coupe
8c divife eu queue , entre deux, crêtes, flanchets &
loquettes.
Nantes eft la ville du royaume où il vient le plus
de morues vertes, la riviere de Loire étant très-
propre pour le tranfport dans toutes les autres villes.
Pendant la guerre elle y eft touiours chère , mais
en temps de paix les vaifleaux Normands & ceux
d’ailleurs qui vont décharger au Havre de Grâce,
à Dieppe & à Honfieur d’où l’ôn tire pour Paris
ùi eft le principal objet pour la, confommation'
e ce poiffbn , font qu’à Nantes il y eft à très-boa
marché.
On envoie en France de Hollande & d’Iflande ,
dans les mois de mars, d’avril & de mai, des morues
vertes en bari’l de deux cent cinquante à trois
cent livres pefant , les unes en fel 8c fans fauce, &
les autres en fauce ou faumur. Les premiers font de
meilleure garde, parce que la fauce.des autres étant
fujette à tourner & à fe corrompre , elle gâte le
poiflon. /
L a morue en b a r il eft ordinairement épaiffe &
coupée par tronçons ou morceaux ; on la nomme
quelquefois cabillaud. Il faut remarquer que celle
qui vient d’Iflande eft toujours plus petite que
celle de Hollande. Lés douze barils de cabillauds
font un leth ou plutôt le leth eft compofé de douze
barils. n
Ce qu’on appelle monie^en tonne , ce font des
morues que l’on a mifes dans des efpèces de futailles
pour les tranfporter plus facilement par charroi » &
empêcher qu’elles ne fe gâtent. Une tonne de morue
tient ordinairement foixante-fix poignées ou cent
trente-deux poiflons. Il n’y a guères qu a Rouen &
à Orléans où l’on les entonne ainfi pour les envoyer
en Champagne , en Bourgogne, &c.
M O R Ü E S É C H E.
Comme l’on ne peut faire fécher la morue qu au.
fo le il, il faut que les vaifleaux partent de França
dans le mok de mars & jufqu’à la fin d’avril au plus
tard, afin qu’ils profitent de l’été pour faire fécher
leur pêche. g
La morue feche qui eft la plus rouge eft pour
l’ordinaire
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l’ordinaire la plus eftimée ; néanmoins pour Lyon &
pour l ’Auvergne il faut qu’elle foie blancheâtre.
L a morue féche fe trie de différentes manières ,
fuivant les lieux où elle fe décharge.
A Nantes il s’en fait de fept fortes, qui font :
i° . Le poiflon p ivé, qui eft une morue de couleur
poivrée tirant fur le rouge-brun. C’eft la plus délicate
& la plus graflè de toutes les fortes de morues
féches ; aufli vaut-elle ordinairement quinze à vingt
pour- cénc plus que les autres efjpèces, que l’on
nomme poiffon marchand, Le poiflon pivé ne fe
vend gueres que pour la Bretagne * l’Anjou & la
Touraine ; car pour Paris;, Lyon & Orléans, il ne
s y en envoie que très-peu, n’y étant aucunement
eftimé.
z°. L e poiflon gris , qui n’a de confommation,
que dans les. lieux où la qualité de la morue pivée.
eft connue , n’eft pas tout-à-fait fi poivrerai fi brun
que le pivé ; aufli. n’eft-il pas fi cher : mais quand on
le garde en magafin d’iine année à l’autre, & qu’il
eft un peu-gras ,.il devient en partie pivé. Il y. a
quelquefois, trente à quarante fols & même jufqu’à
trois livres de différence par quintal entre le prix ,
du poiflon gris & celui du poiflon pivé.
3°. Le poiflon grand marchand, dans lequel entrent
toutes les plus grandes morues, lesquelles
ppur. etre réputées marchandes doivent être unies,
bien coupees, point rompues ni brûlées , 8c nettes
de toutes taches. . .. É .
4°. L e ppiflbn moyen marchand , qui eft de la
meme qualité, que le poiffon grand marchand, à
I exception que les ,morues ne font pas fi grandes.
Ces deux fortes de poiflon, grand & moyen marchand,
Ifont les plus connues dans le royaume, &
dont Ion fait un plus grand débit; aufli ç’eft de ces
deux qualités,que les vaifleaux apportent le.plus.
ï° . Le petit poiflon marchand, que l’on appelle
fo u rillo n , qui comprend toutes leç plus petites-nzo-
rues pivées, grifes, & marchandes. Il fevend ordi-
nairément le .même prix que les poiflons grand &
moyen marchand , & même «quelquefois plus , quand
il vient pendant le temps des cargaifons. L a plus
grande' confommation du fourillon fe fait dans le
Lyonnéjis & dans l’Auvergne.
^°*jLe grand rebut, qui comprend les plus <rran-
deç, d entre les qui fe trouvent rompues ,
huiJeufes, écorchées, tachées, mal coupées, dures
& brûlées. t ;
7?. Enfin, le moyen rebut, dans lequel l’on met
toutes les morues moyennes 8c petites, qui ont les
mêmes défauts que celle du grand rebut.
kes grand & petit rebut fe confomment tous dans
la ville de N antes & dans le pays Nantois. Ils diffèrent
ordinairement de dix à quinze pour cent de la
valeur des poiflons marchands.
A la Rochelle , à Bordeaux, à Bayonne, à Saint-
Jean-de-Luz.& dans toute la côte Occidentale d’Ef-
pagne , Ion ne connoît que trois fortes de triages-
dans la morue fé c h e , qui font, 1 ° . le poiffon mar.-
Cüand, z°. Je poiffon moyen,. & 3 0 , f e rebut, ;
Commerce• Tome IIT. P a r t . %
M O S à 8 i
À Saint-Malo, la morue féche ne fe trie prefqua
jamais ; on met feulement à part les pourries & les
rompues ; toutes les autres fe rendent pêle-mêle y
à la réferve de quelques parties qui s’y vendent pour
Rennes, & que les acheteurs .trient eux-mêmes à
leur fantaifie.
Comme Saint-Malo n’eft pas un endroit propre
pour la confommation de cette marchandife, on n’y
en fait pas un grand commerce : & quoique les
Maloins envoyait beaucoup de navires pour le commerce
& là pêche de la morue féche , cependanc
il n’en revient que très - peu décharger dans leur
=port ; leur- deftiiiation ordinaire étant pour les mers
;du Levant, ainfi qu’il a été dit ci-devant.
; . ^ Y a de quatre fortes de marchandifes qui proviennent
des morues , & dont il fè fait quelque corrn
merce; fçavoir les noues ou nos qui en font les tripes,
les langues, les rogues ou raves qui en font les oeufs
ou coques , & l’huile qui fe tire des foies.
Les noues fe falent dans les lieux de la pêche ea
même temps que le poiffon. Elles supportent en
futailles ou barils du poids de fix à fept cent livres.,
| Les langues fe falent de même que les noues, 8c
s’apportent aufli dans des barils du poids de quari^
à cinq cent livres.
Ces deux fortes de marchandifes ne font pas d’ua-
grand débit à Paris , non plus que dans le refte du
royaume; n’y ayant guères que la Bourgogne & la"
Champagne qui en fafîènt une confommation un peu
confîderable ; aufli les vaifleaux Terre-neuviers ne:
s’en chargent-ils pas de beaucoup.
Les rogues ou oeufs de morues fe falent pareillement
dans des. barils : ils fervent à jetter dans la
mer pour prendre le poiffon, particulièrement les
fardinés ; ce qui fait qu’il' s’en confomnie beaucoup
fur les côtes de Bretagne,' où la pêche de ce poiffbn '
eft confidéraBlë. '
L ’huile de morue vient en pièces ou banques ordi-
naif.ement.du poids de quatre à , cinq cent livres- .
même jufqn’à cinq cent vingt. Il s’en envoie affez
confidérablement Au côté de Genève. On en cou-
fomme aufli en France dans les tanneries, même
pour .brffler ..lorfqne les huiles de noir & de baleine
viennent à manquer.
L'ordonnance de la marine du moisd’aoiVrdSi
& dumois de novembre 16 S 4 , règleplulîeurs chdfes
touchant la pêche des morues.
MOSCH , qu ’ori nomme aufli AM BR ETT E .
Efpèce de graine de bonne odeur, qui entre dans là
compofition de quelques parfums.
, MOSCOSQUE. Petite' monnoïe qui a cours à :
Archangel & dans le refte de la Moicovie. Deux
mofcofques font le copec , & cent copecs le rouble.
Il faut vingt mofcofques pour la grive.
La mofcofque eft aufli une monnoie de compte
.& les livres fe tiennent à Archangel en roubles o-ri-
ves & mofcofques• 3 °
Nn