
734 S U E »ns les comptes des administrateurs , mais c’étoic
l ’administration qui nommoit ces censeurs. Depuis
1767 , ce font les intéreffés eux-mêmes qui choisissent
les Commissaires, & qui écoutent leur rapport
dans une assemblée générale.
Le produit des ventes n’a pas été toujours le
même. On Fa vu plus ou moins considérable ,
selon le nombre & la grandeur des vaisseaux employés
dans ce commerce selon la cherté des
marchandises au lieu de leur fabrication & leur
rareté en Europe. Cependant on peut assurer qu’il
est rarement resté au-dessous de 1,000,000 de liv.
& ne s’est jamais élevé au - deffus de cinq. Le
the a toujours formé plus de quatre cinquièmes de
ces valeurs*
L a Suede n’a , prefque point d’efpèces ni d’ouvrages
de fes manufactures à exporter ; ainsi ( le
capitaine d'un vaisseau destiné pour la Chine , relâche
d’abord à Cadix, où il emprunte au nom de
la compagnie r 00,000 piastres à 30 pour cent d’intérêt
3 delà il fait voile pour Canton , où il acheté
comme-nous l’avons déjà dit , du thé , de la porcelaine
, & d’autres marchandises qu’il revend à fon
retour avec beaucoup de profit.
Les confbmmacions de la Suede , furent d’abord
un peu plus considérables qu’elles ne l’ont été dans
la fuite, parce qu’originairement les productions
de l ’Asie ne dévoient rien au fisc. L a plupart furent
depuis alfujetties à une imposition de vingt ou
vingt-cinq pour cen t, quelques-unes mêmes, telles
que les foyeries, furent paffagèremeut profcrites. Ces
droits ont réduit la confommation annuelle du
royaume à 300,000 liv. Tout le reste est exporté,
en payant à l’état un huitième pour cent du prix
de fa vente. La Suede , vu la foibleife de fon numéraire
, & la médiocrité de fes reffources intrinsèques,
ne peut fe permettre un plus grand luxe.
L e port de Stockholm eft profond & sur ; mais
l ’entrée & la fortie sont longues & dangereufes.
Les Suédois font eux mêmes la meilleure partie
du commerce de leurs marchandises -, qu’ils vont
porter fur leurs vaisseaux , en Hollande, en Ef-
pagne & en Portugal. Il en vient aaffî en France,
mais beaucoup plus lorsqu’elle eft en guerre avec
fes voifins que pendant la paix ; les Suédois fai-
fant alors de grandes cargaifons d’eaux de vie & de
fels.
Les Anglois & les Hollandois font ceux qui font
le plus grand négoce en Suède 3 ceux-là à cause de
leurs draperies , ceux-ci à cause de leurs épiceries.
Celui des Hollandois eft néanmoins le plus confi-
dérable , particulièrement depuis qu’ils fe font rendus
pour ainsi dire , les maîtres des mines de cuivre
de ce royaume. Les Anglois ont un conful à Gothembourg
& plufîeurs marchands de leurnation.
L a Suede fournit des cu ir s, • des fourrures , du
cuivre , du f e r Sx. de Vacier , & des armes fabriquées
de ces métaux, foit groffès comme les canons
& les mortiers 3 foit légères, comme les moufquets,
v ifio le ts , f e r s de piques &c.j le f i l de le'ton &
S U E
d ’a rch a l, le plomb , Vhuile de baleine , la cou-
pe rofe, le fa von & les planches 8c blagues de
ftpin, font auiîi du nombre des marchandifes de
cet empire, ainfi que l'a lu n , le v it r io l, le cobalt
& le fouffre ; il fait au{fi un très-grand commerce
du hareng, qui fe pêche fur des côtes.
Le b ray & le goudron font encore des productions
de la Suède 5 elle étoit en poffeflion d’en
vendre aux Anglois la plus grande partie , dont ceux
ci avoient befoin pour leurs arméniens j mais eu
1703 , cette puiflànce méconnut fes vrais intérêts
au point de plier & de réduire fous un privilège
excîufif cette importante branche de commerce.
Une augmentation de prix , fubite. & forte fut le
premier effet de ce monopole. L ’Angleterre ne
manqua pas de profiter de cette faute des Suédois,,
en encourageant l’importation de toutes les munitions
navales que l’Amérique pourroit fournir. '
Les marchandifes que l’on porte en Suède, font
du p a p ie r , dont à peine il fe confomme deux raille
rames-dans le pays, 4ps vin s , des eaux de vie y
du f e l , de la toile, des merceries , des étoffés , des
épiceries , de la laine , du fu c r e , du ta b a c , du
vin aig re, du thé, du chanvre, des grains , des
fru its de Provence; mais Veau de vie de blé convenant
mieux aux Suédois. à peine en confomment-
ils cent bariques de France.
Depuis 17 7 1 » la Suède a tiré des marchés étrangers
, très-peu de grains. Quelques-uns de fes écrivains
économiques , ont même prétendu qu’elle
pou voit fe pafler de ce fecours 3 mais foit le vice
du fo l, du climat ou de l’induftrie , il eft prouvé
que la même quantité d’hommes , de jours , de travail
& de capitaux , ne donne dans cette région que
le tiers des productions qu’on obtient dans des contrées
plus fortunées.
‘ Les mines doivent compenfer ces défàvantages
de l’agriculture 3 comme celle d’or découverte en
1738 | ne rend annuellement que fept ou huit cent
ducats, & que ce produit eft infuffifant pour les
frais de fon exploitation , aucun citoyen , aucun
étranger n’a offert jufqu’ici dé s’en charger.
L a mine d’argent de S a la rend dix-fept à dix-
huit cens marcs chaque année , c’eft quinze * ou
feize fois plus.que toutes les autres réunies,
U a lu n , le fàuffre , le c o b a lt, le vitrio l, font
plus abondans. Cependant Ce n’èft rien ou prefque
rien auprès du cuivre & fur-tout du fer 3 depuis
1734 jufqu’en 17 6 8 ,.il fut exporté chaque année
991,607 quintaux de ce dernier métal. Alors il’
commença à être moins recherché , parce que la
Ruftïe en offroit de la même qualité à vingt pour
cent meilleur marché. Les Suédois fe virent réduits
à diminuer leur prix 3 & rl faudra bien qu’ils le
baiffent encore pour ne pas perdre entièrement la
branche laplus’importante de leur commèrce.
L a feule pêché Suédoife qui mérite d’être cnvi-
fagée fous un point de vue politique , c’eft celle du
hareng, elle ne remonte pas au delà de 1740 ; à
cette époque les harengs qui jufques-là n’avoieas
S UE jamais approché des côtes occidentales de la Suède,
ayant paru en grande quantité dans le voifinage de
Gothembourg , les habitàns s’adonnèrent à cette
pêche qui leur a été très-avan.tageufe , & ils ne s’en,
font pas retiré depuis. L a nation en confomme annuellement
quarante mille barils , & l ’on en exporte
cent fo ixante mille , qui, à rai fon de 13 liv*
iç • fols chacun , forment à l’état un revenu de
z,zoô,po© liv. On peut juger des progrès^ de cette
pêche par la table fuivante.
En ï 7 5 z , elle ne produifit que mille barils , le
baril contient mille harc
En 17 5 3 .
zo,7 66
1 z,8z8
74>7£ t
I 1 7 , z I Z
J 42,,op I
186,614
fuivante 1764 , diminua
en produifit que 99,616
N17 6 1.
,17 6 1.
1763.
L a pêche de l’année
confidérablement , elle n;
i jufqu’à Fannée 1768 , qui donna 15 1,483
barils.
Par l’a&e da navigation paffé dans la diète de
Iï77z , les vaifïèaux étrangers ne peuvent porter
en Suède que les productions de leur pays , ni les
tranfporter d’un port à un autre.
A juger du commerce de la Suède par le nombre
des navires qu’il occupe, on le croiroit très-important
: cependant, fi Ion confidere que cette région
ne vend que du brdy , du goudron , de la
potaffe , des planches , & des mâts de lapin, du
poiffon & des métaux greffiers , on apprendra
fans étonnement qiie fes exportations annuelles
ne paffent pas t 5,000,000 de livres. Les retours
feroient encore d’un quart plus foibles , s’il fal-
loit s’en rapporter à l’autorité des douanes. Mais
il eft connu que fi elles font trompées de cinq pour
cent, fur ce qui fort, elles le font de vingt-cinq
pour cent fur ce qui entre. Dans cette fuppofition,
il y auroit un équilibre prefque parfait entre ce
qui eft vendu & ce qui eft acheté , & le royaume ne
gagneroit” ni ne perdroit dan? fes liaifons extérieures.
Des perfonnes infiniment verfées dans ces
matières , prétendent même que la balance lui eft
défavorable, & qu’il n’a rempli jufqu’ici le vuide que
cette, infériorité devoit mettre dans fon numéraire,
qu avec le fecours des fubfides qui lui ont été accordés
par des puifïànces*étrangères.
Enfin , pour finir^jet article, Cantfier dans fon
ouvrage intitulé mémoires fu r les affaires p o litiques
& économiques de Suede , obferve que
la ville de Stockholm fait les -p- du commerce
d’exportation de la Suède ,' Gothembourg , les
y* & les autres villes les — , & que dans le commerce
d’importation Stockholm eft pour la moitié ,
Gothembourg , pour un quart, & les autres villes
pour l’autre quart.
Les monnoies qui ont cours en Suede , font le
rixdaler de cuivre, ou patagoh ordinaire , qui,
du tems de S a v a r y , valoit 3 liv. monnoiç de
S U I 72^ France, & 6 dallers ou Z4 marcs, de cuivre du
pa yLrS*e d,aller d’a rg en t, le daller de cuivre , le
marc d'argent, évalué à 7 1. 6 d. de France. Le
marc de cuivre valant z f. 6 d. de notre mon-
noie.
L e rouflings ou roufligue 8ç les allures ou
allevures , faifant le double au rouftings & évalués
à 4 den. de France.
Les poids fe divifent en deux fortes , & toutes
deux s’appellent fchippondt. A l ’un fe pèfent
toutes les marchandifes groflières & de gros volume
, & l’autre fert pour les marchandifes fines 3
le premier eft de 400 livres fuédoifes ou de 3.4Z
livres parifiennes; le fécond n’eft que de 3 zo livres
du pays qui reviennent à. Z 7 3 \ livres , poids de
marc.
L a livre de poids de Stockholm eft plus foible
que celles de Paris & d’Amfterdam , d’environ 15
pour cent. L a mefure pour les corps étendus s’appelle
aune , elle a de longueur- un p ie d n e u f
pouces & près de fept lignes.
L a mefure pour les grains eft le la j l , 8c le
p ie d géométrique a iz pouces une ligne, pied de
Roi.
Les lettres de change ont, comme à Coppen-
hague , dix jours de faveur.
SU IF . Graille d’animaux fondue & clarifiée.
Il n’y a point d’animaux dont on ne puilfe tirer
du J u i f y mais ceux dont on en tire davantage ,
& des fu i f s defquels il fe fait le plus de commerce,
l'ont le cheval, le boeuf, la vache , le mouton ,
la brebis , le porc , la trtiye , le bouc , le cerf
& l’ours.
Quelques-uns de ces fu i f s ne font propres qu’à
la médecine 3 la plupart des autres s’employe pour
la fabrique des chandelles , ’dans la préparation des
cuirs , pour la lampe des émailleurs , pour les ma*
nufaéhires des favons , & pour efpaimer & enduire
les navires.
Les fu i f s de mouton & de brebis que vendent
les bouchers de Paris, font eftimés les meilleurs
de tous. On les appelle f u i f de p la c e , parce qu’ils
fe vendoient dans une place publique deftinée â ce
négoce. Ils font par pains ou maffes rondes en
forme de cul - de - jattes , du poids de cinq livres &
demie chacune, que l’on nomme des mefures de
M f : . ’
Les fu i f s de mouton & de brebis appellés fu i f s
de marque, qui fe tirent de Hollande , tiennent le
lecond rang ; ils s’envoient dans des futailles de d ifférentes
groffeurs & poids.
Il vient encore en France des fu i f s de moutons
& de brebis en futailles , & qui fe tirent de divers
pays étrangers , mais en petite quantité , & qu’on
eftîme beaucoup moins que ceux de place & de
marque.
Les bons fu i f s de mouton & de brebis doivent
être, choifis blancs, clairs & durs 3 quand ils font