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Sur fert à l'a falaifon des chairs, des' polfions, :d’es'
heures, des cuirs & autres dentées Scmarchandifés.
qu'on veut conferver* I l fert encore, à l’ufage ordinaire:
du ménage pour1 aflâifonaer. les alimens &»en
relever le gput.. ; !
Çs-jèt. qu'çn. .peiit -appeler --.fil -commun -èffode ;
trois -fortes ; le f e l mami-y 1è f i h terrefirt mi fo f - '
{de, Sç le. j/è/ qu'on, tire ides fontaines «Sc--des; puiics.i
Talés.. Le plus grand commerce des fels marins fe
fait en France- I^es fofliles on terreftres fe trouvent
en Pologne, en Hongrie en Catalogne on trouve
des puits &..des fontaines falées en FranchekComté,
en lorraine , dans le T y roi & en quelques autres
• lieux.., ; r- ■ • ■ t. :
^Ce commerçe^eft fi; .important pour les lieux où
la. nature ^produit .;cèsi diftërens * feL.il; & dl. eft fi
neceffaire pour toutes les nations qui- font privées
de 1 avantage «Lén .avoirchez elles , ou du moins
q.ui n’èn ont pas de bon , que le Bétail. où. l'on va'
entrer , foit pour la fabrique des f i l s ,; foir. prour.le
négoce qui s'en fait, ne peut,qu'être utile pouc ceux.
qui le débitent ou q(ri Tachettent & /agréable- pour
tpus ,les autres,, -qui fouyentme connoiffent pas.une1
çkofè- donrils tirent, tant de ccommo dites r « ;
S .E E M A R I ’N.,
Cette, forte-dé f i l fe fait avec-«paiffie & criftalifée, & de-là ludie\ elû’è avn.e ndues llea n momer. cqeul'uoin qluuii. dno'an nbee.f.o Oinn- qeune.d- idfteisn grtatyeofdnes , ddeuu xfo elefipl epcoeusr :, opure nl'dorne f efa f ecrotn dfiuft afneuce p* oeufrt alàp pluelil éd joenlngerr iqsu,' o&n. ncoeilnu-i,
mef i l blanc,.
L'une & l’autre manière-,de; te faire s'emploient
fuivant la fituation des- côtes delà mer ou l’oir veut
le fabriquer; fi les côtes-.font élevées en dunes,,
le f i l fe fait avec le feii dans des cuves de cuivre
ou de plomb. Si au contraire elles font .plattes &
halles,. & fi fur-tout le fond en eft uri peu glair.'
feux le f i l fe criftalife par le feuL fe cours du
foleil..
Comme le pays dé l'Europe , où fé fait le plus
grand commerce de ces f i l s marins, eft la France ,
o.u ne parlera que de ce qui s’y obferve pour l’une
& 1 autre maniéré de faire. & de recueillir le-f il..
Les côtes du royaume où fe recueille la plus;
grande partie du f i l marin criftalife par le foleil,
font celles-de Bretagne ,. de- Sàintonge & du- pays--
d’Aunis. Dans ces deux dernières , Brouage, Maràn
âc.l'ifle de Ré ,:& dans la Bretagne, hfcbaie de Bourgneuf,
Guéiande &.le. Croific font les lieux, où il y a-
plus de faiines.. ■ - , ? - - , .... .
A L’égard.du f i l Criftalife p ar le moyen du feu; la
majeure partie s’ën fait fur les cotes de Normandie..
L a baie, de Bourgneuf, qui renferme les iiles de '
Boin &tde Noirmoutiers & fur laquelle fe trouvent
Beauvoir fur mer , Machecou &.la Barredemont, eft
d’environ douze lieu es & contient à peu-près zo mille
&lines de J o aires oueillectes, chaque eillette pouvant
S E L
faire par a tf ,• un quart de rnuid de f i l \ l natfure de
Paris.; cxft-àBire , environ 700 liv.. pelant..
, Les aires ou eillettes ‘du Croific, & de. Guérande
étant quatre fois plus grandes que celle? de Bourg-
. neuf., on eftime que chaque eillette donne un. muid
de f i lÿ & par eftim-aiion,générale, k s laliiies^de ces
deux, endroits praduifent environ trente mille muids.
& celles de Bourgneuf trente -fe;p,t ’mille» O11 peut
cftimerfur ce pied -les faiines du pays d'Aunis & de
la Saintoiige..
Maniéré de fa ir e Le f i L gris»
L ’on: appelle marais faisais des terresRafles &
marécageufe| j propres par leur .fituation- à recevoir
les-eaux de la mer au montant de. la maréé ,;lefquelles
.font enfuite retenues par les éclufts qu’on y a
faites;'
Ces marais dont on; uni't^& dont on .bat le fond ,
fe -partagent en.plufieurs badins quartés-, les uns
plus grands, les-:autres plus.petits-, & féparéspardes
efpeces de petites digues d.e 13. à 1-4 pouces de large-
C’eft dans ces badins v dont on nomme les plus grands.
‘parcs & parquets-, & les-plus-petits aires. 5c oeil-
\lets , où lorfque lagfaifop eft venue, pnlaiffe entrer
■ l’eau de la mer, dont, on-fait 1e fil* .
Le tems propre à le faire eft depuis la nii:* mai,
jufqu'à la fin d'août, parce qu’alors les jours étant
long? & le foleil d'ans fa-plus, grande force , le f i l
• fe criftalife mieux & plus promptement;
. Quand' on veut introduire l'èaù de-la- mer dans les
marais , il faut auparavant en. faire forcir toute celle
qu'on y. a laffte pendant-l’hiver pour les maintenir
•len état de cotiténir la nouvelle eau qui doit- fervir
a donner le f i l ., & qu’on y laide entrer à peu-près-.
•a- la" hauteur de fix-' pouces après.toutefois l'avoir-
laiflée fe repofec& s’échauffer pendant deux- ou crois-
jours dans de grands réfervoirs formés en dehors, des-
faiines-, etaforte- qu'elle foie tiedé. L a quantité fnffi-
fante y étant entrée-, : on : f o r me? -Fëclafe -, &, on laiflè-
au foleil.& au. vc-nt à faire le reftelde l'ouvrage; .
? La-fuperficie de l’eau frappée des- rayons du foleil-.
s'épaiilît d'abord... petit ; à■ petit, & fe couvre enfuite
d’une, légère croûte qui ,.en fe durciffànt par la con-
■ tiriuation de la châl'eufr , fe convertit entièrement en;
f i l . L.eau , eu, cet écar, eft fi. chaude qu’on n’y peut
. mettre^là main fins fe brûler;
Lorsque le f i i a- reçu cette cuiffon naturelle l on.
le cafte ayèc. une perche qui a au 'bout une douve,
qu’on appelle fimange.; ce. qui le fait-ailler au fond
de l’èa-u d’où oiv.le 'retire prefquauditô.c avec le
meme rateau. Qtiandî.on-l’a laiffé quelque- tcjms en
. petits, monceaux, fur le bord de l’aire pour achever
dé le feehèrom lë met en.d’àutres-plus grands , rqui
contiennent plufieuis milliers! de muids Àt f iL , que.
l’on couvre de paille ou de jonc pour les- garantir delà
pluie- Ces-monceaux àe feL ic nomment en Poitou
des v.aohes.~
Huit, dix & au plus quinze jours après la parfaite.
criftalifation du f i l , on.ouvre, de nouveau.les-:
parcs pour les. remplir d’eau à la marée.monjiante
& l’on continue ainfi alternativement a y mettre
peau , à en ramaffer le f i l qui fe forme de à les ,
vüider, jufqu’à ce.que la faifon ne foie plus propre
à ce travail. . x , , .■
Les pluies font fort contraires à cette operation
en ce que l’eau du ciel fe mêlant avec trop d abondance
à celle delà mer, celle-ci, devient inutile. 11
faut faire entrer, alors:, de: nouvelle èau de la mer dans-
les marais‘ qui ne pro.duifent avantage u fem e nt qu a
> l ’aide des beaux jours .& des plus; grandes ardeurs du
foleil.
Il y à quelquès marais falans en Languedoc ,
entr’autres à Mardirac .& à Sigean. Ceux de Mardi-
ràc ffouLniffent , année commune, 1500 mui-cls cle
f i l , ou deux cent feize mille minots qui font pour
le bas Languedoc l’Auvergne , la Bourgogne Sc la
Savoie.
Les1 faiines de Sigean font moins» confide-rables &
ne donnent queXo-ixante-quinze mille minots de f i l ,
qui fe confomment dans lè.haut Languedoc & le
lloulîillon.
Le f i l des marais falans eft gris, en fortant des
parcs , & c’eft celui qui fe vend à l’étranger &
qu’on débite dans les grainiers à fel. On en fait cependant
du f i l blanc parle rafinage , dans les provinces
même où font les marais falans-^ & dans la
Flandre françoife.
Le fe lb là n c du raffinage de Flandres fe fait dans
de grandes chaudières plattes de- 1 z à 15 pieds en
quarré & d’un pied dé hauteur qu’on nomme pn y e lles.
Il s’en rafjne beaucoup à Ypres-, à Dunkerque
& à Merville. La préparation, qu’on1 lui donnev en
le faifant bouillir, non-feulement lui ôte fon acrimonie
, mais encore le multiplie ; il a cette qualité
de plus que celui du raffinage d-u comté Nantois &
du pays d’Aunis, qu’il fe conferve d’un grain auffi
beau & auffi gros qu’avant d’avoir fouteûu le feu.
Maniéré de fa ir e le.fel blanc de Noranmdie.
L e f e l blanc de Normandie ne fe fait pas par
un raffinage de fel gris ;; mais il a naturellement
cette couleur , en forçant des plombs où il- fe fabrique.
Four le faire , les fauniers normands qui travaillent
aux faiines , ramaffent fur la plage de la mer
qui etv eft voifine r un fable limoneux que le montant
de la marée , a couvert & imprégné de fes
eaux pendant fept ou huit fours. Ce' fable tranf-
porté dahs des foffes préparées exprès,. fe: décharge
peu à peu de toute fon eau qui Te filtre à travers de
la paille dont le fond des foffes eft' rempli, & qui
s’écoule dans d'es futailles mifes pour la recevoir.
C’eft "de cette eau qu’ils font leur f i l -
LesTourneaux font’ de terre ; &c. les vafes où fe
fait la cuiffon font de plomb, d’où ce s mêmes vafes
ou efpeces de chaudières ont pris le nom de plombs*
Chaque fourneau en fait bouillir quatre qui1 font
de forme, quarrée ,; & qui ont cliacun. environ trois.
pieds de long, deux d*e large 8c 5" à 6 pouces de
profondeur. Dans les lieux où le bois eft commun ,
on s’en fert pour entretenir le feu des fourneaux \
ailleurs y où il eft plus rare , on brûle-des ajons qu on
nomme dans ces quartiers du ja n . Quatre plombs
çompofent une faillie.
L o rfque l’eau doiït on remplit les plombs commence
à bouillir , on en'ôte Lécumè qü’ell-e jette en'
abondance , & à mefurb qu’elle diminue y on y
remet d'autre eau qu’on continue auffi d’écumer
quand elle s’épaiffit, on la remue fans discontinuer-
avec un bâton large & recourbé par un bout, qu’on1
appelle c u i l l è r e - , & lé grain s’étant formé , on
le retire de deffus le feu pour le faire épurer*
Oii- appelle épurer l e f i l , le laiffer refluyer dans
de grandes 'man-nes d’ozier où-il- achevé de fécher 8C
jde perdre l’humidité qui peut lui- rëfter. L e f e l bien'
épuré le met ëùim-ôucêaùx &' puis fe porte au ma-
■ gafîm, ainfi qu’il eft réglé par la déclaration du Ror
de i &do , fur lé-fait des gabelles.
Les lieux de Normandie où l’on fabrique des f i l s '
blancs, font, Marée , Vains , Génets, Levai S.- Paer ,
Sceaux , Courais & Hui-nés, dans l’éleclion d’Avran--
ches, Brucqueville , Créances, -dans l’éleèlion de;
Coutances , Leffay , S* Germaiu fur- E é , & Mont-
martin* dans celle- de Carentan , Portb'ail , Gouay
Carteret, Rideauville , S. Vaaft & Quinev-ille dans;
celle de Valogne lfigny & Neuilly dans celle de:
Bayeux; dans L’él^clion- de Pont-l’Évêque, les marais
de S. Arnoul, S. Pierre r S. Thomas de Touques 8C
Trouville.
Le commerce du f i l dormeroit à-tous ceux qui
le font &. particulièrement aux habitans des .côtes
qui le recueillent, un profit immenfe f fi le gqu--
vernement ne fe l’étoit réfetv.é exclufivement.c’eft-
à-dke celui de la- co n fomm a ti o n ineérieure de presque
tout le royaume; & fous les-peines les plus
rigoureufes contre ceux qui o fer oient le faire, fans
la peimiftion & l’attache des fermiers auxquels feuls*'
la vente de ce prefent de la nature eft accordée. Ce--
pendant il s’en vend beaucoup à l’étranger, & les-
Ànglois , les Holland ois, les Hambourgeois, les-'
Suédois & les Danois- en- enlevent des quantités;
confidérables des faiines de Brouage & du comté:
Nantois, mais à des prix différens, fuivant leurs qüa--
iités ,& leurs poids. - • , : , . . .
Le f e l de Guerandè eft le plus bîan'c, lè plus-
léger & même le meilleur; auffi les Anglois , les;
I rl an dois & les. Efpagnols le préfèrent aux autres 3
c’eft néanmoins celui de Bourgneuf, quoique'plus
gris ,- . dont on' fe fert en France & dans toute la*-
mer Baltique.,- particulièrement en: Pologne , où
indépendamment dé la filai fon des viandes à laquelle'
on l'emploie', il fert encore au labourage tant pour
échauffer les terres que pour pré fer ver les ‘grains1
des ravages de plufieurs infefles qui fans cela les
rongent & les décruifent prefqu’entièfement.- C’eft-
aufir ce même f e l qu’on tranfporte en- Zéélande 8c-
en Flandres pour le raffinage-; ■ ■ Les Hollandcis & les Anglois, pour tâcher- dfef