
je tte s , baruilnes, tripolines & feydauvis ; elles
fe pèlent tontes au poids damafquin, la rotte de
'600 dragfnes , rendant cinq _livres un quart ,
poids de Marfeille. Les coagis ou commiflîonnaires
établis fur les lieux , ne comptent cette rotte à leurs
commëcfàns , que fur le pied de cinq livres , ce
qui eft un bénéfice pour eux d'environ quatre
onces par rottes, outre une once qui leur eft encore
accordée fur les fo ies de Seyde , a caufe de la tare
qui s’y trouve , parce que cette fo ie n’eft pas
nette 3 mais ces avantages font connus de leurs
commettans qui traitent avec eux ftir ce pied là.
Chypre. On tire de l’îie de Chypre des fo ie s qui
ÿ font cultivées & recueillies, que l'on nomme
chypriottes<; on y achette aufli des fo ies Tripolines
qui viennent de la ville dont elles portent le
nom j les unes & les autres fe vendent à l'ocos de
400. dragmes, ce qui revient à trois livres deux
onces , poids de Marfeille.
Les fo ies de Tino , d’Andros & de N a x is , ne
fe tirent guères en droiture de ces îles , non plus
que celles de quelques autres îles de l'Archipel ,
mais elles font portées à Smirne, où elles fe vendent
èn mânes de douze jufqu’à feize onces. Ces foies
font jaunes , un peu frifées ., & approchent fort
de la fo ie V iv araije -oyA fe recueille en France ,
mais de meilleure qualité ; il n’en vient gùères par
an que vingt à trente quintaux.
L a More'e donne aufli quelques fo ie s jaunes qui
font plus fines que celles des îles, mais il ne. s’en
fait qu’un commerce très-médiocre.
On trouvera dans l'article fuivant, l’explication
des différentes Joies qui s’achettent dans les échelles
du Levant dont on vient de parler. \
Soies de VArchipel.
Les ouvriers de l’île de Candie fçavent fi- mal
préparer la fo ie que cette île fournit en affez grande
quantité, quê les nations chrétiennes, qui font le
fcommerce du Levant , n’en enlevent que très-peu ,
perfuadées qu’elies font d'en trouver de plus belles
à Smyrne , & dans les autfes échelles des états du
grand Seigneur.
Therme, Tine & Z i a procluifent aufli des fo ies
que l’on'eftime les plus belles de tout l’Archipel.-
Celles A’Andros , de Carlfio & de V o le , au:res
îles du même parage, ne font pas aufli bonnes, &
ne peuvent fervir qu’à la tapifferie ; peut-être fi
elles écoîent mieux préparées pourroiènt-élles fervir
pour la fabrication des étoffés', des rubans, & être
employées en fo ie s filées pour la couture.
On tire aufli de l’ île de Chio une grande quantité
A e fo ie , que l’on peut employer ea ve lours, en
damas , & en autres étoffes femblables. L 'île pour-
roit fournir trente mille livres , poids de France"; I
mais la plus grande partie fc cojhfomme dans les
manüfaélurès du pays."
L ’île de Samos fournit aufli de très-belles fo ies ;
mais ce que les etraûgèrs en peuvent acheter par
an , ne va guères qu’à vingt-cinq mille écus, ou
foixante-quinze mille livres , argent de France.
Smyrne. C'eftdans cette ville, autrefois fi fameufe
8c qui l’eft encore par fon grand ..commerce, que fe
fait le principal négoce des fo ies du L e v a n t , &
particulièrement de celles de Perfe ; elles y arrivent
par caravanes depuis le mois dé janvier jufqu’à
celui de feptembre ; les caravanes de janvier font
chargées des plus fines fo ies ; celles de février &
de ars les apportent toutes indifféremment , &
celles des, autres mois ne fe chargent que des plus
groflîères.
« Toutes ces fo ies , a-t-on dit , viennent des
différentes provinces , de la Perfe , p rincipale-
^ nient dé celles de Qjuilan & de Schi revan , & de
la ville de Sch marchia , qui font fituées près des
bords de la mer Cafpienne ; quelqu’un a prétendu
que ces trois places ne fourniffent pas moins de
trente mille balles de fo ie par an. »
« Ardeidl ou Ardebil , autre ville de Perfe ,
qui n eft pas éloignée de ces contrées, fi propres à la
culture des fo ies, eft le lieu où l’on les mec comme
en dépôt, & d’où les caravanes prennent le chemin
de Smyrnè , SA le p &rde Conflantinople, où elles
les tranfporcent. Cette ville, & celles de Schamarchie
& de Derbent , ont toujours été regardées comme
Je centre du commerce de la fo ie , quoiqu’on ait
tenté plufieurs fois de l’éloigner de Smyrne & de la
Méditerranée , en faveur d’Archangel & de la
mer Blanche , en les y tranfportant à travers la
Mofcovie par le Vo lga , & la D-wina , deux
fleuves qui traverfent les principales provinces de -ce
vafte empire. »
, « Ce nouveau cours .de la foiedePerfe en Europe,
fut d’abord propofé par P a u l Centurien , Génois
au czar B as ile , fous le pontificat de Léon' X .
Les François eurent le même deflein en 1626 ; le
diic Frédéric d’Holftein voulut aufli en 1633 , faire
une tentative fur ce commerce , & ce fut à cette
ôccafion qu’il envoya des ambaffadeurs en Mofcovie
& en Perfe. Enfin , en j 66j , le Czar A le x is
Michel tenta lui-même l’entreprife , dans le deflein
d’établir des manufactures Aefoyeries dans les principales
villes de fes états-; mais la révolte-des
Cofaques & la prife d’Aftrakan~, ville fituée à
l’embouchure du Vo lga dans la mer Calpienne ,
par ces rébelles , rompit toutes ices mefures. »
En 1668 , le commerce Aes foies de Perfe fut
un peu détourné de Smyrne , à caufe d'un tremblement
dé terre arrivé au mois juillet de cette
année, qui renverfa prefque de fond en comble
cette ville, fi importante pour ce commerce , principalement
le quartier des marchands ; tous leurs
magafins furent détruits : fans doute, cette tranfla-
tion dë commerce fe ferbit faite , fans les puiflans
moyens que les Turcs mirent en oeuvre pour l’env
pêcher. L a Porte n’oubliâ rien pour engager le
refte dés négocians de toutes les nations établies à
i Smyrne , à ne point abandonner cette ville; le
J roi de France y envoya alors M. Blondel , afin
de.pourvoir à la ftîreté des marchandifes & effets dë
fes fujets échappés àvee tremblement, & profitant
dés bonnes dilpofitions des Turcs, il obtint pour
les François tout ce qui pouvoit, favori fer ^leur
négoce. Quoiqu’il en foit, Smyrne eft toujours
demeurée dans fon ancienne poffeflîon, & les differentes
nations de l’Europe continuent toujours d y
envoyer*leurs flottes & d’en tranfporter les Jo ies.
Les chofes relieront probablement en cet état , .a
moins que les conquêtes que le dernier Czar a
faites le long de la mer Cafpienne , ne mettent
fes fuccefleurs en état d’exécuter ce grand projet ,
que lui même a eu certainement en vue. y>
Cet abrégé de relation qu’on a faite du commerce
des'fo ie s de Perfe en Europe parla Ruflîe ,
eft imparfaite"à bien des égards ; ce fait eft prouve
par une lettre du comte Alga ro tti , écrite de
Berlin en 1-750 au marquis Scipion Majfei a
Véronnè. Comme on ne peut rien faire de mieux
que de donner des idées juftes fur un commerce
aufli étendu , 8c aufli . précieux que celui des fo ies ,
nous allons rapporter ici un extrait decette lettre,
le plus-court poflîble.
enfuite defeendre par, le Vo lga dans la mer Cafpienne,
« A peine les Anglois eurent-ils découvert le
port' d’Archangel , & établi leur commerce en
Ruflîe | qu’ils jettèrent les yeux fur la mer Cafpienne.
Ce-fut par là qu’ils efpérèrent pouvoir s’ouvrir en
Perfe-une route plus facile 8c plus courte que
celle des Portugais, qui alors maîtres des Indes ; :
étoient obligés de faire le tour de l’Afrique
entière, & d’une pa'rtie de l’Afie, avant d’arriver
à Ormus dans le golfe Pérfique. Les fo ies des
provinces de S h irva n , de Ma^erandan , & fur-
tout celles de Gilhan fort les meilleures & les plus
eftimées de l’Orient^ ils (les Anglois) vouloient
les tirer de ces pays & en fabriquer des étoffes dans
leur île.; en conféquence de ce projet-*- ils firent
diverfes tentativesJ dont le fuccès fut tel que le
préfident de Tkou a cru devoir en parler dans fon
hiiloirc. Mais alors les conquêtes que les Rufles
vinoient de faire fur les Tartares , n’étoient pas
encore affez affermiesrri i-e commerce des Anglois;
affez formé & affez folide pour qu’il y eût lieu
d’efpérer de conduire à une hëureufe fin un deffein
fi vafte- & fi compliqué. »
« Cependant quelques années après un duc de
Holjlein , ayant établi dans fes états des manufactures
Ae fo ie , fongea à en tirer la matière direéle-
ment de la Perfe , par la voie de la Ruflis ; il
envoya ?u Sophi un ambaffadear, le célèbre Oléa-
nus y mais cette négociation n’eut d’autre fuite
qu’un naufrage fur la mer Cafpienne» »
« Les François fongèrenc aufli à cette voie de la
Rulfie , mais ce projet fui à peine formé qu’il s’é-
vanofft ». s
« Enfin le génie patient & hardi des Anglois en
vint à bout. Un certain E icon , -homme de mer , de
commerce & de guerre, connoiffant parfaitement
la Ruftie où il ^voic fervi, vit qu’on y pouvoit voi-
tnror les marchandifes à peu de frais , St les faire
que les Anglois trouveroient un profit en achetant
des. fo ie s crues, de la premièr e main des payfans
du Gilhan , au lieu qu’à Smyrne & à Alep ils font
obligés de les prendre des Arméniens q ui, maîtres
du commerce intérieur de i’Afie , les y tr an (portent
par le moyen de leurs caravanes ; il vit que le tems
ne pouvoit être plus1 favorable à l’établiflement de
ce commerce...... Et fon plan propofé au comptoir
Anglois de Peterfbo-urg, on jugea devoir comme
fonder le gué,* on envoya en 1 7 35> le même Eicon
en Perfe avec un petit chargement. A fon retour il
rapporte un décret favorable de Ri^i Mouli MingL,
régent de l’empire, pendant l’abfence de N a d ir ,
alors occupé à fon expédition du Mogol, & l’entreprife
commença à prendre forme ; la compagnie
de Ruflîe à Londres s’y porta avec chaleur, & après
quelques oppofttions de la part des ^compagnies du
levant & des Indes orientales , qui ne voyoient pas
volontiers celle de Ruflîe empiéter ’ fur leurs droits
& leurs privilèges , le commerce de la mer Cafpienne
fut autorifé par le Parlement. Les efpé-
rances des Anglois 'étoient flateufes & paroiffoient
fondées. On aonna de grandes commiflions. On
nomma F.lton agent du. commerce. Celui -'ci aélif
au-delà de ce qu’on peut imaginer, fut en état en
17 4 1 de fortir de Cafan fur un bon vaifleau &_av,ec
une riche cargaifon , & en peu de jours il iiJPPÜlla
à A jlra ca n , d’où il mit -en nier. Mais gagné
enluite par N a d ir , Eicon , ambitieux à l’excès,
flatté de fes promefles,-s’attacha entièrement à lui,-
& par fon moyen le Sophi commença bientôt à devenir
le maître de la h\er Cafpienne, ainfi que Pierre
le Grand l’avoît été auparavant.
« On exigea le rappel d’Eicon ; la compagnie
de Ruflîe , qui ne pouvoir pas l’y obliger de force ,
lui offrit à cet effet une récompenfe confidérable ,
mais rien ne fut capable de le faire retourner en
Angleterre ; & par mi décret fulminant que le gouvernement
rendit contre la compagnie en 1746 ,
tout commerce lui fut interdît fur la mer Cafpienne :
les Anglois renoncèrent donc à ce commerce 8c ne
s’occupoient plus-que des moyens de faire venir à
Péteribourg les parties de fo ies qui leufreftoient en
Perfe ; ils ne purent pas y réuflîr... Ainfi le commerce
que les Anglois avoient établi en Perfe , par la voie
de la Ruflîe, ne fut pas de longue durée »,
Les principalesybie.r de Perfe qui arrivent par les
caravanes à Smirne font les Sourbajlis , les L ég is",
les Arda ffines & lés Arda fé s .
Les deux premières fortes s’achettent dans la province
de Huilan , que quelques auteurs -nomment
Gilhan ouInguilan ,• il-n’en vient par an à Smirne,
qu’environ 400 balles de vingt battemans chacun,
le battemam vaut f i x occos , ce qui réduit au poids ,
de Marfeille fait, dix-huit livres dou^e onces le
battemantx Chaque c-kaméaü porte deux baltes.
Les s c ie s -scjjrbastis ou cherbastI , font les
plus fines & de la meilleur^ quali-é ; il y en a de
blanches & dé jaunis. Leur pliage eft en maffe d’une
Ttttij