
duifent auffi, air.fi que le caroubier\, Yapocyn d’E gypte
, une efpeee d'algue & une grande efpece
de rofeau que l’on cultive aux Indes orientales où
il eflrappellé b ambu ou mambu.
Pour obtenir du f u c r e du bouleau , il ne s’agit
que de faire une incifion au tronc de l'arbre lorsque
les feuilles commencent 4 pouffer; il en fort
une affez grande quantité d’un tue très-agréable au
goût; ce lue étant épaifli en confiftance.de fyrop
produit du véritable fu c r e , mais en moindre quantité
que la feve de l'érable de Canada. Vers la fin
de l’hiver les Canadiens font une incifion au tronc
de-ces arbres ; ils en reçoivent la feve & ils en font
une boiflon fermentée qui eft très-agréable , ou du
fu c r e , en la faifant épailfir en confiftance de fyrop.
D eu x cens livres de ce fuc produifent ordinairement
dou\e ou quinze livres d’un fucre très agréable
au goût, mais il n’acquiert jamais la blancheur de
celui qui provient des cannes. On eftime ce qu’il
s’en fait année commune, dans le Canada , à environ
quinze - m illiers. Les érables de France en four-
niroient également, car on trouve fouvent fur les
feuilles de ces arbres du fucre tout formé qui provient
de la feve qui.s’eft extravafée & deffeehée.
L e caroubier produit des goufies remplies d’un
fuc qui a de la confiftance, & dont le goût eft affez
fucré pour qu’il tienne lieu de fucre aux Egyptiens
& aux Arabes à qui ils le vendent.
L e fuc que produit l’efpece de rofeau appellé
par les Indiens bambou ou mâmbu, eft beaucoup
plus connu que le précédent ; il paffe chez les
Arabes pour un excellent remede contre les inflammations
, & c’eft fans doute à caufe de fa rareté &
de fes propriétés qu’il fe vend au poids de Parlent.
Il eft encore quelques autres efpeces de fucre, mais
qui ne forment point un objet de commerça ; nous
croyons inutile d’en parler ici.
SUCRERIES en général. On appelle fucrerie
une habitation dans laquelle on cultive des cannes
à fucre, 8c où , du fuc que l*on en tire, on forme
du fucre. J
En ce fens , une fucrerie eft compofée de terres
propres à la culture des cannes, d’un moulin , de
la fucrerie proprement dite, de la purgerie , de l’é-
tuve & de la vinaigrerie. .
S u c r e r ie , fe dit auffi en Europe, des affineries,
c’eft-à-dire, des lieux où l ’on raffine le fucre , & ou
on le forme en pain.
Les Efpagnols & les Portugais font les premiers
des Européens qui ont eu des fu c reries ; ceux-là
dans la Nouvelle-Elpagne & ceux-ci dans le Bréfil;
l ’ép.oque de -ces écabliffemens , remonte vers la fin
de l’an iç8o.
Les François & les Anglois qui ne fe font établis
dans les ides de l ’Amérique qu’en 1 6z f ou 1627.,
n’ayant d’abord penfé qu’à la culture du tabac , de
l’indigo & du coton, négligèrent affez Iongtems celle
des cannes à fucre , & ce ne fut qu’ en 1643 » tp e
les Anglois de S. Chriftophe commencèrent à bâtir J
des' fu c reries. |
Les François qui partageoient.alors cette ifle avec
eux , ne furent p^s longtems à les imiter , la Guadeloupe
fut encore quatre ou .cinq ans fans en avoir,
& celles qui ÿffurent établies en 1648 furent dues
aux Hollandois, qui s’y écoient réfugiés £près avoir
abandonné toutes leurs conquêtes du Bréfil dont
ils étoient fi longtems refté les maîtres.
On fit des fucreries à la Martinique un peu plus
tard qu’à la Guadeloupe, les Anglaijs en établirent
à la Barbade , prefqu’ auffitôt qu’à Saint - Chriftophe.
Depuis ce tems le nombre dts fucreries a toujours
augmenté dans les ifles , & la fabrique des fucres
s’y eft perfectionnée de plus en plus*
SUÈDE ( Suecia. ) Grand royaume & l’un des
plus feptencrionaux de l'Europe. Il eft borné au
nord par la Laponie Danoife, & par l’océan fep-
tentrional j au fu d par la mer Baltique & par le
golfe de Finlande ; à Yefi par la Mofcovie , & à
1 ouefl par la Norvège, le Sund & le Categat. Il a
environ 350 lieues du fud au nord, & 140 ae l’eft à
l’oueft.
Avant 15 2 1 , les Suédois étoient encore dans l’anarchie
; Gu f l ave- Va^a qui en fut élu gouverneur,
rendit alors la couronne héréditaire dans fa famille ,
& opéra dans ce royaume une grande révolution.
Jufques-là la Suède, que la nature de fes productions*
fes befoins, & l’étendue de fes. côtes appelloient à
la navigation-, l’avoit abandonnée , depuis qu’elle
•s’étoit dégoûtée de la piraterie ; Lubeck , grande
ville d’Allemagne , dans le cercle de la baffe Saxe ,
& capitale de la Vagrie, étoit en pofleffion d’enlever
fes denrées ,.N& ae lui fournir toutes les marchandifes
étrangères qu’elle confommoit. On ne voyoit dans
fes rades que les navires de cette république , ni
dans fes villes d’ autres magafirrs que ceux qu’elle y
avoit formés.
Guflave , pour réveiller l’induftrie de fes fujets ,
ferma les portes de fon royaume aux Luèeckois,
mais un peu trop précipitamment, puifqu’il n’avoit
pas pris le tems de conftruire des vaiffeaux, & de
former des négocians ; dès lors il n’y eut plus de
communication entre fon? peuple & les autres, &
ce coup d’autorité , loin de produire l’effet qu’il
atteudoit, jetta. l’eirpire dans un engourdïffemenc
difficile à concevoir. Quelques bâtimens *A nglois &
HoPandois qui fe naontroient au loin , n’avoient que
foiblement remédié au mal , loiTque- Gu fla ve
Adolphe , monta fur le trône. <
Les premières années -du iregne de- ce Prince
furent marquées par, des'changemens utiles. Les
-travaux champêtres furent ranimés. On exploita
mieux les mines. Il fe forma des compagnies pour
laPerfe & pour les Indes occidentales. On pofa les
fondemens. d’une colonie dans l’Amérique fepten-
trionale , & le commerce des Suédois commença
alors à fleurir.'
Lorfque Charles IX monta fur le trône de Suède\
il établit dans la nouvelle ville qu’il avoit fondée
îorfqu’il n’étoit encore que Duc de Gothie , & à laquelle
il avoit donné le nom de Gothembourg, une
compagnie de commerce ; il y attira piufieurs
étrangers, & furtout des Hollandois , auxquels il
accorda pendant 20 ans une exemption de tous
droits d’entrée & de fortie. Par ce moyen Gothem-
bourg, devint bientôt une ville floriffante , & elle
fut apres Stockholm la ville la plus commerçante de
la Suede ; fa population s’eft confidérablement augmentée
depuis cette époque, & en peu de tems ;
ces progrès font dus fans doute à ceux de fon. commerce,
& à la pêche du hareng qui s’y fait avec
beaucoup de fuccès.
Cet empire éprouva depuis lors piufieurs révolutions
qui améliorèrent de plus en phis fa conf-
titution 5 les étrangers qui apportoient quelques in-
v en ci 0« sjp cô ’ e n t accueillis, & ce fut dans ces heu-
reufes circonftances que les agents de la compagnie
d Oftende fe préfentèrent.
Un riche négociant de Stockholm , capitale de
ce royaume , nomme Henri K.oning, goûta leurs
projets & les fit approuver par la diète en T731 , On
établit une compagnie des Indes , à laquelle on accorda
le privilège exclufif de négocier au delà du
cap de Bor.ne-Efpérance , fon o&roi fut borné à
quinze années ,• on crut qu’il ne falloit pas lui donner
plus de durée , foit pour remédier de bonne
heure aux imperfections qui fe trouvent dans les
nouvelles entrêprifes , foit pour appaifer piufieurs
citoyens qui s’élevoient avec chaleur contre un
établiffement que la nature & l’empire du climat
fembloient repouffer. Le défîr. <îe réunir, le plus
qu’il feroit poflîble, les avantages d’un commerce
libre & ceux d’une „aiïodation privilégiée , firent
régler que les fonds ne feroient pas limités , & que
tout actionnaire pourroit retirer les fiens à la fin
de chaque voyage. Comme la plupart des intérefles
étoient étrangers., principalement Flamands , il
parut jufte d affurer un bénéfice à la nation , en
faifant payer au gouvernement quime cent dalers
d argent, ou 3390 liv. par laft que porteroit chaque
bâtiment. -
Cette condition n’empêcha pas la fociété d’expédier
, durant la durée de Ton oCtroi, vingt - cinq
-navires ; trois pour le Bengale & vingt de*ux pour
la Chine. Un de ces vaiffeaux fit naufrage avec fa
S H » entière, & trois périrent fans chargement.
Maigre ces malheurs les mtérefl'és retirèrent, outre
leur capital, huit cent dix fep t & demi pour cent,
ce qui montoit année commune , à cinquante
quatre 6* demi pour cent, bénéfice infiniment con-
liderable , quoique fur ce produit , chacun des
actionnaires dût faire & payer lui-même fes affu-
rances.
En 1746 , la compagnie obtint un nouveau privilège
pour vingt ans. E lle fit partir fucceffivement
trois vaiffeaux pour Su ra te , & trente-trois pour
Canton , dont un fit naufrage avec tous fes fonds:
près du lieu de fa deftination. L e profit des intéreffes
fut de huit cent fo ixa n te on^e & un quart pour
cent , ou de 43 pour 100 chaque année.
En 1753 , les afiociés renoncèrent à la liberté
dont ils avoient toujours joui, de retirer à volonté
leurs capitaux , &. fe déterminèrent à former un
corps permanent. L ’état les fit. confentir à ce nouvel
ordre de chofes , en fe contentant d’un droit
de 20 pour cent fur toutes les marchandifes qui fe
confommeroient dans le royaume , au lieu de
2 y,000 liv* qu’il recevoit depuis fept ans pour
. chaque voyage. Ce faerifîce avoir pour but de
mettre la compagnie Suédoife en état de foutenir
; la concurrence de la compagnie qui venoit de
naître à Embden ; mais les befoins publics le
firent rétraCler en 1765. On pouffa même l’infidélité
jufqu’à exiger tous.les arrérages.
Le monopole fut renouvelié en 1 7 66, pour vingt-
ans encore. IL prêta à la nation 1,250,0001 fans in—
térêc, & une fomme double pour un intérêt de
f i x pour cent. La fociété qui faifoit ces avances ,
devoir être fucceffivement rembourfée de la première,
par la retenue des 93,750 liv. qu’elle s’en-
gageoit à payer pour chaque na.’ire qui feroit
expédié , & de la fécondé à quatre époques convenues.
Avant le premier janvier 1778 , il étoit
parti vingt & un vaiffeaux , tous pour la Chine .
dont quatre étoient encore attendus. Les dix-fept
arrives , uns avoir epouvé d’événement fâcheux
avoient rapporté vingt-deux millions f i x cent livres
pefanc de thé , & quelques autres objets de
beaucoup moindre importance. On ne peut pas
dire précifément quel bénéfice ont produit ces expéditions,
mais on doit préfumer qu’il a été considérable
, pu'ifque les avions ont gagné jufqu’à
quarante-deux pour cent. Ce qui eft généralement
connu , c’eft que le dividente fut de 12 pour cent .
en 1770 , qu’il a été de fix toutes les autres années ,
& que la compagnie eft chargée des affurances depuis
1753.
Ce corps a établi le fiége de fes affaires à Gothembourg
, dont la pofition offroit pour l’expédition
des bâtimens , pour la vente des marchandifes , des
facilitéj que refùfoie-nt les autres ports du royaume.
Une préférence fi utile a beaucoup augmenté le
mouvement de cette rade & le travail de fon territoire.
Dans l’origine de la compagnie , fes fonds va-
rioient d’un voyage à l’autre; ils furent, dit-on
fixés à f i x millions en 1753 , & ù cinq feulement
à la dernière convention. Comme les Suédois
avoient d’abord beaucoup moins de part à ce ca-^
pital, qu’ils n’en ont eu depuis , le gouvernement
jugea convenable de l’envelopper d’un nuage épais*?
Pour y parvenir, il fut ftatné que tout direétear
qui révéieroit le nom des afiociés ou les femmes
qu’ils auroient fouscrites, feroit fuspendu , déposé
même , & qu’il perdroit fans retour tout Taro-ent
qu’il auroit mis dans cette entreprise. Cet esprit de
mystère eut lieu pendant 3 5 ans ; douze actionnaires
dévoient, il est vrai, recevoir tous les quatre
Y yyy