
épiceries, les bois de teinture , des clincailleries,
des merceries, de l ’argent &c. des différens peuples
qui vont chercher l'es dentées & Tes productions
chez elle ; car les Turcs ne font point ou prefque
point de commerce extérieur par eux-mêmes.
L ’état du commerce d’importation & d’exportation
des divers pays dé la Turquie ferait feul la matière
d un gros volume , fi nous voulions entrer dans les
détails néceflaires pour en faire connoître toutes
les parties .; mais les bornes qui nous font prefcrites
dans cet ouvrage & celles fur-tout que demande
ce dernier volume, ne nous permettent point de
nous appélantir fur ces détails. Nous allons cependant
en -donner une idée en préfentant un état fom-
maire du commerce des principales parties de l’empire
Ottoman que nous venons de nommer.
La Géorgie Turque.
L a G éo r g ie T u rqu e s’étant fouftraite depuis
■ quelques années à l’obéilïance du grand-Seigneur,
nous fommes difpenfés dans ce moment de parler de
ion commerce.
Le Diarbeck.
L e D ia r b e c k ou D iarbeckir& principalement
fa capitale qui porte le même nom , ville
■ grande & fort peuplée , où il y a plus de vingt
mille chrétiens , fait un très -“ grand commerce de
toiles rouges de coton & de maroquin de même
couleur; B a s so r a , fituée au-deffous du confluent
du Tigre & de l’Euphrate , eft un port fréquentée
par les vaiffeaux des Indes & de l’Europe qui yj
apportent des épiceries,des moufielines , des toiles,
du fer , des étoffes d’Europe , & s’y fournirent
des productions des contrées voifines & de la
Perfe.
La Syrie.
Ce pays fort abondant en huile, en froment,
en toutes fortes de fruits exquis , & c ., quoique
fort déchu de fon ancienne profpérité contient plu-
fieurs villes'grandes & peuplées où il y a de belles
manufactures & où il fe fait un commerce confî-
dérable.
A l e p , qui a plus de 10 0 .0 0 0 habitans, eft une
de.s principales villes de l’Empire des Turcs ; ne
cedant qu’à Conftantinople & au Caire , pour la
grandeur, & feulement à Smyrnepour le commerce.
Alep , firuée dans les terres à 28 lieues de la Méditerranée
, reçoit par caravanes toutes les marchan-
difes apportées par les vaiffeaux qui faifant commerce
avec elle, abordent au port I ’A lexandrette,
qui en eft le plus près.
Tou tes les Nations de l’Europe qui font le
commerce du levant ont des confuls à Alep &
prefque toutes des vices-confuls à Alexandrette.
On voit dans Alep dés marchands de prefqùe tous
les pays de 1 ancien continent, & ils y font en fi
grand nombre que 40 caravanferas fuffifenc à peint
au logement des marchands Turcs , Arabes , Per-
fans , Indiens qui ne ceffent d’y arriver & d’en
partir.
Les marchandifes propres pour cette échelle font
les mêmes qu’on porte à Smyrne. Voye\ plus loin
ce que nous difoni de Smyrne.
Celles dont on fait les chargemens du retour,
font des foies de Perfe ou du pays, diverfes toiles
de coton, entre autres des amanblucées, des an-
guillis , des lifales , des toiles de Beby , d’autres
qu’on nomme toiles en taquis , toiles en jamis
& beaucoup d’indiennes : différens cotons en laine
ou filés , dont les plus payas gros s’appellent , filés , & les plus fins filés gondo^olettis : des
noix de Galles, des Cordouans, des lavons, enfin
diverfes étoffes de foie , & ces beaux camelots,
couleur de feu ondés, qui ne le cèdent pas aux plus
belles moires.
Les ouvriers qui fabriquent ces camelots & les
étoffes de foie, font les plus nombreux & occupent
les plus beaux bazars.
Toutes les marchandifes qui fe vendent au poids,
fe pèfent à la rotte , qui eft un nom commun à tous
les poids S A lep, quoiqu’on en diftingue de trois
fortes, dont les pefanteurs font différentes; les toiles
& les Cordouans fe vendent à la pièce : les draps
& autres étoffés fe mefurent au p ic . Voy. p ic.
La monnoie courante S Alexandrette & S Alep
eft la piaftre à bouquet, pretque femblable à l’afle-
lani (lapiece au lion ) & vaut 80 afp res ou medins,
ou environ ç? f. de France. Les Perfans règlent
î prefque toujours le cours du change qui eft tantôt
«'haut, tantôt bas, félon les befoins qu’ils ont de tirer
ou de remettre.
Dam a s , capitale de la Syrie , eft une belle'vîlle,
fameufe par les fabriques de foie à ramages qui
portent fon nom , & par l’excellence de la trempe
des fabres & des couteaux dont elle fait encore un
bon débit.
Seyde , l’ancienne Sidon, eft fituée fur le bord
de la mer ; la vafte étendue de la ville eft réduite à
moins du quart de ce qu’elle étoit autrefois. Son
port étoit jadis capable de contenir plufîeurs vaif-
; féaux ; mais à préfent il n’y peut entrer que des
chaloupes. Les navires demeurent à la rade à quelques
mille pas de la ville.
Les négoCians des Nations chrétiennes de l’Europe
débitent peu de marchandifes à Seyde; mais il
s’y fait un affez bon commerce de celles du pays ou
des provinces voifines. On y porte cependant quelques
draps de couleurs vives, des fatins, des damas
& du papier ; tout cela en petite quantité.
Entre les marchandifes qui fe chargent à Seydey
les foies & les cotons font les principales. Les cotons
viennent en partie de Jérufalem; 1 autre partie
fe cultive aux environs de Seyde. Le commerce du
coton filé, qu’on appelle filet fi.n-ba-rp.ir, eft ex-
clufivement réfervé aux François, qui en tirent
annuellement pour plus de deux cent mille piaftres.
Pour les foies , elles font prefque toutes du pays.
On tire auffï de S eyde dès cendres / des noix de
G a l le , des huiles r du favon & de la glu.
Comme la balance des marchandifes.que les oc c i-’
dentaux y débitent & de celles qu’ils- y achètent'
-n’eft pas é g a le , il faut y fuppléer en efpeces.
T r ipo l i de Syrie fournit beaucoup de foie , & la
.France feule en tire 7 à 800 quintaux.
. . L a monnoie qui a cours dans ces ports de S y rie y
ainfi qu’à d a m a s , eft la même qu’à Alexandrette &
à Alep.
R am e ou R am a, ancienne ville de la Terrerfainte,
n eft plus qu’un bourg ; mais célèbre par le commerce
qui s’y fait 8c par le paffage d’un grand nombre
de-caravanes. Toutes les femaines il s’ y tient
un grand marché ou elpece de fo ire , où les Arabes
du défert apportent quantité de fén é , de galles & de
gomme arabique.
Outre ces drogues , le commerce de R a m e con-,
fifte en huile,‘ favon , fil & toiles de coton-, qui fe
transportent à Jaffa fur les vaiffeaux d’Europe. L a
France y entretient un conful.
L a N a to lie.
L a N at.ol ie , grande prefqu’i f le , qui s’avance
entre la mer Méditerranée & la 'm e r ‘Noire , jüfqu’à
l ’Archipel & la mer de Marmara, eft proprement
l ’ancienne Afîe mineure & comprend aujourd’hui
da province de Trébifonde , l’Amafie, la C aramanie,
TAladulie & la N a to lie propre , qui , elle feule , occupe
prefque la moitié de la prefqu’ifle. Cette partie
:de l ’Afie , autrefois fi renommée , &où l ’on trouvoit
les royaumes de T r o y e , de L y d ie , de Capadoce, ■ Scc., éc les villes-fanieufes de Sardes , d’Ephefe, de
Milet , &c. , jadis fi-peuplée & fi fertile par une ;
■ riche culture, par les arts, par fon commerce, ayant j
paffé après de fréquentes révolutions fous le pouvoir !
-des T urcs , éprouve , comme les autres pays de leur
-empire, la funefte influence du gouvernement def-
-potique & n’eft plus ce qu’elle étoit. Cependant la
-bonté du fol & fon heurèufe fituation fur trois mers
lu i confervent une partie de fes avantages , & il s’y fait
encore un grand commerce tant des productions de
Ton cru &"de fon induftrie que des objets que lui
•apportent les marchands étrangers.
L a province de Trébifonde ou la côte des La?es
s ctend le long de la mer noire depuis ll iz é , jufi-
qu à Kirrêfoun , anciennement Cérifonte. Ces places
•maritimes font Rizé , Trébifonde, Hafpié , Tribo li
& Kirrêfoun.: dans les,-terres on trouve les villes
dO-f, Surminé, Gumuche-Khana & le bourg de
K a r é , auprès duquel font les mines de cuivre qui
■ fourniffent de ce métal tout l ’ empire Ottoman. ■
RtZÉ | aujourd’hui la plus Ronflante place du
'Commerce de cette province , fituée à trois; milles}
d un port forain , large, profond & qui peut contenir
les plus gros navires, contient environ trente
mille habitans, parmi lefquels on compte trois mille
Arméniens & Grecs. Lorfque la ville de Trébifonde
Commerce.Tome III. Part. IL
eft en proie aux diflentions inteftinés qui l’agitent
fôuvent, le commerce maritime de cette dernière-
ville fe fait par R ip .
On peut-débiter à R i^ é environ zo ballots de
drap Londrin fécond-, & quelque peu de Nîmes;
('les draps Anglois & Hollandois' y ont'peu de
cours"! 10 à .t'zoôo pics de ferges Impériales ; 8 à
16000 pics dé bours de magnefîey 1600 à 1 zoo pièces
de côutnis de Broufle ; autant de Conftantinople ;
5° ° pièces de moüfleline appellée dévé-taban. Le
.commerce des toileries c-oïnme barraflms , aftars
indienne eft immenfè ; elles y viennent par terre»
1000 à 1 zoo- turbans noirs de foie de Broufle;
iooo bonnets de Tunis, iy à zooo© bonnets de
France; 3 à 4000 ceintures de laine rouge de Gerbe
en Barbarie ; lood' chais blancs deTerge de laine ,
du même endroit ; y à 6000 chais rouges du Caire ;
i-5 06 cabans de Salonique, autant de eamifoles fans
manches; zooo‘ paires de babouches jaunes avec
les chauffons appelles inefis , autant avec dés chauffons
appelles terliks ; joôô couvertures de laine
de Ya'mboly ; zo balles de petchémals ou ferviettes
du Caire, chaque balle de 500 ; 5 à 6600 quintaux
de lin d’Egypte ; 7 à 8000 quilots de graines de
lin de z z ocques l’un ; quelque peu d’indigo &
d’autres teintures ; 7 à 800 quintaux de poivre &
de gingembre ço à 60 fardes de caffé ; 30 à
40 quintaux de fucre en petits pains ; zoo à zço quintaux
d’étain ; 3 à 460 quintaux de plomb; 10 à
iz barils de mercure ; 50 à <$o càiffes ft’àcier ;
içoo à zooo quintaux de fer ; 8 à 10000 fers à
cheval avec les clous» Ajoutons à cela, de la poudre
à tirer , de l’encens , du favon, de l’huile, du tabac,
du riz, du bled, de 1 orge , du fe l, du papier,
des pelleterie s , du bceiiffalé, des fruits fecs , des
olives noires , des oranges &. de l’eau de limon,
dont nous ne pouvons ici indiquer la quantité;
mais qui pour certains articles eft aflez confi-
.dérable. '
Le commerce d’exportation de l i ï ? é , confifte en
toiles de lin , qui font feules un objet de plus de
500,000 piaftres ; en cuivre mis - en oeuvre ou en
lingots , en c ire , en chanvre , en fil , en noix
en uoifettes, & en nardenck (efpèce de raifiné )
dont il fort chaque année 30 à 40060 quintaux.
O f - & . Surmine., deux villes qui peuvent être
regardées comme étant du territoire de Rizé , qui
fournit à tous leurs befoins, ont une population
qu’on cftime pour la première , à 50000 âmes,
la 2e. à 12000 j la ■ confommation des diverfes marchandifes
d’entrée dans ces. deux villes ,; double à
peu-près la quantité que nous avons déterminée
en parlant du commerce d’importation de Rizé.
T rfImsonde , eft la ville la plus coufidérablê
qu’il, y ait fur ies bords de la mer noire ; on y
compte 160,000 habitans, parmi lefquels il y a
10000 Grecs & Arméniens. Elle 'étoit autrefois
beaucoup plus floriffante qu’elle n’eft aujourd’hui.
Les guerres înteftines que l’ancienne querelle de
la 25«. & de. la «4 '. compagnie des Janiffaires