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1666 y & leurs femmes le mirent à la mode chez
les personnes de leur rang. L a livre pefant fe ven-
doic alors près de 70 liv. à Londres, quoiqu'elle
n’en eut coûté que trois ou quatre à Batavia. Ce
prix qui ne diminua que très-lentement, nempêcha
pas que le goût de cette boiffon ne fît des progrès.
Cependant elle ne devint d’un ufage commun que
vers 17 15* Alors feulement on commença à prendre
du thé verd ; car jufqu’à cette époque on n’avoit
connu que le thé bouy. Depuis, la paffion pour
cette feuille Afiatique eft devenue générale. Peut-
être cette manie n’eft - elle pas fans inconvénient :
mais on. ne fauroit nier que la Nation ne lui doive
plus de fobriété que n’en avoient pu obtenir les
loix les plus iévères, les déclamations éloquentes
des Orateurs Chrétiens, les meilleurs traités de
morale.
Il fut porté de la Chine , en 1 766 , £,000,000
pefant de thé par les Anglois; 4,05-0,000 livres
par les Hollandois ; z-, 400,000 livres par les Suédois
, autant par les Danois ; z, 100,000 livres par
les François. Ces quantités réunies formoient un
total de 17,400,000 livres. L a préférence que la
plupart des peuples donnent au chocolat, au caffé ,
à d autres boitions ; des obfervations fuivies pendant
plufieurs années ; des calculs les plus exads
qu’il foit poffible de faire dans des matières fi compliquées
, tout nous décide à penfer que la con-
iommatidn du continent de l’Europe ne s’élevoit
pas alors au-détins de 5,400,000 livres.5 en ce cas
«elle de la Grande-Bretagne devoit être de 12,000,000
livres.
On comptoit alors z,600,000 d’hommes dans la
métropole , & 1,000,000 dans les colonies, qui
faifoient un ufage habituel du thé. Chacun en
confommoit environ quatre livres par an ,* & la
livre , en y comprenant les droits , étoit vendue
l ’une dans l’autre, £ 1. io f . Suivant ce calcul le prix
de cette denrée Te feroit élevé à 72,000,000 ; mais
il n’en étoit pas tout-à-fait ainfi ; parce que la moitié'
entroit en fraude & coritoit beaucoup moins à la
Nation.
s Malgré la guerre de la Grande - Bretagne avec
l ’Amérique & la perte de la plus grande partie de
Tes colonies, l’importation du thé en Angleterre
n’a pasceffé d’augmenter, parce que l ’ufage s’ en étend
toujours de plus en plus dans ce pays & dans les
pays du nord où les Anglois font Commerce*
On apporte du thé dans des boîtes d’étain nommées
barres , qui en contiennent jufqu’à yo livres.
I l vient auffi dans des boîtes de même matière, de
différentes grandeurs , d’une demi-livre & au-deffiis.
Il faut choifir le vhé verd, odorant , le plus
entier qu’il fe peut, & fur-tout prendre garde qu’il
ne foit point éventé.
« Venant de l’étranger, il doit uniformément à
Ion. entrée par les bureaux ouverts aux drogueries,
fuivant d'arrêt du £ août 17 x 6 , par livre pefant net
JL O fols ».
« I l p a y e le même droit dans le s au tre s .b u re au x
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I lorfqu’il y eft préfênté par des voyageurs, & en
petite quantité pour leur confommation : la ferme
générale y a confenti par fa lettre du z6 août
1 776 ».
« Venant du commerce des François dans l’Inde,
il n’acquitte, fuivant l ’arrêt du 8 juillet 173 z , par
quintal net, que 6 1. » Le thé ne paye plus de droits à
la circulation. Il eft également exempt de droits eu
panant à l'étranger.
THÉR IAQ ÜE. Compofî ion de diverfes drogues
préparées, pulvérifées & réduites en opiat ou.elec-
tuaire liquide , par le moyen du miel. Son ufage
le plus ordinaire eft contre les poifons $ cependant
elle s’employe pour diverfes autres maladies dont
l’affoibliiïement de la chaleur naturelle & la langueur
font ou la caufe ou l’effet.
Andromaque, médecin célébré dutertîs de Néron,
paffe pour en être l’inventeur.
L a thériaque de ven ife avoit feule autrefois la
vogue. Celle qui fe fait à Paris & â Montpellier ,
par les habiles apothicaires, qui n’y font pas rares,
ne lui eft en rien inférieure ; cependant beaucoup
de perfonnes, encore aujourd’hui, confervent la
même prévention en faveur de la thériaque de
Veriife.
L ’eau & le vinaigre thé ride a l viennent ordinai*
rement de Montpellier ; on en fait cependant à Paris
d auffi excellens. On s’en fert contre le mauvais air,
foit en la refpirant, foit en s’en flottant les tempes,
les poignets ou les narines.
> « L a thériaque de Venife paye à l’entrée des
cinq grolfes fermes , par quintal net, 10 1 . , à la
fortie , cinq pour cent de la valeur , fi on ne juftifîe
pas de l’acquittement des droits d’entrée. A la douane'
de Lyon, par quintal net, 8 1. 1 o f. ; à celle de V alence
, comme droguerie , 3 1. 1 1 f. ».
THE SK ÉRE . Nom que l’on donne dans le
levant aux acquits des droits qui Te payent
dans les douanes des états du grand-Seigneur. v o y s
TESGARET.
THIM , THYM ou T IN . Petite plante très-
odoriférante, que tout le monde connoît & dont les:
cuifiniers font quelqu’ufage. On en tire de fes fleurs»
& de les feuilles une huile très-agréable , que les
droguiftes & les parfumeurs de Paris font venir dii
Languedoc & de la Provence. V o y . huile.
TH IM É LÉ E . Plante dont la racine eft du nombre
des drogues médecinales. Celle du Langüedoé
eft la meilleure & doit être préférée à celle de
Bourgogne.
TH LA SP I. Plante médecinale q u’on trouve dans
toutes les provinces de France, principalement
dans les plus méridionales. Il y a deux fortes de
thlafpi : l’un qui s’élève environ un pied de haut, &
d’autre plus petit.Le premier, qui eft le véritable, doit
leul être employé en médecine en préférant tou-'
jours celui de Provence ou de Languedoc. *
TH O N ou TO N. Grand poifîon de mer, qui
a la peau déliée-, de grandes écailles , le mufeaii
poiiatH & la gueule armée de dents. Sa plus forte
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pêche fe fait fur les côtes de Provehce, vers Nice
& St. Tropes, & fur celles de Sicile & de Sardaigne.
Ce poiflon a le goût du veau, à la chair duquel
la fienne relTemble beaucoup. Il faut le choifir nouveau
, bien enveloppé de bonne huile & d’une chair
ferme.
THONINE ou TO N IN E . C’eft le nom qu’on
donne, en Provence, au thon préparé & mis en
barils.-
« La thonine paye , au tarif de i £64 , à l’entrée
des cinq grolfes fermes , par quintal, 1 liv. 5 à la
fortie \ 18 T. ».
« A la douane de L y o n , venant de l’étranger
(lo f . , venant de l’intérieur, 10 T 9 d. ».
« A la douane de Valence, par quintal, 1 liv,
f den. ».
« Plus , pour les droits d’abord, par quintal.
il liv. ».
« Pour la confommation, 1 1. 7 f. »,
TH YM » V o y . th im .
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T IB IR . Nom que l’on donne à la poudre d’or
en plufieurs endroits des côtes de l’Afrique. voye^
ÏOÜDRE d’o r .
TIBOSE. Monnoie d’argent qui fe fabrique dans
le royaume de Siam.
Voy. l’art, des monnoies des Indes.
Le tical eft aulfi un poids dont on le fert dans
le meme royaume, & qui a jufte la pefanteur du
tical monnoie , c’eft-à-dire , trois gros & vingt-trois
grains. Les Siamois le nomment chez eux ba at, le
mot tical étant Chinois. L e tical pèle quatre mayons, ( en Siamois feling ) , le mayon deux
fouangs, le fouang quatre payes , & la paye
deux clams. Il y a aulfi des fompayes qui valent
la moitié d un fouang. Tous ces poids font des
monnoyes, ou du moins des morceaux d’argent
qui en tiennent lieu, tant à la Chine qu’à Siam.
| T IERCE. ( Terme du commerce des laines
dEfpagne) On appelle laine-tierce , la troifième
forte de laine qui vient de ce royaume. C’eft la
moindre de toutes. Cette efpèce de laine fe diftin-
gue^ par les noms des villes & des lieux d’où on
la tire. Ainfi , on dit , tierce Ségovie cafiin , &c. Voy. l a in e . , tierce ville•
TIÉRÇON. Mefure qui fait le tiers d’une mefure
entière j ainfi le tierçon d’un muid de vin ou d’autre
ligueur, contient environ quatre-vingt-quatorze
PInte^‘ < Celui a la jauge de Bordeaux en contient
cent foixante, trois tierçons faifant deux banques
de deux cent quarante bouteilles chacune.
TIERS. Signifie la troifieme partie d’un tout ,
loit d un nombre, foit d’une mefure. Dans les Comptes
ou dans les additions de fractionsI il fe marque
a En Provence, eu Dauphiné & en Languedoc ,
tes Begocians fe fervent quelquefois <Ju mot t é n ia ,
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pour exprimer un tiers, foit qu’ils Paient pris du
latin ou de l’italien.
Tiers Te dit auffi en quelques lieux de F ra n c e ,
d’un petit pot ou mefure qui eft entre la chopine &
le demi-feptier. Voy. pinte.
T IG R E . Animal quadrupède , fauvage , cruel &
féroce. I l y en a de trois efpèces, qui fe diftinguent
par la grandeur. L a plus petite eft de la taille d’un
! gros chat d’Efpagne. L a fécondé de la groifeur d’un
mouton, & la troifieme prefque de la grandeur d’un
cheval. L e tigre de cette dernière efpèce eft appellé
tig r é royal.
L a peau de ces trois fortes de tigres fournit au
commerce une très-belle & très-précieufe fo u ru re ,
qui fait partie du négoce des marchands merciers
& des marchands pelletiers. Ce font ces derniërs qui
les préparent & qui les emploient en manchons , en
peliffes , en houfles , &c.
T I L L E S . L e s normands nomment ainfi un outil
de fonnellier, qu’on appelle communément ajjette
ou aifette.
L e s navires qui vont à la Guiane ÿ en apportent
toujours dans leurs cargaifons pour la traite , les
nègres & les fauvages de cette partie de l ’Amérique
eftimant beaucoup ces ou tils, parce qu’ils leur font
bien plus commodes pour faire & pour creufer leurs
canots, que les inftrumens de cailloux & de coquilles,
dont ils fe fervoient à cet ufage , avant de connoître
les tilles.
T I L L E T ( Terme de libraire ). I l fignifîe là
meme chofe que billet. C ’eft une pérmiflîon par
écrit que donuent les fytidic & adjoints , de retirer
des livres des voitures & de la douane. Voye£
l ib ra ir ie .
T I L L E U L , T I L L E A U ou T I L L O T . B el
arbre qui donne un ombrage très-agréable. Son bois
eft tendre, léger & blanchâtre. I l le débite e'n tables
de deux , trois & quatre p ou ce s, fuivant fa • g ro f -
fe u r , qui fe vendent aux cordonniers , boureliers,
felliers & teinturiers , pour couper leurs cuirs
deffus.
Son é co rc e , qu’on appelle tille dans beaucoup
d’endroits , fert à faire des cordes pour les puits &
pour les greniers où on ferre des fourages.
Sa fleur donne par la diftilation une eau qu’on
dit excellente pour rafraîchir le ceint.
T IM B R E . Se dit dans le négoce de la pelleterie
d’un certain nombre de peaux de martres-zibelines
ou d’hermines.attachées enfemble par le côté de la
tête & qui viennent ainfi de la Mofcovie & de la.
Lapouïe.<Chaque timbre9 qu’on appelle aulfi majje,
eft compofé cfe vingt paires ou couples de peaux.
U ne caille de martres zibelines afforties, venant de
M ofcov ie , cootieat dix timbres qui font quatre cent
peaux. Voy. martre & hermine.
L e timbre de zibeline p a y e ............
T im b r e . Se dit auffi d’une certaine marque que .
les fermiers du R o i mettent au papier & au parchemin
fervant aux aétes des notaires, aux expédi