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grolfeur extraordinaire , quand ils font frais & empêcher
qu’on ne trouve incroyable le rapport des
voyageurs, qui aflurent dans leurs relations, qu’il
,e trouve des grappes de ces' raijins qui pèlent
jufou’à 2 5 liv.
Il faut chqifir les raijins de Damas nouveaux,
gros & bien nourris , & fur-tout prendre garde que
ce ne foie des railins de Calabre , ou des railms
aux jubis applatis, mis dans les bulles ou boîtes
des véritables Damas ; ce qu’on reconnoîtra aifé-
ment au goût, ceux-ci l’ayant fade & défagréable ,
& les premiers, étant doux & fucrés.
« Les raijins de Damas paient en France les
droits d entrée a raifon de 2 1. du cent pelant,
». conformément au tarif de 1*664 , & à la douane
» de L y o n , fuivant le tarif de 16 3 2 , 12 f. 6 d. ,*
» ils font du nombre des marchandifes venant du
» Levant, fujettes au droit de 20 pour cent de leur
» valeur fur l’eftimation > de '25 1. du quintal, fixée
» par 1 arrêt du 22 décembre 1750 ».
R a is in s d e C o r in th e . Ce font de petits r a i -
f i ns égrainés de diverfes couleurs , rouges , noirs
ou blancs , de la grolîeur des 'grofeilles corn-
munes , qu’on apporte de plufieurs endroits de
^ Arehipd , & entrautres de l’IUhme de Corinthe,
d ou ils ont pris leur nom.
Ils viennent ordinairement par la voie de Mar-
îeille , dans d*s balles du poids de deux à trois cens
livres, où ils font ehtalles & extrêmement prefles.
Les Anglois & les Hollandois , en temps de paix,
en apportent beaucoup à Bordeaux, à la Roehelie,
à Nantes & à Rouen.
Les raijins de Corinthe doivent le choilîr nouveaux
, petits, en grolïes malles, en prenant garde
qu on ne vende à leur place de petits railins
d Elpàgne. Quand ils font bien emballés , ils peuvent
fe garder deux ou trois ans , pourvu qu’on
ne les remue pas & qu’on ne leur donne aucun
an*. Ils entrent dans quelques cdmpolitions m Meci-
nales, & dans l’aRaifonnement de plufieurs ragoûts,
dans lefquels ils peuvent tenir lieu de railins de
Damas.
Ce que M. Wheler rapporte, dans fon voyage
de Dalmatie & de Grece , des 5fies d’où fe rirent
ces lortes de raifins , & de la manière dont on les
Y préparé , elt fi curieux , qu’on ne fera peut-
etre pas fâché de le voir ici dans les propres termes
du traducteur,
« Xante , ifie de la mer Ionnienne , au midi de
Céphalonie , vers la côte occidentale de la Morée,
fous la domination des Vénitiens, elt le principal en-,
droit d’où viennent les raijins de Corinthe , qu’on
emploie diverfement dans les cuifines Angloifes,
Françojfes & Hollandoiles. Ils ont pris leur nom de
Corinthe , cette fameufè ville proche l’Ifthme de la
ifloree J , c eli de là que les latins les ont appellés
v-vae Corinthiacoe , c’eft - à - dire , raifins de co-
rinthe , quoiqu’il n’y en croilfe point à préfent,
pour y avoir peut-être été négligés, parce qu’on
o y en 3 voit pas la vente, la jaioufi,e des Turcs ne
RAT
permettant pas aux grands vailfeaux d^èntrer datiü
le Golfe. Ils ne croilîènt pas fur des builfons ,
comme nos grolfeiHes rouges & blanches, quo|-
qü.on le croie communément, mais fur des vignes,
comme l’autre raifin, excepté que leurs feuilles font
un peu plus épaiilès, que la grappe eft un peu plus
petite. Ils n’ont aucun pépin ,. & en ce .pays ils
lont tous rouges ou plutôt noirs. Ils croilTent dans
une plaine .fort agréable , qui eft environnée de
montagnes & de coteaux dont l’ifle eft couverte.
Cette plaine eft féparée en deux vignobles. On
vendange ces raifins dans le mois d’août, lorfqu’ils
font murs, & on en fait des couches fur la terre,
jufqu’à ce qu’ils foient fecsj après qu’on les a raf-
femblés, on les nétoye & on les apporte dans la
ville, pour les mettre dans les magafins que les
habitans du pays appellent des fe ra g lis , & où ils
les vetfent jufqu’à ce que le magafin foit rempli
j’ufqu’au haut. Ils s’entalfënt tellement par leur
propre poids , qu’on eft obligé de les fouir avec
des inftruments de fe r , ce qu’ils appellent les remuer.
Lorfqu’ils les mettent en baril , pour les
envoyer en ^.quelque lieu , des hommes fe graillent
les jambes & les pieds nuds , & les preftent avec
les pieds , afin qu’ils fe coafervent mieux & qu’ils
ne tiennent pas tant de place. On les vend environ
douze écus , le millier , & on paye autant de coutume
à l’état de Venile. L ’ifle de Xante en porte
allez tous les ans , pour en charger cinq ou fix
vailfeaux Cephalonie pour en charger trois oit
quatre, & .Nathaligo ou Anatolico , Melïalongi &
Fatras pour en charger un. On en tranlporte auflt
quelque peu du Golfe de Lépanfe. »
Les Anglois ont un comptoir à Xante ( aujourd’hui
Zante ) qui eft conduit par un conful & cinq
ou fix marchands , pour faire ce commerce. Les
Hollandois y ont un conful & un ou deux marchands.
Les François n’y ont qu’un commis qui fait
le conful & le marchand tout eafemble. Les Anglois
y font le principal commerce de cette mar-
chandife , parce qu’ils en conlomment fix fois plus
dans leurs ragoûts que la France & la Hollande
enfemble. Ceux de Xante n’ont guères connoilïànce
de ce que nous en faifons j & ils font perfuadés
que nous ne nous en fervons que pour teindre les
draps, ignorant qu’ils font Employés aux pâtés,
aux ragoûts, gâteaux, tartes ou poudings , &c. donc
les Anglois fe régalent.
« Les raijins de Corinthe paient en France les
» droits d’entrée' à raifon de 2 1. du cent pefant,
» conformément au tarif de 16 64 ».
» Les droits de la douane de Lyon font de 10 f.
» pour les anciens quatre pour cent ».
« Ils font du nombre des marchandifes venant
» du Levant, fur lefquelles outre les droits ordi-
» naires , il doit être levé 20 pour cent de leur
» valeur fur l’eftimation de 2 5 1. le quintal fixée par
» l’arrêt du 22 décembre 1750 ».
« Ce qui empêche les Anglois d’en apporter ea
a France autant qu’il« faifoient autrefois. »
R aisins
R a i s i n s aux k jb i s , que l’on appelle communément
raijins en caijje ou raijins de caijje,
font des raijins qu’on tire pour l’ordinaire de
Provence , particuliérement de Roquevaire, d’Oniol
& des environs de ces lieux. Quand ces raifins
font mûrs, on les cueille en grappe, & après
les avoir trempés dans une leflîve de barille , on
les met fur des claies pour les fécher au foleil,
en les retournant de tems en te ms ; & lorfqu’ils
font fecs, on -les met dans des caillés de fapin plus
longues que larges, ordinairement de deux grandeurs.
Les plus petites , appellées çajfetins , font
de dix-fept à dix-huit livres , & les autres , qu’on
nomme des quarts, font d’environ quarante livres.
Ces fortes de raijins font d’un goût doux,
fucré & très - agréable. Ils fervent aux delferts &
aux collations de 'carême. Les plus nouveaux, les
plus fecs & en plus belles grappes , ' font ceux qu’il
faut choifir. ’
Voy. ci-après les droits d’entrée & de fortie que
payent ces fortes de raijins.
R aisins picardans. Ces fortes de raijins approchent
affez des jubis 3 mais ils font plus petits
& plus fecs. Ils viennent de Provence & du Languedoc
en grappes , dans de longues cailfes de
lapin qui pèfent depuis quatre-vingt livres j'ufqu’à
cént. Ils payent les droits comme les jubis.
Raisins de Calabr e. Ce font des raifins d’un
très-bon goût, quoiqu’un peu gras , qui viennent
par petits barils , du poids de quatre-vingt-dix à
cent livres , les grappes enfilées d’une menue ficelle,
ù-peu-près comme des morilles.
Voy. ci-après& pour les droits.
R aisins muscats. Ces raijins font très-bons,
de moyenne grolfeur, en grains ou en grappes,
d un goût mufqué & fort délicat. Ils fe tirent du
Languedoc, particuliérement des environs de Fron-
tignan, en petites boëtes de fapin prefque rondes ,
pefant depuis cinq jufqu’à quinze livres. Voy. ci-
après pour les droits.
Raisins d A rcq-6* au so le il, que l’on nomme'
communément raijins fo l où for. Ce font des
raijins égrainés de couleur rougeâtre , bleuâtre ou
violette , très-bons à manger, que l’on tired ’Ef-
pagne, en barils de quarante à cinquante livres j
mais on appelle raifins d’EJpagne, particuliérement
de petits raifins un peu plus gros & moins
fecs> que ceux de Corinthe qui viennent dans des
barils du poids d’environ cent livres. Tl y a encore
les maroquins qui font des raifins d’Efpagne très-
peu connus: à Paris.
«Suivant le tarif de t664, tous ces raifins doi-
» vent payer les droits d’entrée •& de fortie * du
» royaume & des provinces réputées étrangères ;
*> lavoir, à la fortie à raifon de douze fols du cent
1» pelant, & l’entrée fur le pied de dix fols. »
a . • ÿ S ’ de la douane de Lyon pour les P raifins fecs| font, favoir ,
» Les raifins du crû de France, cinq fols fix
» deniers le quintal ; ^
Commerce. Tome U. Pan. 11.
» Les raijins de Sayoye, huit fols, & à la
» douane de Valence , tous payent égaienvçnt dit
» quintal n e t, une livre crois fols huit deniers. »
Commerce des raifins à Amfterdam.
T ous les raifins fecs fe vendent à Amfterdam
au quintal de cent livres. Le prix de ceux de Co-
-rinthe depuis fix jufqu’à dix-fept florins le quintal.
L eur tare eft de feize pour cent, & leurs déduirions
de deux pour cent pour , le bon poids,
& autant pour le prompt payement.
Les raifins longs fe vendent depuis onze ju fqu’à
onze florins & demi les cent livres. L eur tare
eft de dix pour c en t, & leurs déduirions comme
les précédens.
Les raifins de Cabas s’achètent depuis fept juC-
qu’à huit florins le quintal. Ils ne déduifent en
tout qu’un pour cent pour le prompt payement.
Il ne faut cependant pas tabler fur ces p rix , pour
y fpécaler, parce qu’ainfî que pour la plupart des.autres
marchandifes, ils varient fuivant la ra reté ,
l’abondance ouïes demandes.
R A ISO N , ( terme de la tenue des livres à.
' parties doubles). Parmi les négocians , marchands
& banquiers , on nomme livre de raifon, un gros
regiftré fur lequel on forme , en débet & crédit,
tous les comptes de ceux avec qui l’on fait des
affaires de commerce , dont on trouve les articles
détaillés fur le livre-journal. O n le nomme livre
de raifon, parce qu’il fert à fe rendre raifon à foi-
, même & à fes affociés, de l’état de fon commerce. O n
lui donne quelquefois le nom dé livre d'extraits,
parcèr-'qufou y porte tous les articles extraits du
livre-journal j mais plus ordinairement celui de
\ grand livre, parce qu’il eft, par fon volume, le
1 plus grand de tous ceux dont on Ce- fert dans le
: négoce. Voy. livtes des ' marchands. On y parle
amplement du livre de raifon & de la maniéré de
lé tenir.
R aison , lignifie aufïi la part d’un des affociés
dans le fonds d’une fociété. O n dit ma raifon eft
du'quart, fa raifon n’eft que d’un douzièm e, dans
telle fociété , dans tel armement, telle manufacture ;
pour dire que les alfociés y contribuent, dans cette
proportion , pour lès frais , & participent fur le
même pied, aux profits & aux pertes.
R aison (a ) , veut dire encore , proportion ,
rapport. Je vous payerai cette étoffe à raifon,
c’eft-à-dire, fur le pied de vingt livres l’aune. L e
change d’Amfterdam eft à raifon de dix pour
cent. C’eft un ufurier qui prête fon argent à raifon
de cinq pour cent par mois.
\ O n dit qu’une marchandife, qu’une chofe eft
: hors de raifon, quand le prix en eft exceflif. L e
bled eft hors de raifon, on le vend cinquante livres
le feptier. L ’argent eft hors de raifon, on
n’en peut trouver qu’à dix pour cent par an.
R a is o n , (.en terme d’arithmétique ) , fignifie
la proportion que de« nombres ont entre eux,
Q ï i