
tapiiTeries, àTaiguilie , en broderies & en quelques
autres .ouvrages.
S oies to r s e s . Ce font celles qui ont eu leur
filage, dévidage & moulinage. Elles font plus ou
.moins torfes , fuivant quelles ont pafle plus ou
moins de fois au moulin. On appelle néanmoins
plus particulièrement fo ies torfès , certaines fo ies
dont les fils font alfez-yiepais, & plufieurs fois
retors. On s’en fere dans les-brochures de brocardsj
mais la -plus grande confoiimiation s’en fait en
crépines ou franges de meubles , d’écharpes, de
jupes, de jupons, gants d’hommes , &cp-
S oies a p p r ê t é e s . Ce font celles qui font filées
& moulinées , & toutes prêtes a être mifes à la
teinture. On les appelle auffi fo ie s montées 6c
fo ie s ouvrées.
L a plus grande partie des fo ies qui s’employent
aux fabriques de Paris, font teintes par les teinturiers
de cette ville , a la réferve des couleurs
jxmceau , rofe, incarnadin & noir qui fe teignent
a Lyon.
S oies en bo t t e s . Ce font des organjînsde Sainte-
Lucie , ou autres organfins , qui après la teinture ,
font mis en bottes par les plie ti rs. Ces bottes font
des paquets quarrés-longs , d’environ un pied fur
deux pouces d’épaifïeur en tout fens. Les fo ies
p la tt e s ont le même pliage ; & chaque botte des
unes & des autres pèfe une livre, à raïfon de
quinze onces par livre , qui eft le poids auquel les
fo ie s fe pèfent en France. •
On appelle marchands de fo ie en hottes , ceux
qui en font le commerce.
S oies en 'mosche. Ce font dts fo ie s non encore
teintes , & qui n’ont point eu tous, leurs apprêts,
qui viennent en paquets longs d’environ-un pied 8c
demi, du poids de trois livres, roulés par le milieu,
en forme de colonnes tories & nouées par les deux
bouts à quatre doigts de leur extrémité.
S oies en p an t in e . Ce font plufieurs écheveaux
de fo ie , liés enfemble pour être envoyés à la
teinture.
L ’article 47 du réglement du ip avril 1667 , pour
les étoffes o r , argent & fo ie de Lyon-, défend aux
teinturiers de défaire ou dévider les pantines de fo ie
crue ni teinte , & ordonne qu’ils les rendront en
la forme qu’ils les auront reçues.
S oies en é c h e v e a u . Ce font des fo ie s dévidées
fur des dévidoirs , foit lors du dévidage qui fe
fait après le filage, foit lars du moulinage quand
on les prépare pour la téinture.
Les écheveaux de fo ies plattes, propres aux
tapiiTeries, qui ne fe filent ni ne fe moulinent, fe
plient en deux $ & les deux parties fe roulant l’une
fur l’autre , forment une efpèce de colonne torfe,
liée par un bout d’un noeud fait de l’écheveàu
même. De plufieurs de ces échevaux, fe font des ;
bottes qui pèfent ordinairement une livre. Vo y e%
ci-devant so ie s en bo t t e .
L e s fo ies à coudre fe vendent en gros & en dé*
tail ? mais toujours en écheveaux.
S oies de G r en a d e .C c font des fo ies très-belles, très-fines & très-unies. qui viennent d’Efpagne , &
qui prennent leur nom du royaume de Grenade , un de ceux qui compofenc la monarchie Efpagnole.
Ces fo ie s s’employent. ordinairement à la couture ,
a laquelle elles font très-propres. 11 s’en fait auffi
des lacets , des gances , des tiffus , 8c même des franges & des houppes de bonnets quarrés. Les plus belles fo ie s des autres pays paflent fouvent
pour fo ies de Grenade ; mais il eft difficile que
les connoifîeurs s’y lai fient tromper.
S oies C ontades . Çe font auffi des fo ies à
coudre , que l’on préfère même à celles de Grenade
peur certains ouvrages.
B o u r r e s e t t r e s s e s de so ie , qu’on appelle
auffi rondelettes oncoutailles. Ce font les.-moindres
de toutes les fo ies , ou pour mieux dire, elles
en font le rebut. Ces fo ies font faites , ou de cette'
efpece d’étoupe foyeufe qui couvre l’extérieur des
cocons, & qu’il faut lever avant de pouvoir, découvrir
la fo ie ; ou de tout ce qu’il y a de plus mauvais
fur les coques les plus groflières. Les bourres
ne peuvent fervir qu’à faire des fleurets plus ou
moins fins, fuivant qu’elles font plus ou moins
fines , mais toujours de mauvaife qualité ; il y en
a cependant quelquefois d’affez payables, pour
que des marchands peu _ confcientieux hafardenc
d en fourrer dans les mafles ou paquets des fo ies
communes. L ’expérience apprend àifément à ne
pas s’y laifler tromper.
S oie d’O r ie n t . « L a fo ie qui porte plus par-
» ticulièrement ce nom , dïtrtSavary ,• n’eft pas
9 1 ouvrage des vers à f o i e ; elle provient d’une
» plante qui la produit dans une gouffe à peu près
» lemblable à celle des cotoniers. L a matière que
» cette gouffe contient eft extrêmement blanche ,
» déliée & afiez luftrée. Elle fe file àifément, &
» 1 on en fait une efpèce de fo ie qui entre dans
» la fabrique de plufieurs étoffes des Indes 8c de la
» Chine. » Mais aucune forte de bourre, de duvet,
non plus qu’aucune écorce , aucune efpèce de
coton, ni la duatecherie , ni l’apocin , ni le chardon
, ni aucune matière purement végétale , ne
peut être confidérée comme de la fo ie ; elle n’en
a point les cara&ères, & fes propriétés en diffèrent
effentiellement.
S oie d’A r a ig n é e s . Un fçavant académicien de
la fociété royale des fcîences de Montpellier , a fait
un efîai curieux de l ’ufage que l’on pourroit faire
de cette efpèce de fo ie que file certaine efpece
d’araignées ; l ’épreuve a réuffi, plus, à la vérité ,
a la fatisfaétion des fçavans qu’au profit que le
commerce en pourrra tirer ; & l’on a vu des bas
& des gants fabriqués de cette fo ie. M. dt Réaumur
a fait, d’après les eflais de M. B o n , des recherches
très - ingénieufes fur la foie des araignées >
& fur la compâraifon & les rapports de cette
f o i e , & des ouvrages qui én proviennent y avec
la fo ie 8c les ouvrages de la fo ie de vers j ces
recherches prouvent l’inutilité de la découverte
qui y a donné lieu , puifque , l0* ne fçiuroit
dévider la fo ie d’araignée , il faut la carder j & ■
elle peut , tout au plus,. être comparée à celle des
vers qui eft dans ce dernier cas ; z°. il faut douze
coques de ces araignées ppuu le poids d’une coque
de ver, & il en faut donz* de nos araignées de
jardin , pour équivaloir à une araignée de cave 5
3 0. ces coques ont un déchet de deux tiers , parce
qu’elles enveloppent tous les oeufs de la ponte de
l’araignée j 40. il n’y a que les femelles qui fafient
des coques 5 il faut donc fuppofer le doublé d’araignées
, 5°. il faut nourrir chaque ■ araignée en
particulier , pendant plus d’un mois. 6°. Réfumé ;
il ne faudroit pas moins de z8o coques de nos
araignées de jardin, pour fournir le même poids de
fo ie que fournit une feule coque de ver ; à peine ,
par_conféquent £6.3$ çz araignées pourroient-elles
faire une livre de fo ie .
S oie de la p in n e-m a r in e . Produit d’un coquillage
que Réaumur appelle ver à fo ie de mer.
Aucune matière n’a les propriétés de la fo ie à un
dégré auffi éminent $ elle provient d’une matière
animale , fluide , vifqueufè , qui étant filée, devient
fouple , réfiftante & fufceptible d’un tiiïii
quelconque. L a pinne-marine file fa fo ie prefque
auffi fin que celle du ver ; mais comme fon objet
eft de l’attacher au rocher, allez profondément
fous l’eau , à fin de fe mettre à l’abri du roulis 8c
d’être tranfportée par les vagues , il lui faut un
nombre confidérable de ces fils pour produire l’effet
du cable. Ces fils ne fçauroient fe dévider comme
ceux de la fo ie ; on ne peut la traiter que comme
de la bourre de fo i e , du fleuret, capiton, galette,
&c. auffi les bas & les gants de cette fo ie font-
ils velus , comme s’ils étoient foulés & garnis 5 ils
font fins, doux & chauds, à raifon de la filature &
des bons apprêts de la matière , qu’il faut,macérer
quelques jours dans un lieu humide pour l’amollir,
la dégager du fel marin dont elle eft imprégnée, &
des autres ordures qui y font attachées, & lui rendre
par ce moyen la flexibilité & l’extrême douceur
dont elle eft fufceptible.
L e coquillage qui produit cette fo ie ne fe trouve
guères que fur les côtes d’Italie & dans la mer des
Indes ; il faut la fo ie d’un nombre confidérable de
ces individus, pour une feule paire de bas, ce qui
détruit l’affertion de quelques perfonnes qui pré-
tendoient que les anciens en faifoient des habits
complets j & celle de M. de Bomare , qui dit
qu’on voit « à Tarente & à Palerme quantité de
» manufactures occupées à mettre en oeuvre les fils
» de ces teftacées, » tandis qu’o.n n'a pu trouver à
Palerme , ni dans aucun lieu de la Sicile , une feule
perfônne qui s’en occupât.
La moule de mer, pour le même ufage , produit
une fo ie également de couleur brune, & du même
genre que celle de la pinne-marine, mais plus
courte & plus groflière , & qui ne fçauroic être
manufacturée.
Commerce des fo ie s .
Une des diftinCtions efientielles de la fo ie eft
celle du pays d’où elle provient, par la railon que
le fol & le climat influent fur cette production, comme
fur les antres. L ’Europe & l’Âfie font les deux
parties du monde auxquelles les manufactures de
ce genre font redevables de cette matière première.
De l’Europe & de l’Afie il ne faut compter des
Etats du grand Seigneur, que ceux qui dans l’une
& l’autre partie avoifinent' la Méditerranée ; la
Perfe , l’Inde , la Chine & le Japon j la Sicile ,
l’Italie, la France & l’Efpagne; & encore de ces dif-
férens états,, ne faut-il compter qu’une très petite
partie du vafte empire des Turcs, & la moindre
partie de la Sicile $ il faut -auffi fouftraire de l’Italie
toutes les plages fur les deux mers , & prefque tout
le royaume de Naples , excepté la Calabre 5 la
campagne de Rome , les marêmes de Sienne, les
fables humides & fétides de Livourne, Pife & Luc-
ques,les demi-hauteurs jufqu’aufommet des Apennins
, où l’on ne cultive point le mûrier , & même
les fertiles plaines de la Lombardie ,où on le cultivé
très-peu.
Ce ne font guères que le Piémont en général,
les côteaux du Milanez & des états Vénitiens, Parme
& Modene, la Romagne & la Marche d’Ancône ,
la Calabre 8c quelques cantons de la Tofcàne & du
pays Lucquois, qui méritent d’être comptés pour
ce-genre de production & pour le commerce qui
en réfulte. Mais le Piémont en fournit une fi grande
abondance qu’il eft pour nous ce qu’eft le Milanez
pour la Suiffe , l’Allemagne &c.; le principal lieu
de leur approvifionnemenc , le magafin de leurs fabriques.’
En Efpagne , les royaumes de Valence 8c
de Grenade & quelques parties de ceux qui les avoifinent
font à peu-près les feuls endroits où l’on récolte
de la fo ie . A l ’égard de la France , excepté
la Provence , le Languedoc , quelques parties du
Dauphiné, du Vivarais 8c quelques endroits de la
Touraine, le relie de Éès fo ies ne fait pas plus de
fenfation dans l’enfemble de celles de France, que les
fo ie s de Berlin, celles de la Suede & de par - tout
ailleurs dans l’Europe , n’en font fur l’enfemble de
celles de cette partie du monde. Nous traiterons ci-
après du commerce des fo ie s de ces différens pays ,
8c nous allons commencer par celui de France.
Soies de France,
Il n’y a guerre, en France ÿ comme on vient de le
dire, que les provinces les plus méridionales , qui
s’occupent du travail de la fo ie , où l’on plante des
mûriers, & où l’on nourriffe les vers qui la produifentj
les dames mêmes des principales villes de ces provinces
ne rougiflent pas d’en faire pour elles en particulier
une efpece de commerce , & après en avoir
échauffé la graine qu’elles portent dans leur fein ,
on les voit manier ces infe&es & ces vers nâiffans,
8c leur donner à manger de leurs mains jufques à