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toiles damaflees dites de chafle, & une très grande
quantité de linge de table.
I l Ce confomme beaucoup de ces toiles dans la
province même 8c dans le royaume, en Flandres,
dans quelques cantons de l’Allemagne , en Efpagne
& dans nos Colonies ; mais leur principale deftina-
tion eft pour l’Amérique efpagnole , qui en acheté
la plus grande partie. Pour donner une idée de
l’importance des manufactures de la Province de
Normandie, il nous fuffira de dire qu’avant la dernière
guerre, on n’a pas fabriqué dans- la généralité
de Rouen, année commune , moins de quatre
à cinq cents mille pièces de toiles 8c de toileries,
qui ont du être évaluées fortant des mains du fabricant
, à 40 ou ço millions ; & fi l ’on ajoute à
cela les apprêts , blanchimens , teintures , impref-
fions 8c les bénéfices des marchands on doit l'entir
que ce commerce feul doit faire entrer le double
au moins dè cette fournie dans la province.
Il le fait en Hainaultparticulièrement a Valenciennes
, quantité de toiles de lin fort fines
que l’on appelle B â t i fie 8c Linon. Vo y e\ Batiste
& L inon.
A Arras , à Bapaume 8c en quelques autres endroits
du pays d’Artois , il fe fait aufli des batiftes
& linons.
Il fe fait à'Cambray des toiles de lin femblables
à.celles de Valenciennes.
St. Quentin 8c les environs de cette ville fabriquent
une forte de toile de lin grisâtre, que
l’on nomme communément à Paris , toile d'ortie ,
laquelle n’efb autre chofe qu’une batifte.écrue j ne
fe faifant plus guères en France de toiles avec le
fil qu’on peut tirer de l’ortie.
Les pièces de toile d'ortie , font de douze à
quatorze aunes de long fur deux tiers de large
mefure de Paris. On s’en fert pour l’ ordinaire à'
faire des veftes , des doublures de jufte-au-corps,
& des jupons pour l’été. Elles font envoyées des
lieux où elles fe font par petits paquets quarrés
d’une piece chacun, de même que les batiftes
blanches.
A Beauvais , à Compiegne, â Bulle, & aux
environs de ces lieux, il' fe fabrique une efpece
de toile'de lin fine , que l’on appelle demi-Hollande,
On fabrique auffi à Beauvais & autour de cette
v ille , une autre forte de toile de lin fine , â laquelle
lfofi. donne ordinairement le nom de Truf-
fe t t e demi hollande.
Beauvais- fournit encore quelques toiles que l ’on
appelle P la t ille . Voye% P l a t il l e .
A Vervins , Perùnne , Noyon , St. Quentin,.
le en quelques autres endroits des environs de ces
villes, il fe manufacture des toiles ap p e llé e sü -
nons & Batiftes.
I l fe fait auffi â Peronne une- autre efpece de
toile qui fe nomme Cambray ou Cambre fine*
V o y * Cam e s a y *
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Il vient encore de Picardie quelques toiles ou
lin ge ouvré. F~oye$ L in g e .
La Picardie fournit encore, particulièrement
les environs d’Abbeville 8c d’Amiens, quantité de
grofles toiles d’étoupe de chanvre , que l’on appelle
toiles tVemballages , parce qu’elles fervent
ordinairement â emballer des marchandifes.
Il fe fabrique, encore dans les mêmes endroits
de grofles toiles— détoupes de chanvre , plus
fortes & plus ferrées que les précédentes, que
l’on-nomme toiles à fa c s , à caufe qu’elles s’em-
ployent communément à faire des facs pour mettre
le blé , la farine, 8cc.
; Il fe blanchit à Senlis , petite ville du duché
de Valois, quantité de toiles de L a v a l , qui fe
débitent fous le nom de toiles de Senlis*
Il fe fabrique à Beaufort en Anjou & aux environs
de cette ville , quantité de toiles de chanvre*
Ces fortes de toiles qui fe vendent à Faune couvrante
,. fout de différentes qualités ’, y en ayant dè
grofles , de moyennes & de plus fines. Les Ro-
chelois en tirent beaucoup en écruq 8c il s’en envoyé
quantité- de blanches dans les Ifles françoifes
de l’Amérique,. dont le . blanchiment fe fait ordinairement
à Doué , autre ville d’Anjou. Les
plus fines de ces toiles fervent à faire des draps,
des chemifes, 8c pour cÇ qui eft des autres, elles
s’employent en petites voiles- de navire , & pour
des emballages.
A Cholet il fé fait des toiles de lin écrites r
les une bifes 8c unies, 8c les autres rayées de différentes
couleurs. Il y eu a de fines, dê moyennes-
8c de grofles. On fe fert de ces fortes^ de toiles
pour faire des veftes* 8c des doublures d’été pour
habits d’hommes 8c. des robes de chambre pour
femmes. .
Il fe fait encore â-Cholet unë autre efpece de
toile de lin très blanche , à laquelle l’oiv donne
le nom de P la t ille .
Il fe manufacture à Château-Gantier certaines
fortes de toiles de lin écrites.
Ces fortes de toiles qui s’employent ordinairement
en linge de corps , s’envoyène en plufieurs
endroits du Royaume, particulièrement dans la.
Guyenne 8c dans le Limoufin. Ce font les mar-
' chands de Bordeaux 8c de- Limoges , qui en ti-
. rent le plus. ’
II fe fabrique en Bretagne beaucoup de toiles de
chanvre écrites, particulièrement deftinées à faire
des voiles de vaifléaux-, navires & bâtimens de
mer, qui prennent la pliîpart leurs noms des
endroits où elles fé’ manufacturent. V . N o y a l l e ,
P e r t e , L ccrenan , P o l l ed a v y & P e t it e
O eone , ce font les divers noms qu’on leur
donne. |
On fait encore dans b même province une efpece
dè toile de lin blanche, appellée Clijfon,
du lieu où elle fe fabrique , dont on fe fert a
faire des chemifes & autres fortes de lingeries*
JToy* C u s so n .,
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A Quintin 8c en quelques endroits des environs
de cette petite v ille , dont les principaux
font Coudiac & Moncontour j il fe manufacture
beaucoup de toiles de lin. Ces fortes de toiles qui
fe vendent en écru dans le marché de Quintin ,
8c fe coupent par petites pièces d’environ fix à
fept aunes de Paris, qu’on fait enfùjte blanchir
fur les lieux, font de différentes qualités, y en
ayantsde grofles, de moyennes 8c de fines. On
leur donne le nom de Quintin ou de Quinte ,
parce que c’eft â Quintin où la fabrique en a
commencé, 8c où elles font toutes portées au
marché.
Les plus fines de ces toiles qui font très claires,
& qu’on appelle à caufe de cela M i- fils , ont
quelque rapport pour la qualité, quoique moins
eftimées , aux -'toiles nommées Cambray. Voyez
C a m b r a y .
A l’égard des autres toiles de Quintin , on s’en
fert à faire des chemifes , des mouchoirs, 8cc.
Outre la grande confommation qui fe fait de
ces efpeces de toiles dans toute la Bretagne, 8c
dans plufieurs autres provinces de France , il s’en
fait aufli des envois confidérables dans les pays
etrangers, particulièrement en Efpagne , 8c dans
les Ifles françoifes de l’Amérique.
I l ’fe fait encore à Quintin 8c autour de cette
ville, une forte de toile de lin bleuâtre, extrêmement
gommée 8c fort claire, que l’on appelle
ordinairement toile à tamis ou à fia s, à caufe
que 1 on s’en fert à tamifer ou à fafler les chofes
que l’on veut réduire en poudre fine.
A Pontivy 8c aux environs, il fe fabrique quantité
de toiles de lin de différentes qualités, les
unes fines, les autres moyennes, 8c d’autres plus
fortes 8c plus grofles. Elles s’employent â faire
des chemifes 8c d’autres fortes de lingeries. Il s’en
envoyé beaucoup en Efpagne 8c dans les Ifles françoifes
de l’Amérique. Il s’en fait aufli une allez
grande confommation en France , particulièrement
dans la province de Bretagne.
Dans les fauxbourgs de Nantes il fe fabrique
beaucoup de toiles, auxquelles l’on donne le nom
de toiles nantoifes. Ces fortes de toiles font pour
1 ordinaire faites de fil de lin demi-blanc.
Les^ toiles nantoifes, font ou grofles ou moyennes!
On s en fert à faire des chemifes, des draps., 8cc. I
L a plus grande partie s’envoye dans les ifles de l’A-
merjque , 8c le refte fe confomme dans le pays.
Morlaix 8c fes enviions, qui font Rofcoff, Saint
raul de Léon , Guingamps , 8ce. foumiffent quantité^
de toiles qui fe font avec, du fil de lin, qui
a ete blanchi dans le pays avant que d’être mis en
oeuvre. Outre les Bretagnes proprement dites,
on en compte de quatre fortes , qui quoique fabriquées
en ces divers lieux , font toutes débitées
feus le titre de toiles de Morlaix. Elles
ont neanmoins des noms particuliers , pour les
oilnnguer les unes des autres j les premières étant
appellées Crés large de trois quarts j les fécondés,
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! Crés communes ; les troifiemes, Crés Graciennes ;
] Sc les dernieres, Crés Rofconnes.
Les crés larges de trois quarts, font les plus
fines de toutes, aufli les employe-t-on ordinairement
d faire de belles chemifes 8c des ferviettes.
Leur deftination la plus ordinaire eft pour l’Efo
pagne , d’où il s’en envoyé beaucoup dans les
Indes.
Les crés communes font moins fines que les
crés larges, mais plus fînès que les Rofconnes.
Elles font envoyées en quantité en Efpagne. Les
Anglois en tiroient autrefois afl'ez confidérablement
en tems de paix. Leur 'ufage eft pour faire des
chemifes 8c d’autres fortes dè lingeries.
' Les crés Graciennes, font beaucoup plus grofles
que les précédentes. On s’en fert a faire des fer-
vie ttes 8c des chemifes pour le commun. L ’E f pagne
8c l’Angleterre, font les pays propres pour
faire le débit de ces fortes de toiles.
A Guingamps 8c aux environs, il fe fabrique
des toiles toutes femblables en qualité 8c en largeur
aux crés Graciennes, ce qui fait qu’on leur
donne aufli le même nom.
Les crés Rofconnes' font de beaucoup plus
fines que les Graciennes. Leur ufage le plus ordinaire
eft pour faire des chemifes, 8c leur defti-
nation eft prefque toute pour PEfpagne.
Outre les quatre efpeces de toiles, dont il vient
d’être parlé, il s’en fabrique ehcore à Morlaix,
8c aux environs, auxquelles l’on donne Amplement
le nom d étoiles de Mo rlaix. Ces fortes de toiles ,
qui fe fabriquent toutes de fil de lin écru, fe
blanchifient fur le pré autour de Morlaix. Elles
fe confomment prefque toutes dans le Royaume,
particulièrement en Bretagne, 8c dans les provinces
qui en font voifines. O11 eftime beaucoup
ces efpeces de to ile s , étant d’un meilleur ufé que
celles dont le fil a été blanchi avant que d’être
travaillé fur le métier. Il s’en fait de fines , de
moyennes 8c de grofles » qui s’employent en draps,
nappes , ferviettes, chemifes, 8cc.
A Dinan 8c aux environs de cette ville il fe fait
certaines efpeces de toiles que l’on appelle Grands
ou- Hauts b rin s , 8c toiles de halle ajjbrties.
Il fe manufa&ure à Fougères, à Vitray 8c au>-
tour de ces lieux , des toiles très fines.
A Laval 8c dans les lieux circonvoifins , il fe
fabrique quantité de toiles de l in , les unes fines,
les autres moyennes , 8c les autres plus grofles.
Ces fortes de toiles en écru fervent à faire des
veftes 8c des doublures de jufte-au-corps 8c de
jupes.
Les Troyens tirent quantité de ces toiles en
écru, qu’ils • font blanchir , 8c qu’ils coupent par
pièces de quinze à vingt aunes,.dont les plus fines
fe plient en bâtons ou rouleaux , que l’on enveloppe
de papier brun de même que les demi-
Hoîlandes , 8c les autres fe plient en p la t, 8c s’enveloppent
d’une forte de gros papier gris qu’on
appelle p a p ie r à patron. Les toiles de L a v a l
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