
Au refte, de toutes les nations, étrangères, Ia
nation Angloife eft la plus favorifëe par le gouvernement
, cette nation étant la feule en Europe qui
ait un traité particulier de commerce avec la Rnffîe :
ce traité fut % n é , pour la première fois , fous le
régne de la reine Elifabeth ; depuis, il a été renouvelle
régulièrement à chaque expiration de terme,
& récemment en 17 66, entre Catherine II , &
George I I I , pour l’efpace de vingt ans. Nous allons
en extraire les principales claufes qui diftïnguent
les Anglois des autres étrangers qui commercent
en Ruffie.
} °. L e premier avantage des A n g lo is , eft d’a-
voii par ce traité un rapport politique établi avec
1 empire de R u jjie : c eft (111 titre, une fauvegarde,
tant pour les affaires civiles , que pour celles de
commerce. Ils ont par-la le droit de réclamer contre
toute infraction quelconque du traité , & d’lnté refter
le gouvernement au redreflèment de leurs griefs.
i ° . Les A nglois de Peterjbourg ne font ( par
1 art. 6 ) justiciables que du collège de commerce ,
au lien que les autres commerçans étrangers font
obligés, de plaider, devant le magiftrat en première
inftance , ce qui fait tramer les affaires en longueur
& augmente .confidérablement les frais.
30. Les Anglois ne font pas obligés de payer l'es
droits d entrée 8c de foxtie eu rixdales de Hollande ;
ils ont le privilège (par l'art.y ) de les acquitter
en monnoie courante de R u jjie_
Il faut remarquer qu’a la dernière époque du
renouvellement de leur traité. * l’ufage de payer les
droits de la douane en monnoie. de R u jjie , étoit
commun- ito u s les négocians étrangers, conformement
au tarif de 17-66.. Mais, par une ordonnance
de 1771 , il fut enjoint d’acquitter la moitié
du montant- de ces droits en rixdales de Hollande ,
en confervant feulement aux Anglois•, en vertu de
leur traité,, 1’ëxercice de l'ancien ufàge.
. Pour Ce qui eft des négocians Mofcovites ,.le nombre
en eft petit ; & quoiqu'ils aient une grande aptitude
au trafic de détail.,.ils iront aucune idée du commerce
en grand; ils font propriétaires d’une vingtaine
de navires du pórt d'environ ioolafts , qu'ils chargent
ordinairement pour leur compte pour les ports-
de trance & de-Hollande. Comme ils font dans la
néceflîté d'entretenir les équipages de ces navires,
pendant le cours de-l’année, il eft difficile d’apprêt
cie r avec exactitude ce-'que leur coûte le fret. A
en juger cependant par les frais détaillés , il leur
reyient un peu plus cher qu’aux Hollandois & aux
autres nations; mais ils font amplement dédommag
é par les privilèges qui leur font accordés par
les ukafes de Pierre I er. , & de la czarine Anne.
Ces privilèges confiftenr en ce que toutes les fois
qu il eft conftaté que la cargaifbn du navire leur
appartient, ils ne paient que le quart des droits
de^fottie, & les trois quarts des droits d’entrée , &
quau lieu de 1 1 5 copecks de douane , que tous les.
étrangers paient pour chaque rixdale, on n’en exige
d’eux ^ue 90.
Indépendamment des navires qu’ entretiennent les
négocians nationaux, à .y. Peterjbourg, pour faire
le commerce en pays étrangers, ils en ont un grand
nombre d autres de diverfes grandeurs, tant pour
le cabotage entre S . Peterjbourg & les autres ports
fur la mer Baltique, que pour fervir d’allège aux
navires étrangers qui, ne pouvant monter à S .
Psterjbourg , font obligés de recevoir leurs char—
gemens a Cronftadc, parce qu’ils tirent plus d’eau.’
que la Newa n’a de profondeur. On compte jufqu’à
deux cents de ces bâtimens fervant d?allège, & ceux
qui font le cabotage d’un port à l’autre de R u jjie ,
font au nombre de cent au moins.
T e l eft l’état véritable de la marine marchande
en ce vafte pays ; combien de ports des états méridionaux
en ont a eux feuls une plus, grande ! 11
eft aifé d’en conclure que prefque tout le commerce
maritime eft entre les mains des étrangers : les An—
' ^ÊS ■ ^°^an<^°^s j Ies François , les Suédois ,.
les Hambourgeois, les Lubeckois & d’autres peu*
^ples fè le partagent, mais en portions inégales.
Les Anglois en pofïedentlaplus grande. En 1749
le montant des marchandées exportées de S . Pe~
tersbaurg , fut de 3 ,18 4 ,3 11 roubles, & celui des-
■ marchandées importées, fut de 1,5)4 1,141 roubles.
Les Anglois feuls en exportèrent pour 2,145 ,573
roubles ,. & y en portèrent pour ,r,pi 1,205» roubles-
En 1755 Ie total de l’importation'-monta , à S . P e—
tersbourgy à 3 ,3 11,3 7 5 roubles , & celui de l’exportation
à 4,550,060 roubles. En 1755? on vendit
pour l ’étranger 3uS. Petersbourg y pour 3,530,614
roubles , & en 1760 , pour 3,124,352 roubles.
Depuis vingt-ans le commerce de cette ville s’eftt
accru confidérablement.
Voici la balance de l’année 1 7 7 4 , 'faite par une
perfonne fort intelligence , qui , après avoir été-
employée long temps à la douane de S .'P e t e r s -
bourg , s’eft retirée en France , d'où elle a bien?:
voulu nous communiquer l'état fuivant du c.ona-
merce de cette ville en ladite année.
note iet fouîmes des productions de Mofcovîe exportées de S t. P e te rsb o u rg en 1774 et de celle* des marchandifes
entrées dans le meme port ; avec le nombre des navires de chaque nation ç a y font venus la mçms annce.
Roms des nations j Sommes
Exporté
des
11
marchandifes ,
Importées.
R ombre dés navires
de diverfes nations.
Roubles. Cop. . Roubles. Cop.
Sujets Russes , p o u r , . . . • • 1269270 24 •3318612 77 47
5x40039 z . 2349914 95 1 -50702*1 .80 ■ -629978 *7 m 1 *4 Lubeckois 499*37 .15, 486774 67 ' ■ 38
'Rostockois j , . • « • « * « • 94.5-50 3-3 4I f 73 -65' - 39;
Danois 9052 57, . Si 43 61
Hambourgeois, . ». • . • • • . ■ 204.11.8. 62 381Ó57 .62 4 François , . « » • • • • • • 346321 225157 Suédois • . * • 12471 85
S uisses 8495 S à 1 62428 Ï 3 H “ (
Saxons 4697 23 - . 8S342 :s>6 D tc j
Italiens, 197429 .62 ; -.105665 32 /.) ce-
Jlllemands 2205 J 84 . 194608 c90 - 9,
Prussiens H I3 8 7 60 122687 | B *4 Efpagnols, • • • • 99432 20 129469 I7 10
Arméniens y
« • • » * • • • « 30074 84 - cc ,
Passagers dé diverfes nations, . . ‘ 544794 91 ■ 449294 .50 ta
Capitaines de navires, « • « « 28 4 II 3 195635 ‘62 “
9086215 44 8829591 Ï 7 if* 729 navires.
Ajoute^ .pour d ro its de fo rtie , « « 849319 56 Déduife\ pour d ro its d e n tr é e , • • * S V, * • 1214101
. . . 7615489 45 Balance en faveur de St. Petersbourg, . . . • « 2320045 55: “
Balance;, 9936535 . . 9935535 . .
Nous obferverons, touchant cette note , que dans le nombre des navires Efpagnplsqui entrèrent en 17 74
dans le port de S . P eterjbourg, fe trouve compris un feul navire Portugais , dont le chargement d'allée
étoit en plus grande partie compofé de vins, ainfi que les chargemens des navires Efpagnols. Ces deux
nations,fans avoir fait aucun traité de commerce avec la Ruffie , ont obtenu de la fouveraine, actuellement
régnante , une faveur infigne relativement au paiement des droits d’entrée des vins de leur propre crû , importés
fous leurs pavillons refpeCtifs. Voici comment s’exprime à cet égard , le tarif Rufle de l ’année 1766,
P in s <£A lican te , de Canaries, de Xérès , de M a la g a , de Madère & autres
vin s quelconques d ’Efpa gne & de P o r t u g a l , importés directement & pour le
compte ainji que p a r des navires appartenants aux fu je ts naturels de ces deux
royaumes , la barique, ou demi-pipe contenant 6 ancres , . . . . . . . . , R°. ^ yo Cop.
Memes vins pour compte étrangerpu n arrivant p a s directement df Efpa gne ou de
P o rtu g a l, ou étant chargés fu r des navires de quelqu’autre nation, la même banque. 22 50 Cop.
Cette faveur a engagé les deux nations dont nous venons de parler , à faire diverfes expéditions qui
leur «ont aflez bien réuffi. Les Efpagnols en'ont fait le plus grand nombre : dans les dix à onze dernières
années qui ont précédé la guerre entre l’Angleterre & la maifon de Bourbon , il a été expédié
d’Efpagne pour la R ujjie au moins 10,000 tonneaux de vin.
Les François ne font pas à beaucoup près auffi favorifés' en Rujjie ; leurs marchandifes paient de
gros droits d’entrée : par exemple ;
Les vins de Champagne & de Bourgogne b la n c s , la b a n q u e , • « • . , Ro.
D it s , de Bourgogne rouge , Hermitage & côte-rrôtie, dite , . .......................
D it s , <£Orléans, St. Leon , C a fliile , Château-Margot, L a jite , L a to u r , la
Mijjîon , Pontac , Haut-Brion , Haut-'Margot, Roquemore, Frontignan , P icardon
& M u fca t, la barique de 240 bouteilles ...........................
P in s ordinaires de F ran c e , venus directement de ce royaume 4 la b a n q u e ,
dont 4 fo n t un tonneau
Mêmes vins venus d’ailleurs que de France , la barique y .................................
M 4 nu
1 2-0 un
3 9 15 Cop.
15 66
i 3 n/r
Malgré cela, le commerce que les François font à S . Petersbourg, leur eft avantageux. Ils y vend en?
très-bien les marchandifes de mode, les fruits & les autres articles qu’ils y portent. Il eft pourtant vrai
que ce commerce a été beaucoup plus étendu & plus lucratif qu’il ne l’çft aujourd’hui.
Pour plus ample intelligence de ce qui concerne le commerce de S . Petersbourg, nous faifons fuivre
i c i , premièrement un état des marchandifes qui ont été exportées de S . Petersbourg, l’année dernière
( i 77 9) & enfuite deux prix courarrs , P un des productions de R u jjie , & l’autre des articles d’importation
propres pour cet empire'; on verra dans l’un & l’autre, les droits dé forcie & d’entrée de chaque
marchaadife , aiaû que les frais, tant d’embarquement que de débarquement.
Oo ij