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celles du #rd du p ay s , & celles que les Hollanddîs
tirent eux-mêmes d’Allemagne , de Poméranie , de
Dantzik , de la Prulïè, Brunfv/ic , Paterborn , &c.
On les fait ordinairement peigner & filer en Flandres
, & elles s’emploient pour la plupart à faire
des bas au métier très-fins. On en fait aufli entrer
dans la.fabrique des beaux draps.
Laines d’Angleterre, d’Ecoffe & iVIrlande.
Les Anglois ont toujours été fort jaloux de leurs
laines ; mais fur-tout leur jaloufîe s’eft fi fort augmentée
depuis le milieu du dix-feptiéme fîécle ,
qu’il y va de la vie d’en faire aucun commerce avec
les étrangers.
Quoique les laines d’Ecoffe 8c d’Irlande paf-
fent pour laines d’Angleterre , celles-ci l’emportent
cependant ae beaucoup fur les deux autres >
foit pour la bonté , foit pour la fineffe. Quelques-uns
ne laiffent pas pourtant d’eftimer les laines
d’Irlande les plus belles.
L a laine d?Angleterre la plus belle vient de
Cantorbery. On la tire ou fans être peignée ou
toute peignée, c’eft-à-dire , toute prête à être filée.
On s’en fert en France dans la fabrique des plus
beaux draps & des autres étoffes de laine les plus
fines; & les manufacturiers ont pouffé fi loin l’imitation
de ceux d’Angleterre, que les Anglois eux-
mêmes y font trompés ; 8c qu’il n’y a plus que
la prévention & l’entêtement commun à tous les
peuples pour ce qui vient de dehors , qui puiffent
faire préférer les fabriques étrangères a celles du
royaume.
Il Ce confomme aufli beaucoup de laines dlAngleterre
pour les tapifferies, foit de haute-liffe , ou
de baffe-üffe, foit à l ’aiguille & fur le canevas,
particulièrement pour les blancs & lès couleurs de
feu ; & ce font çes laines qu’on appelle laines des
Go belin s, parce qu’elles y font teintes par ces
habiles teinturiers , qui depuis plus d’ün demi-fiécle
y font établis, & s’y font rendus fi célèbres par
leurs admirables teintures, qui ne cèdent pas même
à celles de Hollande.
Une autre confommation confidérable des laines
d'Angleterre fe fait en bas au métier, qu’on appelle
bas de bouchon, du nom de ces fortes de
laines qu’on apporte, en France pliées & contournées
en forme d’efpèee de bouchons affez fembla-
bles à ceux de paille dont on fe fert à frotter les
chevaux , & à abbatre leur fueur. Cette laine eCt
très-longue & très-fine. Elle vient toute peignée
d'Angleterre.
Pour les laines d’Ecoffe 8c d'Irlande , étant
prefque femblables_à celles d’Angleterre , elles font
deftinées à peu près aux mêmes ufages ; hors qu’étant
moins'fines & plus communes , les étoffes
qu’on en fabrique ne font pas fi eftimées ni d’un fi
bon débit. L a plupart de ces laines fe tirent toutes
peignée?, §c j(e fijeut précairement en Picardie.»
L A I
Laines d'Allemagne & du fiords
Outre toutes ces différentes laines dont on vient
de parler, & qui font les, plus fines 8c les meilleures
de celles que les pays étrangers fourniflent a la
France ; il s’en tire encore une grande quantité de
l’Allemagne & du Nord, q u i, quoique d une qualité
inférieure, s’emploient heureufement dans beaucoup
d’étoffes & d’autres ouvrages.
On leur donne ordinairement le nom des heu*
d’où elles viennent ; comme laines de Roftoc, de
Gripfw', deStralfunt, d’Anclam, de Stetin , de
Thoorn , de Dantzik, &c. Elles ne laiffent pas
quelquefois d’avoir des-noms qui leur font propres ;
mais l’on ajoute toujours celui des royaumes, é talon
villes d’où on les envoie ; comme bluette du.
Rhin , laine d’été de Pologne, laine de brunyere
du Rhin, de Wifmar.t ; p lu r e de Mulhaufen, da
Wifinart , du Rhin; fine-grife , Tdfie., &c.
Il fe fait aufli un grand commerce des laip.es de,
Lorraine , où la récolte en eft abondante; a caille
de la quantité extraordinaire de brebis & de mou-,
tons qui s’y nolirriffent. La meilleure partie de ces
laines s’envoie à Liège 8c en Champagne,
Laines du Levant.
L ’on a encore les laines du L e v a n t , comme les.
pelades fines & communes \ les trefquilles ou purges
, les bâtardes, les ipjo la 8c Vejlain de Coni-
tantinople;des laines furgcs d’Alep, d’Alexandrie,
de Chypre; les bâtardes noires d’Alep ; les\ laines
de chevrons noires de. Smyrne 8c de Perle ; les
chevrons roux & blancs, fins & communs de Smyrne,
de Satalie; enfin les mattelins 8c les laines de la
Morée 8c de Barbarie.
L ’on compte aufli les bourres parmi les laines ;
c’eft-à-dire, ce qui tombe fous la claye. lorfquoa
bat la laine ,• mais elles font de fi mauvaife qualité ,
qu’elles ne peuvent fervir qu’aux étoffes les plus
groflières, comme font les draps de Seza^ne
autres fçmblabjes.
Laines cCagnelins.
Enfin il vient des agnelins oU' laines provenantes
des agneaux & jeunes moutons, de tous les
lieux tant du royaume que des pays étrangers donc
il eft parlé dans cet article. Ce font les bouchers
8c rotiffeurs qui en font les abbatis.
Les agnelins qui viennent d’Efpagne fe difatiguent
par les noms fuivans : laines d'agnelins
lavées de Ségovie , fo r Ségovie , Segovie non lavée
, fo r de Moline, de Caftille, d’Albarafin & de
Navarre, x .
Les autres prennent les noms des lieux d ou an
les tire, comme agnelins de Pologne , de Thoorn,
&c. L a laine d'agnelin eft de très-mauvaife .qualité
, & comme telle ? il çft défendu de 1 employer
' •
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dans la fabrique des étoffes de laine , n’étant per-
oeife que dans celle des chapeaux.
L aine de Vigogne. C’eft une laine qui n’eft
connue en Europe que depuis la découverte de
l’Amérique. L ’animal qui la porte fe trouve dans le
Pérou.
L aine d’autruche. Ce qu’on nomme de la lorte,
n’eft pas une laine provenant de la tonture des toi-
lons des brebis & moutons, mais la laine ou p lo c
d'autruche , c’eft-à-dire, le duvet ou poil de cet
oileau. Voye-^ autruche.
L aine basse ou basse laine. C’eft la plus
courte & la plus fine laine qui foit dans la toifon
du mouton ou de la brebis : elle provient du colet
de l’animal qu’on a tondu. Plufieurs lui donnent le
nom àc f in , à caufe de la grande finelïè. Cette forte
de Vaine étant filée , fert pour l’ordinaire à faire la
trame des tapifferies de haute 8c baffe - liffe , des
draps, des ratines de plufieurs autres fembla-
bles étoffes fines ; ce qui fait qu’un grand nombre
d’ouvriers & de manufacturiers l’appellent laine-
trame »
C’eft de cette elpèce de laine dont les ouvriers
en bas au métier & au tricot fe fervent pour fabriquer
les ouvrages de bonneterie qu’ils deftinent
pour être drapés. Les Eljpagnols & les Portugais
lui donnent le nom de p r im e , qui fignifiepremière.
Ainfi l’on dit, la prime Segovie, pour dire , la
laine de Ségovie de la première qualité.
L aine cardée. C’eft de la laine qui après avoir
été dégraiffée, lavée , fechée, battue fur la claye,
épluchée & arrofée d’huile , a paffé par les mains
des cardeurs , qui l’ont tirée fur le genouil avec des
cardes , afin de la dilpofer/ à être filée pour en fabriquer
des tapifferies , des étoffes , des bas , des
couvertures, &c. La laine cardée qui n’a point
été arrofée d’huile ni filée, s’emploie à garnir des
robes de chambre & courte-pointes , à faire des
matelas, &c. T^oye-[ carde & carueur.
L aine crue. C’eft la laine qui n’eft point apprêtée.
L aine cuisse. C’eft la laine qui le coupe entre
les cuiftès des moutons.
L aine en suif. C’eft la même choie que laine en
Ju in .
L aine en suin, ou laine grasse, qvie quelques
uns appellent aufli laine' surge. C’eft de la
laine telle qu’elle a été tondue ou coupée de deffus
le corps des moutons 8c brebis, c’eft-à-dire, qui n’a
point encore été lavée ni dégraiffée.
L e fuin ou la graiffe qui fe tire des la in e s , &
que ceux qui les lavent ont foin de .ramaffer dans
de petits barils , eft envoyée aux marchands épiciers •
droguiftes , qui lui donnent le nom d’oefipe.
L aine filée. C’eft la laine qu’on appelle ordinairement
f i l de fa ye tte.
L aine fine , ou haute laïni. C’eft la meilleure
de toutes les laines , & le triage de la me relaine.
Commerce. Tome I I I . P a r t . J .
L aine frontière. C’eft la laine_ filée d’Abbeville
, de la moindre qualité.
Laine haute , que l’on nomme aufli laine
chaisne , ou laine estaim. C’eft la laine longue
8c groflière qu’on tire des cuiffes, des jambes, &
de la queue des moutons 8$. brebis. L a laine haute
ayant été peignée & filée, fe nomme f i l d'étaim.
C’eft de ce fil dont on fait les chaînes des tapifïerie-s
de haute 8c baffe-liffe , & de plufieurs fortes d’étoffes
, même les ouvrages de bonneterie tant au
métier qu’au tricot.
Laine moyenne , ou basse laine. C’eft ce qui
refte du premier triage de la mère-laine. Souvent
par baffe-laine l’on entend la laine la plus courte
& la meilleure de l’animal.
Laine de Moscovie. C’eft le duvet des caftors
qu’on tire fans gâter ni offenfer le grand poil. Il
faut beaucoup d’adreffe pour cela, 8c le fecret n’en
eft point encore connu en France.
L aine peignée. C’eft celle qu’on a fait palier
par les dents d’une forte de peigne ou grande carde,
pour la dilpofer à être filée. Plufieurs lui donnent
aufli le nom d’efiaim.
Lainer une tapisserie. C’eft dans la fabrique
des tapifferies de tontures 3e laines, couvrir de laine
hachée & réduite en pouflîère, l’ouvrage du peintre
ayant- que les couches en foient féches., ce qui
fe fait par le moyen d’un très petit tamis, que l’ouvrier
tient à la main. Voye£ tonture, où. i l eft
p a r lé de ces fortes de tapifferies.
LA IN ER IE . Qui eft de la in e , qui eft fabriqué
de laine. On dit, commiffaire ou infpeCteur dès
manufactures de draps & étoffes de lainerie.
L A IN EU X . Qui a beaucoup de laine ; ce qui
le dit des étoffés de lainerie qui font bien garnies
de laine. On le dit aufli des toifons qui n’ont pas
encore été tondues de deffus le dos des moutons.
Ces moutons font laineux : ces toifons font la i-
neu f es.
-----—~ j-.«xigcu£/ qu une et
ou une toile doit avoir entre les deux filières.
L e s laides ou largeurs des étoffes d’o r, d’argent
& de fo ie , ont été fix é e s p a r trois réglemen
de i 6 6 j , p o u r les v ille s de P a r is , Lyon &
Tours, arbitrairement, de la manière fu ivam e :
Les velours pleins, façonnés , ras, coupés, tirés
figurés, torts, moyens, petits, enfin de toutes for-
tes , auffi-bien que les pannes , les peluches , & I<*
g>ria ' > doivent avoir onze vingt-quatrièmes de là ire
c eft-a-dire, une demi-aune moins un vingt-quat' iéme
de large. ° »2 t "
Les draps d’or & d’argent fin, brocards, fatins
damas, tabis a fleurs , velours., toiles d’argent tant
pleines que figurées, doivent pareillement fe faire
de demi-aune moins un vingt-quatrième, de même
que tous les façonnés, comme luquoifes, damas
B