
L L A D
J 1 i Onzième lettre de l’alphabet. Cette'lettre, foit
majufçule ou initiale, foit petite ou courante, fert,à
plufieurs fortes d’abréviations pour la commodité des
perfonnes de commerce, qui font obligées de tenir
«les journaux , livres & regiftres. L . ST . lignifie
livres Jlerlin gs. L . de G . ou L G . veut dire livres
de gros. L . majtifcule bâtarde fe met pour livres
tournois , qui le marquent aufli par cette figure H.
Deux petites *b. liées de la forte font livres de
p o id s.
LA BD A N UM , que l’on nomme autrement, lap-
dabum. Sorte de graille. V^oyez ladanum.
LA B IZA . Efpèce d’ambre ou de fuccinum d’une
odeur agréable-, qui coule par incifion d’un arbre
qui croît dans la Caroline.
Cet ambre qui eft jaune comme le véritable fu c -
finum , fe durcit fi fort à l’a ir , qu’on en peut faire
«les bracelets & des colliers : aufli le nom de labi-^a
«jue les Indiens de cette partie de l’Amérique lui
donnent, fignifîe-t-il jo y a u ,• l’appellant ainn , parce
qu’ils ont coutume d’en faire- leur plus grande
parure. C’eft une des meilleures marchandifes que
l ’on traite avec eux.
Les Anglois mettent le labi^a au nombre des
gommes aromatiques & des parfums.
LA BO U R AG E . On appelle décharge & laboura
g e des vins , cidres & autres boilfons , la fortie
de ces fortes de liqueurs hors des bateaux dans lef-
quels elles font arrivées aux ports de la ville de
Paris. C’eft aux feuls maîtres tonneliers à qui il ap-
tient de faire ce labourage , à l’exclufion de tous
autres déchargeurs établis fur lefdits ports.
LA C E T . Morceau de cordonnet rond ou de
treffe plate fait de foie , de fleuret , ou de f il,
ferré par les deux bouts , qui fert à ferrer les corps
de jupe , les corfets , les chemifettes & autres vête-
çnens d’homriies ou de femmes : on s’en fert aufli â
jenfiler des papiers.
L e cordonnet ou la treffe dont les lacets font
formés, fe fabrique fur un boiffeau avec des fufeaux
par les maîtres ‘paflementiers-boutonniers ,* ou fur
le métier avec la navette par les tiffutiers-rubaniers.
L e cordonnet qui fe fait fur le métier fe nomme
cordon à la ratière. Les lacets font partie du négoce
des marchands' merciers & papetiers.
LA C IS . Ouvrage de fil ou de foie fait en forme
de filet , dont les femmes font des coeffures.
En France, on l’appelle plus ordinairement du
marly•
Il fignifie aufli quelquefois du capiton ou de p e tites
étoffes qui en font faites. Vo ye% lassis.
L A C K , L ACRE , ACRE , ou LA E S . Monnoie
.de compte de Suraue & des autres états du Mogol,
qui vaut cent mille ; un lacre de roupies vaut cent
mille roupies j c’eft à peu près comme ce qu’on
appelle une tonne d’or en Hollande & un million
en France, non pour la valeur, mais pour l’ufage
qu’on en fait dans les comptes. Un L ack de roupies
vaut cent mille roupies. Voye% la table des
MONNOÏES. L acre. L e tarif de France de 1664 appelle lacre
ou cire à cacheter, ce qu’on nomme plus commuer
nément cire d’EJpagne*•
LACS-D’AMOUR. Sorte de linge ouvré qui fe
fait en baffe Normandie , particulièrement à Caen 8c
aux environs.
LAD ANUM . Nom que l ’on donne à une forte
de plante qui eft une des deux efpeces de ciftus 9 >
qui produit l’hypociftis.
L adanum. Quelques-uns nomment aufli de la
forte ce qu’on appelle autrement labdanum 013
lapdanum. Il y a cependant bien de la différence
entre ces deux drogues.
L ’arbrifleau qui produit le ladanum, croit en
quantité dans lifte de Candie. ^
L e ladanum que cette plante produit, eft une
efpèce de' glu-odoriférante, ou comme une fueu-r
graffe qni fe trouve fur fes feuilles dans le temps
des plus grandes chaleurs 5 elle en fort en goûtes
luifantès, qui ne font pas moins claires que la
térébenthine.
L e ladanum le plus pur eft toujours mele de
quelques ordures, à caufe que la vifcofîté de cette
drogue arrête aifément la pouflière qui s élève l ° rl**
qu’il fait du vent : mais outre ce défaut naturel ■,
les payfans qui la recueillent la fofiftiquent aflea
ordinairement en la paîtrifîanr. avec un fablon noirâtre
& très-fin. On découvre la tromperie en mâchant
le ladanum , celui qui eft fofiftique craquant
fous les dents j on peut aufli le difloudre 8c
le filtrer. . . „ ■ _ _
C’eft aux environs de l’Efcare ( ville de 1 îlîe de
Chipre ) que fe recueille le plus fameux ladanum»
Cette drogue vient d’une rofee qui tombe fur les
feuilles d’une petite plante d’un demi-pied de haut ?
qui ne reffemble pas mal à là petite fauge.
Pour amaffer le ladanum , les payfans mettent
dès le matin leurs chèvres aux champs avant que
le foleil foit levé , afin qu’elles aillent brouter
cette herbe ; comme cette rofée eft gluante, elle
s’attache aifément à la barbe de ce.s animaux qu’on
leur coupe une fois tous les ans, 8c dont on tire
le ladanum en 'les faifant pafler fur le feu pour le
fondre : c’eft ce ladanum qu’on appelle landaç
num vierge , & que les droguiftes eftiment le meih*
leur. Il y en a une fécondé forte qu’on trouve auiS
hfTez beau ; c’eft celui qui s’attache â un petit toupet
de poil que les chèvres ont au-deffus de l’endroit
où leur corne fe fourche.
On recueille aufli le ladanum encore de deux
manières $ la première , en faifant pafler fur ces
plantes une groflè corde faite de poil de vacheS
dont deux hommes tiennent, chacun un bout j &
l ’autre , en attachant plufieurs petites cordes enfem-
ble à un bâton allez court , avec lefquellés on
frotte ces plantes tous les matins, tant qu’elles pa-
roiflent couvertes de rofée.
Ces deux manières de ramaffer le ladanum ne
donnent que le moins bon & le plus groflïer , parce
cpi’il s’y mêle beaucoup de fable.
L e ladanum eft noir , d’une odeur /orte & d’un
grand ufageen temps de pefte j-orf l’employe aufli
en divers médicamens pour d’autres maladies.
LADOG. Efpèce de hareng qui fe pêche dans
le lac de Ladoga en Mofcovie, d’où il a pris fon
nom. On le fale & on le caque â peu près comme
le hareng qui fe pêche dans l’Océan. Quoique le
commerce en foit confidérable , il ne peut pas néanmoins
fuffire pour la provifion des Mofcovites à
caufe de la multiplicité de leurs carêmes, ce qui
fait qu’ils en confomment aufli quantité de celui de
la pêche des Anglois & des Hpllandois.
LA G A . Sorte de fè v e rouge & noire qui croît
dans quelques endroits, des Indes ofiëntales, & qui
en plufieurs lieux fert de poids pour pefer l’or &
l’argent. Les Malays l’appellent conduri.
L A G A N . Ancien droit qui appartenoit aux fei-
gneurs fur les marchandifes & débris des vaiflèaux'
jéchoués ou fubraergés, que la mer jettoit fur les
cât-es.
Il y en avoit de deux fortes , le grand & le
petit lagan. L e grand lagan qu’on appelloit aufli
gros lagan , s’ entendoit de celui qui étoit au-defliis
de foixante f o l s l e petit de ce qui étoit au défions
de cette fomme.
C’eft préfèntement ce droit d’épave qui eft du au
foi , ou aux feigneurs pour les marchandifes &
autres effets naufragés qui fe trouvent fur les rivages
de la mer , & qui proviennent des bris, échou-
mens & jets en mer.
L A G I AS. Toiles peintes très-belles, qui fe fabriquent
& fe vendent au royaume de Pégu. Ces toiles
font fi eftimées, que par excellence on les appelle
la g ia s du roi. Les autres fortes de toiles qui fe
font dans ce royaume , & qui ne font guères moins
belles que les la g ia s , font les torpitis , les corpis
& les pintadis.
LA IN A G E , ou LA N A G E . Façon que l’on
donne aux draps & autres étoffes de lainerié, en
les tirant avec des chardons pour y faire venir le
poil.
L ainage. S’entend aufli du négoce qui fe fait des
laines., On dit, qu’un marchand fait un grand commerce
de la in a g e , pour dire qu’il achète & qu’il
yend quantité de toutes fortes de laines.
LA IN E . On nomme ainfi le poil des agneaux ?
beliers , moutons & brebis , qui de-là font appelles
bêtes à laine. Quand la laine n'eft encore que
telle qu’ellè a été tondue 8c coupée de deflus le
corps de l’animal, & qu’elle n’a point été féparée
ni triée fuivant fes différentes efpèces , on lui donne
le nom de toifon ; & c’eft en cet état que ceux qui
font le négoce des laines les achètent des labou-
j reurs & fermiers;
Chaque toifon eft compofée de plufieurs qualités
de laine qu’on a foin de trier 8c féparer fuivant
les différens ufagès à quoi elles font propres.
Ceux qui font le négoce des laines en France
tirent ordinairement de chaque toifon trois fortes
de laines. i° . L a mère-laine , qui eft celle de
deflus le dos & du col. i ° . L a laine des queues
& des cuifîes j 8c 30. Celle de la gorge , de aeffous
le ventre & des autres endroits du corps.
Celle qu’on appelle croton ou crotin pourroit
en faire comme une quatrième efpèce, mais elle
eft fi mauvaife qu’on la compte prefque pour
rien. L e nom qu’on lui donne viçnt des crotes &
excrémens des moutons qui s’y font ‘attachés , &
qui la gâtent tellement qu’elle n’eft que le rebut
de la laine.
Les Efpagnols font à peu près le même triage
que les François, & nomment ces trois qualités
de laines la prime , fécondé 8c la tierce ; avec
cette différence qu’en Efpagne ces trois fortes de
laines ne fe vendent qu’enfemble pour n’avoir point
de mauvais reftes , & que les François les vendent,
ou les achètent en détail ou féparément , fuivant
l’ufage qu’ils en veulent faire , & les manufacture«
où ils les veulent employer.
L a mère-laine eft encore de deux fortes , qu’011
diftingue par les noms de laine fine & moyenne,
ou de haute & baffe la in e , & cela félon que ’ les
toifons font courtes & fines , longues ou grof*
fîères.
L a 'laine avant que d*être en état d’être employée
pafle par bien des mains. Après que le tondeur
l’a coupée , on la lave , puis on la fait fé-
cher j elle eft enfuite épluchée & battue ; après
on y met l’huile 5 & quand elle a été cardée &
filée , on la travaille , ou fur le métier ou â
l’éguille.
Le commerce des laines eft très - confidérable
en Europe , & la France en confomme une fi
grande quantité dans fes manufactures depuis les
dernières guerres , que malgré l’abondance qu’il
s’en trouve dans la plupart des provinces du royaume
, elle eft obligée d’avoir recours'à fes voifins,
& d’en tirer beaucoup des pays étrangers.
Les laines Françoifes viennent le plus ordinairement
& le plus abondamment du Languedoc, du
Berry , de la Normandie & de la Bourgogne ; la
Picardie , la Champagne & d’autres de nos provinces
en fournifîgnt aufli , mais de moindre qualité &
en moindre quantité.
Les laines étrangères font tirées d’Efpagne , de
I Portugal, d’Angleterre, d’Écoffe, d’Irlande & de