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a occafionnéës, ont réduit cette ville dans l’état
le plus déplorable. Cependant fon commerce , dans
les temps de tranquillité-, eft .plus étendu & plus
avantageux que celui d'aucune des villes de la mer
noire. Son commerce eft le même que celui de
Rizé, avec cette différence', que Trébifonde eon-
Tomme une plus grande .quantité de tous les articles
que nous avons- indiqués. Voici quelles
font les marchandifes qui font plus propres à Trébifonde
, & qui nom pas de cours a Rizé.
v Les étoffes de Scio & de Venife de toute forte,
les épicèr-ies fines , les drogues & les bois pour
la teinture , la. quincaillerie ', &c. qui viennent
par-la mer , y ont un grand , débit ; le trafic de
cette place , avec la Naeolie & la Perfe', eft im-
menfe. Les caravanes de Smyrne, d’Alep , de
Damas, de Diarbekir , de Tofca, d’Erzerum, de
Wan, de Kars , de Tauris & de Tefflis', y portent
une quantité prodigieufè de-toutes fortes de marchandifes.
Celles qui fôrtenr de Trébifonde fônt du:cuivre
des mines de Kuré , que les marchands ,de cette
ville épurent'& mettent en lingots ,. & du cuivre
ouvré en très grande quanti ce ; [pn porte le produit
des mines de cuivre de Kure a rz 0,000 quintaux
chaque année ] ; de la cire , des cuirs de boeufs &
de buffles , des noix , dès noifettes | des poires ,-
des dattes noires & du nardenck.
Les mèches objets de commerce qu’on trouve
ou qu’on porte à Rizé & à Trékifond'e, s’ac'hettent
ou fe débitent à -Gumuche-Khana , à .Kuré, à
Hafpié &. à Triboli.. Le commerce de fortië de
Triboli eft. plus confidérable. Le_principal article
eft le vin, dont la plus grande partie paffe en
Ruffle. Son- territoire produit auffl quelque peu
de foie fine de bonne qualité , quoi qu’in fé ri eu r e à
celle de Perfe. Kirrefoun ou Gerifcnte , qui a
le même commerce d’importation- & dexporta-:
tipn que les villes dont nous venons de parler,
fournit de plus beaucoup de foie de fon cru-, une
i-mmenfe quantité de fruits feçsv & particulièrement
les cerifes, dont le nom tire fon écimologie
de celui de cette v i l le q u i la première les a cultivées
, & à qui l’Europe en eft redevable.
Dans la Province de Trébifonde les poids &
jfes mefures font lés mêmes que dans le refte de;
là Turquie. " ' '
A Trébifonde, la monnaie du grand Seigneur,
de toute efpèee r eft' la plus commune,. elle 'y
eft du même prix qu’à Conftantinople. L a mon
noie de. Perfè y a cours auffl , mais y : eft plus
rare. Les fequins de Venife y : paffent affez couramment
, & l'a fevillane s’y- vend au prix de la
matière ;• dans lès autrês lieux de cette côte on ne
voit d’autre, mormoie que celle de Turquie,
D e là -, c.Ôï'e. de là Natalie , fu r la ; mer n o ire ,
ju fq u ’à Conftantinople..
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lieues à l’oueft de Kirrefoum. On peut y débiter
les mêmes marchandifes d’entrée qu’à Kirrefoum,
à peu-près en même quantité & au même prix.
Le principal article du commerce de fortie eft:
le chanvre , dont la plus grande partie eft achetée
I pour les àrfenaux du grand Seigneur; il en fort
chaque année 35 à- 40006 quintaux.
Toute la foie du diftriét de Djanick vient à
O uni a , & cet article eft affez important. On trouve
j auffl à acheter à Ounia une grande quantité de
I ' cuirs dé boeufs & de buffles. Cette place eft la
principale échelle du commerce , de tranfit de
ï Tocat , & c’eft là 011 l’on embarque la plus grande
I partie des bocafflns & des indiennes qui fe fa-
|-briquent dans cette dernière ville, & qui fe .répandent
de-là dans toutes- les places > du reffort de
la mer noire.-
S amsoun. Petit fort & rade- fur la mere noire,.
à- 1 1 lieues d’Ounia , & Keu pru-Aghfi , village
à 1$ lieues à l’ôueft de Samfoun, 8c à zç à
l’oueft de Sinople, n’ont d’autre commerce, d’entrée
que quelque peu de denrées de divers cantons
de la mer noire. L e peu de commerce de
fortie qui fe fait à Samfoun eft le même qu’à
Où nia ; mais il eft'le lieu de tranfit d’u ne-partie
-des marchandifes & des toileries d’Amafie, & de
Tocat. Ilfbrt de Keupru-Agh 17 à r# charge-
.mens de pommes, 8 à 10 de châtaignes fraîches,.
5 à 6 de châtaignes, feches ,.-z ou 3 de noix, autant
de ce ri lès & .de prunes feches 5 à 6 d’ufe
:tenfiles ou vaiffeaux de euifine*de bois, comme
écuelles, plats , &c. tous ces différens objets vont
à Conftancinople. K tu p ru -A g h f i,, eft l’entrepôt
d’une partie des toileries'de tranfit de Kaftanbol.
Ce qu’il y a d’heureux pour ce petit port, c’eft
qu’il n’y a point de cfcmane.
G üerzé. Gros bourg & petit'port ,-7 lieues-
à l’eft- de Sinople, n’a qu*un foible commerce
n entrée;, fi ce n’.eft- en comeftibles ; quelques balles
de draps , quelques caiffes de bonnets , .un petit
nombre de ceintures & de turbans, quelques pe-
liftes fuffifent pour vêtir les habitans de fon territoire
; mais il reçoit 500 charge mens de millet,,
z de viande fâlée , autant dé le i, . du y tabac, des
noifettes, des olives noires., des figues, desraifins, &c.
i‘ Les deux articles du . commerce, de fortie de
Guer\é, font lès fruits & les bois de conftruc-
tion. Ce dernier article eft allez confidérable. On
en tire pour Conftantinople beaucoup de mats de
vaiffeaux , de planches de noyer, de platane , de15
fapin,. de poutres & de fôlives de chêne , à un
prix très modique,
§ Sinople, grande ville qui a environ fîoooo
..habitans , parmi lefquels on compte 3 à 4006-chré.-
Tîens Arméniens & Grecs , a un port fur & fpa-
• cieux ; les juifs n y .font pas foufferts , non plus
que dans les autres villes dont nous venons de
■ parler.
■ On peut vendre à Sinople, année commune,
20 balles de draps Londrins Ounia , eft une affez. grande ville., à vingt féconds y 50 à é®
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'^pièces de camelots de France •; pour 1 1 à rj'ooo j
piaftres d’étoffes de Scio & de Venife j pour 4
à 5000 piaftres de fatin de Venife , z à 3000
pics de fergesimpériales j 1000 bours de Damas;
1000 coutnis de Broufle; 4 à 3000 anterits ou
veites dé bours de Magnefie ; 1000 pièces de
halié-dulbent pour les turbans des hommes & les
toiles des femmes ; % à 3 caiffes de Bonnets de
^ ^inis > 4 caiffes de bonnets de France ; 4 à foo
ceintuies de Gerbé ,• 30 balles de petclïmals bleus;
du Caire, 4 à 5000 chais rouges pour 8 à.ioooos
piaftres de galons ou dentelles de Pologne & de
Conftantinople ; pour 5 à 6000 piaftres de fil
d ° r & d a r g e n t , zooo couvertures de laine de
ï amboli ; z à 300 cabans de Salonique ; autant
de lautenbarques ; autant de petits fans manches;
I J 0 0 a zooo culottes d’âbas de Salonique, 4 à
^ °o o P^ces de .toiles des Dardanelles ; 3 à 600
couvertures d’indienne de Smyrne, rembourées de
coton, 1 0 0 0 feutres de Crimée, appelles Ke t-
.cke's ; zooo paires' de babouches ; zooo paires de
bottes noires avec les fe rs; 1 0 0 0 paires de bottes
jaunes fans fers ; pour z - f o o à 3 0 0 0 piaftres de
r°-e i ? înCe en ^a^ne Pour la broderie, autant de
101e filée:; autant de-cordonnet de foie; 15.0 à
2.00 balles de coton de Smirne ; 1 0 0 à 1 5 0
quintaux de lin gris du Caire ; de la graine de
Un , des bois & des drogues propres à la teinture;
’P0£ ' nîrt 6ooovPiafties d’épiceries; 40 fardes de
carte Moka; z à 3 0 0 0 ocques de. caffé de France,
$0 a 60 quintaux de fucre de France; 1.500Tacs
de lavon ; 4 à 500 montres d’or & d’argent ; enfin
de 1 etain, de la cire, de l’huile, du vinaigre , du
tabac, des viande* falées , des grains, dés légumes,
des fruits fe c s , 'du beurre, du fuif, du
veire , de la quincaillerie, du papier & des pelleteries
, dont nous ne pouvons eftimer au iufte la
■ quantité. ’
On exporte de Sinople , du fil de lin gris , ap-
.pelle archin-épigli. La quantité qui en fort eft
îmmenie , & il eft impofflble de la déterminer;
de la cire, du bois de charpente & de conftruc-
tion, article le plus important de fon commerce
« qui roumit chaque année au chargement de plus
de zoo navires ; du goudron ;- desTruits de toutes
iortes frais ou fecs , dont il fort annuellement
Plus de 100 chargemens. Sinople débite encore
beaucoup d étoffes de foie, d’indienne, de tapis, &c .,
de Perfe , de To cat, d’Amafîe, de Kaftambol &
d autres marchandifes de Natoiie , qui paffent à
v,atta & a Conftantinople.
Les monnoies de Turquie font celles qui ont
6 .Tius de ^ cours à Sinople ; cependant les ‘ fe-
qwns Vénitiens, les caragrouches & les fevil-
“ es y Pa[>ent wee adèz de facilité , & donnent
même quelquefois du bénéfice fur le pria de
^orutantinople. r '
La plus grande partie des vaiffeaux de guerre
■ «a grand Seigneur, le confirait a Simple-, il y
■ a chantiers, qil l’on peut travailler vaiffeaux
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a la fois; on peut conflruire en même temps juf-
qu a 5 o bâtimens marchands. L a fortie, de tous les
bois qui peuvent fervir à la conftruôHon des. vajf-
féaux de guerre eft prohibée. Une obfervation que
nous devons faire ic i, c’eft que les bois & le
prix de la main . d’oeuvre pour la conftruétion ,
coûtent fi peu à Sinople , qu’un vaifteau de guerre
a z ponts percé pour 70 canons, n’y couie au
grand Seigneur lancé à l’ea.u & avec Ta mâture ,
fans cordages,, voiles ni batteries, que 15 à 16000
piaftres [ * ] , . [ qui, à raifon, de 4 liv. d.“ France, du à-peu-prés que vaut la piàftre , ne font qu’en-
vftpn. 64000 liv. de notre monn.oie ] c6 qui eft
S à 10 fois moins qu’un pareil vaiffeau ne cou-
teroit dans nos chantiers. Les bâtimens marchands
de toutes grandeurs ne font pas plus chers en proportion.
Ne fer oit-il pas bien avantageux pour
nous de pouvoir faire cohftruirè des vaiffeaux -de
guerre dans ce port ? & les liaifons qui exiftehc
entre la France & la Porte , ne peuvent elles pas
en donner le moyen ?
[ * ] La piàftre de Turquie , vaut' 40 para#:
chaque para . 3 afpres, chaque afpre environ 8
deniers tournois.
'-Enéboli ou Neapolis., bo.urg & p0It de la mer
noire, i ; lieues à l’eft de S in o p le , a 4 chantiers,
ou l’on confirait des laïques de 16 à 18
pics de long, c’eft-a-dire d’ environ 40 pieds de
Koi , qui reviennent lancées à l’eau de 1 oon J
i,1 00 P ÿ ^ r .5, C ^ ,4 0 ^ 0 liv. i 4400 liv. argent de
Fiance ], hile acheté pour environ - .j00o piaftres
de fautenbarques de culottes, de bottes & de
toiles, qui fe confommcnt dans fon territoire • r
a docrq quintaux de fe r , 150 quintaux de lin U ,
du Caire ; yp; halles de tabac; ,y à iS charte-
mens. de fruits fecs & de noifettes ; un charSe-
ment de viandes .faleés ; 5 de graine de linÿ. ? à
■ 6 de millet & amant de feigle.
| On rire annuellement de ce port, plus de ■ ;0000
quintaux de chanvre ou de cordages, 4o chargemens
de bois de conftruélion & f d 4 j J
mens de fruits. E n é io l i eft l’entlepôt de ..El f c
tanbol. Ceft-la ou Ion embarque ordinairement
les marchandifes de tranfit de cette place oour
la mer noire. 1 u
A bana , ICatran , F akas , ICara-A gadtb
gras villages fur le bord de. la mer noire fonî
un commerce d’importation peu confidérable • il
en fort comme: d’Enêboli & des autres ports de
cette cote , des bois d e . .conftruffion , des fru it f
que que perrde fore, & de K a ra -a ? a dje en p à /
uculrer ,: a *000 ocques de ben vin ƒ des S
« du goudron en grande quantité.
Ba r t in , ville peuplée d’environ 1 aooo.hàbirans
fitueç a 5 lieues de la mer, fur une Tivière navi-
gable qui s y décharge , reçoit d peu-prés les mêmes
marchandifes d importation qui fe débitent à Sinol
: pie ; mais il ne lui en faut guère que le quart Son
I com“ ercé d exportation confifte en cire , en S
- gtoffiere , en bois de buis, en poutres, en planches
. ■ GS Sg g ij