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fa n g de bouc doit être extrêmement fec & dur, &
difficile à réduire en poudre. V-oyez bouc.
L e fa n g bouc, dit Savary, paye les droits
•de la douane de Lyon à radon de l o f . -le quiatglîj
cependant :il n’eft point marqué dans le nouveau
Recueil des droits d’aides &c. qui a paru cette
.année.
S A N G D E -D R A G O N , .qu’on nomme àuffi-,
.quoiqu’imprqprement sang - dragon. ,-C’eft une
.drogue autrefois très-eftimée , mais très peu connue
des anciens qui en relevoient le-prix par l ’origine
Kibuleufe qu’ils .-lui donnoienc, la fai font pafler pour
•le véritable fang de ces dragons qu’ ils luppofoient
mourir -au milieu de la viâoire qu’ils rem portolent
tfot' des éléphans , qui en expirant; de leurs bl.efTur.es
empoi/onnées .écrafoicnt ces monflres horribles par
leur chiite.
Mais pour les modernes, cette drogue ri’eft qu’une
îfimple gomme qui découle de difFérens arbres qui
ne le .reffembient aucunement & qui croifTent .en
divers pays., tels que les grandes Indes ., les Xfles
Canaries & Rifle ..de Madagafcar.
Les arbres d’où diftile le fa n g de dragon , aux
grandes Indes, .ont .de longues feuilles en forme
,de lames d’épées, d’un affez•beau verd. Du bas de
,-ces feuilles nainent des fruits ronds de la grofleur
.de nos cerifes, qui font faunes d’abord , rougiffent
,en mii ri fiant, & enfin prennent un très-beau bleu
dans leur parfaite maturité. On dit que ces fruits
;Ont Tous leur première peau une- efpece .de -figure
-de dragon , qui jointe au rouge de -fang qu’a cette-
gomme, lui z. fait donner le nom qu’elle porte 3 mais
jil eft plus vraifemblable de .croire que c’eft cette
dernière qualité feule qui T’a- fait-.nommer ainfi &
que la première a été inventée pour rendre raifon
de Ton nom.
Les hab4tans des lieux où croifTent ces arbres font
des incifions à leurs troncs , d’où il fort une liqueur
fluide. & rouge .qui Te durcit au lever du/oleil , &
qui feforme en petites larmes friables. Après cette pr-er
mi ère liqueur i l en coule une fécondé plus épaifîe &
•moins précieùfe,queles.marchands de Pariyre ce voient
autrefois enveloppée dans des feuilles des mêmes arbres
en morceaux de la grofleur & de la figure d’un
.oeuf de pigeon. Préfentement cette gomme a bien
les mêmes enveloppes, mais elle eft de la groffeur
& de la longueur du petit doigt : on Rappelle fa n g
fie dragon-ça rofeau ou en rouleau.
Le fa n g de dragon en. larmes doit être ehoifî en
petites larmes claires , tranfpareotes, très-friables ;&
.que la poudre en Toit d’un beau rouge foncé 3 mais
jftomme il eft très-rare , on n’empioye pour l ’ordinaire
que celui qui e.ft en rofeaux , dont le bon doit '
approcher, autant qu’il Te peut, des qualités du premier.
On peut l’éprouver en faifant des raies avec
la pointe des rofeaux Tur du papier , Tuf du verre
.chaud , ou Tur une pierre à rafëir mouillée, & on ■
le doit juger des meilleurs quand il. laiCe des raies
.d’un beau r.ouge. Il vient auffi dès. Indes du fa n g
fl? dragon en ipalïè, mais Je beau eft rare,
S A N
L e fa n g de dragon des Canaries coule de deu*
différents arbres , dont l’un a .la ,feuille comme celle
du.poirier., mais plus .longue , & les fleurs en forme
d’un feret d’aiguillette d’un très-beau^ rouge ; l ’autre
a des feuilles femblabjes à celles du .cerifier & a
des fruits-jaunes formés en cotes de la.groffeur d’un
oeuf de poule , qui en far nie un noyau de .la figure
& de la grofleur d’une mufeade , dans lequel ou
trouve une amande de la meme forme & de la même
couleur.
, 'C ’eft par l ’incifîon qûe l’ on fait aux troncs & aux
plus grofies branches de ces deux arbres que l’oa
tire le fa n g de dragon des •Canaries , qui n’appro*
che pas né an moins de .la bonté de celui qui vient
des Indes. Pour le déguifer.,. quelques - uns le- font
amolir dans l’eau chaude , & le réJuifenc en rofeaux
ou en rouleaux 3 mais les . habiles marchands épiciers
& droguiftes ne s’y •trompent pas. L e meilleur
fa n g de dragon des Canari.es eft, comme on le
' penfe., celui qui a le plus des qualités de celui des
Indes. : . •' < ... ; .. -_ ,
Quoique le fa n g de dragon de Madagafcar Toit
d’une affez bonne „qualité., il eft cependant le moins
eftimé de tous 3 les •ordures & les; corps étrangers
dont il eft rempli, font paufe.qae les marchands .épiciers
& droguiftes n’aiment point à :s’en.charger.
Les InTulaifes appellent rhaa , c’eft-à-dire fa n g
l’arbre duquel ils le tirent, & mafoutra ou voafou-
ir a le fruit qu’il produit.
■ Le rhaa .eft un arbre grand comme un noyer,
qui a la feuille Temblable à celle du poirier , mais
un peu plus longtie , fa fleur , de .coufeur de feu ,
eft fui.vie d’un fruit de la grofleur d’une petite poire-
& de la même forme excepté que le gros du fruit
eft du coté de la.queue, & qu’il a cinq efpecesde
cornes. Son bois eft blanc & fort fujet à la pourrir
ture. Il fort de Ton éeqrce, de Ton tronç & de Tes
branches , lorTqu’on les pique , une liqueur toute
Temblable au fang humain 3 & ç’eft-là le fa n g de
dragon qui Te durcit & s’épaiffit enfui te. .
IRn’eft point .vrai, comme on le fuppofe , que
les fruits de çet arbre ayesst la figure, du dragon,
fous la première peau 3 ( c’eft la remarque de M. de
Flacour, dans fon hiftoire de Rifle de Madagafcar, )
ce qui confirme le doute établi plus haut au fujet
du .dragon , que l’on dit pareillement fe trouver
dans les fruits de l’arbre d’où découle le fa n g de drfc
gpn - de s .Indes.
Cette gomme eft apportée par les yaiffeaiix de
la compagnie des Indes Françaifes. Elle vient en
pelotes de différentes groffe.urs ; mais on l’a déjà
dit, remplie d’ordures & d& corps hétérogènes:, ce
qui fait qu’elle Te. vend en très-petite quantité. Les
mêmes -vaiffeaux apportent aufli de petits, bâtons
blancs & légers, couverts de fa n g de dragon , qui
fervent à nettoyer les dents 3 on. les nomme bois de
P a lile . Ce font les ha.bitans de Madagafcar qui les
préparent de la forte , en les faifant tremper dans
cette gomme qu’ils ont liquéfiée.
Res Hoîlandois envpient encore pn France deu*
’ ' • ' ’ ' ' ' ......... efpeçç?
S A N
ÿfTpeces de fa n g de dragon l’un eft en pains plats .,
•d’un rouge extrêmement foncé , luifant au dedans &
au dehors , allez friable, d’un affez beau rouge ,
.quand il eft-écrafé , •& ayant l ’odeur de la cire d’E f -
pagne lotTqu’il eft brûlé 3 mais ce n’eft autre chofe.,
qu un'mélange de fa n g de dragon & de deux autres
-gommes qui n’ont pas la même qualité', ce qui doit
le faire rejetter-.
. L ’autre fa n g de dragon qui novt's vient de Hollande
eft encore une plus mauvaife drogue , n étant
Simplement que de la gomme Arabique où de Sénégal
avec ..une teinture du Biéfil de Fernambouc.
Il n’y a , dit Savary , que des marchands fans honneur
& fans confcieuce qui puiflent donner pour
véritable fa n g de dragon cette malheureufe fo-
phiftiquerie.
• Une des qualités les plus reconnues du fa n g
de dragon eft d’être fort aftringent 5 aufli les médecins
Rordonnent - ils quelquefois avec .affez de
Tucçès 'dans les diflentefies & pertes de fang. Gu
croit aufli qu’il a la qualité de fortifier les gencives
& d’affermir les dents ébranlées.
« Dans les cinq greffes fermes ondiftingue.lefa n g
de dragon des Indes de •celui des Canaries 3 le premier
eft appelle fa n g de dragon f in ] entrant dans
les cinq grofies fermes , il doit, au tarif de 1664 ,
par quintal net io L »,
« Le fécond, celui des Canaries, -eft appelle
moyen , & doit, au même tarif, 5 liv. du cenc.pe-
fant ».
« Sortant des cinq grofies fermes, Run & Eau-.
tre font exempts de droits, comme drogueries étran- •
gères ».
« „A la douane de L y o n , ils doivent , de tel endroit
qu’ils viennent, fui vaut le tarif de 1 6\ 1 , par .
quintal net, 3 1. z f. 6 d. »
« A oelle de Valence,',comme droguerie, z liv.
31 f. ».
SANG G RIS. Sotte de boiffon très-forte donc il
fe confomme une grande quantité dans lesifles Fran-
ǰifes de RAmérique, oiu elle eft paffée des iûes
Ângloifes.
Le fanggr'ls eft com pofé de vin de Madere que Ron.
-met dans une jatte de eriftal ou de fayance .avec du •
fucre, du jus de citron, un peu de caneîle & de gé-'
rofle, beaucoup de mufeade & unê croûte de pain
rôtie, & même un peu brûlée.-Quand la liqueur a
pris le goût des ingrédiens qui la compofent, on la
pafle dans un linge fin.
Cette liqueur eft très-agréable, 8c quoique toutes'
les drogues qui fervent à fa compofition aient chacune
«n très-grand degré de chaleur , qui lui eft propre ,
le? Anglais la' regardent cependant comme r,afraî-
chiffante j ce qu’il y a de certain c’eft qu’elle porte-
heauooup à la tête.
SAN GLARG AN. Mot qui paroît formé At fa n -
guis j fang^ & de arcere , contenir, retenir., lier.
C’eft le nom d’une drogue médicinale qui vient de
ia Chine, & qui eft propre <i [arrêter le fa n a . Les
Chinois en portent beaucoup au Japon , où ils la
Commerce, Tome J.1L P a n . J L
S A N & I 7 ,
•vendent avec grand profit. Elle ne revient ordinairement
à Canton , frontière de la Chine, qu’à
q-uarante-icinq taëls le pic , & les Japonais Rachètent
jufqu’à cent f ix a n t e ,
11 femble que cette drogue n’eft point différente
du fa n g de dragon, dont on a parlé au long dans
l’avant dernier article , puifqu’clle a comme lui la
qualité d’être aftringente & d’arrêter les diffenteries
& les pe rtes de fang.
SAN G LE S. Efpece de tiffus greffiers, plus ou
moins longs & largesçompofés de plufieurs gros
fils de chanvre entre biffés les uns dans les autres, qui
fe fabriquent par les eordiers.
"Les f angle s font partie du négoce des marchands
de fer & des quincaillers, qui font du corps de la
mercerie. Elles Te diftinguent en fa n g le s pour chevaux
de Telle 5 edfang les pour chevaux de bâts ou
autres bêtes-de Tomme 3 & en fa n g le s à tapifliers ou.
pour meubles.
Les fang le s pour les chevaux de Telle qui s’em-
ployent par les lelliers, fe font ordinairement à Paris
, à Argenteuil, à Châlons en Champagne , &
à Catbonne en Picardie 3 celles qui fe fabriquent à
: Paris font ou blanches , ou grifes rayées de rouge
& de bleu 3 celles d’Argenteuil font tout-â-fait gri—
les Tans aucunes raies 5 & celles de Châlons & de
Carbonne font grifes rayées de rouge 3 les unes &
les autres ont une aune de longueur, mefùre de
Paris 3 à l’exception de celles de Carbonne qui font
plus courtes d’un demi - quart. Les meilleures & les
plus eftimées font celles d’Argenteuil , village à
quelques lieues de Paris. Celles de Paris ne vont
qu’après , enfuite celles de Châlons ,* colles de Car-
bonne font les moindres de routes.
Les” fang le s de Paris , d’Àrgenteuil & de Car-
bonne Te vendent à la douzaine, chaque douzaine,
eft compofée de fix fa n g le s fendues pat les deux
bouts , & de fix autres fa n g le s non fendues , qui
fe nomment communément fu r fa is j à l’égard de
.celles de Châlons, elles font pour l’ordinaire par
paquets de douze fang le s ou de douze fu r fa is ,
& Te vendent fur les lieux par groffes de fix douzaines
de fang le s & de fix douzaines de fu r fa is .
Les fang le s pour les chevaux de bâts ou autres
bêtes de fomme , font plus étroites , plus longues ,
plus fortes -& plus groffières que les précédentes ,
ce qui doit néceflairemeot être, vu qu’elles font def-
tinées à une plus grande fatigue que les autres 3 ces
f a i l l i e s , qui s’emploient par les bourreliers, fo
vendent pat pièces plus ou moins longues , fiiivanc
que les eordiers , qui les ont fabriquées , ont jugé
â propos de. les faire , n’y ayant rien de réglé là-
deflùs , & fe tirent pour l’ordinaire des mêmes endroits
que celles qui font deftinées'pour les chevaux
de Telle.
Il eft iiéceffaire de remarquer que tant que les
fang le s pour les chevaux de bâts ou autres bêtes
, de fomme font en pièces , elles s’appellent du tïffu,
& quelles ne perdent ce nom pour prendre celui ***
Irii