
compofé de deux ou plufîeurs planches d’un bois
.léger & précieux , qui 1ère d'ornement dans les
ruelles ou dans les cabinets particulièrement des
dames -, & fur lequel elles mettent des livres d’ufage
journalier, des porcelaines & des bijoux de toutes
fortes. C’eft de ces elpèces de tablettes qu’une communauté
des arts & métiers de Paris a pris, fon nom.
V o y . TABLETTIÉR.
T A B L E T T E R IE . Art de faire des ouvrages de
marqueterie , des pièces xurieufes de tour & autres
femblables chofes , comme des trictracs , des dames
, des échecs , des tabatières , & principalement
des tablettes agréablement ouvragées , d’où cet art
a pris fa dénomination. Voy. Varticle fuivant.
T A B L E T T IE R . Celui qui travaille en tabletterie.
Les maîtres tablettiers ne-font à Paris qu’une
feule & même communauté* avec les maîtres faifeurs
& marchands de peignes, qui fe qualifient dans les-
ftatuts de la communauté maîtres p e ign ie rs, tablettiers
, tourneurs & tailleurs d’images.1
TA B L IE R . Terme ufiré en Bretagne, particulièrement
a Nantes, pour lignifier unbureau ou une
recette des droits du roi.
L ’arrêt de la chambre des comptes de Bretagne ,
de l’année i f ,.pour 1a- réforme de la pencarte de
la prévôté de Nantes , porte cc qu’elle fera, enre-
giftrée à la chambre pour y avoir recours quand i
befoin fera, & qu’il en fera'fait un tableau pour
être mis au tablier de ladite prévôté , & autres ta bliers
y rapportés , afin" que les marchands & con-
duifans lefdites marchandifes puiffent conuoître au
vrai combien ils font tenus».
T a b l ie r . On nomme anflî à la Rochelle droit
de tablier & p r é vô té , un droit de 4 den. par livre „
de l’évaluation des marchandifes qui fortent par mer
de ladite ville pour les pays étrangers & pour la
Bretagne feulement.
TACAMACHA ou TACAMAHACA. Efpèce
de gomme ou réfine liquide & tranfparente, qui
découle du tronc d’une forte d’arbres très-gros qui
croiffent dans la nouvelle Efpagne, mais plus abondamment
dans l’île de Madagafcar,
Çet arbre , nommé harame en langue Madecafîè,
eft femblable au peuplier,. mais plus gros & plus
haut. Ses feuilles font petites & vertes ; fes Fruits
rouges & de la groffeur de nos noix, & extrêmement
réfineux.
' L e bois de Y harame eft très-propre à être débité
en planches pour la conftru&ion des navires, & la
ffomme qu’il diftille, peut tenir lieu de bray pour
le calfetage. L e plus grand ufage du tacamacha j
eft néanmoins pour la médecine , où ,on le croit j
propre à la guérifon des fluxions froides, & a calmer f
le mal de dents. C’eft auifi un excellent baume pour j
. Jes plaies.
Les marchands épiciers & droguiftes de Paris le -j
reçoivent & le vendent fous trois noms ; r°. le i
fublime , qu’on nomme aufli tacamacha en coque ; ?
î °. le tamacacha en maße ; enfin le tacamacha
eit larmes.
Le tacamacha fublime eft la réfine qui tombe
d’elle-même , & fans qu’il foit befoin de faire des
incifions à l’arbre. Les Infulaires le recueillent dans
de petites gourdes coupées- en deux , fur lefquelles
ils appliquent une efpèce de feuille dé palmier ;
pour être bon , il doit être fee , rougeâtre , transparent
, d’un goût amer 8c d’une, odeur forte,
tenant de celle de la lavande. ;
Le tacamacha en . maße 8c-en larmes eft celui
qui coulé par le moyen des incifions. Il -faut le
choifîr fec , net & approchant de l’odeur du 'tacamacha
fublime.
« Le tacamacha nommé au tarif de 16 6 4 ,
gomme tamacha, paye, fuivant ce même tarif,
les droits d’entrée à raifon de 5 livres 5 f. le cent
pefànt ».
T A E L , que les Portugais des Indes orientales
appellent aufli t e lle , & qu’on nomme en Chinois
leam, eft urt petit poids de la Chine , qui revient
à une once deux gros de France , poids de marc- Il
eft particulièrement en ufage du côté de Canton. Les
feize taels font un cati, & cent catis font lé pic.
Chaque pic fait cent vingt - cinq livres poids de
marc... -
Comme il n’y a pas a la Chine de monnoie d’argent
au coin du prince , on le fert dans les paye-
mens de trois poids differens, favoir , \t t a e l, lé
mas & le. coodorin. Chaque tael d’argent n’iétoit
autrefois eftimé que 4 liv ., z f. monnoie de
Fiance ; mais fon évaluation a augmenté à proportion
que les .monnoies ont augmenté en France &
chez les autres- nations de l’Europe St de l'Afie qui
trafiquent à la Chine.
T a fl. Eft aufli une monnoie dè compte du Japon
laquelle , comme à la Chine , peut palier pour une
monnoie réelle. Le tael d’argent Japonois vaut trois
gultes & demi de Hollande. '
Un mémoire très-eftimé dit , etr parlant du tael
du Japon , « qu’il eft fait en forme de petit lingot,
qui , à la vérité , n’a point de prix fixe St certain ,
mais que pour en rendre le débit St l’ufage plus
commode St plus facile dans le commerce , on les
fait de manière que la valeur de cinquante taels ,
eft toujours la même , St a un poids jufte ; de forte
qu’en faifant des rouleaux de ces petits lingots, qui
revenoierit eh 172.0 , à vingt écus de France , i
do' fols tournois l’é.cu , ils s’en fervent dans leurs
payemens avec allez de facilité ».
Le même mémoire ajoute , « qu’outre 1 e.tael\ les
1 Japonnois ont encore une petite monnoie. d’argent,
de la forme d’une fève ronde , qui , non plus que
le tae l y n’a point de poids arrêté , mais qui pèfo
depuis un mas. ou fchelling, jufqu’i dixTnas ». Voy.
MAS.
T A F F E T A S ; On nomme ainfi une étoffe de
foie très-fine , fort légère St ordinairement très-luf-
tré'e. On. en fait de toutes couleurs , d’unis , de
glacés, de change ans & de rayés, foit à raies d’or,
foit J rai.es d’argent ou de foie. Il y en a a flammes
, à carreaux a fleurs, à point de la Chine &
beaucoup d’autres à qui la mode donne des noms
-fort bizarres & qui changent avec elle.
Les anciens noms qu on leur a confervés , font
ceux de taffetas de L y o n , de Tours, d’Efpa-
gne , d’Angleterre > de Florence ', d’Avignbn &
Armoifins.
Les taffetas qui portent encore les noms des
pays étrangers, d’où ils étoient autrefois tranfportés
en France , s’y fabriquent aujourd’hui'pour la plupart
, particulièrement à Lyon •& à Tours ; ce qu’il
en vient de dehors eft très-peu de chofe en com-
paraifon de ce qu’il s’en fait dans ces deux villes.
La plus grande confommation des taffetas fe fait
pour des habits d’été d’hommes, pour des robes de
femmes, des doublures, des mantelets 1 des coeffes,
des houflès de lits, ou de chai fes , des rideaux
de fenetres , des courtes-pointes & autres meubles.
Trois chofes contribuent à la beauté des taffetas
$ la fo ie , l ’eau & le feu.- Non - feulement la
foie doit et-re des plus fines & des meilleures qualités
; mais il faut encore que les fabricans la fafîent
manier long-tems avant de 'l’employer. L ’eau qui
doit être donnée légèrement & à propos, femble ne
produire ce beau luftre que par une efpèce de propriété
naturelle qui ne fe trouve pas dans toutes
les eaux. L ’opinion commune eft que c’eft à celle
.,de la Saône que Lyon doit ce brillant-& cet éclat
"^qui diftingue fes taffetas, ( particulièrement les
noirs ) qu il n’eft pas poflïble de bien imiter ailleurs.
Enfin le feu qu’on fait courir deft’ous pour abforber
leau qu’on y a donnée, a encore fà manière pro-
pre .& fpécifique d’être appliqué, d’où réfulte le
plus ou le moins de beauté dans les taffetas.
On Croit que ce fut un nommé Oétavio M ai,
qui fut le premier auteur de la fabrique des taffetas
luftres de Lyon, d’où elle a pafle à Tours & dans
tous les autres lieux du royaume & des autres
pays etrangers où l’on en fait préfentemenr. On
fait meme a ce fujet un hiftorique qui paroît fabuleux
, mais qui femble prouver qu’il ne dut qu’au
hazard le procédé de luftrer les taffetas & auquel
il dut enfuite fa fortune ; car on prétend que lors
de fa découverte il étoit alïèz mal dans fes affaires.'
La machine à luftrer eft allez femblable au métier
lur lequel fe fabriquent les toiles de foie , à la réferve
qu au lieu de fe fervir de pointes de fer , il faut
y mettre des aiguilles un peu courbées en dehors,
pour empecher que le taffetas ne glifle. Aux deux
extrémités font deux enfubles j fur l’une fe roule
e taffetas qui doit recevoir le luftrè, & fur l’autre
le meme taffetas â mefure qu’il l’a reçu. La première
enfuble fe rient ferme par un poids d’environ
xux cent livres, & l’autre fe tourne par le moyen
un: petit levier pafle par les mortoifes qui font a
un des bouts. Plus le taffetas eft fortement bandé
? uj . 1 P^end un beau luftre. Il faut néanmoins tïfer. 1
e dilcretion & voir jufqu’à quel point il peut fup- i
porter la tenfion. 1 - ■ • I
Le taffetas étant dans cet état, on fe fert, pour
lui donner le feu, d’une forte de braifière de tôle, de
la forme d’un quarré long , & de la largeur du
taffetas qu’on veut luftrer. Cette braifière eft fou-
tenue fur un pied de bois garni de roulettes, afin
de la conduire aifément fous le ta ffe ta s, dont elle
doit approcher d’un demi-pied à peu-près. L e charbon
dont on fe fert doit être de bois très - fec &
point fumant.
Ces deux machines préparées & le taffetas monté,
on y donne le luftre avec an peloton de Mère de
drap fin ; ce que l’on fait très-légèrement à mefure
que le taffetas fe roule d’une enfuble fur l’autre
la braifière étant en même-tems-conduite par deffous
pour le fécher. Dès qu’une pièce eft luftrée , oh
la met fur de nouvelles enfubles, pour y être tirée
pendant un jour ou deux. Plus cette .dernière feçoit
eft réitérée , plus elle augmente l ’éclat du luftre.
Pour luftrer les taffetas noirs, on. emploie de
la bierre double & du j’us d’orange ou de citron •
mais ce dernier y eft moins propre & convient moins
que le jus d orange , parce qu’il eft fujet à blanchit.
L a proportion de ces deux liqueurs eft d’un demi-
feptier de jus d’orange fur une pinte de bierre que
l’on fait bouillir eniemble un bouillon. Pour les
taffetas de couleur , on fe fert d’eau de courge ou
callebàlfe diftillée dans un alambic.
Tous les taffetas y tant noirs que blancs & de
couleurs, ont des largeurs.ou des qualités qui les
diftinguent.
Le taffetas n o ir , large, qu’on appelloit antre-
fois taffetas bonne femme:, eft d’une qualité' fupé-
rieure à tous les autres taffetas. Il n’a point de
luftre ; & il s’en fabrique auifi fans apprêt, & de
différente force , qui ne fe diftinguent que par le
nonibre des portées de foie qui y entrent. Il a cinq
huitièmes de large & fe fabrique à Lyon. L a pièce
eatière doit contenir foixante aunes.
Le même taffetas noir, étroit, n’a que demi-aune
de large fur la longueur du précédent & a les mêmes
qualités.
L e taffetas d'Efpagne noir , large , eft un
taffetasluftré, moinsfort que celui ci-devant nommé
bonne-femme ; mais il a les mêmes lonô-ueur & largeur
que le taffetas bonne - femme îarg e , & fe
fabrique ordinairement à Lyon.-
L e même , noir, étroit, eft luftré comme le laro-e
a les memes qualités ; mais fa largeur n’eft que*de
de mi-au ne fur foixante de long.
L e taffetas d.Efpagne blanc , étroit, porte ce
nom, parce qu’il a la même qualité que l ’Elpa-
gne noir. Il n’eft point apprêté & n’a de luftre que
celui qu’une belle foie donne naturellement, & fo
fabrique à Lyon. Les pièces font de 60 aunes.
L e taffetas d*Angleterre noir , laro-e fe £a;c
ahfli à Lyon.- Il eft très- luftré & très -&fort, mais
l’apprêt qu’on lui donne pour augmenter fon éclat
& fa force le rend fec & fujet à fe cafter. Les
pièces portent cinq huitièmes de large fur foixante
aunes de long.
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