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A m érique, l’étang de Campêche dans la nouvelle
Eipagne.
7 11 y enaauffi en plufieurs lieux de l’EfpagneEuro-
peane ; il s’cn trouve abondamment fur la plupart
de fes côtes méridionales ,, mais particulièrement
aux environs- de la baie de- C adix, & dans l'ile
d’Y vice.
/-es Anglois , les Hollandois, & les nations-du
N ord le tronvent moins bon pour les falaifons des
chairs & du poiffon , que celui de. France; &
ce n’eft qu’à fon défaut & pendant la guerre , qu’ils
s’en fournifFent en Efpagne 8c. à Saint-TJbez en
P ortugal, où il.y a auffi quelques fa line s.
Les mines ou fa lin e s de fel terreftre & foffile
les plus célébrés en Europe ',Xont celles de Wilifca,
a cinq lieues de Cracovie ; celles ouvertes à. deux-,
milles d’Epérics, dans la haute H ongrie; & celles
des montagnes du duché de Cardonne en Catalogne.
A l’égard des fa lin e s de la dernière efpèçe ou
fa lin e s proprement dites;,., lés plus considérables
font les fa lin e s de Salins en Franche-Comté, celles
de Château- Salins ',. de Rozières & de Dieufe enr Lorraine ; &. celles - qui font en Normandie dans
les élections d’Avranches , de Goutances , de Ca-
rantan de Vâlogne-, de Bayeux, &- de Pont-!--
ÜEvéque.
Dans les fa lin e s de N orm andie, on tire le fel
4e l’eau de la mer & dans des fa lin e s de Lorraine
& de Franche C omté, il- fe fait avec - de l’eau de
'■ fontaines & de puits falés.
Il y a quelques lieux de Normandie ,, où
non - feulement le nombre, des fa lin e s eft- fixé, par:
üordonnance des gabelles de 1680, mais où même
il eft réglé combien il en doit travailler par jour
comme aux- marais de S; Arnould de Trouville,
4e S. Pierre & de S. Thomas de Touques v où il
n’eft permis d'avoir que vingt-quatre fa lin e s j dont
huit feulement doivent travailler chaque jour. Voy-,
l ’article s e l , oà i l e jl traité au - lo n g de toutes -
les fortes de fe ls .q u i. f e fo n t dans les. trois-
efpèces de fa lin e s.
Plufieurs provinces de la Mofc.ovie ( ou Ruffie) ont
auffi quantité d’excellentes fa lin e s. Celles de Solim-
kàm skoi, capitale de la grande Permie , font fort
renom m ées; ( V^oyt le. Dictionnaire de la Géo.-
graphie commerçante, art-. M osco vie. ) Le fel
-s’y fabrique dans de grandes chaudières de ci ni
quan te à foi xante pieds de diamètre ; fept à huit
Cent fauni&rs y travaillent continuellement v Les
bâtimens qui fervent à le tranfp.orter, ont foixanre
à quatre-vingt pieds de long ,. avec un feiil m ât, 8c
une feule voile de trente braffes de longueur ; ils
font plats par deflbus , & n’ont ni fer , ni cloùd.
Quand ils füivent- le cours de l’eau on fe ferc de
rames pour les fou tenir en équilibre , le gou vernail
tout fe u l, n’étant pas afféz fort pour cela : chaque
bâtiment peut portér jufcju’à 1 2 0 0 0 livres de fe l,
c,’eft-à-4ire , environ quatre-vingt, lafts.
L e lac de Jamufowa fournit auffi quantité, de fel
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aux Mofcovites , qui pour, fe défendre contre les
Kalmoukes , dans le pays defqüels il eft fîtué , n’y
vont jamais qu’accompagnés de deux mille cinq
cens hommes. Ce fe l, dont une partie du lac eft
couverte en-forme de glace,, fe coupe en gros
pains que l ’on porte par terre jufqu’aux bâtimens
Mofcovites ; la rivière étant trop ' éloignée du lac.
Les fa lin e s d’Oeft-Toega fur la Dwina , font
auffi crès-confidérables ; elles ne font pas éloignées
de la. rivière & confident en quatre “puits ou
four ces d’eau falée.- On tire cette eau avec des
efpèces de pompes, qui Ta diftribuent enfuite dans
des tuyaux qui. la cônduifent jufqu’aux lieux deftir
nés pour la cuiffon du fel.-Chaque puits eft enclos
dans un bâtiment de bois ; ces quatre fources donnent
autant d’eau qu’il en faudroit pour remplir
vingt f a lins- ,• en 1 708- , il> n y en avoit que fîx
en état, encore ne fe fervoit-on que d’un feul.
Chaque fa lin eft dans une loge particulière ; aa
milieu de chacune il y. a un fourneau fur lequel
la chaudière eft placée , ou plutôt fufpendue avec
de grofles perches & des crochets de fer ,• la. forme
des chaudières eft quarrée ; chaque face a quinze
pieds & demi ; elles font de fer ; on y fait bouillir
l’éau pendant foixante heures' entières , & lorfque
pendant tout ce te-rns elle s ebouillè trop promptement
, on y en ajoute de nouvelle.
Chaque f i l i n produit quarante poets de fo l, ce
qui revient-à 13 33 livres. Le prix ordinaire du
poet de fel eft de 2 fols.-
Il exifte auffi une très-grande bruyère > de plus de
foixante-dix lieues d’Allemagne , au deçà du Volga ,
vers le couchant , & une autre de plus de 80 lieues ,
le long - de la mer Cafpiemie , qui produifenr du
fel en plus grande quantité que les marais fa lin s
de France & d’EfpagaejTes Mofcovites en font un
très-grand trafic en le portant fur le bord du Volga 9
oirils lé mettent par grandsf morceaux , jufqu’à ce
qu’ils puiffent le transporter ailleurs. -
L ’île d’Y v ie , fur les côtes d’Efpagne, qui font
baignées par Ta Méditerranée ,. a - d’abondantes f a l i nes
y c’eft cette île qui fournit de fèl , non feulement
toute l’Efpagne | & une partie dé l’Italie ,
mais encorequelques-endroits de Barbarie, particulièrement
le royaume d’Alger. Orr a vu quelquefois
les ducs de Savoie faire apporter de „ces fels
»onr la fourniture de leurs* états-, & fur-tout du
Témont.
SALINS. On nommoit autrefois à la Rochelle,
l a cour des fa lin s , une juridi&ion qui fut établie
vers l’année 16 3 $ ', pour connoître a es différends
nuis à l’occafion-de la- poffeffion des falines ; & il
fut mis 1 '9 fols 6 den.: de droits for-chaqüe maid de
fel ras chargé, tant dans l’étendiie- du bureau de
| Brouage, que de celui de Rhé-, pour fèrvir au
paiement des gages des Officiers,
j La cour des fà lin s ku fupprimée quelque temps
après, mais le droit fubfifté encore prefcju’entiér,
& il fe paie à deux particuliers , dont l’un en a
5; fols 7. dea. j , & l ’autre y fols 10 den. | %
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« Ce droit s’acquitte également par les François
& par les étrangers. »
SALME , ,en Italien. Salma. Mefure des liquides
dont on fe fert dans la Calabre & dans la
.Touille , provinces du royaume de Naples. ■
La faljne eft-de dix ftars , 8c le ftar de 32 pigna- ,
'tolis ou pots , dont chacun fait à peu près la pinte de
Taris.; ainfija falme contient .environ 320 pots ou
•pintes.
S a lm e . C ’eft auffi un poids de 25 livres.
S'arme. C’eft encore une mefure de grains dont
-on fe fert à Païenne. Le falme contient feize
itomolis , & .le tomoli .quatre mondels. Dix falmes
,4eux feptièmes font le laft d’Amfterdam.
§A L NATRU.M ou SE L NA RTRON. Sorte
Àt f e l qui fert au 'blanchiCage des toiles. Il y en a-
de noir, de grisâtre & de blanc, â peu,grès fem-
blable à la foude blanche ou au falpêtre.
.« Etant qualifié de foude , dans l’état annexé à
J ’arrêt.du Z2 décembre 1750 , la ferme générale a
jnarqui au diredeur de Lyon , le 29 juillet 1782., !
:de lui en faire payer les droits. » J^oy. soude.
SA L -NITR É. F 'o y . n it r e ou s e l .
On a. prétendu mal à propos que l’entrée de ce
f e l dans le. royaume étoit prohibée , à moins qu’il
.ne fut accompagné de paffeports de la régie des
poudres & falpêtres. Cette entrée n’a jamais été
prohibée ni affujettie à la formalité des paffeports ,
ainfi qu’j l réfulte d’ une décifion du confèil, du 30
,anars 1748. Cette formalité n’a lieu que pour les
poudres & falpêtres , conformément à l’article 1 1
jde f •arrêt du 24 juitl -1775.
« Aiîîfi , venant de l’étranger, ou d’une province
réputée étrangère dans les cinq groffes fermes,
4I doit, au tarif de 1664 , par quintal 2 1. »
>> « Sortant des cinq groffes fermes , cinq pour
-,€ent de la -valeur^ comme omis audit tarif. »
» A la douane de L y o n , 1 1 fols par quintal
fui vaut l ’ajouté au tarif de 1-632.»
» A celle de Valence , il acquitte auffi par
.-quintal, mais net,, comme fervant à la droguerie,,
3 livres 1 1 fols. »
SALO RGE S. Amas de fe l , ou efpèces de meures
deftinées pour en faire commerce.
« L ’ordonnance des Gabelles défend d’avoir des
fplorg.çs plus près de cinq lieues des greniers de
;ia ferme. »,
S a i .o r g e s « On nomme ainfi à Nantes & dans
plufieurs autres endroits de la Bretagne , les ® a -
_-gafins où les marchands , qui foftt le commerce des
;fols , ont coutume de mettre & de conferver leurs-
4 it$ fols. Il eft parlé des falo rges dans la pancarte
A>u tarif de la prévôté de Nantes.
SA L ou SE L D’O SEILLE . Droguerie.
« A l ’entrée & à la fortie des cinq groffes fermes ,
al doit cinq pour cent de la valeur -fur l ’eftimation
..commune de 16 à 18 livres le quintal. »
« Four la douane de Lyon , le même droit,
' Jorfqu’il vient de l’ étranger , & deux & demi pour
$çnt, yen.ant d.e ^intérieur. »
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« A la douane de V a l e n c e , il doit, comme
droguerie , par quintal net , 1 1 livres 1 1 fols. »
SALPET RE ou SE L P E T R E J a lp e t r æ , que les
chymiftes appellent dragon, içerbere ou f e l d ’enf
e r y à caufe de fes terribles e f f e t s . C ’eft une ef-
pece de f e l naturel ou artificiel très'c°miu, & d’un
grand u f a g e , foit dans la chymie, foit pour la com-
pofition de la poudre à canon,, foit .pour la teinture
où il eft compté, parmi les drogues non colorantes
c’eft-à dire -, avec le s q u e l le s on prépare les étoffes à
être mifes en couleur, ” - •
Il s’en conforame auffi beaucoup dans les verreries
, pour les eaux fortes, & pour la fonte des
métaux. . .
Oh donne auffi au fa lp ê tr e le- nom de nitre.
L e nitre nefe forme jamais qu’ à la forfae.e,de la
terre & on le trouve très-peu profondément au-deffou's
de fa fuperficie ; fi l’on en trouve quelquefois dans
l’intérieur de la terre, c’eft qu’il y a été porté par filtration
, car il ne peut s’y être formé.
'Le. fa lp ê tr e naturel ou minéral fe trouve dans
quelques campagnes le long du Volga, cette riviere
,fi fameufe, qui après avoir arrofé une partie de la
Mofcovie & du royaume d’Aftrakan, va-fe décharger
dans là mer Cafpienne,
On vtrouve auffi du falp être au Pégu , dans la
province de Patr.a, & aux environs d’Agra , dans
des .villages préfentement déferts- Les Européens
en exportent .pour les befoins de leurs colonies d’Afîe
ou de leurs métropoles, environ dix millions pefant,
La livre s’ achetefur les lieux trois fols au plus, &
nous e-ft revendue dix fols au moins.
On tire , dans ces pays le fa lp ê tre de trois fortes
de pierres., de noires, de jaunes & de blanches. L e
falpêtre qui vient des pierres noires eft le meilleur,
n’ayant pas befoin,.,comme les deux autres d'être purifié
pour entrer dans la poudre à canon.
-TJ-ne autre forte d & fa lp être naturel eft celui qui
diftillant dans des cavernes, ou le long des vieilles
murailles, & même des neuves placées dans les lieux
•humides, s’y forme en cryftaux. On l’appelle f a l pêtre
de roche : les anciens le nommoient aphro-
nitre , mot formé d’«t(ppo? fpuma 8c de nitre*
L ’eau du N i l, ce fleuve fi fameux de l'Egypte,
aidée de l’ardeur du foleil, & ménagée à peu - près
• de même que l’eaa de la mer dans les marais falaos
de Brouage où l’on fait le fol commun en France
fournit une troifieme .efpece de fa lp être naturel
connue des anciens fous le nom de natrum bu i\’a -
nat-rum, que les droguiftes appellent communément
nartron. C’eft proprement ce qu’on nomme
delà foude blanche.. Voy. SAL natrum & soude-
Autrefois, il fe faifoit en France un fi grand çom^
merce de fa lp être , qu’il s’en confommoit dans la
feule ville de Paris , le poids de plus de dix millions
de livres,.Mais ayant été défendu aux marchands d’eu
faire venir , & d’en vendre , il étoit eft devenu fort
rare. Les encouragemens donnés par M. Tureot
pour la formation des nitrieres , & la nouvelle régi®,
,d.es poudres l’ont rendu plus commun.
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