dante,- fuivant le diamètre & le nombre des vaif-
feaux ouverts. Voye\ Hém o rrhagie. ^
On fe fouviendra que nous ne parlons ici que des
Playes faites par incilion j car, dans k s cas- de
Play es contufes & déchirées, l'hémorrhagie n’eft
point proportionnée au nombre ni au calibre des
vaiffeaùx affeélés; Couvent même elle eft tout-à-
fait nulle, quoiqu’elle intérefie des vaiffeaùx du
plus grand diamètre.
L ’hémorrh3gie eft le fymptôme dont communément
on s’effraye le plus , & auquel par confé-
quent on s’empreffe le plus de porter remède;
cependant lorfqu’on néglige de le faire, à moins
que le fang ne foit fourni par de gros vaiffeaùx,
Ion ne voit pas pour l’ordinaire qu’il en réfuire
rien de bien fâcheux. L’irritation produite par la
Playe même, & Pimpreflion de l ’air fur les orifices
des yaiiîeaux coupés, fuffifent généralement pour
y exciter un degré de contraclion, qui bien-tôt
diminue l’écoulement du fang rouge & n e tarde
pas à y mettre fin. Il ne paraît plus qu’un fluide
féreux , dont le fuintement ceffepareillement au
bout de quelques heures; après quoi toute la fur-
face de la Playe fe deffèche , à moins qu’on n’ait
négligé d’enlever le fang, & qu’il ne foit coagulé
fur toute fon étendue.
Tel pareît être le procédé de la nature pour
mettre fin aux hémorrhagies occafionnées par les
Playes. D’autres ont cru qu’il fe formoit dans
les extrémités des vaiffeaùx ouverts, de petits caillots
qui bouchoient leurs orificesmais, pour fe
convaincre que la fuppreffion de l’hémorragie ne
tient point à un pareil méchanifme, il fuffir d’examiner
l’état, où fe trouve le moignon d’un malade
qui meurt peu de tems après une amputation,
Au lieu de trouver les extrémités des artè-
jes bouchées par du fang coagulé, on les trouve
au contraire tour-à-fait \uides, & dans un état,
de contraclion, jufqu’à une diftance allez grande
de leurs orifices; ou s’il s’ eft écoulé déjà quelque
tems depuis l’opération, elles ne paroiffênt plus
que comme des petites cordes folides, &.incapables
de tranfmetrre aucune particule de fang.
£n même-tems que cette contraélien s’exerce
fur les extrémités des vaiffeaùx, par les caufes
dont nous avons fait mention, de manière à empêcher
le fang d’y pénétrer, la nature ouvre de
nouvelles routes à ce fluide, en le forçant à fe
jetter dans les vaiffeaùx collatéraux, qui peu-à-
peu, s’élargiffenc de manière à lui laifl’er un libre
paffage.
La bieffiue faite par un inflrument tranchant
très-affilé, n occafionne pas d’abord une douleur
bien conlidérable, à moins qu’elle n’ait entamé
quelque nerf, ou quelque partie tendineufe. Mai«,
dans tous les cas, la partie affi.élée, devient dou-
lonrèufe au bout de quelques beuresxEllc commence
alors à. contracter de la rougeur, de la
tendon, du gonflement; & fi la Playe eft t-r-ès-
confidérable, ou li elle intéreffe des parties importantes,
la chaleur augmente dans tout le fyf.
tême; il furvient de l’altération, de la fréquence
dans le pouls & d’autres fymptômes fébriles.
Quelquefois ces fymptômes fe foutiennenr,
vont même en augmentant, jufqu’à ce qu’enfin ils
fe terminent par la gangrène; cependant, à moins
de circonftances particulières propres à favorifer
cette terminaifon, ils prennent en général une
tournure plus favorable. Voye\ G a n g r e n é . La
furface de la Playe, qui d’abord étoit demeurée
parfaitement fèche, fe ramollit, & s’humeéle
peu à-peu; il s’y fait un fuintement de matière
féreufe qui s’accumule dans fa cavité & fe convertit
en pus, & pour l’ordinaire la douleur, la
tenfion & les autres fymptômes confécmifs à la
Playe, diminuent plus oumoins rapidement, à'
mefure que la fuppurarion fe forme, & fuivant
qu’elle eft plus ou moins abondante.
Tous ces fymptômes qui furviennent en con-
féquence d’une Playe, lont les mêmes qui accompagnent
généralement une affcélion inflammatoire,
& que nous avons donnés comme formant
les caraélères elfentiels du Phlegmon. Voy,
P hlegmon. Nous pouvons donc regarder les
Playes comme les caufes excitantes de l’inflammation,
& dans le traitement de tout accident de
cette naturfc, il ne faut jamais perdre de vue
cette considération qui eft d’une très-grande importance
dans^la pratique.
Du pronojlic des Playes,
Lorfque dans une Playe Ample faite par un
inflrument tranchant, relie que nous venons de
la décrire, l’incifion n’a pénétré que dans les muf*
clés, & n’a bleffé aucun organe effentiel à la vie,
fi aucune circonftance particulière ne vient déranger
le travail de la nature, tou te la furface des
parties qui ont été féparées, commence à fe garnir
de bourgeons charnus, prefque auffi-tôt que
la fuppurationa commencé à fe former , & à me-
fure qu ils fe développent, les chairs fe rejoignent
peiv^-peu, jüfqu’à ce que la cicatrisation loit
achevée; maisceueheureufe terminaifon peutêtre
dérangée par différentes caufes dont nous avons
parlé aux ariicles Inflammation e t G angren
é , & en d’autres endroits; il y en a d’autrej
qui tiennent à la nature même de la Playe > &
dont nous allons nous occuper.
L ’inflammation qui furvient à une Playe faite
par incifien, n’a en général que le degré à inten-
fité néceffaire pour amener une bonne fuppurarion,
& la forme de ces fortes de Playes eft telle
pour l’ordinaire, que le pus en fort aifément à
mefure qu’ il y eft verfé. Ces deux circonftances
font de la plus grande importance pour la guéri*
fon des Playes ; tout ce qui tend à rendre Pin-
flammation trop vive, ou à favorifer le féjour
du pus dans quelque cavité, doit être regardé
comme nuifible. Auffi les bleffures faites par des
iifttrumefls
inflriimens pointus, ou qui font accompagnées
de déchirement & de contufion, font-elles par-
I ticulièrement dangereufes.
Les Playes faites avec des iriftrumens pointus
( qu’on nomme auffi piquures ) , font plus dangereufes
que celles qui font faites parincifion, &
qui ont une étendue plus confidérable à l’extérieur,
foit en raifon des vaiffeaùx fanguins & des
autres organes importans qu’elles peuvent affeéler,
quoique profondément fituéei; foit par la douleur
quelles excitent en conféquence d’une divifion
partielle de nerfs ou de parties tendineufes; foit
i principalement parce que le pus qui -s’y forme,
[ ne trouvant pas d’iffue facile, eft fu jet à s’accumuler
dan« un ou plufieurs endroits, & à caufer
ainfi de fâcheux accidens quelle Chirurgien doit
mettre toute fon attention à prévenir.
Dans les Playes-déchirées. & contufes, fi la
/ caufe qui les a produites n’a pas agi avec beau-
1 coup d’inrenfité, les parties reprennent Couvent
[ leur ton, fans que l’inflammation devienne très-
| violente, la fuppuration s’ établir, & la guérifon
s’achève, à-peu près comme dans les cas de Playes
par incifion. Mais on voit fréquemment des cas
ou les parties voifines de celles qui ont été di-
I vifées, ont trop fouffert pour qu’on puiffe s’at-
i tendre à une terminaifon aulfi favorable. Quelquefois
les .parties affeélées ont tellement fouffert
dans leur prganifaùon, que la circulation s’y trouve
abfolùment détruite & qu’elles tombent en gan-
! grène; & lorfqu’une certaine étendue de parties
I molles fe trouve maltraitée de cette manière, le
[ cas doit toujours être regardé comme très-dangereux.
Lés contufions peuvent encore donner lieu
1 à la gangrène par la violente inflammation, qui en
[ eft la conféquence; l’inflammation excitée par
une caufe de ce genre, eft plus fujette à fe ter-
: miner de cette manière, que celle qui tient à
; toute autre efpèce de violence produite par une
caufe externe.
On dpit toujours avoir préfentes à l’efprit les
circonftances dont nous.venons de parler, lorf-
f .qu il s’agit de former un pronoftic dans un cas
de Playe ; mais il y en a d’autres encore qu’il
ne faut point perdre de yue : telles font l’âge &
le tempérament du malade, le genre d’orgaoifa-
| tion dp la partie afteélée, & le danger que peu-
1 vent courir de$ organes importans par leur fitua-
| lion dans Je voifinage.de cette partie, quoiqu’ils
,ne X°*ent point ïntëreffés dire élément dans la
j bleffure.
Il n eft pas difficile de comprendre que des
j Playes chez des fu jets foins. & bien conftitués,
doivent être moins dangereufes que chez desper-
I -fouues mal faines & d’une mauvaife conftitution,
1 oc 1 observation nous montre tous les jours que
I Jorfqu’il y a quelque vice général dans le. fyf-
' 5 flu une difpofition feorbutique Jj fero- I f hule¥fe fiphiltiquc, les plus, légères bief-
I Wes quelquefois extrêmement difficiles à guè-
Chiruîf’U. Tome 11 , /,« Parue.
rir , & prêtes à dégénérer en ulcère qu’il eft im-
poflibie de cicatrifer , jufqu’à ce que l’on ait rétabli
la fan té générale.
Nous voyons auffi que le fuccès dans-Ie traitement
des Playes dépend, jufqu’à un certain
point^de l’âge du bleffé, & qu’on les guérit plus
facilement chez les jeunes gens & les perfonnes
d’ un moyen-âgé, que chez les vieillards; ceci
néanmoins n’eft pas fans exception : car , lorfque
l’âge n’a pas beaucoup diminué le ton & la vigueur
des fibres mufculaires, lorfque laconftitu*
tion conferve encore affez d’irritabilité pour exciter
le degré d’inflammation néceffaire à la ci-
catrifatiôn d’une Playe, la vieilleffe ne fauroit
être regardée comme un obftacle à fa guérifon.
Au contraire, elle eft plutôt avantageufe en pareilles
circonftances, puifqü’e\Ie tend à modérer
les fymptômes qui, dans un âge moins avancé, fe
feraient développés avec plus de violence. C’eft
ce qu’on obferve fur-tout dans les cas de Playes'
très-étendues; c’eft ce qui eft particulièrement
évident dans les opérations de Chirurgie telles que
la raille & l’amputation des membres; opérations
qui réuffiflènt peut-être plus généralement chez
des vieillards d’un tempérament fain que dans
toute autre circonftance.
Quant à Torganifation des parties affeélées
perfonné n’ignore que les Playes fe cicatrifent plus
facilement & plus promptement en certaines parties
du corps qu’en d’autres. Ainfi, les Playes qui
attaquent principalement le tiffu cellulaire, font
plus faciles à guérir que celles qui pénètrent dans
lés mûfclés,. & celles qui n’iaréreffent que la fubf-
tance mufculaire font bien moins redoutables que
celles qui aftèélem des parties tendineufes ou lr-
gamenteufes; ces dernières occafionnant plus de
douleur & d’inflammation & expofant le malade
à des conféquences beaucoup plus fâdieufes, Un
mufcle, même des plus confidérables, peut être
coupé en travers, fans qu’il en réfui te aucune incommodité
permanente; au lieù, qu’une jointure
peut devenir tout-à-fait roide & immobile lorf-
q.ue les tendons; qui la font mouvoir, ont été
coupé«.
Les Playes qui affetfent les os., font toujours
plus longues & plus difficiles à guérir que celles
qui font bornées aux parties molles; car i l ‘ eft
rare qpe la cicatrice ait lieu fans, être précédée de
quelque exfoliation de l’osaffeélé; opération de
la nature qui demande toujours beaucoup de
tems pour s’achever.
Les Playes des parties gîanduleufes font.généralement
plus fâcheufes qu’on ne ferait poiré à
le craindre, d’après la bénignité des premiers
Xymptômes. Les petites glandes fe cicatrifent affez
facilement après avoir été bleffées; mais il
,n’en eft pas de même de celles qui ont un volume
plus confidérable; leurs Playes font très-
fu jettes' à devenir fongueufes, & à former des
ulcères difficiles à guérir.
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