
au lie , où il ne doit être que légèrement couvert,
& on lui donne vingt ou trente gouttes de
laudanum liquide. Les fymptômes, pour l’ordinaire,
paroifient céder jufqu’à un certain point,
mais le foulagement qu’éprouve le malade neft
pas de longue durée, & l’on doit répéter les
mêmes remèdes au bout de trois ou quatre heu- ■
res , & continuer à de pareils intervalles jufqu’à
ce que ceux de bien-être augmentent -, ce q u i,
généralement, ne tarde pas à arriver, & à amener
une guérifon complette. On a quelquefois ajouté à
ce traitement l’ufage du vin, & celui du kinkina
qui ont paru coopérer à fes bons effets.
Un autre remède qui a fréquemment réuffi
dans cette maladie, c’eft le mercure. Nous l’avons
nous-mêmes employé quelquefois avec le fuccès
le plus complet' comme on peut le voir dans
le volume 45 du Journal de Médecine. Il faut
y avoir recours de bonne-heure, de peur que
la maladie ne gagne de vîteffe fur fon ufage, &
en preffer l’adminiffràtipn aficz pour qu’il a gifle
promptement fur la bouche, en veillant cependant
à ce qu’il ne l’afftéle pas trop fortement.
Voye1 Mercure. Il eft indifférent de quelque
manière qu’on l'emploie , que ce foit intérieurement,
ou en friélions, pourvu que le corps en
puifle être fuffifamment chargé; on en continue
l’ufage jufqu'à ce que la maladie foit entièrement
fubjuguée, à moins que des fymptômes particuliers
n’obligent à le fufpendre. L ’on emploie
utilement l ’opium en même-tems que le mercure.
Les embrocations onélueufes balfamiques, fpi-
ritueufes, les faignées, les applications de véfi-
catoires que beaucoup de Praticiens ont recommandées,
font non -feulement des remèdes inutiles
dans la plupart des cas, mais même nuiûbles,&,
à moins de fymptômes particuliers qui en requièrent
l’ufage, doivent être abfolument prof*
crires.
TÊTE. K'.$*>4. Caput. Partie la plus élevée
du corps, deftinée à contenir le cerveau & Je
plus grand nombre des organes des fens, & cori-
féquemment celle dont l’intégrité importe le plus
dans l’exercice libre des, fondions. La Tête eft
lujerre à différentes affrétions ou maladies chirurgicales,
dont nous flous fommes déjà occupés
dans plufiêurs articles de ce Lexique. Nous ne
eonifidérerons ici que celle qui dérivent de l’action
fubite & imprévue des corps.extétieurs, &
qu’on nomme communément traumatiques, dans
les sQrdifcs fyflêmatiques de Nofologie*, renvoyant,
pour les détails, aux divers endroits où la matière
eff déjà traitée dans une fuffifanre étendue.
Pour mettre plus de fuiie dans tout ce que nous
avons à dire ici, nousfuivons l’ordre de divilion
des Anatomiftes, en diflinguani la Tête en partie
chevelue & en face.
Des affections traumatiques externes fl» internes
de la partie chevelue de l i Tête.
Ces affrétions, qu’on appelle communément
playes, peuvent ititércffer ici les tégumtns communs,
celt-à-dire, le cuir chevelu', ou , s’étendant
plus foin^léfer lecrànfe, & le cerveau même
& fes membranes, & donner ainfi naiffance à
divers fymptômes & accidens, dont la gravité &
la complication demandent toute l’attention du
Praticien, qui ne fe détermine à opérer que d’ après
des indications bien raifonnées. Suivons ces premières
divifions qui noirs mettent à même de dire
tout ce qu’ il importe de favoir fur cette matière
fi intéreffaote.
Léjions de la Veau , de ï Epicranium,
& du Pêricrâne.
Les playes du cuir chevelu, quoique fimples
en apparence, peuvent cependant avoir des fuites
plus fâcheufes que celles des tégumens de la
face , ou d’autres régions, tant àcaufe de la tif-
fure ferrée dè l’épicranium, & du pêricrâne, qu’à
railonde la communication vafculaire établie en-
i tre eux & les membranes ou méningés qui enveloppent
le cerveau. Les léfïons, comme toutes
. celles dont il a été faifmention à l’article Pl a y e ,
font faites par un inftrument tranchant, piquant
ou contondant. Celles du premier gente font en
général les plus fimples*, il ne faut, pour les guérir
prompte.mént, qu’en tenir les bords dans un
état d’approximation , ce qu’on fait au moyen de
la future fèche, des comprefles & d’un bandage
contentif, foit la fronde ou l’unifiant qu’on place
convenablement. On met fur la playe un plu*
maceau fec , ou légèrement couvert de baume
d ’Arcéus, & l’on continue le même patifement
jufqu’à parfaite guérifon.
Les plaies du fécond genre, c’eft-à-dire les
piquures, ont, en général, une grande tendance
à l’ inflammation. Quand celle-ci a lieu, fi PinL
trument n’a pas été au-delà du tiflu cellulaire,
le gonflement s’étend fur toute la Tête & le vi-
fage *, la teinte de celui-ci eft d’un rouge jaunâtre;
il s’en élève des véficules qui contiennent une
férofité de même couleur. La preffion du doigt
fait difparoître la rougeur; mais ce neft que
momentanément, les paupières font quelquefois
fi gorgées que l’oeil en eff couvert. A tous ces
fymptômes locaux fe joignent quelquefois des aff
ilio n s générales qui en aggravent la nature;
Jafoif eft infupportable,l’inertie très-grande, le
fommeil fufpendu, les naufées fréquentes, & la
fièvre plus ou moins développée. Ces accidens
ont plus communément lieu chez les perfonnes
d’un tempérament fec & bilieux, qui font fujettes
aux éréfypèles. Les faignées, les doux purgatif*)
les antiphlogiftiques ordinaires > le régime I2 P*115
1 févère, & k s fomentations réfolutives diifrptDt
toujours ces aç-idens, & àmefure qu’ils »
«aroiftent, la peau devient fèche,• écarlleufe, &
conferve une téinte jaunâtre jufqu’à ce que la
tranfpiraiion s y-foit parfaitement rétablie, & la
playe prend de jour en jour un afpeéï plus favorable.
Le ca* eff beaucoup plus fâcheux quand l’inf-
truinent a léfé l’épicranium & lé péric.âne; le<
fymptômes qui ont alors lieu , mettent évidemment
la chofe hors de, doute. Le gonflement
n’cft jamais porté au même degré que dans le
premier cas, il ne retient point l’empreinte du
doigt) la rougeur de la peau eft foncée, & n’eft
pdinr mêlée de la teinte jaune de l’éréfypèle; il
v a tenfion , & la moindre preffion excite delà
douleur. Comme les oreilles & la peau ne font
point couvertes par les expan fions que la caufe
vulnérante a léfé, elles font rarement comprifes
dans la tuméfaélion, quoi qu’ elles participent de
la rougeur générale dé la peau. La douleur de
Tête eft violente, & la fièvre eft portée à un
fi haut point, qu’elle chafle tout fommeil, &
que même elle eft accofnpagnée de délire. Ce
dernier fymptôtnë eft toujours l’indice de la formation
du pus entre le crâne & la dure- mère,
fur-tout quand il furvient des-friflons irréguliers,
& des fueurs qui ne procurent aucun mieux
au bleffé. Les faignées ici font beaucoup plus
urgentes que dans le cas précédent, elles doivent
être réitérées fuivant les circonftances; on
aura enfuite recours aux fomentations difeufti-
ves Si réfolutives chaudes, & mieux encore à
un cataplafme fait avec les quatre farines réfolutives
, qui convient particulièrement pour ce
cas. Cette méthode fùffit ordinairement quand les
fymptômes ne font point preffans; mais les tégumens
font quelquefois'!! tendus,la douleur locale
fi grande, & la fièvre fi forte qu’on a tout à craindre
pour les jours du bleffé. Si celui-ci réfifte à
de fi fâcheufes circonftances, bien-tôt le mal local
continuant le même, il fe forme une ou plufjeursfr
efearres ou des abcès, dont la matière fe répan-!
dam à l’entour, détache la membane du crâne,
& ainfi dénude entièrement celui-ci. Ç’eft pour
éviter d’auffi fâcheuies fuites qu’on confeiile d’in-
cifer fur la plaie, de la manière que nous dirons
ci-après.
Les playes du troiftème genre, ouïes cotirufes,
font très-fouvent accompagnées des fymptômes
fâcheux dent nous venons de faire mention, &
conféquemment exigent les mêmes procédés cu-
ratoires. Quand l’inftrument vulr.éçant eft porté
de biais ou en dédôlant, il détache communément
un lambeau plus ou moins étendu des tégumens,
& fouvent même du pêricrâne, de manière que
los refte entièrement à nùd. On a vu lès muf-
cles frontaux & occipitaux être ainfi détachés
dans une très-grande étendue, & renverfés fur
la Tête. La conduite des Praticiens, dans ce
dernier cas, eft loin d’être uniforme. Il en eft
qui confèillent de retrancher le lambeau, dans
la perfuafion où ils font qu’uné fois détaché du
crâne, depuis un certain rems, il ne peut plus
,s’y recoller , & qu’une réunion, en fuppofant
qu’elle fût pôftible, empêcheroit les recherches
qu’on pourroit faire fur la caitfe des accidens actuellement
exiftans, tels qu’une fratfture, une
dépreffion ou une contufion du crâne. D’autres,
gu contraire, confeillenr de conferver la portion
détachée croyant qu’elle pourra fe réunir à l'os;
circonfiance, difenr-ils, qui abrégeroir beaucoup
la cure, & éviteroit la néccftité de l’exfoliation
& la difformité de la cicatrice. Le dernier parti eft le meilleur à fuivre. ce Je croîs, dit Pott à ce
fujet, qu’il faut toujours effayer de conferver la
portion féparée des tégumens, à moins qu’elle ne
foit tellement déchirée qu’il n’y refte plus aucune
trace d’organifation, ou qu’il exifte des fymptômes
inquiérans. En effet, la playe offre quelquefo's
un afpeét tellement effrayant, que ceux qui n’ont
pas encore une grande expérience, font portés à
croire qu’il n’y a pas d’autres remèdes que la réfection.
Mais j ’ai fi fouvent tenté de conferver la
portion déchirée, & avec fuccès, que je confeiile
très-fort de tenter la même méthode, même dans
les cas où une grande étendue du crâne feroit
entièrement dépouillée, à moins que les circonftances
mentionnées ne la rendent impraticable. ?>
Ces circonftances font les fymptômes qui indiquent
que les parties placées, au-deffous font endommagées.
v Si aucun ne fe frianifefta, 8c que
toute la violence du coup n’ait eu lieu qu’à t’ex-,
térieur ,i l faut, fans plus tarder, après-avoir bien
lavé la plaie avec du vin chaud, & l’avoir né-
royé de toute ordure & de'tout fang extravafé,
en appliquer le lambeau au crâne, & le maintenir
en place par des bandelettes agglurinarives,
un bandage unifiant, & même la future, s’il n’y
a pas d’autres moyens plus expéditifs, ci J e prévois,
dit Poit, qu’en faifant feuîemenr mention
de futures pour une playe de cette efpéce, j ’étonnerai
quelques-uns de mes Leéleurs, qui fe
font imaginés quelle ne peut convenir pour aucun
cas. Je fais que c’eft-là la doélrine générale,*
mais aùfii je n’ignorë pas que, quoiqu’elle
foit quelquefois bien fondée, fi on la rend générale
, on fera fouvent privé d’un fecours très-
efficace; car un point de future, fait avec un
noeud coulant, peut maintenir les parties divifées
dans une fitnation qui accélérera beaucoup la
guérifon. Dans plufieurs cas, il ne faudra qu’un
efpace de feras très-court pour obtenir l’effet qu’orï
defire, & le "fil pourra être retiré auffi-rôt que
les vues feront remplies, ou que la furure fera
devenue inutile. La portion des tégumens fe réunira
aux parties dont elle éroit féparée, il t*’y
aura pas d’autre ulcère que celui qui dépend de
i’impoflibilité de remettre les lèvres de la plaia
dans un contact immédiat, & la cicatrice qui fe
formera aura une petiteffe proportionnée, j? Mais
D d dij