
article. Cet infiniment lui fervit d'abord pour lier
les Polypes du nez & de la matrice, il en avoir
un autre pour diriger le lien , i l Vappellort Conducteur
de l'anfe. Mais- dé Praticien' ne fut pas
long-tems à s’appercevoir que fa méthode étoit
em bar raflante entre les mains du commun des
Opérateurs, il la Amplifia en lui fubftituant un
tuyau d’argent, dont l’ouverture fupérieure fin if-
foi t par une traverfe pour féparer un fil d’argent
écroui, lequel devoit faire l ’anfe. Il paflbit les
deux bouts du fil d’argent en double de chaque
côté de la traverfe , pour les faire fortir par l'extrémité
inférieure du tuyau, il n’en laifloit fu-
périeurement qu’autant qu’il falloir pour former
l’anfe qui devoit embraffer le Polype , ayant foin
qu’un des bouts du filfoit libre du côté inférieur
éfc que l’autre foit arrêté dans un des anneaux
placés au bas. L’ inftrument ainfi difpofé, il le
. portoit jufqu’à la bafe du Polype qu’il attiroif à
travers l’anfe du fi h; avec une pince fenetrée &
donnant celle-ci à tenir à un aide, il poli Soit
linfirument, en alongeoit l’anfe ou le retrécif-
foit jufqu’à ce qu’il fût affiiré d’avoir bien em-
braffé la bafe de la tumeur, alors tenant ferme
les deux bouts du lien, il faifoit deux ou trois
torfions pour l’étrangler*, enfûke il étoit la canule
& appüquoit le fil fur P une des joues. Il
renouvelloit la torfion de tems-en-tems, en re-
dreîTant les fils & k ’s réunifiant de nouveau comme
à la première fo is , & pouffant la canule
jufqu’au pédicule, & cela jufqu’à ce que le Polype
tombât de lui-même. Cette méthode ne réufiit
pas toujours à fon Inventeur ni même à ceux qui
la tentèrent après lui, au Si quelques-uns, &. je
préfume que ce fut Chefelden, lui ajoutèrent de
nouvelles perfections qui confident à former deux
tuyaux qu’on adefîe dans toute leur largeur. Voye[
la Planche relative à cet article : on leur donne
une direction droite ou courbe félon qu’il eft
néce (faire, & on les garnit d’un fil d’argent fuf-
fifammem long pour s’attacher aux ailes de l’inf-
trument ou à une petite manivelle percée à fon
arbre. On tire un peu les fils d’argent comme on
Je voit repréfenté dans les Planches, & l ’on porte
doucement l’inftrumtnr dans la narine : quand il
paroît dans la gorge , l ’Opérateur avec fon doigt
placé dans la bouche ouvrira l’anfe fuffifammenr
pour y engager la partie Caillante de la tumeur,
& ayant porté le fil le plus près poffible de fa
racine, il pouffera la canule jufqu’au Polype, portant
les doigts de tems-en-tems dans la gorge
pour conferver le fil dans la meilleure polit ion.
Alors il tirera le bout du fil avec le doigt ou la
manivelle d’une manière affez ferrée. & l’attachera
aux ailes de ^infiniment s’il Ce fert d?un
fimple. 11 laifiera ainfi le tout jufqu'au lendemain
qu’il le ferrera de nouveau , ce que répétant
chaque jo u r , la tumeur tombera tôt ou tard,
félon fon volume. Si elle eft petite , elle tombera
probablement le fécond jour. En général, il
ne faut point ferrer trop fo r t , car alors le fil
agiroircomme inftrumenr tranchant , eeqnipoif-
roit occafionner une hémorrhagie anffi conlidé-
rable que celle qu’on redoute dans la méthode
de l’exeifion.
jDes Polypes de lagQrge.
On peut de cette manière emporter tous les
Polypes,• quoiqu’ils aient leurs raejnes dans la gorge,
ou au commencement du pharinx ; fi l’on peut
les faifir dans l’anfe du fil , -foit avec les doigts,
foit avec une paire de pince ou un ftilet fourchu.
Mais, dit M. B e ll, on a des exemples dex-
croiffances de ce genre, fi tuées trop profondément
dans i’oefophage,pour qu'on puiffe efpérer à les lier
de la manière que nous venons de le dire. Dans
le III. vol. des Phyfical and Litterary EJfays of
E d im b u rg k, on trouve un cas où une méthode
bien ingénieufe fut mife ën pratique par M. Dallas,
pour lier un Polype. L ’excroiffance affez volumi-
neufe pour gêner beaucoup la refpiration, & la
déglutition prenoit naiffance de l’oefophage • il
en fortoitune très-grande portion dans la bouche
toutes les fois que le malade fai foit des efforts
pour vomir *, mais enfuire elle redefeendoit &
reftoir cachée dans le pharinx jufqn a ce qu'un
nouveau vomiffement revînt. M. Dallas imagina
le moyen que voici. IL fit, avec un fil ciré,
un noeud coulant adapté à la rainure de l ’anneau
C. D. Voy. la Planché relative à cet article ; il
plaça ce fil datas la rainure & en fit couler les
deux bouts dans la cavité des deux branches
courbes qui les foutiennenr, en les faifant palier
par l'ouverture C. D. & fortir par les deux orifices
E. qui font de chaque côté à la réunion des
deux branches à la tige.. Tour étant difpofé ainfi,
& les deux bouts du fil roulés autour de la
fig e , il poufla fon infiniment, après avoir fait
paffer la tumeur dans l’ovale jufqu’à la .bafe,
puis déroulant les fils de la>tige, & les tirant à
lui, il parvint à ferrer fufiïfamment la tumeur.
Ce premier noeud fa i t , & l’infirument retiré, il
en fit un feçond qu’il pouffa avec un inftrument
fort ingénietifement fa it , & imaginé d’après les
mêmes principes que l’anneau de Fabrice de
Hiidan. C’efi une longue tige. Voy. la Planche
relative à cet article , qui efi également un peu
courbe , fe terminant à une petite caille applatie
qui renferme deux petites roues de cuivre, larges
de cinq huitièmes de pouce , & d’un demi-pouce
d’épaiffeur , plus ou moins. I>1 pafia chaque bout
de fil fur la gorgé des poulies, comme on le voit
repréfenté dans la Planche. Ainfi,en tenant ferme
les fils, & pouffant l’infirument en haut, il parvint
à faire un noeud fort ferré. La portion liée tomba
, comme le Praticien s’y étoit attendu ; mais
une autre portion qui fe portoit vers l’eflornac >
& qui n’avoit point paru ; ayant continué de
croître , le malade mourut deux ans après des
fujtes de celles - ci.
La ligature des Polypes dont il s’a g it, & de
ceux desfoffes'-nafalés pofiérieures manquoit louant
entre les mains de Le vre t, à raifon de la
difficulté qu’j l tronvoit à tenir la bouche ouverte,
quelques fuffeof les fpéculums qu'il employât
pendant l'opération. M. Herbiniaux le taxe durement
à ce fujet, relativement à ce qui lui
arriva fur M. Roderic, habitant de C o lo gne.
Ce particulier ayant un Polype dont
il avoitété vainement traité par Le vret, imagina
pour s'en défaire, un moyen qui lui réufiit.
Ceft un infiniment qu’il compofa de plufieurs
grains de chapelets d'yvoire , au bas duquel eft
un tourniquet. Voye^ la Planche relative à cet
article.-Ii introduifit d’abord l’anfe du fil pour
embraffer le Polype'; puis réunifiant les deux
branches de ce fil , il enfila les grains les uns
après les autres jufqu’à ce qu’il en eût formé
une colonne torfe., affez longue pour être très -
proche du pédicule. Après quoi il pafia les deux
bouts du fil dans la traverfe du tourniquet, les
y arrêta & ferra le fil en Tenant la traverfe qui
•efi en vis. La tentative lui réufiit, & plufieurs
jours après le Polype tomba.
M. JBrafdor, convaincu de tontes les difficultés
qu’on avoit éprouvé avant lui dans les cas de
ce genre, imagina une méthode détaillée dans
dans un Mémoire q u ’i l lu t , en 178 5 , à la féance
publique de l'Académie de Chirurgie, & qu’il
dit lui avoir réufii depuis plus de trente ans.
i l l’exécute avec trois infirumens.différens : le premier
a été imaginé par Bellocq, pour conduire de
la bouche dans les arriéres narines un bourdon-
net fec ou imbibé d’une liqueur ftyptique , lorsqu'il
eft quiftion d’arrêter une hémorrhagie.
Il efi compote d’une canule longue de cinq à fix
pouces, légèrement cambrée vers une de. fes extrémités.
Elle contient dans fon calibre une lame
élafiique, recourbée comme unrefibrtde montre.
Cette lame efi foudée par un bout à un ftilet
qui fert à la faire fortir de fa canule & à l’y
faire rentrer; elle porte un bouton à fon autre
extrémité. L e fécond de ces infirumens efi le
ferre-noeud de Levret. Cet infiniment efi un
tuyau Long de trois pouces & demi, & a deux
lignes de diamètre. A l’une de ces extrémités eft
une traverfe qui fert à réparer les fils qu’on y
a introduirait àempêcher qu’ils ne fë tordent
l ’un Fur l’autre quand on tourne le tuyau. A
fon autre extrémité font foudés deux anneaux
fur les-côtés oppofés du calibre. M. Brafdor ayant
réfléchi au frottement que J a narine éprouvoit
quand on tournoit ce tuyau , l’a renfermé dans
•un autre qui refte immobile pendant que la tor-
Éon s’exécute. Une mitre, placée à l’extrémité où
font les^anneaux , le foutient contre laèlion du
«I qui lenforceeroir fans cette réfiftance. Le troi-
bème eft un fil d'argent de coupelle , compofés
«e deux brins, tournés l'un fur l ’autre en fpi-
«ale. Cefil doit être long de dix ^Imit pouces.
? on en reployera avec un bec de corbin environ
l deux lignes de long, ce qui formera une petite
j anfe dans laquelle on engagera un fil de chanvre,
long de trois à quatre pouces, & dont on nouera
également enfemble les deux extrémités. Un autre
fil de chanvre , composé de plufieurs brins réu-
nis & cirés , fera pafîe dans la grande anfe du
fil d’argent - on en nouera également les deux
bouts enfemble, pour faire encore une anfe qui
comprendra le fil d’argenr. Le fil de chanvre
efi pour: ramener l’anfe de celui d'argent vers
le gofier , dans le cas où elle auroit paffë par-
deflus la maffe polypeufe fans s’y arrêter, & par
ce moyen , éviter la néceffité de recommencer
l ’opération. V®ye\ les Planches relatives à cet
article où tous ces infirumens font repréfentés.
L'appareil ainfi préparé, on place le malade
dans un fauteuil, la tête renverfée fur le dos
de ce liège*, il efi tenu avec fermeté, les mains
appuyées fur les bras du fauteuil. Alors l'O -
j pérateur prend de la main droite 'l’infirument
de Bellocq dont la concavité efi en bas ; la lame
j élafiique étant cachée dans la canule, il en porte
l ’extrémité, à laquelle eft le bouton, dans la
j narine , du côté dont il croit l ’attache du Polype
la plus proche*, il pouffe le ftilet, le bouton
qui termine la lame élafiique vient fe préfenter
aux dents de la mâchoire fupérieure. Il accroche
à ce bouton le fil de chanvre qui eft attaché
aux extrémités du fif d’ argent, il retire le ftilet,
la lame élafiique rentre dans la canule ; il
tire l’infirument jufqu’à ce qu’il foit forti du nez,
& il coupe près du bouton le fil de chanvre
qui fe trouve alors paffé de la bouche dans le
nez. Cela fait, il continue de tirer le fil de chanvre
que fuivent les deux bouts du fil d’argent
jufqu’àce qu’ils foient hors du nez , & que l’anfe
oppofée foir dans la bouche. Alors il examine
fi le fil d’argent efi derrière ou devant
le Polype ; dans le dernier cas , l’excroifiance
efiatachée à la partie fupérieure ou poftérieure
du pharinx , & elle prend naiffance de la c loi fora
du nez dans le premier. L ’Opérateur prend enfuire
de la main gauche les deux chefs du fil d’argent
qu’il fait fortir au dehors, moyennant quoi l’anfe
de ces fils avance vers le gofier. Dans ce m oment,
fon doigt indicateur &. celui du milieu de
la main droite feront portés dans l’anfe pour la
tenir ouverte, la diriger & la conduire fur le
Polype. Ses doigts doivent être fitués devant ou
derrière l’anfe. Alors il enfile le che f dans le
tuyau, par l’extrémité où eft la traverfe deftinée
à les tenir féparés; & lorfque le tuyau efi enfoncé,
autant qu’il efi poifible-, il tortille les fils autour
des anneaux qui font à l’autre bout du tuyau;
il tourne enfuite jufqua ce que la réfiftance fafle
craindre la rupture des fils qu’il attache après
avec des épingles au bonnet du malade. Il lai (Te
ainfi la canule & les fils dans le nez, ayant
foin de fexrer fouvent, jufqu’à la chute du P03