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qui ont les vaîffeaux très-enfoncés, Sr p a r con-
féquent il y a fouvem moins S craindre de piquer
l’attère , le tendon ou l'aponeurofe, en ouvrant
les vaifleaux enfoncés, qui font prefque toujours
entourés de beaucoup de graiffe, quen
ouvrant des vaifleaux apparens. Lorfqu’on ouvre
ces derniers, il faut porter la pointe de la lancette
obliquement, de peur d’atteindre quelque
partie qu'il feroit dangereux de piquer.
Il importe extrêmement de ne fe fervir que
de lancettes parfaitement affilées; car l'on conduit
hien mieux une lancette qui pique & qui
coupe bien, qu’une mauvaife qui oblige à employer
plus de force, & dont on n’efl pas le
maître quand on a vaincu fbréflflance.
Le Chirurgien ouvrira la lancette affez pour
quelle faffe un peu moins d'un angle droit avec
le manche; il la tiendra par le talon , entre le
ponce & l’index de la main droite, de manière
qu’il en refle un peu plus de la mpitié à découvert,•
jl fléchira fes deux doigts, & pofera les extrémités
des autres fur la partie, pour s’affûter la
main ; enfuite , pouffant la pointe de 1a lancette
doucement, plus ou moins a plomb, fuivant
Je plus ou le moins de profondeur du vaiffeau,
au travers des tégumens jufque dans la veine,
il la portera en avant, dans une direction oblique
relativement à celle du vaiffeau , jufqu’à
ce que l’ouverture foit de la grandeur dont il
fe propofoit de la fafre, ayant foin en même-
tems de lui faire décrire une ligne aufli droite
qu’il fera poffible, de peur qu elle ne plonge,
dans les parties qui font au-deffous. Mois il
retirera fa lancette, & ceffant de comprimer la
veine avec-le pouces il laiffera couler le fang
dans les palettes préparées pour le recevoir.
Il importe ici de faire remarquer que, tant
que le fang c ou le , il faut tenir le membre exactement
daus la pofition oit il étoit quand on a
introduit la lancette; autrement, l’incilion faite
il la' peau eft fujetre à s’écarter de l’orifice de
la v eine, ce qui efl toujours incommode , &
donne fouvent'beaucoup d'embarras par 1 épanchement
du fang daps le tiflu cellulaire des environs,
Ko as avons dit quelorfqu’on tient la lancette
pour faigner , elle doit faire une angle un peu
aigu avec fon manche. Il n’y auroit pas d inconvénient
fi fiangie étoit d ro it, mais s’ il éfûit plus
grand, lre manche fe rapprpcheroit trop de la
iiiain de l’Opérateur &. pourroit lembarraffer.
La 1 ongueitr de cette partie de la lancette que
le Chirurgien laiffe à découvert, aianr que de
la plonger dans la veine, efl une autre circonf-
tauçe à laquelle il faut faire attention ; car ,
s’ il n’en biffe pas affez, il ne peut pas agir librement.
S’il emploie une lancette de grandeur
ordinaire, il ne doit cacher entre fes doigts que
la moitié à - peu - près de la lame.
L ’entrée dp la lancette dans la veine eft une
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autre circonftancè à laquelle il faut être attentif
Il n’eft pas. difficile dapperçevoir le moment où
elle entrç dans fa cavité, car auffi - tôt quelle
y a pénétré, le Chirurgien éprouve une réfiftanc*
fenfiblement moindre qu’auparavant à la force
qu’il emploie pour l’introduire ; & , dès qu’il a
donné la plus petite étendue à l’ouverture, le
fang qui commence à jaillir met la chofe tout * à-
fait hors de doute. Nous avons recommandé,
lorfque la lancette efl dans la veine, de la porter
en avant dans une direction o h ! iq u e& de prendra
garde à en maintenir la pointe au même degré
d’élévation depuis le moment où elle en a percé
les membranes. Çette partie dé l’opération demande
une attention particulière. Ç’eft au défaut de précaution
à cet égard j ou plutôt c’eft aux mauvaifes
règles établies là-deffus par tous les Auteurs qui
ont écrit à ce fejet > qu’il faut attribuer la plus
grande partie dçs accidens qu’on a vu arriver
à la fuite de cette opération.
Il eft aifé de voir pourquoi nous preferivons de
donner à l’incifion une direélion oblique. Si on
la fait fuivant le cours de la veine, les bords
de la playe fe tiendront trop rapprochés, & le
fang ne pourra pas couler librement. D’un autre
côté, fi 1 on ouvre le vaiffeau tout -à-fait en travers
, la playe a beaucoup de peine à fe guérir ;
x e qu’ii y a de mieux, c’eft donc d’ouvrir la veine,
obliquement. Mais ce qu’il importe \ le plus de
ne pas oublier, c’eft la direélion qu’il faut donner
à la pointe de l’inftrument, lorfqu’elle a pénétré
dans la vçine, Prefque tous les Auteurs qui ont
écrit fur la Saignée prefçrîvent, ppur étendre
forifice, de relever le manche de la lancette en
même éteins quon pouffe la lame en avant, dç
manière que la main décrive un arc de cercle
dpnt la pointe de l’indrument foit le centre.
La raifon queTpn donne de çette précaution,
eft d’epïpêchçr que l’orifice intérieur de la veina
ne s’étende plus que l’incifion faite aux tégumens,
& que le fang ne vienne à s’épancher dans
le tiffu cellulaire , & à former des ecchymofes,
comme cela fe vojt fréquemment', lorfqu’on fe
fert de lancette à pointe large ou à grain d’orge.
Mais, on évite facilement cet accident avec l’autre
efpèce de lancette dont le peu (de lârgçur permet
qu’on en porte la pointe dans la cavité de
la veine, auffi loin qu’il eft néceffaire. Quand
l’opération eft bien faite, l’ou'verture du vaiffeau
doit être à - peu - près dè la même grandeur que
celle de la peau. On évite auffi, enagiffant comme
nous l’ayons preferit, le dahger principal que
l’on court néçeffairetner.t en fuivant implicitement
la règle dont nous avons fait mention tout - à -
l’heure , car un effet certain du mouvement que
'Pon fait pour relever la main, ou la partie pof-r
téricure de la lancette, c’eft ,d’en :abaiffer la
pointe j & il eft aifé de voir combien il peu*
être dangereux d’abaifter la pointe de l’inflrii-
ment > lorfqu’elie gliffe déjà peut - être fur le
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èêté op-pofé du vaiffeair, piiifqu’eile doit alors
Je percer inévitablement,- & s’il fe trouve au-
deffous une artère, un nerf ou un tendon , elle
ne peut manquer d elesbleffer’, cette feule caufe
doit avoir donné lieu à une multitude d’accidens
de cette nature. Puis donc que le danger de cette
pratique,eft évident, & que l’inconvénient qu’on
afuppofé devoir réfùlter d’une pratique différente,
peut àiCément s’éviter,lorfqu’on fefert de la lancette
étroite ou à langue de ferpenr, il ne petit plus y
avoir de doute fur la méthode que l’on doirchoifir
pour faire cetre opération.
Pour ce qui eft de l’étendue qu’il faut donner
à l’ouverture , on la réglera d’après la nature de
la maladie pour laquelle la Saignéé a été prescrire.
Lorfqn’on veut tirer rapidement une affez i.
grande quantité de fang, foit dans la vue de ..
caufer une défaillance , foit pour quelqu autre
raifon, il faut que l’ouverture foit très - grande j
mais dans la plupart des cas cela n’eft pas nécef-
iàire.
Lorfqu’on fe fert d’une lancette étroite , ilfuf-
üra le plus fouvent que l’ouverture ait une ligne
& demie de long-, mais avec là lancette à pointe
îarge, une ouverture de trois lignes n?eft pas
trop grande, car celle de la veine aura hien rarement
plus de la moitié de cette étendue. Voy.
L ancette.
Nous avons dit qu’après que le Chirurgien
aura retiré la lancette de la playe, il ôtera auffi
fur - le - champ le pouce de fa main gauche de
lendroit ô ù i l l’avoit placé. Peut-être trouvera-
t -o n ces détails trop minutieux , & que ce<re
circonftancè en particulier ne méritoit pas qu’on
en fu mention ^ mais, dans une opération importante
, il ne faut négliger aucun détail. Le
premier but dans lequel nous avons recommandé ’
«u Chirurgien de placer fon pouce fur la veine,
étoit afin J de tendre la peau dans l’endroit où
si devoit l’ouvrir , & de fixer la veine pour l’empêcher
de rouler fous la lancette. Un autre avan-
Jage qui tn réfulte, e’eft qu’en comprimant la
veine avecjjne certaine force, on empêche qu’il ne
forte beaucoup de fang entre le moment où l’on
a retiré la lancette & celui où l’on peut approcher
Je vafe qui doit le,recevoir. 11 arrive fouvent que
pendant cèt intervalle, il fe perd beaucoup de
fang, ce qui devient incommode au m a -
, au Chirurgien & aux alliftans, & cependant
avec un peu d’attention, il eft fort aifé
de 1 empêcher.
jhâ Lorfque l’ouverture a été bien faite , &
quelle eft affez grande , il arrive rarement qu’on
a,f de la peine à tirer tout le fang qu’on juge
néceffaire, quelquefois cependant cela n’eft pas
ans difficulté, foit que l’ouverture des tégumens
e foit écartée de devant celle de la veine ,
0,t que le .malade ait quelque difpofition à
omber en foiblefle y dans ce dernier cas ,
? faut faire entrer un courant d’air frais dans
l’appartement ; il faut faire fentir du vinaigre
au malade, & le mettre dans une pofition horizontale
s’ il n’y étoit pas déjà. Par ces différens
moyens, on viendra à b ou t, pour l’ordinaire,
d’écarter la fyncope ; mais f i , malgré cela ,
le fang ne couloir pas librement, on mettra le
membre dans toutes les pofitions que l’on peut
fuppofer propres à ramener l’ouverture de la
peau vis à-vis celle de la veine & l’on s'apper-
cevra bien - tô t , fi l’on y a réuffi, quand le
fang fe mettra à couler. Il faut exciter le jeu
.des mufcles dans la partie'où fe fait la Saignée y
par exemple, fi l’on Saigne au bras, on réuffira
quelquefois mieux que par tout autre moyen à
faire couler le fang en jet continu, en mettant
dans la main du malade un étui,ou quelqu’autre
corps folide qu’il aura foin de faire tourner fréquemment
avec fes doigts. Enfin, fi le battement
des artères eft très-foibie dans la partie inférieurs
du membre, ou s’il ne fe fait point appercevoir
du tou t, on peut être sûr que la ligature eft
trop ferrée, & alors l’on peut à l’inftant faire
jaillir Je fang en la relâchant} & en faifant ainfi
ceffer la compreftion qu’ on avoit, mal-à-propos ,
faire' fur les artères.
6.° Lorfqu’on aura tiré la quantité de fang proportionnée
à ce.qu’exige l’étar aéluel du fyilême,
on fe hâtera d’ôter la ligature qui fervoit à comprimer
la veine, & fi l’on s’eft fervi d ’une lancette
très-étroite, le fang , pour l’ordinaire, ceffe-
ra découler àTinfiant même. Souvent cependant
on voit arriver le contraire, & en général, on
doit fe mettre à l’abri de l’hémorrhagie qui pourroit
avoir lieu. C ’eft pourquoi le Chirurgien,comprimant
la veine, au-de fins & au-deflous de l’orifice
, avec fm d ix & le pouce, lavera les parties
tout autour, pour ôter tout le fang qui pourroit
s’y trouver ; il nétoyera auffi l’ouverture avec
foin , en rapprochera également les bords , &
les recouvrira d’un morcéau d’emplâtre adhéfif,
nommé vulgairement Taffetas d’Angleterre, ou
de qnelqu’autre de même nature, de manière à
les retenir enfembie folidemênt j en fuivant cette
méthode, il aura rarement befoin de mettre des
bandes fur la playe. Cependant, lorfque le fang
aura coulé avec beaucoup de force pendant l'opération
, & qu’on aura eu de la peine à l’arrêter
après avoir ôté la ligature, il fera prudent de
mettre une petite compreffe de toile par-deffus
l'emplâtre , & de la maintenir en place, au moyen
d’une bande, que l’on mettra autour du membre
de la manière la plus convenable.
Nous avons preferit dé bien nétoyer l’ouverture
avant que de la couvrir de l’emplâtre. Ceci
eft plus important qu’on ne le penfe ordinairement
-, car ., pour avoir manqué à ce foin , comme
auffi pour n’avoir pas rapproché exaélement les
bords de la playe, on donne lieu quelquefois à
des gonflemens inflammatoires, & à des fuppu-
rations, qu’un peu d attention auroit fait éviters