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-fur la plus groffe veine du côté oppofé a celui
ou l’on Ce propofe de Saigner , on fera paîTer
par-deiïus une jarretière ou quelqu’autre ligature
.convenable qu’on nouera lolidement fôiisû’aiffelle
vis-à-vis de manière à interrompre tout-à-fait la
circulation dans ce vaiffeau *, ce qu’il eft ai; é
de faire par ce moyen fans gêner, en aucune
•façon , la refpiration du malade.
Cela étant fa it , & la tête étant foutenue comme
il convient, le Chirurgien, en comprimant la veine
avec fon pouce, la fera gonfler plus aifément ;
alors il plongera la lancette dans la veine, &
avant que de la retirer, il agrandira l'orifice autant
qu’il fera néceffaire , pour tirer tout le fang
qu’il fe propofe d’évacuer. 11 eft bon de. faire ob*
ferver que la Saignée à la- jugulaire demande
toujours une ouverture plus grande que celle
du bras, autrement on a de la peine à tirer
affez de fang. Lorfqu’on juge à propos d'en arrêter
l'écoulement, celafe fait fans aucunedif-
ficûlré j il fuffit de ne plus comprimer les veines,
& de mettre fur la playe une petite bande d’emplâtre
agglutinatif t fans employer aucun bandage.
Pour faciliter l’ouverture de la veine, & pour
qu’elle pût fe faire a\ec plus de précifion, on
a quelquefois confeillé de commencer par la
mettre à découvert, en faifant, avec le biflouri,
une incifion au travers de la peau, du tiffu graif-
feux & des fibres' mufculaires , avant que d'y
plonger la lancette. Mais cette précaution n’eft
pas néccïîaire -, car il eft bien rare qu’on ne vienne
allez facilement à bour de faire couler le fang
' comme il faut , en ouvrant tout - la * fois les téguments
& la veine. D’ail-leiirS il faut prendre
garde que cette double opération eft toujours
défagréable au malade, qui ne manque pas d’acculer
le Chirurgien de maladreffe, lorfqu’il ne
" voit pas jaillir le fang du premier cou p, en
quelqu’endroit que fe faffe la Saignée.
. De la Saignée du pied.
Après tout ce que nous avons dit fur l'opération
de la Saignée, il n’eft pas néceffaire d’en-
l trer ici dans beaucoup de détails, ni de répéter
que, pour faignerau pied, il faut commencer par
comprimer les veines, pour y accumuler le fang.
Pour faire cette compreflion, on place une ligature
au - deffns de la cheville q u i, fur - le -
champ , fait paroître au - dehors routes les branches
de la veine faphène , fur la partie interne ,
aijifi que fur la parrieexterne du pied *,& , comme
cés branches font très - voiiines de la furface ,
jî’étant, pour la plupart, couvertes que par la
peau, on peut ouvrir indifféremment la première
qui paroît propre à cette opération.
Pour faciliter l’écoulement du fang, on a constamment
éié dans l'ufage, en Saignant en cet endroit,
de mettre le pied dans l’eau tiède,au moment
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où l’on venoit d’ouvrir le vaifieau. Mais cette
manière de procéder eft tou t-à - fait peu conve.
nable , parce qu’elle ne permet point dévaluer
'avec quelque précifion la quantité du fang qui
fe Sièie avec l’eau à mefure qu’il fort de la veine.
D’ailleurs le feçoursde l’eau tiède n’eft point néceffaire
•, car iorfqu’on a fait une compreflion
fiiffifante ,. & une aflez grande ouverture , il n’y
a pas plus dé difficulté à faire unecopieufe Saignés
par les veines du pied que par celles de toute
autre partie du corps.
Dès qu'on ôte la ligature, l'écoulement ceffe,
pour l’ordinaire, à l’inftant même , & il fuffit de
couvrir l’ouverture d’un peu d’emplâtre agglutinatif.
Nous avons paffé en revue les différentes parties
où l’on a coutume d’ouvrir la veine pour
tirer du fang. Mais il fe préfente des cas où,
dans la vue de dégager plus fûrement les parties
malades, on croit qu’il eft à propos d’ouvrir les
veines en d’antres endroits, comme particulièrement
celles de la langue, celles de la verge, les
vaifleaux -hémorrhoïdaux extérieurs, &c. Lorf-
'qu’il s’agit de procurer de cette «manière une
évacuation de fang fur la veVge , il eft aifé d’en
faire paroître lés veines, en les comprimant au
moyen d’une ligature. Mais quand il faut faigner
à la langue , ou aux veines hémorrhoïdales , ou
en d’autres parties qui n’admettent pas de com*
preffion, tout ce qui dépend de la Chirurgie,
Veft de faire une affez grande ouverture fur la
portion de la veine qui eft la plus apparente.
Si cela ne fuffit pas pour faire couler une aflez
grande quantité de fang , tout ce- qu’on pourra
faire pour en facilirer la fortie fera de plonger
la partie dans l’eau tiède cette précaution deviendra
même alors très - néceffaire.
De VArtériotomie, s
L ’artériotomie fe pratique fort rarement, &
feulement aux artères temporales, parce que ces
■ 'vaiffeau'x s’ouvrent plus commodément que les
autres artères, & qu’on y peut faire plus fûrement
la compreflion, à caufe des os du crâne
qui fourniffent un point d’appui. Voye\ A rtériotomie.
Des Saignées locales.
Lorfque pour foulager une douleur fixe, qui
-a fon fiège en quelque partie extérieure, ou dans '
quelqu’autre intention , on veut tirer du fang
direéîement des petits vaifleaux de la partie affectée
, au lieu de faire une Saignée par l’ouverture
de quelque gros vaiffeau , les moyens qu’on emploie
pour cet-effet font, l'application desfang-
fues, les fcarifications faites avec la pointe ou
le tranchant d’une, lancette, celles qu’on fait
au moyen d’un infiniment nommé fcarificateur*
Cet infiniment contient depuis une iufqu’à
lancettes
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lancettes, ou davantage, fixées de telle manière que quand on veuts’en fervir, on peut, au moyen
d’unrtffort, les plonger toutes à-la-fois, exactement
à la profondeur qu’on defire, dans la
partie affeétée. Mais ,■ comme par ces fcarifica-
tions on ne cherche à ouvrir que les petits
vaifleaux de la furface , qui ne laiffent pas facilement
échapper beaucoup de fang, il faut, de quelque
manière » aider c , tre évacuation.
Pour cet effet, on a depuis long - rems imaginé
de fe fervir de taffes de verre dont l’orifice étoit
différemment configuré, luivant les parties où
l’on devoit les appliquer. Ces rafles auxquelles
on donne le nom de ventoufes, étoient percées
d’un petit trou vers le fond, par* lequel, après
les avoir appliquées fur la partie où l'on devoir
faigner , de manière que leur bord fe trouvât
environner toutes les ouvertures faites par le
fcarificateur, une perfonne fuçoit avec la bouche
l’air contenu dans leur caviré, & augmentoit
ainfi confidérablement l’évacuation du fang. Mai-,
comme cette opération étoit pénible , & n’avoir
pas toujours tout l’effet qu’on pouvoit defirer,
on adapta aux ventoufes une petite pompe af-
pirante, avec laquelle il étoit facile de vuider
l’air. Cependant cetinftrument n'eft pas commode,
fur - tout lorfqu’il faut s’en fervir pendant quelque
tems de fuite^ & il n’eft pas tou jours facile de l’a-
jufter de manière que l’air n’ait point de paffage
par où il pulffe rentrer. .
On a trouvé qu'c n chauffant l’air contenu dans
les ventoufes, ou pouvoir le raréfier autant qu’il
étoit néceffaire pour produire un degré confidé-
rable dè fuccion. Et comme cet "infiniment,
ainfi fimplifié, a tous les avantages qu’on peut en
attendre, en même - rems qu’il eft plus facile à
manier, & qu’on peut toujours l’avoir fous la
main, on a renoncé à l ’ufage de la pompe. On
comprend que, pour s’en fervir de cette manière,
là venroufe ne doit pas être percée ; & même
sil y a la plus petite communication entre la
cavité & l’air extérieur, elle ne peut plus produire
aucun effet.
On chauffe la ventoufe de différentes manières}
en la renverfant pendant quelques fécondés
fur la flamme d’une bougie , on en raréfie l’air
autant qu’il eft néceffaire ; mais, fi au lieu d’en
mettre la flamme exactement dans milieu de la
venroufe, on lui laiffe toucher le fond ou les
bords, il arrive fou vent qu’elle fe caffe à l’inftant.
Un moyen plus fûr & plus facile de la chauffer,
pour ceux qui ne font pas exercés à.'cette opération
, c’eft d’y mettre un morceau de papier
qu’oni vient d’allumer , après l’avoir trempé dans
lefprit - de- vin. Au moment où ce papier eft
prêt à s’éteindre , on renverfe la ventoule fur la
partie icatifiée. Ce degré, de chaleur, que l’on
règle comme on veut par la grandeur du papier
^u’on emploie, laquelle doit être proportionnée
£ celle de la yentoufe, peut toujours fuffirepour
Çhir urgie. Tome I I , U»e Partie,
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raréfier l’air ; & il eft facile de l’appliquei de
manière à ne point c tfer de y enroule.
Quand les fcarifications font bien faites, le
fang fort en affez grande quantité au mom j, t où
l’on vient d’appliquer la ventoufe ; & , dès qu Ile
eft en grande partie pi fine de fang , il faut l’ôt r,
ce qui fe fait aifément, en foire1 m un peu l’un
de fes côtés, pour donner acce: à l’air extérieur,
Lorfqu’on veut avoir davantage de fang , on
lave les parties avec de l'eau tiède, & , après
les avoir bien effuyées , on applique une autre
ventouie de la même grandeur que la première ;
de cette manière , fi lafearification a pénétré affez
profondément pour couper, tous les vaifllaux
cutanés de la partie , on peut tirer par - là pref-
qu’autant de fang que l’on veut. Quelquefois
cependant il arrive qu’on ne peut pas tirer du
même endroit tour le fang qu’on fe propofoit
d’évacuer} il faut alors appliquer le fcarificateur
fur une autre partie auffi voifine de la première
qu’il eft poflible, après quoi l’on fera de la ventoufe
le même ufage qu'auparavanr.
Lorfqu’on veut faire la Saignée très-rapidement
, on peut mettre tout - à - la - fois deux ou
plufieurs ventoufes fur des parties fearifiées ; on
accélère auffi beaucoup l'écoulement du fang,
en mettant, pour quelques* infians, les ventoufes
fur les parties avant que de les fearifier, La fuccion
qu’elles produifent peut avoir qudqu’effet
pour rapprocher de la peau les vaifleaux qui fe
trouvent plus profonds , & en mettre un plus
grand nombre à portée d’être ouverts par le fcarificateur.
. Lorfqu’on a fait une Saignée fuffifanre, il faut
laver les incifions pour en ôter tout le fang,
& les recouvrir d’un peu de linge ou d'un plu-
maceau de charpie trempé dans du lait ou delà
crème , fans faire d’autre panfement. Si l’on n’y
met que du linge fec, non - feulement le malade
en eft plus inquiété , mais auffi les petites
playes font plus fujettes à s'envenimer que lorf-
qu'on l’humeéte ainfi que nous venons de le
dire.
Quoique cette opération ne foit pas difficile à
exécuter , il faut pourtant àffez d’habitude à la
pratiquer pour la faire avec dextérité & d’une
manière efficace ; cependant un Chirur ien attentif
n’aura pas de peine à fe mettre en état de
tirer par les ventoufes autant de fang qu’il le
jugera néceffaire.
Dans certains cas de douleurs locales, & dans
d’autres où l’on voudroit déterminer une fuppu—
ration de la partie affeélée, on fe fert fouvent
de ce qu’on appelle des ventoufes sèches} & ,
dans bien des occafions, on le fait avec beaucoup
de fuccès. Ce font des ventoufes qu’on
applique fur la peau, fans faire ufage du icari-
ficateur. On excite par ce moyen un gonflement
de la partie, & toutes le* fois qu’on a lieu
d’efpérer quelqu'heureux effet d’un plus graad