
regarde comme fpécifiques en pareil ca*. Enfin,
dans toutes autres circonftances, on en viendra
au traitement local , quand on y aura préliminairement
difpofé le malade.
Les Auteurs j qui ont fpécialement traité cette
matière, o n t‘ rapporté les moyens curatifs a u v
fu it ans, favoir ; l’exficcation , la cautérifàtion ,
l ’excifion , l’extirpation, le féton & la ligature.
Quand on s’ eft déterminé pour l’ un ou l'autre
de ces moyens, on place le malade convenablement,
c’eft-à-dire, fur une chaife de moyenne
hauteur, vis-à-vis une fenêtre bien éclairée, même
au fo le il, s’i l eft poflible. On lui fera pancher la
tête qu’un aide tiendra affermie fur fa poitrine,
en appuyant fes mains croifées fur le front , &
l ’on fera ufage des moyens qu’on aura choifis.
L ’exficcarion ne peut guère avoir lieu que
pour les Polypes moux, ihdolens, ceux enfin que
quelques - uns nomment véficulaires ou mou-
queux. On emploie, dans cette méthode, le foc
des plantes afiringentes, l’efprit-de-vin , l’eau
alûmineufe, du vinaigre dirtiilé , la décoélion
d’écorce de chêne, qu’on fait renifler de tems à
autre. Celfe confeilloit la ccmpofition fuivante:
Bf. Miiiü Jînopiciy chalcitidis , calcis , fandarachoe
aa p. i , atramenti futorii,p, u . 11 la portoit fur
la tumeur au moyen d’un pinceau ou d’un peu
de charpie. M. Bell dit avoir vu des Polypes
âffez gros fe deffécher, fe rider & devenir fin-
gulièrementpetits, étant traités par l ’exficcation*,
mais il obferve que la cure n’eft jamais radicale.
^Néanmoins, continne-t-il, ce n’eft pas peu que
de rendre, par des moyens auffi doux, une
opération douloureufe moins néceffaire. Mais,
en pareil cas, il .vaut mieux recourir aux remèdes
exficcatifs fous forme fèche & qu’on dirige comme
on veut au moyen d’un chalumeau \ tels font les
poudres de noix de galle , de cyprès, d’écorce
de grenade, d’ariftoloche auxquelles on joint un
peu d’alun , un mélange de poudre de fabine
& d’oebre, qui les affaiffe & les flétrit peu-à-peu.
I l convient, quand oh choifit cette méthode,
que le malade ne prenne point de tabac , & ne
refpire qu’un airfec , autant qu’il lui fera poflible.
La cautérifation qu’on mettoit en pratique dans
tous les cas où l’on redoutoit l’hémorrhagie aprè9
l ’extirpation de quelque tumeur , fut d’autant
mieux reçue dans le traitement du Polype , que
la membrane pituitaire eft difpofée à fournir beaucoup
de fang, même dans les cas les plus ordinaires.
Paul ne parle de ce moyen que pour les
malins j il a été en vogue fous les Arabes &
chez les reflaurateurs de l’A r t , Thévenin , Guy
de Chauliac & Dionis. On fe fervit d’abord
d’une verge de fer qui fe terminoir par un bouton
olivaire, & qu’on paffoit, après l’avoir fait
rougir , dans une canule, pour préferver les
parties environnantes de l’aèlion du feu , & l’on
répéroit l’application autant de fois qu’on le croyoit
néceffaire. Non-feulement on attaqua ainfi le
P o lyp e , mais on crut encore devoir en dériver
ailleurs la caufe humorale, en brûlant la peau
du front à différens degrés de profondeur. On
peut vo ir , à ce fujet, la pratique d’Alb.ucafis 8c
de Mefué , qui aujourd’hui eft tou t-à-fait
abandonnée, malgré ce qu’a fait Marc-Aurel
Séverin pour la faire revivre de fon temc. Mais
on ne tarda pas à s’appercevoir combien il étoit
difficile de porter ainfi un fer rouge dans un lieu
obfcur comme les narines, fans intéreffer les parties
faines. D'une autre part, les douleurs affreufes dont
étoit accompagnée & fuivie cette pratique, les
inflammations & dégénérefcences de ce qui n’avoit
pu être attaqué convenablement, & les àccidens
généraux qui fouvent furvenoient, l’ont fait abandonner
pour hin fubftitùer une méthode plus
fimple, celle des corrofifs, qui peut avoir fon
efficacité lorfquele Polype d l petit, moux, fpon-
gieux-, & qu’il n’eft pas bien avant dans le nez.
On peut, dans cette méthode , employer les
poudres de verd de gris, de vitriol calciné, de
précipité rouge , d’ alun brûlé, ou la diflblution
de pierre infernale , de pierre à cautère, l’efprit
de nitre , ou l’eau mercurielle. Communément
on fe fertde préférence du beurre d’antimoine,
dont on touche le Polype avec une - fauffe
tente. Quand on emploie cette méthode il
faut avoir le foin , chaque fois qu’on en fait
l’application, de faire tirer de l’eau froide par
le nez, pour diminuer l’effet corrofif en cas qu’il
fût porté trop haut. En général, cette méthode
des caufiiques ne peut avoir de fuccès qu’autant
que le remède agit promptement fur toute
la tumeur , car s’il n’a d’effet que fur une portion,
l’excroiffancerevient de fa propre racine,
fur-tout fi celle-ci, par fa pofition, eft hors de
l’atteinte du cauftique, & la maladie loin de guérir
n’en devient que plus rébelle.
L'excifion remonte à Celfe. Il faut, dit cet
Auteur , en parlant de la cure du Polype, le
féparer de l’os des narines auquel il eft attaché,
au moyen d’un ferrement aigu fait en manière
de fpatka, en apportant toute l’attention pof-
fible pour ne point bieffer en bas le cartilage
qui fe guériroit difficilement , & lorfqu’il aura
été coupé , il faut le retirer avec un crochet,
puis avec un linge tortillé, où un pinceau , y
| porter un médicament qui arrête le fang. Il faut
! même en remplir la narine légèrement. Paul,
qui a expofé cette méthode d’une manière étendue
, fait mention d’un_ infiniment qui diffère
peu de celui de Celfe, fi ce n’efi qu’il eft plus pointu,
Siniflraque,dit-il, manu nafi meatum adapertum
tenentes, dextrâ polypicâ fpathâ ad myrthacei foin
\figuram facta Polypum feu carnis excrefcentiam cir-
cumcidemus y eam inpartem ferramenti acie injedâ
quh naribus adhoeret^ deinde ferro conyerfo manu-
brioli ejus concavitate excijam carm mprotrahémus.
Sique ita purum nafi meatum ejfeäum vitferimus, ad
' médicamenta defeendemus. Sin autempars Polyp
e er'lt relicla , aîtero ad Polypum eradendum acco-
modato ferramento imifio| modbpromovendo , modo
ntorauendo,modo radendonon timide reliquias vitii
educimus.Albueafisqui vécut long-tems après, con-
re; noir, pour opérer plusfûrement & plus commodément’
, de. tirer le Polype au-dehors, au moyen
d’un crochet ou -des cenettes & d’en couper a
mefure tout.ee qui fe piéfentoit r & de revenir
à cette opération autant de fois qu’il faudroit.
Guy de Chauliac, Seveiin onr , ainfi que plu-
fleurs autres , fuivi cette méthode. Fabrice
d’Acquapendente avoir, pour la perfeélionner ,
imaginé des tenerres tranchantès, qu’ilenfonçoir dan? les narines auffi profondément qu’il le pouvoir,
& lorfqu’il étoit parvenu à la racine du
Polype, il la fainffoit & la coupoit auffi exac-
sement qu’ il lui étoit poflible j puis retirant fon
infiniment, il regard oit dans la narine, & s’il y
trouvoit encore quelques portions adhérentes ,
il le reportoit pour opérer de nouveau. Sennert
& Glandorp ont fuivi cette méthode, & Heifier
dit avoir été témoin lui-même plufieurs' fois de
fes bons effets. Mais quels qu’ils aient pu être en
quelque c a s , la difficulté de porter un inflru-
ment tranchant dans un efpace auffi tortueux que
les narines, fans courir les rifques de bieffer les
parties faines du v.oifinage qu’il faut conferver,
l’impoffibilé d’attaquer auffi-tôt la racine du Polype,
la feule à détruire, l’hémorrhagie dont eft
fuivi la plupart du tems ce procédé, l’a.fait en tièrement
tomber en dïfcrédit. On pourroit cependant
y avoir recours dans certain cas, qu’ une
longue pratique feule peut o ffr ir , quand ,. par
exemple,la rumeur naît deffusle plancher inférieur
des narines & que la pointe d’un feapcl bien
aigue peut y atteindre, on doit même , fans
héfiter, employer ce moyen de préférence à la
ligature, car alors on peut faire agir l’inftrument
plus commodément, & s’il arrive quelqu’hémor-
ragië, elle n’eft point ordinairement fort considérable,
& l’on peut mieux en venir à bout par
la compreffion. Un feaipe! bien pointu à lame
étroite, garni de linge jufqu’au b out, & une
érigne pour faifîr & attirer la tumeur , font les
feuls inftrumens qui foient alors néeeffaires.
L’extirpation cft,en quelque forte,dûe à Fabrice
d’Acquapenden te j l’inftr ornent dom.il fe ter voit
étoit fait fur le même modèle des pinces à Polype,
avec cette différence que les bords en étoienr
tranchans. Son infiniment, dont il vante beaucoup
les avantages, agiffoit en effet & en coupant
& en arrachant. V o ic i, félon Dionis, qui a
le mieux décrit cette méthode , en quoi elle
confifte. Le malade fitué convenablement &
les narines bien ouvertes avee le fpeculum ou
les doigts, on y porte une pince dont les mors
font en bec de canne. On faifit avec cet infiniment
le Polype le plus haut & le plus près de
fa biCe que l’on peut j & après l’avoir tourné
un tour ou deux en le tirant doucement , on
l’arrache avec fes racines •, on y revient à plufieurs
fois s’il eft néceffaire, en faifant renifler
de l’eau pour nétoyer les narines & y voir plus
clair. Qqand même'le P olype, obferve le "même
Auteur, s’avanceroit jufques derrière la lu eite,
cette portion a coutume de fuivre celle qui fe
trouve dans le nez, parce qu’ elles font continues
lune à l’âûrre. Cependant, fi la partie qui fe
montre en arrière, étoit longue & grofi’e , il fer oit
plus à propos d’arracher le Polype par la bouche
que par le nez. On fera attention, obferve le
même Auteur, de ne point pincer la luette, qui
eft placée au-devant du Polype. Avant Dionis
on le fervoit d’un bec de canne à reffort, ou d’ un
bec de grue de différemes longueurs, tels qu’on
les voir repréfentés dans la Planche qui a rapport
à cet article-, mais, comme- elles nefaififioient pas
convenablement la tumeur, on les a abandonnés
pour des pinces oeillées, & dont les mors
font garnis en dedans de pointes pour mieux
fixer la tumeur. Il y en a de droites & de courbes.,
ainfi qu’on peut le voir dans la Planche à laquelle
nous venons de renvoyer. Leurs branches doivent
être auffi délicates qu’il efi poflible pour entrer
plus facilement dans les narines, car pourvu
qu’elles foient de bonne trempe , elles offriront
toujours affez de réfinance. Mais fi le Polype fe
porte plus haut vers le n e z , qu’on ne le fente
point en arrière & qu’on éprouve de la réiif-
tance à introduire les pinces parles narines, on
confeille d’incifer fur le cartilage du nez y afin
de leur, ouvrir un paffage j & , après qu’on a
enlevé la tumeur, on réunit les parties divifëes,
fou avee une emplâtre adhéfive ou avec un point de
future. On peut néanmoins fe difpenfer de mettre
en pratique un procédé fi violent, en.ayant recours
à la pince de Richrer qui eft frite d’après le
modèle du forceps. On introduit chaque branche
féparément, comme on lo fait pour les forceps
dans les accoudiemens, en leur faifant fuivre
les côtés du Polype, & quand elles font à hauteur
égale, on les joint comme fi elles fuffent
les branches du forceps, & on les fait alors agir
toutes les deux en même-tems. Le D. Richrer ,
dans un cas de cette efpèce, où le Polype de
nature très-dure rempliffoit tellement la narine,
qu’on ne pouvoir y introduire les pinces, employa
le moyen fuivant qui lui réulïit comme il
s'y attendoir. 11 fit au centre de la tumeur un
trou avec un trois-car ordinaire , qu’il avoit fait
rougir & qu’il avoit enfuire garni avec fa canule.
Par ce.moyen il pratiqua un canal par lequel le
malade pût refpirer aifément, & la tumeur diminua
beaucoup *, mais malheureufement le malade,
ayant changé fon domicile , il ne pût completter
la guérifon par l’extraclion. Le Polype eft fou-
vent fi volumineux que quoiqu’on faffe pour 1g
faire fortir par l’arrière narine, on n’y peut réuffir.
La Faye , dans fes Notes fur Dionis, confeille
alors, à l'imitation de J, L. Pet t , de couper,