,g O B S
tions, il ne faut point confidérer chacune comme
jfoiée & n e devant confirmer qu’ une feule vérité,
il faut en raffembler un certain nombre, les comparer,
& même les oppofer les unes aux autres.
«< En fe condnifant ainfi , remarque Quef-
nay on évitera l’erreur où pourroient jetter celles
qui renferment des méthodes oppofées & propres
ainfi à tenir le Praticien incertain fur le choix
qu’il doit faire j on découvrira dans celles qui
font remplies d'erreurs, des faits finguliers auxquels
n’ont porté aucune attention ceux qui
ont fait l’Obfervaiïoo,& qui néanmoins aident a
trouver ou à éclaircir des vérités importantes
pour la Théorie comme pour la Pratique. On
peut ainfi, continue le même Auteur, en examinant
plnfiéurs Obfervationsqui parodient fe rapporter
à un même cas, remarquer des particularités
qui font découvrir entre elles des dirféren-
ces effentielles qui empêchent quon en tire les
mêmes conséquences. Enfin on peut , lorfque
plufieurs données fur un-même fiijer, femblent,
parla contrariété des faits , s entre-détruire, ap-
percevoir au contraire qu'elles fe fervent mutuellement
de correctif, fe preferivent des bornes,
s’entre-réduifent à leur jufte valeur & qu elles
font néceffaires pour déterminer des. vérités
vagues & difeordantes qui pourroient égarer
dans laFratique. >j . , . ,
Mais pour parvenir a vaincre les ditticultés
qu’on trouve dans une pareille emreprife , on
doit fuivre une marche toute différente de
• celle du plus grand nombre. Il faut d abord
connoître ce que valent les- faits., puis les rapprochant
enfemble , unir ceux qui s accordent ,
& les oppofer à leur contraire -, enfuite avec
l ’efprit froid de la difenffion réunir les vérités
en une maffe dépurée de toutes feones de 1 erreur
Mais, combien il s’en faut que ceux qui
lifent les Obfervaiions, lesdifeutent & les apprécient
comme il convient pour en retirer tout
le fruit quelles peuvent offr ir . On n y cherche
la plupart du teins qu’ un plan de conduite, &
les faits effentiels ne font aucune iroprdiion;
fi l’on y revient, ce n’eft que- quand il faut
éclaircir un point de doârine avec lequel ils
ont quelque’rapport. Ainfi, 1 Obfervallon deyiert
à celui qui pratique fans principe, ce quefi a
un voyageur une carte de route qui lui apprend
bien la direflion qu’il doit fuivre, mais qui ne
lui annonce aucun des obfiacles qn il doit rencontrer.
D ’un autrë côté, fi 1 Obfervanon eft malfaite,
les principes mal pofés, les cirtonflances
mal développées, elle devient nne fource d erreur
pour le jeune Praticien-, ainfi, comme l o -
bferve Baglivi, nifi maximas adhibeat cautiones,
verendum eft ne ibidem errandt caujqni unie Je
voile doârina adjumenta petere exifttmabat.C e
ferait donc, dit Quefnay , une occupation bien
importante que de trier dans la foule des Obler-
vations qui nous ont été tranfmifes , les faits qui
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réellement peuvent éclairer les points douteux
de l’Art. Mais, pour féuflïr dans une pareille
emreprife, il faudrait allier à une Pratique très-
étendue un très-grand fond de connoiflances fur
toute la Théo rie, non-feulement pour apprécier
le manuel de l’A r t , mais encore pour apperce-
voir & fndiquer les changemens ou accroifle-
mens dont 'il, eft fufceptible. Or il eft rare que
ceux qui publient une Obfervation jonîftent de
tous ces avantages, fouvent même ils ne l’envi-
facent pas du côté le plus infiruélif. La grandeur
de la maladie & le fuccès de la cure les éblouif-
fenc, ils parlent continuellement d’eux & expofent
avec'oftentation leurs procédés.quoiqu’ils n’aient
fatisfait qu’aux indications les plus communes &
les plus évidentes; ce qui eft bien l’oppofé de
la conduite qu’ils devraient tenir. La Nature
doit feule parler dans l’Obfervation ; mais comme
fon langage lors même qu’on le rend fidèlement,
eft prefque toujours enveloppé ou ambigu , fou-
vent même trompeur, il faut pour 1 interpréter,
faire concourir enfemble les notions épurées
d’une Théorie judicienfe avec celles que donne
une Pratiqué raifonnée. 11 n y a donc que
' ceux qui ont acquis les connoiflances que l’une
& l’autre peuvent procurer,, qui puiffent démêler
dans l’Obfervation la réalité de l’apparence
, qui puiffent y remarquer les mauvais
procédés amorifés par un fuccès équivoque &
paffager,&y reconnoître la bonne Pratique dans
les cas même où elle n’ a pas été favorifée par lé -
vèuement. » Car,, dit Hippocrate dans fon livre,
de Arte- Nêque veto, minus quoeojfenderuni , quant
guæ p'ofucrünt artem ejfc comprobant, f i quidcm I
hoec quoi reclè adhibita fuerinl, profuerunt ; ilia
vero ob incommodant eorum ufum nocuerunt. En
revenant fur tout' ce que nous avons dit dans
cèt article fur l’Obfervation, il réfulte que fon
principal but doit être de contribuer à établir
des règles ou maximes, à réformer les-préceptes
erronés', à faire vérifier ceux qui font encore
incertains, à circonfcrire les applications de ceux
qui ne font établis que vaguement, & enfin à fixer
dans les cas équivoques les véritables indications
que les cireonfiances concomitantes pourroient
obfcurcir. ( M. P xtxt-R oSd x i : )
OBSERVATEUR. n a t i f s « , Obfervator. Nom
qu’on donne à tout homme qui cônfidère, examine
& pèfe les phénomènes tels qu’ils fe pré-
fentent à lui dans l’étude d une Science qui a un
être, réel pour objet, L ’Oblèrvateur diffère de
celui qui expérimente, en ce que combinant! par
lui—même, & ne voyant que le réfultat de fes
propres opérations, fans aucun égard aux circonf-
tances qui pourroient lui fournir d autres inductions,
il peut fouvent aller beaucoup au - delà
du but où il fe propofe d arriver. Mais ce dernier
défaut eft rare chez celui qui prend pour
guide une expérience raifonnée, il fuit les fan',
1 développe leur caufe, mèt à part ce qui eft
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confiant, & le diftingue de ce qui eft paffager ou
accidentel, & f forme de 1 un & 1 autre un tableau
où l’on voit 1 uniformité de la Nature &
les accidens qui peuvent la troubler. Ainli, par
une application continuelle, il parvient à donner à
fes obfervations un degré d authenticité, qui, il
elle n’eft la vérité même, en a au moins toutes
les apparences. Pour bien obfervcr en Chirurgie
& conféquemment éviter les femiers de l’erreur
dans la recherche de la vérité, il faut préliminairement
bien connoître la firuélure dès
parties oui peuvent être léléès, & les diverfes
aélions "dont celles - ci font fufcéptibles. Il
faut enfuite fe rappeller les affeélions morbifiques
qui peuvent en déranger le mécanifine,
les changemens & les apparences que celles-ci
peuvent offrir dans leurs divers périodes. Puis comparant
toutes ces notions avec ce, que peut offrir
l ’étude de tous les objets avec lefquels l’homme
eft en rapport, -St qui peuvent changer le cai aélère.
delà maladie,on en tirera des inductions (impies
qui indiqueront la marche qu’on sdoit prendre dans
les cas qui leur rtffemblent. .Ces opérations fuppo ■
fern, dans l’Obfervateur, un jugement fain pour
n’attribuer à une maladie que ce qui lui appartient
véritablement, & favoir le diflinguer de
ce qui ne s’y rencontre que fortuitement. C’efl
alors qu’ayant, comme le confeille le fage Lock-
man, obfervé avant de raifonner, & raifonné
avant d’ écrire, l’Obfervateur ne peut que pofer
le pied fur u n jb l bien folide. Content dès-lors
d’être l ’Hiflorien de la Nature, & peu curieux
d’entraîner par la pureté & l’élégance du ftyle,
il préfente des faits dont l’ordre fuivant celui
de leur apparition , eft une hiftoire nette &
précife de ce que la Nature tenté pour parvenir
à la guérifon , & de tous les obfiacles qui
fe préfentent à elle & l'empêchent d’aireindre à
cette fin. Sa narrm^i eft claire, fimple, on n’y
Irouve aucune fur abondance qui pttifle mériter
les reproches que Bacon faifoit aux Philofophes
de fon tems, lorfqu’il dit : fatis' feimus haben
•hifloriam naturalem varietate , diligentia foepius
cunofam yf i quis tarnen exeâ fabulas & antiquita-
tem, inanes controverßas, fuperftitionem, philolo-
giam denique 6* ornamenta eximat, ad nil magni
res recidet.
Il n’eft aucune règle ù preferire à l’Obfervateur
non-feulement pour fafir les faits qui méritent
d’être remarqués, mais encore pour les
difpofer de la manière la plus propre_ à produire
leurs effets. Il fa u t, s il a le génie de la
chofe, qu’il les range dans l’ordre naturel qu’ils
fe préfentent, & avec la fidélité & l’exaéfitude
qu’il doit mettre dans fon expofé; il faut enfin
qu'il fe conforme à l’axiôme fuivant. xçy*
vxl TTpÆTTt tey!‘ut:. Il doit annoncer 1 évènement
heureux ou malheureux foit qu’ il arrive fpon-
tanément ou qu’il foit la fuite d’uu mauvais
traitement. C’eft une pareille conduite qu’ont
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fcriipnîetiCernent tenue les Foreftus, les Fabrice
de Hildan, les Covillard , les Meckrern, les
Stalpart , les Ruifch & nombre d’autres qui ont
devancé ou fuivi ceux-ci, qu’on doit les axiômes
& aphorifmes qui établirent le vrai en Chirurgie.
Cfcs O.bfervateurs continuellement appliqués ■
à leur objet, & infiruits par une longue pratique
de toutes les reffources de la Nature, notèrent
cPabord ce qu’ils virent & en remontant des
phénomènes aux caufes , ils parvinrent à des
vérités auxquelles n’auroient jamais atteint d’autres
qui moins patîens auraient fait les mêmes
tentatives avec un efprit plus préoccupé. Auffi
leurs fcholies ne font-elles le plus fouvent qu’une
fage déduction des principes que l’expérience &
l’obfervation ont donné lieu d’ établir & que la
pratique confirme encore journellement. Plut-à-
Dieu que ceux qui les oni fu iv i, les euflent toujours
pris pour modèle! ( M. T e t i t -R ad e l . )
O BTURATEUR. Infiniment defiiné à boucher
un trou contre nature à là voûte du palais.
Les plaies d’armes à feu ou d’autres accidens,
occasionnés par quelque violence extérieure ,
peuvent caufer une déperdition de lubflance à
la voûte du palais : elle arrive plus communément
par la carie des os, & les ulcères que caufent
le virus vénérien & le feorbut.
Lorfqu’une ouverture établit contre l’ordre
naturel une communication entre les fofles na-
fales & la bouche, les perfonnes chez qui cela
arrive ne peuvent prefque plus fe faire entendre
en parlant, parce que l’air qui doit former le
fon de la v o ix , s’échappe par la brèche de la
voûte du palais-, & la déglutition eft fort difficile,
parce que les alimens que le mouvement de la
langue doit porter dans l'arrière-bouche, paffent
en partie par Je nez.
Le traitement le plus méthodique des caufes
virulentes qui ont occafionné la maladie, l’ex-
' foliation parfaite des os viciés, ou l’extraèlion
des efquilles dans les fracas de la voûte du palais,
par caufe extérieure, laifiem un vice d’organi-
. fation auquel il faut fuppléer par une machine qui
empêche les inconvéniens que nous venons de
décrire. On y réuffit par l'application d’une plaque
- d’argent ou d’or allez mince, qui a un peu plus
d’étendue que l’ouverture quelle doit boucher.
Cette plaque doit être légèrement convexe du
; côté de la voûte du palais, & un peu concave
du côté qui regarde la langue. Toute J a difficulté
eft de contenir cette plaque. Ambroife Paré a
donné la defeription des Obturateurs du palais
qu’ il a imaginés & appliqués avec fuccès. Du milieu
de la furface fupérieure. de la plaque obturatrice
s’élèvent deux tiges d’argent, plates &
élaftiques ,deftinées à embrafter une petite éponge.
Elle èft portée dans le nez par l’ouverture du
palais, & les humidités du nez gonflant l’éponge ,
l’inftrument eft retenu en fituation.
M. Garengeot, dans fon Traité des Inftrumens
N i j