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& quelquefois plufieurs fois de fuite, comme
j’ai eu occafion de l’obferver dans le traitement
des maladies vénériennes. Quand on faifit ce
pétiode fuppuraroire, on peut les guérir promptement
en Jes panfant avec un mélange de poudre
de fabine, d’ocre & de vitriol, ou bien d’alun
calciné & de précipité rouge incorporé avec le
bafilicum. M. Lombard emploie communément
la compofition fuivante : ^ Ægypiiac g 2.
Alun calciné, poudre d’ocre & de fabine aa
£) 1. Mê.’tz. Quand ces excroifiances (ont tombées
& que l’ulcération quelles laiffent, offre de
bonnes chairs, il faut promptement la conduire à cicatrice par les moyens connus ( M. P et
i t - Rad e l . )
PORTE - AIGU IL LE. Infiniment dont on
fe fert pour embraffer exactement les aiguilles,
& leur donner plus de longueur, lorsqu'elles
fonr fi fines & fi petites qu’on ne fauroit les tenir
avec les doigts. Cet infiniment eft une tige
d’acier ou d’argent, longue de deux pouces,
fendue félon prefque toute fa longueur, en deux
branches, pour former une efpèce de pincette
qui fe ferme par le moyen d’un anneau \ au-
dedans de chaque branche eft une petite rainure
longitudinale pour loger la tête de l’aiguille •,
elles fe tiennent écartées par leur propre reffort}
elles s’approchent quand on gliffe l’anneau en
avant, & s'écartent quand on le retire. La partie
poftérieure de la tige, qui fert de manche,
eft une petite tête creufe garnie dans fa cavité
de trous femblables à ceux d’un dez à coudre,
pour pouffer l’aiguille en cas debefoin. Voyc{
les Planches.
M. Bell recommande une autre efpèce de
Porte-aiguille, fait en forme de tenailles, dont
les mâchoires d’un demi-ponce de long, ou à-
peu-près, ont une rainure faite pour embraffer
la tête de l’aiguille, Jorfqu on ^ les ferre l’une
contre l’autre. Les branches de l’inftrumem longues
d’environ quatre pouces, fe tiennent écartées
par «n reffort placé entr’elles , lor(qu’elles
font abandonnées à elles - mêmes. Voye^ les
Planches.
PORTE-PIERRE INFERNALE. Inftrument
fait en forme de porte-crayon, qui s'engage au
moyen d’une vis dans un étui garni d'un écrou.
Voye^ tes Planches. POULAIN.Expreflion commune pour défigner
le gonflement des glandes inguinales, à la fuite
d’un commerce impur. Voyc[ B ubon. ( M. P e t
i t - R a d e l . ).
POUSSOIR. Inftrument dont on fe fert pour
ôter les dents & leurs racines ou chicots, en
pouffant de dehors en - dedans. Cet inftrument
a une tige & deux extrémités. Sa tige eft ronde
ou â plufieurs pans, légèrement courbée à fa par?
tie antérieure ; elle eft longue d’environ deux
pouces, & plus étendue dans fa partie convexe,
que dans fa partie concave. Sa partie concave
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eft unie du côté de fon extrémité dentelée, ^
fa convexité eft un peu arrondie. A cette extrémité
il y a une échancrure qui forme deux dents, partageant
la concavité & la convexité en deux
moitiés, l’une droite & l’autre gauche, prife$
fur la largeur de l’extrémité de fa courbure •
cette extrémité eft large d’environ deux lignes,
A l ’extrémité oppofée il y a une mitteconvexe du
côté de la tige, & plate de l'autre*, au-delà eft
une foye quarrée qui fe fixe dans le manche.
Ce manche doit être en forme pyramidale, &
beaucoup plus gros par fon extrémité oppofée
à la mitte. Il doit être arrondi, on a plufieurs
pans de la longueur d’environ deux pouces. Son
gros bout doit être à-peu-près arrondi, en for-
me de poire \ on fait ce manche d’y voire ou
d’ébène, &c.
Lorfqu’on veut fe fervir de cet inftrument,
on l’emploie de façon que fon manche appuie
fur le centre du dedans de la main. Le pouce
& les autres doigts l’embraffenr. On alonge fur
la tige, tantôt le pouce, tantôt l’indicateur, tandis
que les dents de l'inftrument appuyent fur
la dent ou fur le chicot qu'on veut enlever. On
pouffe la dent ou le chicot de dehors en dedans,
Lorfque c’eft aux dents de la mâchoire inférieure
qu’on fait cette opération, on donne Un mouvement
d'élévation avec le poignet, qui produit
un effet à-peu-près femblable à celui que les
doigts produifent en faignant lorfqu’on exécute
la ponélion & l’élévation.
Lorfqu'on fe fert du Pouffoir aux dents de
la mâchoire fupérieure, l’on tient & l’on appuyt
de même cet inflrurçient en ftéchiffant le poignet
de bas en haut, & l'on produit ainfi le même
effet. On peut, fi l’on veut, ajouter fur la
face de cet inftrument une efpèce de crochet
tourné à contre fens , femblable à l'extrémité
dentelée du Pouffoir. Ce crochet fert à tirer ea-
dehors de la bouche les racines ou les dents J
qu’on ne peut enlever en pouffant de dehors en
dedans. Voyez les Planches.,
PRATIQUE, ripage. PraBice. Réduction dj
préceptes d'une fcience en aélion, ou empyi
méthodique de fes principes pour parvenir à
fin. La pratique en Chirurgie eft fans contredira
pierre de touche à l'aide de laquelle on diftink
le vrai du faux ; on peut la regarder comny le
creufet ou les dogmes de l'Art s’épurent & a c i rent
ainfi qu’un métal prêt à faire féciair, cewib
Iant qui annonce la purification complet te Ajoute
hétérogénéité. Mais, pour en retirer tout / fruit
qu'on doit en attendre, il faut qu'ùnepéyrie
fage & lumineufe difpofe l’efprit à perchoir la
vérité, qu’un jugemeut fa in écarte tout caul Petul
l’obfcurcir & qu’un raifonnement févèrjejp dit*
entant les faits, s’en tiennè aux proh?/s & ex"
clue ceux qui, trop incertains, ne faurç/ntIîiener
à l’évidence. C ’eft en fe conduifant zSf > on
, (aura convenablement lire dans le /and Livre
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je la Nature. Alors la vérité déformais débar-
raffée du nuage qui terniffoit fa fplendeur, devient
une pour tous, les opinions prennent une apparence
uniforme & ne s’entrechoquant plu;,, elles
deviennent autant de bafes fixes fur ielquelles re-
pofeni les préceptes de l’Art.
* La Pratique peur s’acquérir non-feulement par
un exercice perfonnel, mais encore parla méditation
des évènemens d’une maladie, rapportés
par d'autres avec cette fimplicité de langage qui
caradérife le bon Obfervatêur. C’eft ce que remarque
Baglivi, lorfqti’H dit à ce fujet dans fa Pratique
Médicale, longarum objeivationum prafid’.o
injîruâa mens fdgax potijjimum curandotum homi-
num rationem afiequ'.tur, prajertim f i libro um tec-
tio accefierit. Mais à côté du frométit croît l'ivraie,
& c’eft ce qui n’a point échappé à notre Auteur,
car il dit en continuant, iis tamen evolvendis nifi
maximas adhibeat caution.es, verendum eft ne ibi—
dm novam inventât errandi cauj'am, unde nova fie
pojfe doârinæ adj umenta petere exifiimabat. Ii eft
donc faux contre ce que le vulgaire croit, que, •
pour être un grandPraiicien.il fuffife d'avoir beau- !
coup travaillé. Ce n’eft pa* l'exercice feul qui inf-
truit, la répétition d’une aéiion n’éclairera jamais
fur les motifs de l’aélion, mais bien les évènemens
fournis à une févère difeuffion. C’eft moins
en voyant beaucoup qu’en voyant bien , qu’on
s’inftruir dans un Art dont la Pratique fuppofe
une application raifonnée de principes. Les Color,
en fe donnant de père en fils leurs procédés pour
extraire la pierre de la veflie, avoient beaucoup ;
vu, & cependant ils avoient toujours mal vu jul-
qu’à ce que Jacques de Beaulieu apporta la méthode
latérale, où l’on ouvre à la pierre un èfpace
quelle peut traverfer facilement, fans~qu’il s’eq-
fuive aucun des inconvéniens qui accompagnoieùt I
le grand appareil. Les Anciens & ceux qui pratiquèrent
jufqu'à la fin dufiècle dernier, croyoient
également bien voir en s’en tenant à leurs procédés
pour abaiffer la cataradle, & cependant ils
virentmal jufqu’au tems ou Lafnier, jeune Chirurgien,
démontra la poffibiiité d'une guérifon
plus réelle, en pratiquant l’extraélion.
Mais pour bien voir, dans la Pratique, il faut
favoir lier d’un noeud indiffoluble la théorie, l’expérience
& l’obfervation. Conduit par ces trois
guides, le Praticien devient ferme dans fa marche,
les faits qui fe préfentent & qui par leur gravité,
pourraient faire dévier l'homme peu inftruir, ne
lui donnent que plus d’à plomb. N ’ayant en vue que
| la caufe de la maladie, & laiffaht de côté les épiphénomènes
qui pourroient en cacher le carac-
^re> il la pourfuit & ne fe croit viélorieux qu’au-
tant qu'il l’a réduite à l’impolfibiliré de nuire,
; loit en la détruifant complètement, ou la dif—
pofant de manière que changée de forme, elle
l°H réduire, à l’inaétion.
La théorie ouvre les - grands magafins où fe
Souvent toutes tes richeffes de l’A r t , elle étale 1'
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les vérités, donne plus d’évidence à celles que
cachoienr des circonftances acceffoires, couvre
celles qui peu effem telles quoique plu« apparentes,
pourroient nuire à d’autres qui doivent paraître
au plus grand jour. l'expérience combine
les analogies, voit ce que demandent les reftVm-
blances, ce que rejettent les difparités, & aidée
d une fuite d’induélions tirées des faits réduits à
leur jufte valeur, elle tente les évènemens, les
prévoit même fouvent avec cette certitude qu’un
Aftronome annonce une apparence dans le firmament.
L ’obfervation expofe ces derniers, lesran°e
dans l'ordre qu’ils fefuivent, & le lie les uns aux
autres de manière à faire naître des réfultars propres
à guider dans la Pratique. C'eft ainfi que,
par uqe heureufe réunion de ces trois moyens
le Praticien parvient à une conviction intime & a
des fuccès qui ne peuvent que tourner au profit
de l’A r t, & auxquels ne peut prérend re-l'empy-
rique dont les tentatives font incohérentes avec
les principes. Car comme l’obferve Hi »pocrare
dans fon Livre , De Arte - Quod temere f i t , nil
prorfàs ejje confiât, f i quidem quidquid fit propter
quid fieri deprehenditur & ad aliquid refertur. A t
quod temere, fit nullo modbJubfifierc videtur, fed no-
men tantum inane. Voyeç, pour des plus grands
éclairciffemensjies articles Expérience, O bservation,
T héorie, & le commencement du Dif-
cours préliminaire de cet Ouvrage. (M. P e t i t -
R adel ).
PR A T IC IEN , celui qui met en aétion les préceptes
d'un Art en agiffant diverfement, félon
que les Circonftances l’exigent. Le Praticien en
Chirurgie diffère de l’Opérateur en ce que celui-
ci purement adonné au manuel de l’A rt, n’a en
vue que l’application dès moyens mécaniques
application qui demande l’agilité de la main &
la foupleffe des doigts j l’autre au contraire non-
feulement connoît ces moyens, mais encore il
fait en faire l’emploi le plus convenable les varier
même fuivant la diverfité des cas, ce qui
fuppofe une combinaifon d’idées, dont quelquefois
n’eft pas fufceptible l’Opérateur qui trop fou-
vent^neft qu'un routinier. Le Praticien qui, aux
notions de théorie, joint une expérience raifonnée
& fondée fur les faits qui lui font propres, ou
qu il s eft appropriés par une étude réfléchie eft
inappréciable aux yeux de ceux qui penfenr. Mais
combien font rares ceux qui peuvenr fe glorifier
de ces qualités! Tou scependant ont la prétention
de les ravoir, depuis l’é lève, qui ferviiement
fous les yeux du Maître , excerce une routine
mmtftrante, jufqu au vieillard qui dit avoir beau-
coup vu , chacun parle de fa pratique & en relèvu
les luccès (ans rien dire de ceux qui en ont été les victimes.
Tant que ces ambitieux fecontentent de dif-
courir fur eux-mêmes, il eft affez difficile d’avoir
des preuves non équivoques de leur ineptie, mais
l envie de Turvivre à foi-même, de laiffer des
preuves d’une capacité qu'ils s'attribuent,tes por*