
féaux qui parcourent la pie-mère. Quand plu-
lieurs font rompus & qu’ils font très volumineux,
la quantité de fang épanché fuffit pour produire
une apoplexie foudroyante dans le cas fur-tout
où le fang s’accumuleroit fur le cervelet ou la
moelle alongée. Mais, quand le fang ne s’épanche
que goutte à goutte, ou que la rupture fuccède
à l’engorgement confécutif, le cortège des fymp-
tômes fubféquens paroît, & rend la lituation fe-
condaire du malade auffi critique que la première.
Quand l’apparition des fymptômes eft marquée par
une interruption auffi évidente que cel'e qui a lieu
alors, il eft aifé de diftinguer à quel genre de dé-
fordre on doit les rapporter. Mais la chofe ne
paroît pas toujours ainfi, comme il arrive dans le
cas où l’épanchement commence à fe faire du rao -
ment où le coup a été reçu ou peu après; car
alors à mefure que les effets de la commotion
difparoiffem, ceux de la compreflion furviennent,
& fe confondent tellement avec les premiers,
qu’on les croit toujours de même nature ou être
occafionnés -par une même caufe; erreur où font
tombés les plus grands Praticiens & de laquelle
à dire vrai il eft difficile d’être détrompé. Si
l ’on en croit M. B e l l , le pouls & la refpiration
peuvent fournir un diagnoflic certain. Dans les
cas de compreflion, dit-il , la refpiration eft
communément profonde & opprimée femblable
à celle qui a lieu dans l’apoplexie ; au contraire,
dans celui de commotion, la refpiration eft
généralement libre & aifée; le bleffé dort comme
d ’un fommeil naturel & tranquille, le pouls eft
communément mou, égal & non point irrégulier
& lent comme il eft ordinairement dans les cas
de compreflion.
La commotion n’exige que des fecours généraux,
& encore ne faut-il employer ceux-ci
fur tout ceux de la claffe des évacuans, qu’avec
la p/us grande réferve , crainte d’augmenter
encore l’affaiffemenr, à moins qu’on ait des indices
de la formation d’un épanchement} car,
ce n’eft qu’ai ors- que les faignëes du bras, du
pied , de la gorge & même de l’artère temporale
peuvent convenir. Fifcher , Praticien
de Gortinguepropofoit d’ouvrir la faphêne aux
deux pieds à-larfois -, il y joignoit des fomentations
fur la tête avec l’eau à la glace pour ,
difoir-il, prévenir Pinflammation & la fuppura-
tion du cerveau. Les obfervations de Bertrandi,
qui établiftent que les abcès du foye font produits
par un reflux du fang de la veine-cave
fupérienre, dans la veine-r-cave inférieure , ont
porté à tenir une toute autre conduite,& -à ouvrir
les veines qui ont communication avec la veine-
cave fupérieure notamment les jugulaires^ Voye\
à ce fujet fou Mémoire fur les abcès du foye,
qui fe forment à loccafion des playes de Tête,
inféré dans le fécond tome de ceux de l’Académie
Royale de Chirurgie. On fait enfuite ufage
des purgatifs & .des layemens ftimulans; çn
applique les véficâtoires aux jambes,& l’on donné
intérieurement tous les excitatifs qui agiflènt
fans occalionner aucune dérivation du fang, qui ne
pourroit qu’augmenter l’engorgement ou l’épanchement
déjà exiftant. Les remèdes & particulièrement
les véiicatoires ont eu, en pareil cac, un effet qui
en garantit la néceftiré. On les applique fur la
T^te en même- teins qu’on met un.ftnapifme aux
pieds. Comme en général les bleffés, ont alors
îe pouls affez foible , i’ufage du vin convenablement
donné, peut avoir une très-grande efficacité
pour relever, fur.tout quand ils peuvent
l’avaler en fuftffante quantité. Mais, comme
fou vent les facultés de la déglutition font moindre
qu’en fantè, on lui fubftituera alors les potions
cordiales où entrent l’alkali volatil, les
efprits ardens & autres de nature ftimulance , fur-
tout quand on préfume n’avoir rien à craindra
du côté de l’inflammation. Bromfield,Praticien
très-répandu à Londres, preferivoit les opiates
corroborans. Quand tous ees remèdes opèrent
en bien, les fens reviennent peu-à-peu, & enfin
les opérations de la vie reprennent comme précédemment
; il refie quelquefois une langueur,
une inertie dans les aélions vitales,une perte de
mémoire, & même une démence dont ils reviennent
par la fuite & quelquefois point. On
a confeiilè, en pareil cas, l’ulage du kinkina &
les eaux minérales ferrugineufes & même l’élec-
triché ; mais le tems eft fouvent le meilleur
remède. On voir, d’après tout ce que nous venons
de dire fur la commotion que fon traitement eft
plus médical que chirurgical, & que le Praticien
ne peut fe fiat ter du fuccès qu autant qu i!
alliera à l’exercice de fon état des notions de
la faine Médecine , que bien peu pofsèdem
également.
3.0 La contufion du cerveau eft une affeéliort
qui fouvent accompagne fa commotion, mais d >nt
les effets ne fe font fentir que feçondairemenr.
Ils font bornés à un lieu & fie s’étendent point
par toute la maffe du cerveau comme dans la
commotion. La contufion a lieu dans le cas où
la caufe vulnérante ayant fon plein effet fur le
cerveau, edle en rompt & détruit la texture à
un tel point que la fuppuration devient nécef-
faire pour expulfer, hors du domaine de la
v ie , tout ce qui eft ainfi déforganifé. Les phénomènes
locaux qui furviennent alors, font abfo-
1 Liment les mêmes que ceux qui paroift’ent fur
les régions du corps qui font les plus à découvert.
Voyc\ l’article Contusion. Quand la con*
tufion eft légère > elle fe réfout d’elle-même,
comme il arrive à tout autre endroit du corps}
mais, quand elle eft plus forte, les partit s cpn-
rufes ne pouvant être réintégrées, il faut qu’elle
fe féparent comme une efearre dans le cas de
cautérifation. Paré attefte avoir fouvent remarqué
en vifitant les cadavres des -gens morts de
-playes à la Tête pour en faite fon rapport aux
Juge s, en avoir trouvé beaucoup où une portion
ilolée du cerveau étoit en fuppuration, & même
fphacelée. Il ajoute une autre hiftoire où l’on
voit qu’sprès une fuppuration dans la cavité
même du ci âne , le malade en. eft réchappé. Un
petir-garçon étant tombé, fe heurta la Têre contre
le pavé, mais d’une fi grande force qu’il refia
fans fentimenr. Il eut la fièvre, le délire & autres
mauvais fymptômes} le feptième jour, il lui vint
une grande lueur & des éremuemens, & en
même-tems il lui fortit une grande quantiré de
pus par la bouche, les narines & les oreilles;
ce qui le fotilagea beaucoup & le guérit. On
voit, par cette cbfervation, & par d’autres consignées
dans les Auteurs, que la fuppuration du
cerveau n’eft pas toujours mortelle; mais il n’en
efi point ainfi de la gangrène. On trouve,dans
ScultetjUne obfervarion très-curieufe à ce fujet.
Un foldat fut reçu dans un Hôpital pour une
grande contufion à la Tète fans playe. Neuf
lemaines après, ne fe Tentant plus ni douleur,
ni aucun mal, & , fe difpofant à retourner dans
fon pays, il mourut fubitement la nuit dans
fon fit. On l’ouvrit; on ne lui trouva tien au
crâne, mais la fubftance du cerveau au-deffous
rie l’endroit qui a voit reçu le coup, paroiffoit
corrompue de l’épaiffeur d'un doigt,& reffembloit
à une pomme pourrie & une horrible putréfaélion
s’érendoir prefque jufqu’au ventricule antérieur. Il
avoir de plus à la pie - mère un peu de corruption,
tout le refte patoiffoit fain. Hippocrate dans
fes Coaques s’eft fervi du mot < r < p * x pour
défigner cette corruption ,& il d it, à ce fujer, 1
que lorfque le cerveau eft corrompu, il y en a
qui meurent en trois jours, d’autres en fep t,
& s’ils les paffenr, ils en réchappent. Cette dernière
affertion d’Hippocrate pourroit être appuyée
fur l’obfervation fnivante de Lambert, Chirurgien
de Marfeille. Un laquais, dit-il dans fes Commentaires
fur la Carie , reçut un coup de pierre
aumilieudu parierai droir.Le cerveau fut bleffé &
le malade tomba le lendemain en convulfiondu côté
du coup, & en paralyfie de l’autre. Acesaccidens
fe joignirent la fièvre, le.délire & une diarrhée
confidérable. La fubftance du cerveau devint
noire, fe gonfla, s’amollit beaucoup plus .quelle
ne le devoir, & fortoit par l’ouverture du crâne,
& à mefure on la ret-ranchoit. Le malade intempérant
arracha lui - même, à l’infçu de ceux qui
le gardoiem, une très-grande quantité; il en
étoit tant forti qu’on s’apperçut enfin qu’on étoit
près du corps calleux lorfque la playe parut
prendre une bonne apparence. Une couleur vermeille
fuccéda à la lividité, toute la pourriture ]
tomba & le malade guérir. Il lui refta cependant
une paralyfie; il devint même, dit l’Obfer-
vateur} fujet à des mouvemens épileptiques. On
yoit,par cette obfervation , qu’il peut fortir une
très-grande quantité de cerveau fans néanmoins
que la mort s’enfuive; vérité qui eft encore con—
Chirurgie. Jbrrie J 1. 11/ Partie.
finnéê par pluficurs exemples inférés dans
les remarques de Qutfnai fur les playes du cerveau.
Les playes , où la contufion eft la plus
grande, font celles portées par des armes à feu.
On a vu quelques-unes de celles-ci traverfer
une très-grande étendue du cerveau, aller des
lobes antérieurs aux poftérieurs ou d’une hémif-
phère à l’autre, être lui vis de la perce d’une très-
grande quantiré du cerveau , & néanmoins le
bleffé fe rétablit fans qu’une playe auffi grave
laifsât après elle aucune fuite fâcheufe. Ainfi,
, Valeriola dit qu’un foldat guérit d’une playe
d’arme à feu dont la balle lui traverfa la Tête
de la tempe gauche à la droite; mais il obferve
que le. bleffé refta aveugle & un peu fourd. On
dit même plus, que la balle, en pareil cas^
; peut féjourner long-rems & même toute la vie
dans le cerveau, fans qu’il arrive aucun accident.
Une obfervation de Marefchal prouve la vérité
du fait. Il dit qu’un brigadier reçut un coup
de moufquet au-deffous du fourcil , que la
balle perça l’os & fe perdit dans le cerveau. Le
bleffé fut affez bien rétabli, pour retourner,
l’année fuivanre, en campagne , où il mourut
d’un coup de foi.il. On lui ouvrit la Tê te , & Ton
y trouva la balle, entrée de deux travers de doigts
dans la fubftance du cerveau , où elle étoit reftée ,
fans y occafionneraucun défordre. On trouve,dans
Fabrice de Hildan , Vcflingius, Zacutus & Dominique
Sala , plufieurs exemples de pareils cas,
où des corps étrangers ont été trouvés dans le cerveau
, long-rems après des coups poriés à la Tête.
Anel dit même que, dans un cas de ce genre, 01
trouya la balle fur la glande pinéale, avec du fan»
nouvellement épanché. En parcourant les Ob-
fervateurs, qui ont écrit fur ce fujet, on ne
trouve rien de femblable à l ’égard du cervelet. I l
paroît, d’après les indurations & pétrifications de
ce vifeère, que s’il peut être changé dans fa texture
d’une manière fi étrange, fans que la vie péri d ire ,
il ne fauroit éprouver de mên*c aucune impreffion
fubite fans quelques dangers ; & Goêlike obferve,
d’après différentes tentatives faites fur les animaux,
que plus les playes approchent de la moelle alongée,
plus auffi ellts font fouvent mortelles. Voyez
à ce fujet, le Mémoire delà Peyronie, lu à l’A cadémie
Royale des Sciences, en 1741.
La contufion du cerveau, celle fur-tout qui en
occupe la furface près des méninges, & où fes
membranes ont participé de la violence du coup,
efi toujours annoncée par une fuite defymptôhies
femblables à ceux qui accompagnent l’inflammation
des méninges ; le pouls devient irrégulier,
plus fréquent , les bleffés difent éprouver une
douleur pulfatile à l’endroit du coup , & y portent
fpontanément la main , ils font altérés , brû-
lans, la fièvre augmente , elle eft avec friffon ,
la tête eft pefante, les malades fe tiennent appuyés
de préférence fur le côté léfé, le délire,
les mouvemens convulfife furviennent, & fon«