
& manquera rarement de tirer les mammelons en-
dehors, & après quelques tentatives pareilles, de
le former, de manière que la mère puifte allaiter
fon propre enfant. Mais, comme il n’eft pas tou -
jours poflible de recourir à ce moyen, on y fup-
plée par différens inftrumens. Le plus (impie & le
plus en ufage , eft une bouteille de verre, dont
l ’orifice eft affez large, pour admettre librement
le mammelon, & dont le bord large & évafé, s’applique
facilement fur le fein. Du côté de la bouteille
& près de fon fond, fort un tube de huit à
dix pouces de long , dont l'extrémité eft recourbé,
de manière que la perfonne qui veut s'en lervir ,
puifte avoir cette extrémité dans fa bouche, en
même-tenu que l’orifice delà bouteille tft appliqué
fur le fein. Par ce moyen elle peut, en fuçanr,
purifier l’air qui fe trouve dans la bouteille, ce qui
néceffairement élève & développe le mammelon.
Mais cette opération eft fouvent trop fatiguante ,
pour une perfonne dans un état de foiblefte, tel
que celui dune femme en couches ; il vaut mieux
alors donner ce Travail à une antre perfonne. On
y fupplée d’une manière encore plus fûre , au
moyen d’une petite pompe afpiranre, qu’on adapte
au côté de la bouteille , à la place du tube. Voye[
les Planches. On doit répéter l’application de cet
infiniment allez fouvent, pour que le mammelon
fe forme & fe développe *, il faut la faire fur-tout
à chaque fois que l’on préfente l'enfant au fein.
On fefert aufli du môme moyen dans les cas d’engorgement
des feins, par le lait qui menacent d’in-
flmimation -, fur-tout lorfque la femme ne nour-
riffant pas fon enfant, ou par quelqu’aurre caufe ,
eilene peut donner à rérer, il eft alors très-utile,
pour détendre les mammellés, & favorifey.la révolution
qu’on v-Tit opérer.
THÉORIE. Theora. Explication d’un
ou de pluficurs phénomènes qui frappe.nr évidemment
les fens, & dont il eft intéreft'ant de connoîrre
les eau (es ainfique les effets. La Théorie donne,
pour ainfi dire > à l’art de guérir , une âme qui en
vivifie toutes les parties, & en lie tous les précepte
s , en les rendant dépendans les uns des autres.
C’eft un flambféau à la lueur duquel l'homme fage
tente les routes les plus cachées de la Nature, épie
les traces de la vérité, & aidé des apparences ,
fcrupuleufement analyfées & réduites à leur jufte
valeur, établir un fyftôme, ou les effets font exactement
déduits de leurs caufes.
La Théorie, en Chimrgiecomme en Médecine,
fuppofe une profonde connoiffancedes parties qui
cotnpofentnorremachine, & du jeu dont elles font
fufceptibles ^ c a r , envain on cherche à expliquer
un phénomène morbifique , fi l’on ignore les loix
que la Nature fuit dans l’état le plus favorable à
les opérations. Elle fuppofe de plus l ’efprit d’obfer-
v?tion,qnt T ir que les contraires étant, compenfés &
ptfés dan? la balance de la difeuffion, on fe détermine,
pour les faits qui naturellement fe lien t, &
v^nnentcomnfë d'eux-mêmes, former autant d’anneaux
de la chaîne de vérité. C'eft à un pareil avau-
tage qu’on doit la Théorie de la conipreflîon &
la commotion , fi bien développée par Qudnay
dans fon Mémoire fur l'application du trépan, dans
les cas douteux deplayes à la Tête , & l’hiftoirerles
lignes que préfentent les tumeurs formées par 1*
bile retenue dans la véficule du fie l, & qu’on a fou.
vent prifes pour des abcès au fo ie , comme le remarque
J. L . P e t it , qui le premier a traité cette
matière, d’une manière auffi étendue que la gravité
le comporte.
Une Théorie bien établie, fur des principes aufli
certains qu’il eft donné à l’homme de les acquérir,
mène à la pratique par la voie la plus fûre -, elle
donne à celle-ci une fiabilité, une afliète qui dérive
du rapport combiné des vérités, elle rend fruc-
tneufe toutes les tentations faites d’après elle , &
fournit même, dans les cas les plus embarraffans,
les indicans qui peuvent mener à un parti falutaire.
Mais, pour qu’on puifte en efpérer d’aufti grands
avantages, il faut qu’elle foit elle-même fondée fur
une obfervation & une expérience judicieufe*, car,
comme le remarque Baglivi, midia komines in mu-
Jceis excogitant quoe rationi confond ac prorejuh
certa exijVmantfed quando adufum defeendunt, non
Jolum abj’urda^Jed pene im.pojf.bdid deprehendunt.
L ’obfçrvation réunit le« faits, conftate les parités,
les diffemblances $ l’expérience confirme ou annul e
les réfultats, & fait de ceux qu’elle trouve conformes
à la Nature , autant de matériaux propres à fer-
vir à l’édifice de l’Art de guérir.
La Théorie, qui ne repofe point fur de pareilles
bafes, toute pompeufe qu'elle eft , ne peur qua-
drer avec la ftmplicité de la Nature , dont ks opérations,
quelques cachées qu'eljesparoiftent, dépendent
d’une uniformité de -loix générales & évidentes.
Aufli celles-ci ne peuvent-elles que perd c
à être expliquées par des Interprètes, qui en rendent
fi mal le langage. Il faut fe défier d’eux, comme de
ces Traduéleurs infidèles, qui pour vouloir embellir
leurs originaux, les défigurent & les altèrent en
y fubftituant leurs propres idées. L'homme réfléchi,
qui parcourt dans .les Faftesde l’Art les Théories
monflrueufes, qui l’ont tour-à-tour infefté, a peine
à concevoir comment les fiècles paffés ont pu ainfi
fe laifier fucceffivement entraîner à l’erreur, comment
celui-ci ,o u les Sciences Phyfiques & la Phi*
lofophie , en développant l'e fp tit, & donnant à la
penfëe ce caraéïère mâle, qui eft l’indice d'un jugement
exercé , n’a pu fe préferver d-e.l'épidémifi-
générale, & donne encore à croire que la contagion
eft bien loin d’être éteinte. L ’envie'd’attirer à fol
les opinions, de s’élever, au-deffus des autres, dont
on croit les facultés inférieures aux fiennes, & jjP
jouir par - là de la confédération & des richefTes que
celle-ci amène, eft un motif bien fréquent, qui
porte à expliquer même ce que la Nature nous cache
avec foin , ou qu’elle nous réfeeve pour une
époque, ou nous ferons plus convenablement dilpo*
Tés à l'écouter, De-làles Théories abfurdss gw0"!1.
: ' ' infçété
jjifeélé les fources de l’A r t, & les principes de
corruption, qu’ont pris ceux qui ont été jpuiîés aux
ruiliëaiîx Vénéneux gui en découlent. Tout aéré'
pour l’un | ùn édifice foutenu fur les loix d’une mécanique
exaéle, & dont les défauts dévoient être
corrjaés par une fubftitution de pièces de rapport ^
lprfq-u ■un autre ne voyôit par-tour que dès combi-
naifons , des aftimilations & des affinités réciproque?.
C’eft ainfi, qù’édîfianr d’après, fes vues, chacun
réduifoit la Nàtur'e,1 eu fanté comme en maladie,
à lès propres opérations, & prétêr.doit la forcer
à une fuite de procédés, qu’il appelloit or-guei 1-
lètifemenrfon,fyflême. Auffi cejle-ci, morediée de
foute part, ri’a-t-elle^oint répondu avanrageufe-
ment aux fommations forcées qn’on lui a faitesf en
forte que, ce qu’elle offroic à l’un aujourd’hui, elle
le lui réfufoif opiniàifément lë lendemain. Mais
Pefprit de propriété, qui porte chacun à garder ce
qu’il s’imagine devbir lui appartenir, ;n*ën a pas,
moins perfifté a rècbnnoitrèà lu i, cé qui lui avoir
paru bon à prendre, & ’àinlî l’on seft vanté de
toujourspofféder là vérité,’ lorfqu'ôn ïïe tertôir'qùé
l’erreur.
La Théorie left ou générale ou particulière y la
générale a pour objet lés faits qui fe. manifçftent
également dans fous ffp points de'notre fyftêuie organique,
quels que l’oient leS ôrganes ou p'aitiesac-
tuellemerit en foUfFràpce. La p’ariiculièr.e préfénre
rhiftbîrë clés éVénéméri's ou; phénomènes 'particuliers,
calquée d’après les Eeftfiétions oivks obfer-1
rations que donne lieu pe faire lâ nature fpëcifiqiie.
des organes ou des partiei:affccléës. La Théorie ge^
nérale offre plufieurs points db'rappOTt, quifehi-
bknt lier U'Chirurgie'à-la'Mé'deciné, ne devoir
Lire de ces deux Sciences qu'un tour indiviftble,
frl’homme pouvpjf être 'allez hiüreüfement né;,
pour que Tes fhoÿëns1 'phyftqdës'piiffent toujonf b
aller de pair avec fes facultés .intsileéluëfles.
Mais, commeie dëVél’ôppémVnt He ces dernières
efl le plus comrnuuémënt. le fruit d'utie éducation
foignéè , â îaquëllè le' plus grand nombre ne fau-
roit prétendre 5 & qu’il faut beaucoup moins de
profondeur pour fai fi r les caufes des maladies, dont
le traitement appartient à la Çhjrorgie ; i’ufagé 2
établi, pour l'uné & l’àutrè de'ces Sciences', une
Théorie, qui_, quoique fondée fur des axiomes
généraux, n'en, eft pas moins propre à'Chacune.
La Théorie particulière de la Chirurgie efVrdanve
anxhumeurs 'aux piaÿës;J aux. uTeèrës.;' aux fraèlu-
resj aux lùxatidbs, & généralement à toutes les
nialadiès & cas qui demandent quelques ppëra-
uoris', ou’ quelques topiques, 'confidérés comme
*n.°yen tffentiel de. guéri fon. La Thébrïé générale
ne pouvant "être'bien dëvelôbpéë que da’ns nn ou-
y age4 pu l’on confidère l’Art dans fouie Ton éren-
” lie, eti paflant did'i(fîiqûëmënt de ce 'qui eft déjà
connu à ce qui l eft inoins, nous renvoyons ^ un
juire que celui-ci, ’ & qui paroîtra’ inceff^mmenr.
Quant à la Théorie particulière , nous rie pouvons
W donner ici d;è$ détails^ fans'Vévenir fur les points
Chirurgie, Tonie i l , I I . Partie.
de doéltine qui fe rapporrent aux différens article»
qui ont déjà été traités d'une manière fufôfammenr
étendue dafis ce Lexique/aufli y renvoyons • nous'
pour ne pas tomber dans des répétitions. (AT. P e-
1 t i t - R a d e z. )■
THÉORICIEN. Celui qui rend rai fon d’un ou!
de plufieurs phénomènes, & les réunifiant à d’au-
| trèsforme unTyftême, où les effets font rapportés
aux caufés.qui font préfumée's les produire. Pour
être bon Théoricien , c’eft-à-dire, pour pouvoir
fe glorifier d’étre dans les voies de la Nature, il
faut donc bien 'connoîrre les caufes, psfer leurs
p u if fa n c e s& faifir les.circonftances qui peuven t’
l'étendre ou la diminuer, cè dont feul eft capable
l ’hornme profondément inftruir, & affez prudent
pour ne donner.à chacune que ce qui lui convient;
Cependant chacun élève fa Théorie, même le
j Charlatan qui, monté fur les rréraux , en irrspofe à
; fes Auditeurs par un fatras de mots, dont l’enfem-
i blé forme une efpècë dé fyftème , quefaififfer.it avidement
ceux qui ne veulent où ne peuvent point
appi'ôfo'ndir. Ce font ces Théories abfurdes, où l’on
s’écarte ranr de la vérité, qui ont été fi préjudiciables
à l ’humanité, tant par la marche quelles ont
fait fuivredans le traitemenr des maladies, qué par
les ’moyens qu’elles ont fuggérés pour les faire évi-
: rér. Il n’eft aucune erreur où l’homme ne fe foit
■ iàiffé entraîner fur cè point-, les Fàftés de l'Art
offrent ic i , à chaque fiècle , la preuve la plus cer-
-iaine qùe, fi la Science a éfé ufils'à' piufiêurs, elle
n’a pas moins été funefte à un plus grand nombre.
Le Théoricien qui 'épieles traces delà Nature,
qui tire Tes corollaires de"Ton hi(foire^ qui, Obfer-
vateur ex;él des phénomènes, cherche moins à les •
expliquer qu’à les ranger, pour pouvoir en tirer un
. jour, des matériaux tout façonnés qui puiffent for-
nier unTyftémë, eft loin de tomber dans de pareils
i écarts. La prudence qui le guide dar-s- tomes les
. affertions, ne lui fait propofer que celles qOi font
établies fur les loix les plus reçues & lespluscon-
! formes à’ notre économie. Si quelquefois il a re-
| cours, dans Tes 'explications, à des dogmes puifés
dans là Phyfiqùe la Chymie, ce n eft qu’avec
la rëAHcliori que demandent les loix de notre or -
ganifmé, qui ne font pas toujours celles de ce s
Sciences, quoiqu’elle' eatretiennent avëfe elles les
plus grands rapport«. Aufli, le Praticien qui prend
un tel Théoricien pour-guide, éroir plus ftir cî’ar-
river à fon but, qùé s’il fe'f tu abandonné à Ta propre
expérience. Inftruir du conflit , où fouvent
mène la contrariété des faits, il rcTie inébranlable
ail milieu des incertitudes, & ne fe port^ à une détermination,
que quand une difcuffion Tévère lui
fait connoîrre eu eft là vérité. Tout eft pour lui
motif d’obfervanon .0: de réflexion , & plongé dans
les doutes , où paroît devoir le retenir long-rems
un fepticifme philofopnique, fon jugement,mûri
par l’expérience, lui indique une avenue qui le
mène au temple de la vérité. Piùt-à-Dieu, que tous
ceux qui ont écrit fur la Théorie ,:(ë kifient afir-tlnu