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z.° En fuppofant la folidité égale , le pédicule
même d’un fort gros Polype tient l’orifice très?
peu dilaté, & ne lui fait point perdre fa direction
parallèle avec l’axe longitudinal du corps ',
& , au contraire , une fort petite portion du
fond de la mattice écarte co n fi d érable ment fon
orifice y & le rejette fou vent d’un côté ou de
Pautre. 3.° La defcente fouffre plus ou moins
la réduction, le Polype n’eft fufceptible d’aucune.
4.* Le Polype a un vrai pédicule , la defcente
n’en a point.
On pourroit plus facilement confondre le Polype
avec le renverfement complet de la matrice,
le fond de ce vilcère pafl'ant par fon orifice. La
tumeur, comme celle du Polype, a la forme
d’une poire; fa partie inférieure eft plus large
que la fupérieure*, on n’y découvre point non
plus inférieuremént d'ouverture qui puiffe paffer
pour l’orifice de la matrice. Mais on évitera cette
erreur ,car i.° quel que volumineux que foit le
Polype, on peut paffer entre lui & les parois
du vagin le doigt ou quelques inftrumens moufles,
& les porter affez loin dans cexonduit, ce qu’on
ne peut faire dans le renverfement de matrice,
où il n’y a aucun vuide à la place du vagin qui
ic i eft retourné , & forme , comme dit Levret,
la gueule d’un fac. 2.0 La partie fupérieure qu’on
pourroit prendre pour le pédicule du Polype ,
loin d’être dure & folidecomme celui-ci, eft molle,
& paroît au tact visiblement creufe & bien moins
réfiftante que le reffe de la tumeur.
On diftinguera également la hernie dé veffie
par le vagin, du Polype de cette gaine , fi l’on a
égard aux lignes fuivans. i.° La tumeur dans la
hernie de veffie eft toujours en haut & en avant;
mais, dans les cas de Polype, elle eft indiftinéïe-
ment dans tous les points du conduit. 2.0 La hernie
de veffie eft compreffible ; la compreffion excite
la femme à uriner , & la tumeur alors diminue
en feramollifiant considérablement.; il n’en
eft pas ainfi dans le cas de Polype, la tumeur
refie la même , & fi on la comprime un peu fortement,
l’ urine s’arrête quand onia rend. 3.0 Dans
les cas d'entérocèle & de cyftocèle par le vagin,
le mufeau de tanche eft plus ou moins déplacé.
Ces hernies peuvent être toutes réduites, linon
en totalité, au moins en partie , & pour untems.
L e Polype du vagin ne déplace point le .col de
la matrice, & ne fouffre aucune réduétion du
dehors de la vulve au •? dedans du vagin.
Les Polypes de matrice & du vagin font, le
plus fouvenr, moux & comme charnus ; ceux-
ci font quelquefois creux intérieurement, de manière
à en avoir impoféà ceux qui les avoient
extirpé, ayant cru, à la direction de la tumeur,
avoir amputé la matrice; d’autres fois, ils font
fo lid e s , durs & d’une nature comme cartilagineuse
; c e u x - c i , quand ils font portés à un très-
gros volume , peuvent, par leur pefanteur, en-
frainer la matrice dans le vagin , & occaiionner
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le tiraillement des ligamens larges, & les diverJ
accidens qui s’enfuivem & qui.difparoiffent par
le rérabliffement de la matrice, après qu’on a
emporté la tumeur. Ces derniers font moins fu-
jets à l’imflammation & aux hémorrhagies ; ils
peuvent, comme toutes les tumeurs farcomateufes,
acquérir un volume très - confidérable, & tellement
dilater la matrice qu’il femble que les.
femmes foient groffi.s. Les accidens, en pareils
cas , peuvent devenir très - graves ; on a vu
la conflipation , la proélalgie & la rétention
d’urine tellement les compliquer, qu’on ne favoit
alors à quelle indication répondre. La préfence
d’un Polype, dans la matrice, n’empêche point
la formation d’un autre. M. Baudelocque fit, il y
a quelques années , la ligature d’une tumeur de
ce genre qui avoit dix- neuf pouces de circonférence
, chez une femme dont le ventre étoit
fi gonflé & fi dur que plufieurs Praticiens avoient
jugé la matrice fehirreufe. L ’opération fut heu-
reufe; mais , après la chûre du Polype, le ventre
qui étoit refté à^- peu - près tel qu’il étoit auparavant,
s’affiiffa fubitemenr, & un autre Polype,
beaucoup plus volumineux que le premier, parut
dans le vagin. L’état de la malade ne permit pas
une fécondé opération ; elle mourut, & , à l’ouverture
du cadavre, on trouva dans le vagin un
Polype dont l’attache étoit dans la matrice qui
éroit auffi faine qu’il eft polfible. Le Polype ne
s’oppofe pas toujours non plus à la conception &
même au développement du fétus jufqu’au terme
de l’accouchement ; on a même vu celui - ci n’être
accompagné d’aucune difficulté, ce qui eft prouvé
par plufieurs obfervations confignées dans le Mémoire
de M. Levret fur cette matière; mais ordinairement
alors le Polype difparoît pour revenir
après la délivrance.
On a propofé, pour détruire les Polypes de
la matrice & du vagin, la cautérifation, la fec-
tion, la rorfion & la -ligature. La cautérifation
a été confeiilée par Juncker & Verduc ; mais il
n’eft perfonne qui en ait fait ufage d’une manière
efficace, & l’analogie dit-affez quelle pourroit
avoir des fuites fâcheufes , tant pour les parois
du vagin qui peuvent en partager les effets
que pour la tumeur qu’elle pourroit faire dégénérer
en cancer. La feélion a été confeiilée par
Ærius, Fabrice d’Acquapendente,Dionis & Plat-
ner; Tulpius & Varer citent une observation
ou elle a eu tout le fuccès polfible. Mais , malgré
routes ces autorités., on n’en doit pas moins
regarder cette méthode comme très-périlleufe*
vu l’hémorrhagie dont elle pourroit être fuivie
dans les cas où l’on n’auroit pas préliminairement
employé la ligature. On trouve dans Za-
cutus Lufitanus un fait confirmatif de cette affer-
tion. Un empyrique qui traitoit une pauvre, femme
pour des douleurs dans l’hypogaftre , ayant aç*
perçu dans le vagin une excroiffance de chair
fpongieufe de la groffeur d’un amande , la toucha
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d’abord avec de l’huile de vitriol; mais, voyant .
fes tentatives fans fuccès, il. coupa la tumeur j
avec des cifeaux. Cette fecïion fut fuivie d’une
hémorrhagie fi confidérble que la malade en
périt. Il y a moins de danger à craindre dans les
cas où l’on auroit déjà employé la ligature , ou
dans le cas où l’on opérer oit chez une femme
âgée , à raifon de l’état d’exficcation où eft alors
la matrice. J ’ai vu un cas de ce genre où le
polype, très-volumineux , étoit accompagné d’un
tel renveifement de matrice qu’on ne pouvoit
distinguer les limites de la tumeur d’avec lefond
de cet organe. On coupa celle - ci au niveau des
grandes lèvres ; l’opération fut faite fans accidens,
& infenfiblement ce qui refloit de la matrice
rentra , & tout fut remis dans l’état ordinaire en
moins d’un mois.
La torfion a éü fespartifans dansDionis, Junc-
ker & Héifter; elle confifteà prendre la tumeur
avec les doigts,quand elle eft peu volumineufe ,
ou avec le branches d’un forceps, quand elle eft
très-groffe, & à la tordre toujours du même
fens ,& avec beaucoup de ménagement. Quelquefois
la première tentative Suffit pour entraîner
la tumeur, quand fon pédicule eft fort grêle &
peu réfiftant ; mais, le plus fouvent, il faut y revenir
deux ou trois fois; quelquefois le Polype
tombe de lui-même dans L'intervalle de ces tentatives
, comme on en a plufieurs exemples. Mais,
quoique cette méthode air été inife en pratique avec
fuccès , notamment par Boudou, on ne peut cependant
fe diffimuler les accidens qui peuvent
s'enfuivre. En tentant la torfion , on peut produire
le même effet fur la matrice, & donner
lieu à fon inflammation, & confécutivement à
celle de tout le'bas - ventre. Si cependant le Polype
avoit fon infertion au parois du vagin ou à
l’orifice de la matrice, que le pédicule fût grêle
& pût conféqutmmenc être faifi par une paire de
pinces, qui empêchât les effets de la torfion de
fe porter au — delà du pédicule , on pourroit encore
avoir recours à ce moyen. >
La ligature confifte à embraffer le pédicule
du Polype , en le comprenant dans l’anfe d'un
fil, & à le ferrer autant exactement qu’il eft pof-
fible, pour le faire périr. Autrefois on le tra-
verfoit de part - en - part avec une aiguille,armée
d’un double fil de lin ciré,dont on formoit enfuite
une anfe de chaque c ô té , & qu’on lioit d’un
double noeud, de la même manière qu’on faifoit
autrefois la ligature de l’épiploon ; mais, pour
agir ainfi, on attendoit toujours que le Polype
fiât forti en totalité ou du moins pour la plus
grande partie hors du vagin. Mais,, en attendant
cette époque, la plupart des femmes périffent
Jouvent d’hémorrhagie ou d’ autres accidens relatifs
à la rétention d’urine & à l’ulcération.
Eevret réfléchiffant fur la nature &lescaufes de
tous ces accidens, conçut dès-lors la poffibilité
« y remédier & même de les prévenir en liant le
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pédicule de la tumeur lors même qu’elle eft encore
dans le vagin. Après avoir inutilement employé
plufieurs moyens compliqués & difficiles à mettre
en oeuvre & dont ôn peut voir l’expofé dans
fon Traité des Polypes, il s’en tint à un com-
pofé de deux tuyaux d’argent foudés parallèlement
dans leur iongueur , qui chacun ont huit
I pouces de long fur dîux ou trois lignes environ
de diamètre. L ’extrémité fupérieure eft terminée
en forme de larme & l’inférieure porte un anneau
foudé de chaque côté pour l’attache du lien. Celui
ci eft un fi! d’argent de coupelle bien recuit
& d’une groffeur médiocre; il doit former une
anfe pour comprendre le polype, foye^, à ce
fujet, la Planche relative à cet article. L'inf-
trument armé de fon fil & la malade fituée convenablement,
il préfentoità la vulve l’anfe feule
de la ligature en la dirigeant dans les fens de
la grande fente, mais obliquement pour l’introduire
par un des côtés du vagin, la courbtire
la plus baffe du fil en bas, entre les parois de
I ce canal & la tumeur. Alors il pouffoit le fil
libre , en le faifant gliffer en haut jufqu’à ce
que la réfiftance annonçât qu’il étoit au fond du
vagin. Enfuite il portoit les deux doigts de la
main droite dans le vagin, pendant que la gauche
fejnoit les tuyaux ; & avec fes de 11 doigts
: il faifoit paffer entièrement la tumeur dans l’angle
aggrandi de la ligature, en introduifant le tuyai*
dans le vagin, & le tranfportant au côtéopppofé
I jufqu’à ce qu’il fentît une réfiftance. Alors il in -
troduifoir de nouveau un doigt moyennant lequel
il s’affuroit fi l’anfe du fil étoit portée auffi haut
qu’il eft poffible. En cas. qu’il le f û t , le pédicule
, par ce procédé fe trouvant embraffé par
le fil d’argent, il retenoir les tuyaux en place
& redroit le bout mobile du fil, jufqu’à ce qu’il
n’en puiffe plus fortir. Cela fait, il arrêtoit le
fil à l’anneau libre; & par le moyen de la tor-
1 (ion, il ferroitSt., étrangloit la racine du Polype
& il inclinoit la partie inférieure de l’inftrument
vers l’une des cuiffes de la malade, & pour éviter
qu’il fe dérangeât, il l’v fixoir au moyen d’une
bandelette. Le refte du traitement confiftoit à
à tordre le fil comme il avoit fait la première,
fois , ce qu’il réitéroit plus ou moins félon les
circonstances.
Notre Praticien fut quelques années à fuivre
cette méthode avant d* s’aflùrer de fes inconvé-
niens... Un des principaux, eft que quand la
tumeur eft très - volumineufe, il eft fouvent difficile
& même impoffible de porter l’anle de la
ligature jufqu’au haut du Polype, cette anfe cède
& l’on ne peut la faire avancer. Auffi Levret r
fubftitua-t-il une paire de pincës faite fur le modèle
de celles à panfer avec cette différence que
les anneaux font fur les côtés de chaque tige
qui font creufes, & qui, au point de leur réunion
, s’écartent l’une de l’autre pour former
un ovale d’environ deux pouces de large quand