
que l’inflammation s’étend le long du Périnée
vers l’anus, fi l’on ne parvient promptement à la
dilfiper par la faignée & par d’autres moyens indiqués
, elle eft très-fujette à fe terminer par fup-
puration. Voyez Gonorrée.
Les abcès qui le forment dans les parties molles
autour de l’anus > donnent suffi lieu quelquefois
A la fiftule au Périnée , lorfque l'inflammation
s’étend jufqu’au tiflii cellulaire qui environne l’urètre
, & qu’il fe forme'une nouvelle fuppura-
tion dans cette partie.
Les différentes canfes qui mettent obflacle
au libre pafiage de l’urine le long de l’urètre
( Voye\ Rétention d’urine ) , peuvent également
donner lieu à cette maladie, par l’inflammation
qui s’établit fouvent dans ce canal, auprès
de l'obftacle. Cette* caufe eft môme la plus fré-
ouente de toutes celles dont nous avons fait mention.
Le Chirurgien appellé à trairer un cas de
cette efpèce, doit mettre toute fon attention à bien
Teconnoître quelle en eft l’origine. Il s’ attachera
particulièrement à diftinguer fi le mal eft venu
à la fuite d’une obfiruélion de l’urètre, ou s’il
eft l’effet d’une caufe extérieure ou accidentelle ;
car le traitement doit être très - différent dans
ces deux cas. Lorfque l’ouverture du canal a été
•©ccafionnée par une obftruélion dans quelqu’une
de fes parties, on ne fera aucun pas vers la gué-
lifon , en employant des remèdes généraux, ou
en faifant des applications extérieures^ mais on
attaquera le mal par la racine, en rétabiiffanr
le diamètre uniforme du canal au moyen des
bougies. E t , au contraire , les bougies feront
plus de mal que de bien, fi l’on en fait ufage dans
toute autre efpèce de cas.
Il importe anffi que le Chirurgien fâche distinguer
les affections purement locales de celles
quinennentà l’état général dufyftême. Car quelque
bien entendus que foient les foins qu’il pourra
donner au traitement local de l’ulcère, fi le malade
a quelque difpofition feorbutique, vénérienne
ou fcropbuleufe, on parviendra difficilement à
le guérir fans combattre, par des moyens convenables
, cette maladie du fyftême.
Nous fuppoferons d’abord que le mal eft tout-
à - fait lo ca l, ou que l’ on a déjà fuffifamment
combattu l’affeélion qui pourroit l’entretenir ;
nous fuppofons encore qu’il dépend originairem
e n t d’une obftruélion de l’urètre. Nous n’entrerons
pas ici dans Iê détail du traitemènt nécef-
faire, en pareilles circonftances, renvoyant pour
Cela aux articles Bougie & Rétention d’u-
2LINE.
Lorfque le principe du mal eft détruit , &
que l’on a rétabli la parfaite liberté du canal,
fi l'ulcère fiftuleuA ne fe cicatrife pas bienr tô<:
de lui - même, cela tient ordinairement à ce que
fes bords font durs & cal feux, & l’on procédera,.
pour le guérir, de la manière que nous avons
êxpofée à l’article F istule. On place J pou*
cet effet, le malade fur une table dans la même
pofture à • peu - près que pour l’opération delà
taille; on pafte une fonde clans l’urètre jufqu’au.
delà du liège de l’ulcère, & on la fait tenir ferme
par un aide. Le Chinirgien alors introduit im
fliler par l’ouverture extérieure jufqu’au fond de
la cavité, & s’en fert comme de conduéleur pour
ouvrir le finus dans toute fil longueur. S il y a
plufieurs finus, il les ouvre de même. Si les bords
de l’ulcère font extrêmement durs & calleux, il
en retranche une portion plus ou moins grande*,
cette dernière précaution, au refie, n’eft pas fou-
vent néceflaire, car l’inflammation & la fuppu*
ration qu’exciteront les incifions , diflîperont,
pour l’ordinaire, les duretés qui exiftoient dam
la partie affeèlée.
Après avoir fait les incifions néceflaireç, on
ôte la fonde , on met légèrement un peu de charpie
entre les bords des playes , on les couvre
de plumaceaux, enduits de quelque cérat émollient,
& l'on met par - deflus des comprefles que
l’on fixe par un bandage.
Vingt - quatre heures après l’opération, on recouvre
l’appareil d’ un cataplafmeémollientqu’on
renouvelle de tems - en - tem s , & dès que la
fuppuration efl établie, on ne panfe plus la Playe
que de la manière la plus douce & la plus légère
, jufqu’à ce qu’elle foit cicatrifée en ferem-
pliflanc par le fond.
On a recommandé de laiffer^une bougie ou
une fonde flexible dans l’urètrë, pendant cette
partie du traitement de la fiftule au Périnée,
dans l’idée que, par ce moyen , on maintiendroit
efficacement le diamètre du canal à l’endroit de
la cicatrice, & afin d’empêcher que l’urine, en
coulant par la P laye, ne mît obflacle à la gué-
rifon. Mais la préfencede la fonde, au contraire,’
caufe une irritation qui en retarde beaucoup le
progrès ,* il vaut bien mieux , f i , lorfque la
Playe efl cicatrifée, il refle en cet endroit un
retréciffement au canal, employer, pendant quelque
tems, des bougies, pour le dilater autant
qu’il fera néceflaire. Quant au danger de laifftr
couler l’urine parla Playe, il fuffit de rappeller
ce qui fe paffe après l’opération de la raille^ où
l’on ne voit pas qu’il réfui te aucun inconvénient
de cette caufe.
Lorfqu’il y a beaucoup de duretés & de caî-
lofités dans les parties qui forment le Périnée,
on confeiile, avant de recourir à l’opération,
d’en tenter la réfolurion par un long ufage de
cataplafmes, de frictions mercurielles & d’emplâtres
gommeux réfolutifs. Mais on ne retire
p?.s grand avantage de tous ces moyens j la fup-
puraticn qu’ils excitent efl toujours trop peu con».
fidérable & trop partielle pour avoir l’effet qu’on
voudroit en obtenir.
On a fort confeilié aùfli, dans les cas où bs
remèdes dont nous venons de parler ne réuffi-5
rolent pas à fondre les duretés, de les extirper !
entièrement avec le biftouri. Mais il n’y a aucune
uéceffifé de recourir à une méthode aufli cruelle*,
car, quoiqu’il puiffe cônvenir de rerancher le
bord calleux des ulcères, il n’y a aucun avantage
à extirper les duretés en entier *, elles fe
fondront & fe diffiperont entièrement en confé-
qnence de la fuppuration que les incifions auront
déterminée , & la cicatrifation, en général, fera
bien plus prompte en ce cas - ci que dans
l ’autre.
On ne fauroit mettre trop de foin à trairer
les abcès qui fe forment dans le voifinage du cariai
de l’urètre , & à les amener promptement
-à une bonne fuppuration, par l’ufageaflidu des
cataplafmes émolliens , quelle que foit la caufe
qui à déterminé leur formation. Ce moyen, fuivi
avec afliduité & intelligence, fuffit fouvent pour
guérir des cas q u i, s’ils euffent été négligés, au-
roient pu entraîner des accidens très-graves. Mais,
dès que l’ulcère prend une apparence fiftuleufe,
il faut avoir recours à la méthode que nous
avons expofée ci-de flus.
PLOMB. C’efl un fait bien reconnu aujour^
d’hui que le plomb dépouillé de fa forme métallique
, agit puiffamment fur le corps,* les vapeurs
qu’il exhale, les chaux qu’on en obtient,
toutes les préparations qu’on en fait en le mêlant
avec des fubftances falines, manifeflent des effets
puiffamment fédatifs fur l ’intérieur du corps &
agiffent comme des. poifons. Mais, une heureure
expérience a appris aux Praticiens que l’on pou-
voitemployer ce métal à fexrérieur, fous différentes
formes, dans une grande variété d’affec-
tiors inflammatoires.
Nous avons l’obligation à M. Goulard, Chirurgien
de Montpellier, d’avoir fait connoître au
Public tous les avantages qu’on poiivoit attendre
de ce précieux médicament. 11 faut avouer
que M. Goulard, en les exaltant, s’eft laiffé' entraîner
trop loin y il a trop généralifé les effets de
fon remède favori, & lui a attribué plus d’efficacité
que n'en a trouvé probablement aucun de
ceux qui en ont fait ufage à fa recommandation.
Néanmoins on eft toujours redevable A cet Auteur
, non pas il eft vrai d’avoir découvert un
nouveau médicament, car toutes les préparations
de plomb qu’il a recommandées, étoient déjà
plus ou moins connues des Praticiens, mais
d’avoir Tendu d’un ufage plus général un remède
trèsrefficace pour réfoudre les tumeurs phieg-
moneufes..
M. Goulard, dans fa Differtation fur l ’ufage
externe des préparations de Plomb, les recommande
toutes comme à-peu-près également avanta
g e a s dans les différens périodes de l’inflammation.
Lors même que les tumeurs font entièrement
en fuppuration, l’ufage convenable de fon
«*trait dç Saturne , dit - il , en rend prefque
•««jours l’ouverture inutile , non en agiffant
comme répereuflif, car il ne lui attribue pas
cette qualité, mais en occafionnant une exfudation
de la matière contenue dans la tumeur.
Il ajoute que l’application du même remède
eft convenable dans les différentes efpèces de
gangrène. Mais l’expérience générale des Praticiens
ne vient point à l’appui de cette affertkm;
elle ne confirme pas mieux ce qu’il a avancé
fur la guérifon des abcès où le pus étoit corn-
plettement formé. Ce n’eft que lorfque l’état inflammatoire
fubfifte véritablement, & qu’il y a
lieu de compter encore fur la réfolurion , que
fon doit confei lier ces fortes d’applications qui,
en pareil cas , manquent rarement de produire
un bon effet. Car, lorfque la préparation qu’on
emploie, eft d’une force convenable, on la voit,
pour l’ordinaire, diminuer la douleur & la ten-
fion , en même-tems qu’elle communique à la
partie une fenfàtion agréable de fraîcheur.
Les effets funeftes du Plomb, fur l’intérieur
du corps, ont déterminé quelques Aureurs à
s’élever contreTufage de ces préparations, même
^ d ’extérieur.
On ne peut douter que le Plomb pris intérieu-
[ rement, fous différentes formes, n’ait agi fouvent
comme poifony il efl même certain que quelques
unes de fes préparations, appliquées extérieurement,
ont produit, dans quelques ôccafions,
des fymptômes fâcheux; mais ces accidens peuvent
être regardés comme extrêmement rares,
ainfi que l’attefteront nombre de Chirurgiens qui
n en ont jamais obfervé de femblables, quoiqu’il
leur arrive allez fréquemment, fur-tout dans des
cas de brûlure, de couvrir une grande partie de
la furface du corps de préparations de plomb,
pendant plufieurs jours, & même pendant des
femaines entières.
Le fucre de Saturne vaut tomes les autres
préparations de plomb qu’on emploie à l’extérieur*,
il en réunit tous les avantages, & s’il en
diffère, c’eft principalement en ce que fon eft
beaucoup plus certain, îorfqu’on s’en fe r t, du
degré de force de la préparation que l’on emploie,
qu on ne peut l’êrre en donnant la préférence
à toute autre. Dans l’extrait de Saturne
de Goulard , ainfi que dans le vinaigre
de Saturne on de lttharge des Pharmacopées
, qui font le même remède, fon peut, il
eft vrai , être très-certain de la quantité de
Plomb I que l’on met dans le vinaigre; mais la
cryftaliifarion eft l’unique moyen de s’affurer
avec quelque exaélkude de ce qui a été diffous
par le menftrue; car la diflblution varie par une
infinité de circonflances accidentelles; telles fur-
tout que la force de l’acide, & le degré de la
chaleur que fon applique. Comme on n’eft pas
toujours maître de diriger exactement ces cir—
confiances, on devroit en général préférer le
fucre de Saturne.
La meilleure manière d’employer ce remèdç