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tant à publier quelques ouvrages, ils offrent eux-
mêmes matière à la conviéti'on. L ’homme inftruit
fe demande alors comment avec des moyens fi
foibles, ils ont pu parvenir à une réputation, comment
le Public a pu être affez crédule, pour fe
rendre viétime de leur empyrifme; comment enfin
le nombre de leurs fautes n’a pu les faire rentrer
dans une obfcurité d'où jamais ils n’auroient
dûfortir. Nous pourrions , fi la critique éroit entrée
dans notre plan, prouver ce que nous avançons
par des citations particulières, niais queleft
l'homme inftruit qui ne fâlîe pas lui—même des
applications ?
Le Praticien fe forme pas l'exercice-, la réitération
des frfits réduits à leur jufte valeur lui fait
voir les forces actuelles de la Nature, & comment
il faut compofer avec elle, ce quelle peut
donner, ce qu’elle doit refufer, en quel rems &
comment elle peut l'accorder. Mais pour bien
fàifir tous ces objets, il faut d’avance avoir un
grand fond de connoifiances dans les loix qui ré-
gifient l'économie animale & dans le pouvoir des
moyens de guérifon. O r ces connoiflances ne peuvent
être le partage de la jeunt-fte, où l’efpiir n'eft
point encoreaficz fait, pour lavoir fe conformer
aux règles d’un prudent leptkifme. Car à cet âge
on ne doute de rien.; le premier évènement qui
frappe, efl regardé comme provenant d'un fyftême
de loix qu’on a adopté & qu’on regarde comme
devant toujours perfifter les mêmes. On y rapporte
tout ce qu’on voit, on fe rend compte de
tour, & la doétrine qu’on a prjfe, devient la pierre
de touche à laquelle on prétend reconnoîrre la
marche de la Narure & les écarts dont elle èft
fufceprible. Àufli n’eft-ce point à cetce première
époque de la vie qu'on puiffe fe dire Praticien
dans le fens que nous l’entendons ici, dans le
fens vraiment didactique, dans le fens où l’emploi
des moyens peut tourner au profit de l’Art & de
ceux qui en éprouvent les bienfaits. S i, à cet âge , ,
la main fe prête à toutes les déterminations que
la volonté imprime, fi lafoupleffe des doigts, la
finefle de la vue favorifent les procédés les plus
délicats qui font du reffort du plus habile Opérateur,
le jugement fouvent fe refufe pourindi- .
quer la route à tenir dans les cas compliqués où :
il s’agit moins d’opérer, que defavoir fi l’on doit,
comment on doit, & quand on doit opérer.
Dies diemdocct & Naturcejudicia explicat, confirmât.
L ’âge fait d’après cet axiome, efi donc l’époque
de la vie la plus propre à l’exercice ; les
évènemens alors ne frappent plus fi vivement les
fens, les impreffions qu'ils laiflenr, n’entraînent
point auffi impérieufement à l’aélion, & l'expérience
fondée fur l’obfervation réitérée des faits,
porte à difçuter les indications, à les oppofer à
leurs contraires & à écouter le langage de la Nature,
quand elle parle d’accorder du délai. Les
découvertes des autres peuvent alors devenir noire
propriété & une propriété dont on ne rougit
P R O
point encore comme dans la vieilleffe.>, où Ion
s imagine n'avoir befoin de rien, parce qu'on a
l'âge où l’on doit tout avoir. Mais fi à ce dernier
terme de la vie la roideur des doigts & la foi-
blefie de la vue détournent d’entreprendre toute
opération, le jugement quand il a été convenablement
difpofé par des études & une application
continuelle aux principes de l’A r t, fert encore
dans les cas épineux qui, fous une parité fpé-
cieufe, pourroient fuggérer une pratique funefte.
Les confeils du vieillard' inllruit ont alors une
valeur réelle, fondée fur ce coup-d’oeil qui leur
fait fouvent découvrir la nature cachée d’un
mal, là ou les moins expérimentés font loin de
fonpçonner le moindre défordre. ( M. P e t it -
R ad e z . )
PROGNOST IC.W°yva,v'is.Prcecognitioi Pranotio.
Connoifiance qu’on a d’un événement qui doit
arriver dans le cours d’une maladie, & qui la doit
‘changer en bien ou en mal. Hippocrate efl celui des
; Auteurs qui fe foit le plus illuftré dans ce genre
de connoiflances ; auffi fes Contemporains que,-
l’exaèlitude de fon Piognofiic étonnoit, lui
élevèrent;ih une ftarue de bronze, & fes defeen-
dans furent-ils nourris dans leJPrintanéeauxdépens
publics. En effet, fes Prénotions & Prédirions
renferment des prodiges 'en ce genre qui nous
étonnent encore aujourd’hui, que l’Art d’obfer-
ver efi porté au plus haut point. On vo it,
dès le commencement de fes Prénotions combien
ce Vieillard prifoit l ’Art de prédire lorsqu'il
étoit fondé fur un vrai favoir. — Operce
pretium , rdifoit-il, mihi facturus Medicus videtur
f i o-d providentiam fibi comparandam omne fiudium
adhïbeat, cum namque prafenferit & proedixerit
xpud crgrotoSy tum preefentia, tum proeterita , tùm
futura qwxque cegri omittunt, expofuerit, res urique
cegrotantium magis agnofiere credetur, adeo ut ma'
jore cum fiducia JeJe homines committere audeant.
L e1 Prognofiic efi établi fur la connoifiance qu’on
a de la nature de la maladie & des divers
fymptômes, & épiphénomènes qui peuvent l’accompagner
ou lui furvenir, & fur les divers
évènemens qu'une obfervation réfléchie & une
longue expérience ont fait découvrir en être
une fuite néceffaire. Auffi, communément ceux
qui ont vieilli dans la. pratiqué de l’Art & qui
ont toujours fait marcher, d’un pas égal, leur
expérience avec l’étude desfairs & .l’obfervation,
font-ils ceux dont le Prognofiic efi le plus certain.
Cette prérogative du vrai Praticien qui
l ’élève au plus haut point de gloire'; foit qu’il
annonce un évènement heureux ou funefte, ne
peut être le partage de l’ignorant. Celui-ci abandonné
à fes notions incertaines & n’ayant aucun
point en vue, erre aveuglément dans.le vague
de fes idées avec la confiance qu’infpire l’ignorance
des obfiacles qui peuvent fe préfenrer.
L ’homme inftruit au-contraire, affermi dans fes
principes, voit tout, rien nç lui échappe, & le*
moindre*
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moindres circonflances, qui paroifloient être indifférentes
à tout autre, font pour lu rd e la plus
grande conféquence; car r comme l'obferve Ba-
•Üvi, JVattira nil frujtrà molitar ^minimaque fiant
fispihs magnarum rerum initia. Hippocrate offre ,
relativement au Prognofiic dans le traitement
des maladies Chirurgicales, beaucoup d’axiômes
dont la vérité fe confirme encore de nos jours,
& qui font autant des preuves de fa grande capacité
à obferver. Sachant combien la pourriture
du cerveau efi dangereufe fur-tout lorfau’il n’y
a au-dehors aucune voie par ou les portions
gangrenées puiuent trouver iffus; il dir, übi
Jyderatione cerebrum periclitatur, quidam tribus
diebus , etiam Jeptem moriuntur; quos f i evafe-
rint Jervantur, ex quorum numéro fervantur quibus
perfecUonem os dijparatum fuerit. Dans ce dernier
cas , y ayant une féparation ou écartement dans
les os, la Nature peut 'quelquefois fe fnffire ,
ainfi que iM Obfervateurs en fourni fient des
exemples. L ’ércfypèle efi, pour quelques vieillards,
une maladie vraiment critique & dont
la rentrée ne peut que leur être funefte. Nous
devons cette obfervation an Père de la Médecine
; mais ce divin Vieillard ne pafîe point auffi
fous fiience les fuites fàcheufes qui peuvent accompagner
fa rentrée; ceft ce qui efi exprimé
dans le pafiage fuivant de fes Prénotions. Erefy-
pelas ver b forts quidem ex tare utile, intrb àutem
vergere loethale , cujus quidem indicium efi, cum
rubore evanefeente peclus gravatur & oegrïus fpiri-
tum trahit ceger. Hippocrate, dans les divers endroits
de fes ouvrages,où il traite du Prognofiic,
y manifdle par-tout un génie, une pénétration
d’efprit & une profondeur de connoifiance qui
étonnent pour le fiècle où il vivo it, & qui font
le plus beau témoignage d’équité pour ceux qui
lui déférèrent, dans cés feras les plus reculés,
les honneurs de la Divinité. Comme il ne nous
efi pas pofîible d’entrer maintenant dans de
grands détails pour prouver ta vérité de ce que
nous avançons ic i, nous nous cqh ren tërons de cirer
les paflages fuivans fans y ajourer aucun com-
tnentaire pour les développper. Quibus è pofle-1-
riore parte ojjis fracticapitis dolor inc fi vehemens
& crajja è naribus fluxio , malo efi. — Iis dolore
antea ad oculum fiuborto rigore corripiuntur, quin
etiam ojjî-nm ad t emporia effraditrce convufiones
accerfere [oient. — Vulnere in tkoracem accepta
fi qmi em externa vulneris pars [anitattm receperit
interna vero nequaquam fiuppurationis pencu'um
impendet, ■— Ulcus lividum & aridum a ut palli- ■
dum effeefum mortem indicat. — Quibus concufi—
fum fuerit cerebrum vel ex plagâ doluerit aut
aliquo eafu , his illico vox déficit, neque vident,
ntque audiünt , fere intereunt.— Ex ctrebri vulnere
febris ut plurimùm ac bilis vomitus Juccedit &
corporis refolutio , iiqueperniciose. hxbent.
Les connoifiances prifes de l’Anatomie & de
Aufage des parties^, facilitent, beaucoup le .C h ir
Chirurgie, Tome I I , I .e f Partie.
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nirgicn dans l’Art de bien tirer fon Prognofiic*
& le mettent à portée de prédire un événement
fâcheux ; dans des circonfiances où d’autres entraînés
par l'erreur, n’annoncent rien d’inquiétant-
Un emphyfème au-defiùs des clavicules, fuffit à
M. Louis pour annoncer la mort d’une petite
fille, qui avoit avalé une fève, fi l’on ne lui
faifoit l’opération de la bronchotomie; & l’opi-
niàtreré des confuhans qui s'y opposèrent donna
lieu de vérifier la vérité de l'événement qu’il
avoir prévu. C ’eft pourquoi celui qui poffédera
bien les loix fuivant lefquelles nos parties fe
régifient, les différentes allions dont elles font
fufcepribles & les rapports qu'elles ont entre
elles, faura beaucoup mieux prédire que celui
qui n'aura aucune ou au moins qu’une très-foible
connoiffance de toutes ces chofes. Le Praticien,
qui cherche à exceller dans le Prognofiic, doit
donc ne négliger aucun des moyens qui peuvent
le mener à cette branche fi intéreffante de
l'Art de guérir; &, pour y parvenir plus promptement,
il doit, fc rendre familières les rtoriom
qu’en ont donné ceux qui l’ont devancé , now
ramment les Obfervateurs qui ont écrit non aveé
le langage que certains ont prêté à la Nature ,
mais avec f’exprefiion qu’elle emploie quand
elle parle par elle-même, & fans être aidée dét
ceux qui s'en difent trop communément les Interprètes.
On verra dans les différens articles de
cet ouvrage l'hiftoire des particularités dans lefquelles
nous ne pouvons entrer ici fans nous
éloigner de notre objet. ( M. P e t i t -B.a d e l . )
PRO STA TE . Nom d’une glande placée au
défions & fur les côtés du col de la verbe quelle
paroît embraffer, & q u è , par cette pofition,elle
obftrue facilement lorfqu'eile vient à le gonfler.
La rétention d’urine occafionnée par ce gonflement
efi une maladie beaucoup plus fâcheufa
que celle qui tient à des obfiacles formés datif
le canal de l'urètre ; parce qu’on a moins de
moyens pour la guérir. Voye[ lés articles Bougie
, Rétention d’Ur in e , Urètre. Cependant
on efi plus maître dans ce cas que dans
celui de fimple reflerrement du canal , de
foulager le malade par une évacuation d'urine
artificielle, puifqu'on a généralement beaucoup
plus de facilité à introduire la fonde. Le gonflement
de la Proftate efi beaucoup plus commun
chez Jes perfonnes âgées que chez les jeunes»
gens.
Quand la P rofite efi gonflée, elle né diminue
pas la furface interne de la partie du canal
qu’elle occupe; elle tend plutôt à l'augmenter.
Car , étant fi tuée principalement lur les
côtés du canal, lorfqu'eile vient à fe gonfler ,
elle prefle les deux côtés de l'urètre l'un contre
l'autre. Ce gonflement efi auffi caufe qu'elle
s’étend de devant en arrière; de façon que le
canal de l’urètre, au lieu d'être rond, fe trouve
appUti fur les côtés , & forme , en cet endroit,