
t-on jamais dans les opérations majeures
, & c’efl ordinairement un homme
intelligent qui en eft chargé, & qui fait
encore fe rendre utile de l’autre main ,
lorfqu’il eft néceffaire. La coinpreffionque
fait ce tourniquet n’efl point inutile ,
puifque le membre étant ferré de toutes
parts , il ne s ’écoule pour ainfî dire
point de fang ; la compreffion circulaire
qu’il exerce n’tft point préjudiciable, per-
fonne n’a reconnu qu’elle ait caufé d ’ac-
cidens.
Un avantage que l’on retire de l’application
de ce tourniquet, c’efl que tous
les rameaux artériels qui font difféminés
dans le membre font comprimés, tandis
que le tourniquet de Petit ne comprime
que le tron c , & dans un feul point': d’où
il réfulte que les ramifications 'fupérieures
au point comprimé par ce dernier , ne
ceff nt point d’être lib r e s , il s’écoule
néceffairement trop de fang. Et que n’au-
roit on point à craindre fi on fe trouvoit
dans le cas cité par M. Alanfon., qui
rapporte qu’en lâchant le tourniquet, lé
fang forth d’un fi grand nombre de rameaux
artériels , qtl?il fut néceffaire de
lier treize artères ? Voyez M a n u e l p r a t iq .
d e l'a m p u t a t io n d e s m e m b r e s , o b je r v . p r e m
iè r e , p a g . 27. Trad, par M. Laflus.
Le plus grand réproche que l’on puifie
faire au tourniquet de M o re l, c’eft qu’il
excite un fentiment fi douloureux , que
les malades ont peine à l’endurer; & qu’ils
ne femblent l’oublier que par l’effet des
fouffrances qu’ils effuient dans l ’opération.
Ceux des modernes qui ne le mettent
point en ufage, font comprimer l ’artère
dans le pli de l ’aine , pour l’extrémité
inférieure , ou fous la clavicule, pour
l’extrémité lupérieure. Cette compreffion
efl préférable , parce qu’on i efl fûr que
fans comprimer les chairs , on intercepte
la circulation dans le tronc principal
& dans les ramifications; c ’efl. la feule
que l’on devroit employer fi on étoit fûr
d’avoir toujours des aides, intelligens ; &
c’efl la feule qui puifie convenir fi on
opère félon le procédé de M. Louis.
Le tourniquet de J.-L. Petit efl conf-
truit en bois , tant à caufe de fa légèreté,
qu’à caufe de la vis qui étant de cette
matière peut avoir des pas fort allongés.
Enforte qu’en un feul tour on fait faire
beaucoup de chemin à la plaque mobile,
M. Petit l’a toujours préféré à ceuxconf-
truits en cuivre ; c’efl le feul qu’il ait
jamais reconnu. U l’inventa vers l ’année
1 7 1 6 , & après deS‘ expériences , il l’a
préfenté à l’Académie des Sciences. V o y .
le s M é m o ir e s d e c e t t e A c a d é m ie , a n n , 1718.
D’abord ce tourniquet fut adopté par les
uns , & critiqué par d’autres ; ceux qui
l’ont adopté;, ont penfé que le bois étoit
fufceptible de fe gonfler , & de fe fécher
fucceffivement félon les variations de l’a ir ,
ou à caufe de la tranfpiration infenfible
qui s’exhale de la furface du corps. Ils
l’ont fait conftruîre en cuivre , fuivant
le modèle de la f i g . .4. Quand ce tourniquet
ne feroit applicable dans aucun cas,
il n’en efl pas moins devenu une découverte
utile , puifque c ’eft de cette invent
io n que font venus lesdifférens bandages
compreffifs avec lefquels on efl parvenu
à modérer avec fuccês l’accroiffement des
tumeurs anévrifmales au pli du bras. On
en a même vu diminuer au point que les
malades étoient comme s’ils euffent été
pleinement guéris. Enfin , c’efl à la
découverte de J .-L . Petit que l’on doit le
tourniquet f ig u r e f , pour comprimer
l’artère fémorale à fa fortie du bas-
ventre.
Un des vices principaux de l’ancienne
méthode de faire l’amputation delà cuiffe,
étoit la faillie de l’os qui avoir prefque
toujours lieu au moment de la cicatrice,
M. Louis qui en a fi bien reconnu la
caufe dans la rétraâion des mufcles coupés
, a en même-tems décrit les moyens
de prévenir cet accident : l’ufage du tourniquet
de Morel étoit néceflairement contraire
au procédé qu’il mit en ufage.
- L e tourniquet de J.-L. Petit, faifoit encore
côre un pbftacle à la rétraétion defirée ; la
compreffion de l’artère dans le pli de la
cuiffe lui, offrit un moyen afluré. Il chargea
un de fes confrères, d e . faire cette compreffion
avec une çompreffe épaiffe; l’amputation
fut faite , l’artère fut liée fans
aucune effufion de fang autre que celui qui
doit couler néceflairement. Mais comme
on ne peut pas toujours avoir, des per-
fonnes fûres, le C. Louis propofa un tourniquet
particulier pour faire cette compreffion.
Lafaye en fit une application
heureufe fur , un Suiffe qui ,avoit ' reçu
un coup d’épée à la partie : fupérieu ré
de la cuiffe avec léfîon d’une branche de
l’artère fémorale. L eC . Brafdor en a été le
témoin. Quand le C. Louis ne feroit point
le premier qui auroit eu.l’idée de comprimer
l’artère fémorale dans le pli delà
cuiffe il n’en efl pas moins le premier
qui l ’a confeillée pour les cas d’amputation;
d’aii leurs , il në^’en dit point ^inventeur.
C ’eft à tort que pour lui en ôter
le mérite , on lui oppofe î ’obfervation du
cit. Ant. Séyerin ,' dans laquelle on voit
que Trullus comprimoit l’artère dans le
pli de l’aine , pendant que Séverin lioit
1 artère fept ou huit travers de doigts au-
deffous à caufe d’une anévrifme fa u x ,
dans une plaie faite par arme à feu. Compreffion
qu’il ne faifoit que pour corroborer
celle qu’il avoit faite au-deffus de
la p la ie f é lo n le procédé connu alors
pour l’amputation (1).
(1) Inventa taciu igitur arteriâ circh. inguen fi
tpfam paulo, inferius inguine profequendo . injcdto
in eam duro fpleni fortiqut ligaturâ . fémur aflringi-
mus 3 more eorurn qui aliquam panem amputare
fuient ; ut prejfurâ anguflius redditum vas minorem
fanguinis quantïtatem . in operations fundat poflea.
partem cutis aperiendam atramento flgnavimus, &
fignatam fecuit D . Joannes. Par cette guéri Ton on
»lit à découvert une énorme quantité de fang
caillé . qui fut évaluée à fix livres. Séverin en
fit l'extraction. Le. fang que l'on vit jaillir indiqua
la route à. fuivr.e pour découvrir l'artère.
Quâ repertâ 3 dit l ’auteur . forti digitorum com.
Preflione fànguis coercïtiis efl fortiter in inguine
C h ir u r g ie . T o m e I I . i f P a r t i e .
S’il , efl facile de comprimer avec les
doigts l’artère fémorale fans que l’aide qui
en efl chargé foit bien fatigué ; cette compreffion
peut être plus fûre que celle que
l’on feroit avec le tourniquet , f i g . 4.
Il n’en peut 'être de même pour la compreffion
de l’artère axillaire; en rendant
juftice aux lumières & à la fàgacité de
M. d’Alh , nous ne croyons point que
fon tourniquet puiffe être préféré aux autres
tnoyëns connus. Cette machine, fans
être trop compliquée ,. exerce une compreffion
; confiante fur trop de parties ,
pour que le maladepuiffel’endùrerj&qu’on
n’ait pas à redouter les effets dangereux
de la compreffion permanente , telle
qu’il la.propofe pour l’amputation du bras
dans l ’article. La crainte que la ligature
ne manque , a ' fiiggéré. certainement
l’idée de ce moyen au cit. d’Alh. Une ou
deux ligatures d’attente peuvent être pla
céês pour y avoir recours- au befoin ;
mais fi l’on ifole l’artère avant que de la
lier , on ne courra point le rifque de voir
la ligature manquer. '
P l a n c h e IX.
C o n t e n a n t ' le s in f ir u m e n s q u i f e r v e n t d a n s
l'a m p u t a t io n .
.. F ig . , 1. Le couteau courbe.
F i g . 2 . Couteau droit à deux tran-
çhans.
F ig . 3. Autre couteau droit dont la
flame efl à dos.
F i g . 4. Couteau interoffeux à deux
tranchants.
F ig . y. Autre , dont la lame n’a qu’un
tranchant.
F ig . 6 8 c 7. Couteaux convexes du
cit. Brafdor.
complimente D. Trullo , arteriamque confpicuam
hàbuimus 3 quam à proximo, vena feparavi fÿ
alligavi parte priés fuperiori , deinde inferior!.
C