bienj dans tous les c a s , de laifler faigner abondamment
les vaiffeaux artériels ou vëneivx qui
ont été bleft’és avant de les lier. Petit - être même
pourroit - on pofer pour maxime générale dans
Je traitement de ces fortes de Playes, de ne jamais
s’inquiéter de l’hémorrhagie qui peut avoir
lieu, à moins qu’elle ne vînt de quelque gros
tronc d’artère. Nombre défaits tendent à prouver
l’utilité de cette hémorrhagie ; les guérifons les
plus étonnantes, après des Playes d’armes à feu,
ont eu lieu chez des foldats qui éroient demeurés
long - tems fur un champ de-batail'e , &avoient
perdu une grande quantité de fang. Mais, comme
on l'a déjà fait obferver , les Playes de ce genre
ne fournirent pas toujours beaucoup de fang;
en pareil cas , le Chirurgien fe hâtera donc de
faigner le malade , foit en lui ouvrant la veine,
foit par -l'application d’un nombre fuffifant de
fangiùes fur la partie bleffée. En générai, par
cette conduite , on empêche l’inflammation de
s’élever à un point conlidérable ; mais s’il en eft
autrement, & f i , malgré ces précautions, les
parties viennent à s’enflammer beaucoup , on
répétera les mêmes évacuations, fuivant l'exigence
des cas.
Après avoir fait les premières, on s’occupera
des corps étrangers qui peuvent être logés dans
la Playe. Lorfqu’on a lieu de croire qu’il y eft
refié une balle ou une portion de balle , ou quel-
qu’autre corps » il faut la dilater profondément,
& , s’il eft poflîble, par une large incifion, afin
de favorifer l'extra&ion où la fortie deces corps.
Quand une balle n’a pas eu affez de force pour
traverfer entièrement la partie, fi l’on apperçoit
qu’elle s’eft arrêtée à une diflance peu éloignée
du .côté oppofé à celui par lequel elle eft entrée,
on fera une contr’ouverture pour la tirer ; cette
méthode fera, dans bien 'des cas , non-feulement
la plus fûre & la plus commode pour y.
réulfir , mais elle fera généralement suffi la moins
douloureufe, Lorfque la Playe a peu de profondeur,
au lieu de faire une fimple contr’ouverture
, on l’incifera dans toute fa longueur,
jufqu’à l’endroit par où la balle auroit.dû fortir,
précaution avantageufe, même lorfque la balle
n’y eft pas refiée ; car lorfqu’elle a traverfé tout -
à - fa it les parties, files deux ouvertures ne font
pas éloignées l’une de l’autre , il vaudra toujours
mieux les réunir par une incifion, fi cela peut
fe faire fans bleffer aucune partie importante;
de cette manière,on débarraffera pluscerrainemênt
la Playe de tout corps étranger, on procurera,
un dégorgement plus complet des vaiffesux de la
la partie affeélée, & l’on préviendra plus fûre -
ment la formation des accidens confécutifs.
A près avoir fait les dilatations & les o uvertu
res nécefîaires, on extraira les corps étrangers.
Jl eft aifé d ’ôter les caillots d e fang qui peuvent
ê tre reflés dans l’interftice des p a rtie s , & les ef-
gu illes g ui fo n t entièrem ent féparées. Q u a n t à celles
qui tiennent encore aux chairs> fi elles ne font
pas confidérables, il faut les féparer avec le bif-
touri; fi elles font groffes & dans le voifinage
de quelques vaiffeaux importans, on les remet
en leur piace , de manière qu’elles nepuiffent
plus piquer les chairs ni les parties nerveufes,
tendineufes, &c. Quelquefois elles fe réunifient
aux os dont elles ont été féparées ; fi olles ne fe
réunifient pas, la fup pu rationnes détache, après
quoi on les tire facilement.
Lorfqu’une ballefeule, ou avec d'autres corps
étrangers qu'elle a entraînés , n’efi point enclavée
dans un os, ni entre deux os ; 'lorfqu’elîe n'a pas
changé de direction dans fon mouvement, &
fur-tout lorfqu’elle n’eft pas logée profondément,
il eft aifé , pour l’ordinaire , de l’extraire, ainfi
que les autres corps étrangers, avec les doigts,
ou avec les pinces. Mais lorfqu’elle s’eft enclavée
dans les os, ou qu’elle s’ eft cantonnée dans quelque
partie membraneufe , ou derrière un tendon,
ou dans quelque vifeère, & fur - tout lorfqu’elle
a pénétré à une certaine profondeur , il eft , ea
général, allez difficile de la découvrir. Mais,
pour l’ordinaire, elle ne tarde pas à caufer des
accidens qui avertiffent de fon féjour , & obligent
de nouvelles recherches.
Lorfqu’une balle eft enclavée dans un os ou
entre deux o s , on tâche de la tirer avec les pinces.
Lorfqu’on ne peut pas y réuflir de cette ma -
nière , & fi l’os eft plat, il faut fe fervir du trépan,
& appliquer une couronne dont le diamètre foie
plus largesque celui de la balle, afin de feier
l’os tout autour, & d’en ôter la ponion dans
laquelle la balle- eft enclavée. Quelquefois, pour
retirer une b alle, logée entre deux os , on eft
obligé de faire une contr’ouverture vers l'endroit
par lequel elle eft entrée. On recommande de
débrider le ligament intéroffeux, dans les cas où
une balle eft enclavée enrre deux o s , afin de
prévenir les accidens qu’on a lieu de craindre
lorfqu’il a été déchiré ou contus. Quand on dé*
couvre qu’une balle eft derrière un tendon , il
ne faut pas, lorfqu'il eft altéré, héfiter de la
couper, afin de parer aux accidens qui peuvent
être la conféquence de fa bleflùre.
Les corps étrangers font quelquefois fi cachés
qu’ils échappent aux recherches les plus exaéles.
On eft obligé alors d’en remettre l’extraélion à
un autre tems, ou de les abandonner à la Nature
qui , aidée des fecours de l’A r t , les fait fortir
quelquefois avec la fuppuration delà Playe, ou
par le moyen d’un abcès qui fe forme dans le lieu
où ils font arrêtés. Il ne faut pas même pouffer
trop loin les recherches , parce qu’elles peuvent
être dangereufes par la fatigue qu'elles caufent
aux parties bleffées. De nombreufes obfervations
ont fait voir qu’il y avoir, en général , moins
de danger- à laifler une balle au fond d’une Playe,
qu’à ufer de trop de force pour la retirer. S’il
y a une exception à cette règ le ? elle eft pou»?
les balles enelavées dans les os q u i occafionnent
refque to u jo u rs des a c c id e n s, & re n d e n t la
guérifon beaucoup plus difficile lorsqu’on a n é gligé
de les ex traire , o u q u 'on n’a pas pu y
* 0 'n a im a g i n é p o u r en faciliter l’e x tra d io n ,
différens infi rurpens , fous le nom de tire -b a lle s,
mais avec fi peu de fuccès que toutes ces inventions
on t été mifes de c ô té , & que la pincette
eft à - p e u - p r è s le feul m oyen d o nt o n faffe
ufage, lorfque les doigts n e fuffifent pas p o u r
débarraffer la P lay e des co rp s é tra n g e rs, après
qu’on a fait les d ilatations néceffaires & p ra ticables.
Voye'i T ire - Balles.
Après avoir pris les différentes p récautions
dont nous vçnons de p arler, on co u vrira la Playe
d ’un plum ateau en d uit de cérat , & d ’un ca-
taplafme ém ollient ; ce panfem em e f t, à tous
égards, préférable aux applications chaudes &
irritantes que l’on n ’eft en core que tro p dans l'u-
fage d 'em p lo y e r, & d o n t on a fu r- to u t abufé
dans les cas d e P layes d 'atm es à feu. L ’irritatio n
& la douleur q ui accom pagnent généralem ent ces
fortes de b leflùres indiq u o ien t la néceflité d ’un
canfement plus d o u x . D ans cette in te n tio n , &
lorfque les topiques que nous venons d ’indiquer
ne luffifent p a s , l’o n fait ufage avec fuccès des
préparations d e p lo m b , fo it fous la fo rm e de
cérats, foit en faifant les cataplafm es avec l’eau
de G oulard. O n fera b ie n , après le prem ier pan-
fem ent, de d o nn er au bleffé u n e dofe d ’opium
propre à le c a lm e r, & d e le placer dans la p o rtion
la plus convenable p o u r q h 'il puiffe p ren dre
du repos*
C e que le C h iru rg ien d o it avoir le plus p a rticulièrem
ent à coe ur dans le traitem en t de to u te
efpèce de P lay e contufe , c’eft d’am ener une
bonne fuppuration ; c a r, ju fq u 'â c e qu’on la voie
p a ra ître, o n a to u jo u rs lieu de c ra in d re la fo rmation
de la gangrène. L 'ap p lic atio n fréquem m
ent renouvellée de catapialm esém olliem trè s -
chauds, eft le plus fu r m oyen d'accélérer cette
favorable ap p aren c e , & Ton ne d o it pas en abandonner
l’utage jufqu’à ce que l’enflure & la ten-
fion des parties fo ien t diffipées.
O n s’eft toujours beaucoup occupé d e 4’efcarre
qui recouvre, p o ur l’o rd in aire , les P layes d o n t
nous p arlo n s, mais q u i n ’efl pas to u jo u rs aulfi
conlidérable qu’on p o u rro it l’im aginer , d'après
l’im portance quç m ettent les A u ttu rs à la partie
d u traitem ent q ui la c o n ce rn e , & aux m oyens
qu’ils recom m andent p o ur en h âter la fu p p uration.
C ependant cette efearre , produite par la
contufion, fe réd u it fouvent à peu de chofe ;
dans bien des cas m êm e eHe d ifp a ro îi, & fef-ond
dans la m atière féreufe que fo u rn it la P laye au
prem ier o u au fécond panfem ent ; elle ne m érite
pas par conféquent cçu’on s'en occupe beaucoup
en pareil cas , & lo rfq u ’elle eft p lù sfo rte & plus
p ro fo n d e , o n la v o ir, p o u r l'o rd in a ire , Ce fé-
Çàirurgic% Tonie I I , L r* Partie,
parer, de manière à fe détacher aifément, anfli-tôc
que la fuppuration eft bien établie.
Les cataplafmes émolliens font , ainfi que nous
venons de le dire, le meilleur de tous les topiques
qu’on puiffe tmployer dans les Playes récentes
d'armes à feu; il eft bon cependant d'obferver
que, lorfqu’on en a obtenu les effets dont nous
venons de parler : favoir, la ceflation du gonflement
& une bonne fuppuration , il ne faut pas
infifter davantage fur leur ufage ; car, en le prolongeant
trop long - tems , on court rifque de
relâcher trop les parties, de les rendre molles
& fpongieufes, & de déterminer un écoulement
beaucoup trop abondant de matière purulente ,
accidens qui jettent quelquefois Je malade dans
un danger plus grand que celui qui pouvoit ré-
fulter d’aucune autre circonflancè de fon état„
& qui font d’autant plus fâcheux qu’on vient difficilement
à bout de les arrêrer. Mais fi l ’abus
des topiques reiâchans peut donner lieu à une
fuppuration exceflive, c e lle - c i peut aii'fli être
la conféquence d’une inflammation trop violence
qui s’eft étendue au lo in, & a caufé des épan-
chemens & des abcès en différens endroits des
environs. Or nous ne fuirions trop l'inculquer
& le répéter, ce n’eft que par d'abondantes fai-
gnées, faites de très-bonne-heure , qu'on pourra
fe mettre fûrement à l'abri de fymprômes auflî
fâcheux.
Quelle qu’ait été la caufè d’une fuppuration
trop abondante , la méthode à fuivre pour y
porter remède fera toujours la même. Il faut ouvrir
les dépô s qui peuvent s’ètre formés (Voyc^
Abcès & placer la partie malade dans la po-
fiiion ta plus propre à favorifer l'écoulement du
pu«; il faut foutenir les forces du bleffé par un
régime doux & nourriflant , & par l’ufage du
kinkina. On ^fréquemment obfervé les plus heureux
effets de ce remède dans ces cas de Playe,
où les fymptômes inflammatoires étant à-peu -
près entièrement diffipés, le malade fe trouve
affoibli & épuifé par une fuppuration trop abondante;
mais, pour en tirer tout l’avantage poffible,
il faut l’adminifirer en grandes dofes, On
emploie auflî avec fuccès, en pareil cas, l’efprit-
de- vitriol.
Il arrive quelquefois que ces moyens ne rétif-
fiffent point, & que, malgré tous les fecours,
(a fuppuration continue de plus en plus abondante.
Il n'eft pas rare, en pareil cas, qu’il y ait
quelque efquille d'os ou quelque corps étranger
logé dans la Playe, qui, 3 échappé aux premières
récherches, & q u i, irritant continuellement les
parties où il eft renfermé, ocçafionr.e cet écoulement
de fluides qu’il s’agit de fupprim r. On
examinera donc de nouveau la Playe , & fi l’on
y découvre quelqu’efquille ou quelqu’autre corps
étranger , on les extraira fur - le - champ.. Les
morceaux de toile ou d'étoffe qui peuvent être
entrés ians la Playe^font plus diffi.iles à dé