le comprimant, mais mollement, de peur de le
meurtrir. Verduc , Ruyfch> Manget & Garengeot
ont donné la figure de tous les inftrumens dont
nous venons de parler.
La DifTertation de Verduin a été imprimée en
Hollandois, en Allemand, en Latin &en François.
Prefque tous les Auteurs, qui en ont fait
mention, tels que Ruyfch, Reverhofi Goëliek,
Verduc, Manget, &c. en parlent favorablement
& en donnent un extrait..
Garengeot néanmoins a cru devoir y"' faire
plufieurs changemens. Il dit que, pour affermir
les chairs ,o n peut fe fervir d’une autre bande
que celle de cuir, & qu’il faut la placer fur la
tubérofité du tibia. Il préfère au couteau courbe
de Verduin le couteau à deux tranchans de M.
Petit. Il veut qu’on fa fie t’incifion demi-circulaire,
avant celle par laquelle on fépare le Lambeau.
Il prefcrit de donner quelques coups de la pointe
du couteau fur l’extrémité de l’os qu’on veut con*
ferver, & dç relever le Lambeau avec une com-
prefie fendue, pendant que l’on fcie les os. Il
confeille de couper l’excédent du Lambeau appliqué
fur le moignon, & d’y faire quelques points
de future pour le maintenir, ou de fe fervir*
de la future sèche, qui, félon lu i , vaut mieux.
Malgré le témoignage des Écrivains que nous
avons cités, Heifier dit que peu d'Auteurs approuvent
l’amputation à Lambeau, & qu’elle, a
iété abandonnée par les Anglois, & par Verduin
lui-même. Il croit que l’hémorrhagie & plufieurs
antres accidens, qui font fou vent, comme il de
penfe , les fuites de la nouvelle méthode , ont
fait périr un malade fur lequel Sabourin l’avoit
pratiquée à la Charité de Paris. Nous voyons
cependant que Duverijey & Méry , qui ont rendu
compte de ce fait à l’Académie Royale des Sciences
, en 1701, n’en ont pas jugé comme Heifier.
Junker , dan? fpn L ivie , intitulé : Confpéclus
Çkirurgice , croit que cette méthode d’amputer
caufé beaucoup de douleur ,* il penfe que les
petites éminences .' des es coupés piquent les
chairs qui les .recouvrent, excitent de la douleur
& caillent de l’inflammation. Mais il ne
paroit pas que ces inégalités puifienr produire
ce pareils accidens. On voit des fraélurës qui
n’ont point été,réduites, & où les chairs touchent
confiammment les extrémités des os fraélurés,
fans en occafionner de pareils-, & lorfqu’on a,
par la fuite , occafion d’examiner l’état de ces
parties, on trouve ces extrémités lifies & unies.
L ’expérience d’ailleurs, comme nom l ’avons fait
voir à Tari ici e Amputation , a démontré que
ces craintes étoient mal fondées, puifque les
malades, après l’ampuiaiion à Lambeaux de la
jambe ou de lacuilfe, fupportent facilement de
marcher fur une jambe de bois, appuyée contre
l ’extrémité du moignon. M. Lucas, dans fon «Mémoire
fur cette opération, inféré d’ans le cinquième
Volume des Recherches & Obfervations
î de Médecine de Londres, efi très-pofitif à cet
égard. Manget, dans fa Bibliothèque de Chirurgie,
dit que Sabourin avoit fait l’amputation à Lambeau
fur un homme qu’on voyoit marcher commodément
dans Genève, dont les rues font en
talus. M. Garengeot, dans la première Edition
de fes Opérations, rapporte que M. Petit a vu des
Officiers, fur lefquels on l’avoir pratiquée , danfer
& fauter avec leurs jambes artificielles comme
s’ils"avoient eu des véritables jambes.
Malgré les éloges donnés à cette opération
par Manget, Ruyfch, &c. nous ne trouvons ,
dans.les Annales de la Chirurgie de leuntems,
qu’un petit nombre d’exemples de fon fuccès.
Verduin dit qu’il la fit fur un homme de trente
ans dans l’Hôpital cl’Amfterdam, & que le malade
fe guérir. Ruyfch, dans une de fes lettres,
nous apprend que le gendre de Verduin opéra
de la -même manière & avec le iiiême fuccès,
un jeunerhomme de feize ans; & Verduc raconta
dans fo.n traité d’Opérations que Van-Vlooten
réuffit également, en la faifant, fur un malade
extrêmement maigre, & qui avoir unSpinaventofa.
La maigreur du lu jet obligea de commencer près
du tendon d’Achille l’incifion, par laquelle on
devoir former le Lambeau. Il ne perdit pas trois
on.cés de fang. Le Lambeau, q u i, au commencement,
èxcédoit de beaucoup la furface du moi-
.gnon , fe retira de quatre travers de doigts vers
la fin de la cure.
On ne peut que bétonner de voir à quel
point de difcrëdit tomba enfuite cette opération,
à laquelle on avoit prodigué tant d’éloges. M.
Louis penfe que, fi elle,avoit eu tous les avantages
que lui ont attribués fe'§ premiers Inventeurs
& leurs Avocats, elle 'n’auroit pu être auffi universellement
rejèttée par ceux-là même qui
l'avoient vantée avec tant de zèle. Van-Swiéten,
dans fes Commentaires , en parle comme d’une
opération généralement abandonnée , & M. Sharp
dans fes Recherches critiques, qu’il ne publia
qu’après avoir été à Paris, n’en fait mention
qu’en pafiant , & comme d’une chofe dont il
. avoir feulement oui parler. Il paroît qu’une des
principales caufes, qui l'ont fait abandonner ,
étoient les hémorthigies contre iefqnelles on ne
fe tenoit pas afiez en garde l’appareil; compliqué
& gênant de Verduin étoir bien propre auffi
à aiigmemer l'inflammation de la plaie, à. à lui
faire prendre une tournure iâ-heufe.
On a t u , dans l’expofé que nous venons de
faire, quels ont été , au. commencement de notre
fiècle, les progrès de l’Art au fujet de l'amputation
à Lambeau. En 1759, Ravaron & Vermale
crurent l’avoir perfectionnée, en propofant de
.fairedeux Lambeaux que chacun d’eux fortnoit
d’une manière qui lui étoir particulière ; 'mais l’un
& l’autre laifibient fubfifter les principaux incon-
véniens de cette opération, qui bientôt tomba de
nouveau. Enfin, en 1762, M. O Haiioran publia
dans
dans fon livre, intitujé : A tteatife on Gangrené and
Sphacelus ; with a new method o f amputation , une
manière nouvelle de faire l’amputation à Lambeau
qui écarte de cette opération cous les dangers
qui l’accompagnoient autrefois, qui en rend
le fuccès auffi certain que celui de la méthode
ordinaire d’amputer, & qui lui affure tous les
avantages que l’on peut naturellement en attendre
dans certains cas , par-defiiis toute autre méthode.
Nous avons expliqué au mot Amputation
en quoi elle conlîfte, & nous renvoyons le
Leéleur à cet article.
LANCE. Inftrument; dont on fe fert pour
ouvrir la tête du foetus mort J1 arrêté au paflage.
Mauriceau en efi l'Inventeur. Son extrémité efi
uti fer de pique fait en coeur, long d’un pouce
& demi, fort aigu, pointu & tranchant fur les
c£tés. On introduit cette lame dans le vagin à
la faveur de la main gauche , & l’on perce la tête
de l'enfant entre les pariétaux, s'il efi poffible,
pour donner entrée à un autre inftrument appellé
tire-tête. Voye\ les Planches.
L A N C E T T E , de Lanceola, petite lance. Inftrument
de Chirurgie, d’un acier extrêmement
fin, très-pointu, & à deux tranchans, qui fert
principalement à ouvrir la veine.
Cet inftrument eft cotnpofé d une lame & d'une
châft’e ou manche. La lame eft faite en pyramide
dont la pointe eft très-aiguë ; elle ne doit pas
excéder un poucefixou fept lignes,fur quatre lignes
de largeur à fa bafe. Le corps de la Lancette,
qui eft d’environ fept lignes de longueur, ne coupe
point fur les côtés ; mais le p o li, qui eft long de
leptà huit lignes, eft très-net & très-tranchant
jufqu’à la pointe. La bafe, qui en fait le talon,
eft engagée dans la châfle , par le moyen d’un clou
de laiton, autour duquel elle tourne pour pouvoir
l'ouvrir ,& fe nétoyer facilement. La châ/Te, qui
eft longue de deux pouces, quatre à cinq lignes,
eft compofée de deux petites lames d’écaille fort
minces, & polies, qui ne font point arrêtées en-
femble par leur extrémité.
On fait ordinairement quatre fortes de lancettes ;
la première, qu’on appelle à grain d’orge-, eft
plus large vers la pointe que les autres , afin
de faire une plus grande ouverture,* on a dit
quelle convenoit pour les vaiffeaux gros & fu*
perficiels, qu’elle difpenfoit d’élever la main après
la ponction , & qu’en çonféquence elle étoit à préférer
pour les commençant. La féconde eft appell
e Lancette à grain d’avoine, parce que fa pointe
eft plus alongée que celle de la précédente; elle
en plus propre que celle - ci à toute efpèce
de vaiffeaux. La troifième eft en pyramide ou
à langue de ferpent ; elle va toujours en diminuant,
&fe termine par une poilue très-longue,
très-fine & très-aigue; ^elle eft particulièrement
pour les vaiffeaux très-profonds. La quatrième
en nommée Lancette à abcès ; elle eft plus, forte,
plus longue & plus large que lès autres ; fa lame
Chirurgie. Tome IJ. I .‘ r* Partie.
a deux pouces & demf de longueur; fa point®
eft à grain d'avoine, fans être extrêmement fine,
crainte qu’elle ne fe cafte. Voyei les Planches
pour la forme de ces différentes fortes de Lancettes
» En Allemagne, on faigne très-adroitement
avec une flamme à reflbrf. Voye\ Phlébotome.
L’on ne devroir jamais employer la première
efpèce de Lancette pour faire une faignée. L ’on
ne peut s’en fervir, fans faire une plaie aux té-
gumens deux ou trois fois auffi grande que celle
de la veine, circonftance qui n’eft d’aucun avantage
pour l’opération -, au contraire, elle augmente
la douleur, ce qu'il importe toujours d'éviter;
il en réfui re fou vent de la difficulté à arrêter le
fang ; & quelquefois-ces grandes plaies font fu jettes
à fuppurer, ce qui eft toujours défagréable.
La Lancette d e là fécondé & troifième efpèce,
eft un inftrument beaucoup plus convenable à tous
égards pour faire la faignée. Le peu de largeur
de fa pointe fait qu’elle ne caufe que très-peu
de douleur, en pénétrant au travers des tégumens
& des membranes de la veine. On eft. fu r , avec
cet inftrument, de faire l’ouverture de la veine
prefqu’aiiffi grande que celle des tégumen?, &
d’arrêter enfuite le fang avec la plus grande facilité;
car fouvent il s’arrête de lui-même, en ôtant
la ligature qui comprimoit les veinés. V. Saignée.
Par toutes ces raifons, nous penfons que la Lancette
à pointe étroite eft infiniment préférable à
la première; & , quoique des Prariciens timides
puiflenr regarder cet inftrument comme demandant
plus de dextérité pour s’en fervir, que la
Lancerre à pointe large, la différence à cet égard
eft fi petite, qu’un peu d’habitude aura bientôt
contrebalancé cet inconvénient. Il eft bien vrai
cependant qu’il ne faudroit pas en permettre
. l’ufage à un Chirurgien dont la dextérité à fe
fervir de l’autre feroit douteufe, & qui n’auroit
pas de la fermeté dans la main.
Pour faire une opération quelconque, il faut
'avoir fes inftrumens dans le meilleur état poffible;.
mais il n’y en a point ou cela foit auffi important
que pour la faignée. Des Lancettes de bonne
trempe pourront fervir encore palfablemenr bien
après avoir été fouvent employées ; & même nous
avons entendu des Chirurgiens, qui avoient une
afiez grande pratique, affurer que,pendant le cours
de bien des années, iis ne s’étoient fervi que de
deux ou trois Lancettes, fans qu’elles euflent jamais
été repaffées par le Coutelier. Il eft très-
fur cependant que chaque fois qu’on fe fert d’ une
Lancette, elle doit toujours s’émoufter plus ou
moins; & comme c’eft toujours une choie fi importante
pour les malades que de leur éviter de
ia douleur, on devroit fe faire une règle invariable
de ne jamais fe fervir deux fo«s de la même
Lancette, fans l’avoir fait repafler,* & c’elt une
précaution qu’il convient de prendre pour tome
efpèce d’inftrument tranchant dont on fe fert en
Chirurgie; l’embarras & les fraip qu’elle entraîne,