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d’autres pariies que la tête. Pour cet e ffet, après
avoir débarraffé le corps de tout le mercure avec
lequel i l pourroit être en conta61, on lui fera une
faignée abondante , que l’on répétera à de courts
intervalles, fuivant l'exigence du cas, & les forces
du malade. On donnera des lavemens émolliens,
.& une purgation de féné, de Tels , &c. qui fera
réitérée à des intervalles convenables, jufqu’à ce
que la tête, la gorge & la bouche foient fuffi-
famment foulagées. On injeélera fréquemment dans
ïa bouche de l’eau de guimauve, du lait, &c. pour
déterger & adoucir les parties, & prévenir ainfi
la formation d'ulcères phagédémiques, mais on
fe gardera bien de faire aucune injeélion aftrin-
gente. On veillera attentivement à ce que la langue
tuméfiée, & forcée à fortir de la bouche, ne
foit point endommagée par les dents ; quelques
perfonr.es ont confeillé de mettre des coins de
bois entre les mâchoires pour prévenir cet accident.
Voy.e[ Langue. . .
Lrs accidens, qui ont lieu dans le fécond période
de la Salivation, tiennent, ainfi que ies
précéder!s, à la précipitation avec laquelle on a
pouffé les friélions ; ils dépendent auffi, jufqu’à
un certain point, de la difpofition particulière
des malades , de la foiblefle de quolqu’organe
particulier, ou de quelque vice de conftiturion.
Un des plus imporrans qui aient lieu quelquefois
, font des hémorrhagies plus ou moins dan-^
pereufes. Che» les femmes, il k eft pas rare de voir
les régies paroître hors de leurs époques pendant
un traitement mercuriel , & en plus grande abondance
qu’à l’ordinaire. Il fuffit, lorfque la quantité
de l’écoulement neft pas telle quelle puifie
trop affoiblir la malade , de fufpendre les frictions
, & de laifler aller les chôfes d’elles-mêmes.
Mais, fi la perte eft confidérable, il faut faigner,
mettre la malade à un régime antiphlogiftique
très-févère, entretenir la liberté du ventre par
de doux laxatifs , & donner des remèdes afirin-
gens, tels que l’alun, l ’acide vitriolique, la teinture
de rofes, la décoélion de quinquina, $ c . Si,
l ’aclion du mercure détermine unepprte chez pne
femme enceinte, il faut, après «voir «ait ceffer
cette caufe, autant qu’il eft au pouvoir du Praticien
, conduire la malade, couutç on le feroit
en touse autre circonftance.
Les perfonnes fujettes à une toux habituelle,
ou qui ont naturellement la poitrine délicate, font
expofées au danger d’une hémorrhagie bien plus
alarmante. On les voit quelquefois faifies , au milieu
d’une Salivarion , d’un crachement de fang,
qui par lui-même, ou parfes fuites ,n e peut être
confidéré que comme très-fâcheux. On doit diftin-
guer ce crachement de l ’hémorrhagie caufée par
la chute des efcarres de la bouche, ou de celle
qui provienr , dans quelques cas, d'une dent cariée.
^Lorfque le fang paroît venir manifeftement de la
poitrine , les précautions ci-deffus indiquées,
combinées avec le traitement ordinaire de l’hé-
S AN
ftiorrhagie, doivent être mifes en ufage avec tome
la célérité poffible. Lorfqu’on eft venu à bout de
calmer cet accident, on peut, fi le maladen’eft
point trop affoibli, revenir au traûemem meicurie!
; mais alors il faut redoubler de foins & de
précautions, pour ne pas ramener 1 hémorrhagie.
Quei-j&efois encore le traitement, dont i! eft
ici qugfftbn, détermine des attaques épileptiques,
fur-tout chez des perfonnes qui en avoienr déjà
! éprouvé auparavant. LacirconfpeéHoo dan* l adini-
: niftratkîii des friéHons, les remèdes Lxatifi &
les antifpafmodiques, font les feuls [moyens de
prévenir de nouvelles attaques.
Nous ne nous arrêterons pas à parler des autres
accidens, qui peuvent avoir lieu pendant
cette fécondé époque & pendant la troifième;
quoiqu’embarraffans pour le Praticien, ils font
bien moins dangereux que ceux' dont nous avons
fait mention, & la conduite qu’on doit tenir à
leur égard fe déduira facilement, de ce qui a été
dit relativement aux autres.
Lorfque par l’impt effion du froid, ou par quel-
qu’autre caufe, une Salivation , même peu abondante
, vient à s’arrêrçr fubitement, il en réfulre
quelquefois des fymptômes très-graves. Ainfi, l'ont
a vu quelquefois des ophtalmies opiniâtres, des
douleurs atroces dans les membres, des vom (LmenS
qu’aucun remède ne pouvoir arrêter, occafiortnée
par cette caufe , & ne céder, après mille autres
tentatives qu’à une dofé de-mercure fuffifante,
jou r rappelier la Salivation qui avoit été incon-
lldérémenr fupprimée.
Une Salivation opiniâtre eft quelquefois fymp-
tomatique de quelque irritation des parties voi-
fines. On a obfervé un accident pareil, réfultanl
d’une accumulation de petits paquets de laine,1
qui ^voient été introduits & abandonnés, pas
négligence | dans le conduit auditif. On l a vu
réfultcr auffi de l'irritation occafionnée par une
coHÇférion pjerreufe , formée dans le canal fali-
vaire. Dans l'un & l’autre ca s , la maladie a cédé
à J'extraélion de la caufe irrirante.
SANIE. Matière féreufe, qui découle d’ulcères
mal conditionnés, & particulièrement de
ceux qui affeélent des „parties membraneufes,?
Voyei IchoB-Eü x . La Sanie diffère du vérita*
bl§ pus , qui eft plus épais & plus blanc* Voyt\
P u s .
SANGSUES. Efpèce d’infeéle, ou de veraquar
rique , qui , appliqué au corps, perce la peau »
tire le fang des veines , & procure quelquefois 11
famé par cette évacuation.
Les Chirurgiens, dans l’application des Sang4
fues, préfèrent les plus petites aux grofTes, parcé
que leur piquure eft moins douloureufe ,* & , entrtf
les petites, on choifit celles qui font marquetées
de lignes fur le dos.
Il neft pas impoflibleque les Anciensaientapprts
à faigner de ces infe&es, car tout le monde fait
que lorfque les chevaux font attirés an Printems##
S A N S A N
l’herbe verre, dans les étangs & dans les rivières;
de grofTes Sangfues, qu’on appelle Sangfues de
chevaux, s’attachent à leurs jambes & à leurs
flancs, leur percent la peau, leur procurent uqe
hémorrhagie abondante, & qu’ils en deviennent
plus fains & plus vigoureux.
Si, contre toute vraifemblance, Thémifon n’eft
pas le premier qui fe foit fervi de Sangfues, il
eft du moins le premier qui en air fait mention*,
Hippocrate n’en a point parlé, & Coelius-Aure-
lianus n’en dit rien dans les extraits qu’il a faits
des écrits de ceux qui ont pratiqué la Médecine,
depuis Hippocrate jufqu’à Thémifon. Les D ifc i-
pies de Thémifon fe fervoient de Sangfues en
plusieurs occafions ; ils appliquoient quelquefois
des ventoufes à la partie d’où les Sangfues s’étoient
détachées. Galien ne fait aucune mention de ce
remède, apparemment parce qu’il étoit particu*
lier à la Seéle méthodique qu’il méprifoir. Il eft
vrai qu’il en eft parlé dans un petit Traité imparfait,
intitulé: De cucurbiculis , de Jcarifica-*
tione, de Sangûifugis , &c. qu’on attribué à Galien,
mais fans aucun fondement; car Oribafe,
qui a écrit des Sangfues } L. VII , dit avoir tiré
ee qu’il en rapporte, d’Antille & de Ménémaque ,
l’un & l’autre de la Seéle méthodique, ou du
moins ce dernier. Il y a apparence que l'on doit
aux Payfans la découverte de ce remède.
Quant aux choix des Sangfues qu'il convient
d’employer , on prendra d’abord celles qu’on aura
pêchées dans des ruîfleaux & dans les rivières
dont les eaux font claires -, ce font ies meilleures;
celles qu’on trouve dans les lacs, dans les étangs«
& dans les eaux croupiffantesexcitent quelquefois
des inflammations, des tumeurs & des douleurs
violentes. Les perfonnes le? plus expérimentées,
à cet égard, préfèrent encore aux autres,
celles qui ont la tête petite & pointue, dont le
dos eft marqueté de lignes verdâtres & jaunâtres, &
qui ont le ventre d’un jaune rougeâtre ; car ,
lorfqu’elles ont la tête large, & tout le corps d'un
bleu tirant fur le noir, on Tes tient pour être ve-
nimeufes. On recommande de ne jamais appliquer
des. Sangfues récemment pêchées dans des
rivières ou dans des eaux troubles, & de les
tenir, pendant un mois ou deux avant de s’en fer-
vir, dans un vafe d’eau pure, qu’on doit changer
de tems-en-tems, afin qu’elles fe purgent de ce
quelles peuvent avoir de fale & de venimeux,
mais ceci rfefi fondé que fur un préjugé populaire;
*e fait eft que les Sangfues , ainfi confervées
dans l’eau pure, s’attachent à la peau avec plus
daélivité, & par-là font- plus propres à l’ufage
auquel on les deftine.
Avant que d’appliquer la Sangfue , on la tirera
de l'eau, & on la tiendra pendant quelques minutes
dans un verre, ou fur un lingefec, afin qu’étant
altérée, elle s’attache ardemment à la peau, &
tire une plus grande quantité de fang. Quant à 13 partie" qu'il faut faire piquer , ce font ordinairement
les tempes ou le derrière des oreilles, fi
la tête ou les yeux font- afFcélés par une trop
grande quantité de fang, ou font dans un état
d'inflammation . & fur-tout fi le malade eft dans-
un érat de délire. On les appliquera auflî quelquefois,
très-convenab]emcnt , aux veines du
rondement, dans les cas d’hémorr hordes fèches
& douloureufes, ainfi que dans ceux d'hémorrhagies,
de crachemens de fang,. &c.. Elles font
très-propres à procurer une révuifion , lorfque
l’hémorrhagie provient de Tubftruéïion. des hé—
morhoïdes.
Avant que d'appliquer la Sangfue , on commencera
par frotter la partie Jufqu’à ce qu’elle,
foit un peu rouge. On prend enfuite l’animal par
la queue , avec un linge fe c , on le lè v e , on le
tient à moitié forti hors du vaiflëau on le
dirige vers l’endroit où Ton veut qu’il s’attache,,
ce qu’il Fait pour l’ordinaire avec beaucoup d’ardeur.
S’il eft à propos d’appliquer plufieurs Sangfues
, on s’y prendra fucceffivemeni de la même:
manière que nous venons- d’expofer. On le fait
auffi d’une manière plus expéditive & plus fûre,
en mettant toutes les Sangfues à-la-fois dans un
petit verre , dont on appliquera l’orifice fur la
partie où Ton veut qu’elles mordent. Lorfqu’ellts;
refufen' de prendre, ce. qui arrive quelquefois,
on hume ire la partie avec de l’eau fucrée, ou-
avec du la it, ou avec du fang; û cela ne fuffit
point, il en faut choifir d’autres. L ’application-
des Sangfues à la caroncule r dans le grand angle
dé l’oe i l, après la Phlébotomie , • fe fait avec
beaucoup de luccès dans les maladies inflammatoires
de cet organe.
Auffi-tôt que les Sangfues. font pleines de fang,
elles fe détachent d’elles-mêmes; s’il étoit à propos
de faire une plus grande évacuation, on en-
appliqueroit de nouvelles ; en général, il fuffit,
pour tirer une quantité de fang fuffifante , d’expofer
la partie à la vapeur de 1 eau chaude , ou de
laver de tems-en-tems les piquures avec de l’eau
tiède. Si , lorfqu'on a tiré affiez de fang, elles ne;
lâchent point prife d'elles-n.êmes, on n aura qu à
jetter fur elles un peu de fel ou de tabac , &
elles tomberont fur-le-champ. Cette méthode vaut
beaucoup mieux que de les détacher de force ,
parce que de cette maniéré , on rilque docca-
fionner une inflammation dans Tendroit où elles*
font attachées.
L ’hémorrhagie continue ordinairement pendant
quelques rems,, quelquefois pendant deux
heures & même davantage , après que les Sangfues
font tombées. Comme on ne reçoit point
alors le fang dans des vaifle , & qu’il eft entièrement
abforbé parle Kngc , il paroît être en
beaucoup plus grande quantité qu’il n’eft en effets
ce qui fouvent alarme, maUvpropos, le malade
ou les affiftans. Dans le cas où quelques piquures*
continueroient à donner une certaine quantité de;
fang , on fera toujours le maître d'tn arrêtes