
faifant perdre du tems fous le fpécieux prétexte
de diflïper la tumeur par des remèdes fondans
& réfolutifs, dont les bons effets font malheur
reufement trop rares', pour qu’un Praticien,
fage & prudent, doive leur donner beaucoup de
confiance, ou infifter long-tems fur leur ufage,
hors les cas où l’Art ne lui offre pas d’autres
reffonrces. Dans ceux, où une tumeur Squir-
rheufe occupe une partie interne, on ne peut
avoir recours qu’à des moyens de ce genre, &
quelquefois on le fait avec fuccès.
On donne fréquemment le nom de Squirrhe
^certaines affrétions du foye, du méfentère, des
ovaires, &c. accompagnées d’un gonflement plus
ou moins confidérabie & plus ou moins cir-
confcrit de ces vifeères; quoique, dans ces cas,
on ne puiffe pas toujours attacher à cette dénomination
le même fens précifément que nous lui
ayons attribué jufqu’ici. On attaque fouvent les
tumeurs de cette nature par des remèdes internes
avec le fuccès le plus favorable. Les remèdes qui
réuffiffent le mieux dans ces fortes de cas, font
les préperations de mercure feules ou combinées
avec d’autres médicamens, les feuilles de digitale,
la ciguë, le favon, l’alkali fixe végétal ou foffile,
les frictions douces & long-tems continuées, les
bains & douches d’eaux thermales. Lorfque le
mal efl accompagné de beaucoup de douleur,
un emplâtre gommeux, mêlé d’une proportion
confidérable d’opium, appliqué fur la partie affectée.,
procure fouvent, pour quelque tems, un
foulagement marqué.
Lorfque Foefophage, ou le reélum deviennent
Squirrheux , & que la capaciré de leur canal
vient à fe rétrécir, on peut quelquefois parer,
jufqu’à un certain point, à cet accident en les
dilatant par des moyens mécaniques} mais cette
méthode ne fauroit être employée dans tous les
cas. Dans c e lu i, par exemple , où le diamètre
d’ un canal fe trouveroit diminué par la compref-
fion d’une tumeur fituée dans fon voifinage, on
comprend aiféinent q-*» toute tentative, qu’on
feroit pour le dilater mécaniquement, devroit
être plus nuifible qu’utile. On a réufîi quelquefois
à rétablir dans fon état naturel l’oefophage
devenu Squirrheux ou gêné par le voifinage d’une
glande tuméfiée, par biffage du mercure. Voyez
OEsophage'. Ce remède néanmoins ne doit point
être employé indifféremment contre toute efpèce
de Squirrhe; il a fouvent précipité l’ulcération
de ces fortes de tumeurs, & augmenté la malignité
de celles qui étoient déjà devenues can-
céreufes ; dans le cas particulièrement où 1e
mal avoit fon fiège dans les glandes des mammelles.
Lorfqu’il exifte un Squirrhe en quelque partie
du corps -, & , qu’en raifon de fa -fituation, ou
de quelqu’autre circonftance, on ne peut en faire
l’extirpation, il ne faut négliger aucune précaution
propre à - l’empêcher de dégénérer en
cancer, ou à retarder l’époque de ce changement.
.Pour cet effet, on mettra le malade à un ré°ime
végétal doux & rafraîchiffant 3 on lui tiendra le
ventre libre • par de légers laxatifs ; on lui' fera
éviter , autant qu’il fera poffible , toutes
les affeélions morales qui peuvent irriter le fyf.
tême des nerfs & celui des vaifleaux, & l’on
défendra foigneufement la partie malade contre
toutes les caufes d’irritation extérieures; on n’y
fera pour cet effet que des applications propres
| à la contenir doucement & mollement, & Pois
1 fe gardera bien de là couvrir de topiques âcres
i & ftimulans, qui ne peuvent avoir que de mau-
: vais effets.
S T A PH Y LOM E , de <r*<pvw Uva,
: Efpèce de proptofe, ou hernie de l’iris à travers la
I cornée, ou de la choroïde à travers la fclérotique
; à la fuite de l’érofion, de Pincifion ou de la
déchirure de l’ un ou l’autre de ces deux tuniques
de l’oeil. Les différentes apparences que préfente
la tumeur dans 'chacun de ces cas, lui ont fait
donner différens noms; quand fa bafe efl étroite &
fa fuperfiçie arrondie comme un grain de raifin ,
on la nomme proprement Staphylome, uva ; elle
efl noire, molle, doulonreufe & ordinairement
comme étranglée à fa bafe. Si elle efl plus petite,
alongée , on la défigne fous le nom de Perle,
margarita; fi elle reffemble à un clou, c’efl le
clavus des Auteurs; fi elle efl petite, applatie,
affez ftmblable à la tête d’une mouche, c’efi le
miocepkalon; enfin, quand elle efl beaucoup plus
groffe & bien arrondie, on lui donne le nom
de Pomette, à raifon, d it-on, de ce qu’elle reffemble
à une petite pomme. Toutes ces apparences
quelques variées qu’elles foienr, ne changent point
lé cafaélère de cette maladie q u i, au fond efl
toujours le même; elles font telles à raifon de
l’ouverture ou érofion qui laiffe échapper les
membranes, & de la quantité plus ou moins
grande d’humeur que celles—ei contiennent'. Ce
genre de maladie ne doit point être confondu
avec les excroiffances qui paroiflëm fur la cornée
tranfparente ou opaque,,& proviennent d’un gonflement
ou hyperfarcofe de fon tiffu ou des vaif*
feaux de la conjonctive; Ætius qui fait mention
de celles-ci, dit qu’elles font bëaucoup plus rares
que le vrai Staphylome par hernie. On doit également
le diftinguer des petites hydruides qui
furviennent quelquefois fur la conjonctive, &
auxquelles on remédie facilement par une fimple
incifion.
Le Staphylome furvient fouvent à’ la fuite de
la petite vérole; quand il fe forme entre les lames
de la cornée un abcès qui les entraîne dans une
fnppuraiion complette. Alors la réfifiance étant
moindre vers cette ulcération, l’humeur aqueufe
porte infenfiblement & entraîne avec elle l’uvée
& l’iris, & les forcent au-dehors. Il furvient auflî
fouvent à. la fuite des ulcères de la cornée &
de la fclérotique qui fuccèdent aux violentes
ophtalmies.
On doit diftinguer deux efpèces de Staphylome
à raifon du fiège de la tumeur , celui de
la cornée tranfparente & celui de la fclérotique;
ce dernier eft beaucoup plus rare que l’autre,
le plus fouvent mêm - il eft compliqué avec lui ;
fa couleur eft communément d’un bleu céiefte. Saint-Yves fait expreffément mention de cette
efpèce. ce J ’ai v u , d it- il, à l’occafibn d’ un coup
reçu à l’oeil, à la partie fupérieure du globe, à une
liane de la cornée tranfparente, arriver un Staphylome
à la conjonCtive. La violence ducoup avoit
fendu la cornée opaque, fans endommager la
conjonCtive , & l’humeur aqueufe s’échappant
par cetre fente , foulevoit la con -f;
jonCtîve, en manière de Staphylome. Saint -
Yves dit avoir guéri cette maladie par un bandage
. compreftïf appliqué fur l’oeil , à l’en droit
de la paupière qui répondoit à la îume,ur;
ce qui, d it-il, fit repaffer l’humeur aqueufe dans
la cavité de l’oeil & donna lieu aux membranes
de fe rejoindre. Le D. Gleize, qui réfute la vérité
de cette obfervation, n’eft nullement pour ce genre
de moyen curatif; il confeille, fen pareil cas,
de ne rien faire, que la vue foit perdue ou non,
excepté néanmoins lorfque le Staphylome eft
volumineux ou douloureux; alors il confeille
les adouciffans & les caïmans; & , fi les accidens.
perfiftent & portent atteinte à l’oeil fain, il veut
qu’on fe difpofe à l’opération qui confifte à couper
feulement la cornée tranfparente à une demi-
ligne de la fclérotique & à tirer l’iris avec une
petite pince. Mais il eft difficile de croire qu’une
pareille traCtion puiffé fe faire fur cette membrane
fans occafionner le déchirement du ligament
ciliaire, avant de produire fon effet fur la choroïde
qui forme la tumeur,?? A u flî, obferve-f-il, quelquefois
les humeurs de l’oeil font confondues ;
alors cèt organe fe vuide d’abord après l’opération,
mais il fe remplit infenfiblement. Il a
obfervë, en pareil c a s , que la fclérotique , qui
forme le Staphylome, fe retiroir & fe refferroir
au point que la tumeur difparoiffoit tour-à-fair,
mais; continue-t il , l’oeil, après la guérifon, fe
trouve fphérique & de la grofleur qui convient
pour pouvoir placer un oeil artificiel. Il préfère
cette méhode d’ incifer la fclérotique comme S .Y ves
& d’autres Auteurs le recommandent , à raifon
de la douleur & de l’hémorrhagie dont eft fui-
vie communément cette opération.
Le Staphylome, qui fiège fur la cornée tranfparente,
eft formé par le déplacement de l’iris
qui pale à travers une folution de la cornée:
comme la tumeur eft fouvent tellement étranglée
quelle tombe d’elle-même, comme une portion
d’inreftin comprife dans l’anneau inguinal, on
lui a donné le nom d’hernie. Les accidens, qui
accompagnent cette efpèce, font généralement
plus graves que ceux de la première. Ce font
des douleurs, des battemens dans l’oeil & par
’ toute la tète , l’inflammation , l’infomnie , la
fièvre, un flux de larmes brûlantes q ui, quelquefois
, font accompagnés d’ une douleur fi aigue
qu’on la croiroit occafionnée par une pointe
d'épingle; mais ces accidens n’ont guères lieu que
dans les cas où la tumeur efl très-volumineufe
& compliquée d’adhérence. Les Anciens n’ont
propofé, pour cette maladie, que des fubftances
plus ou moins cathérétiques. Galien recommande
l’application du fuC de cantharides; Paul & Guy
la cadmie, Fabrice d’Acquapendente les fruits
non mûrs du thymelea; Plempius le bol d’Arménie
& l’alun; on a même été jufqu’à con-
feiller les caufliques les plus forts, tels que la
pierre infernale & en particulier le beurre d’antimoine.
Le Staphylome de l ’uvée approche plus
que tout autre du caractère de la hernie ; on
peut donc ici fuivre les mêmes indications que
préfentent les tumeurs herniaires, faire rentrer
la tumeur & empêcher qu’elle ne forte de nouveau.
Si la tumeur eft fort petite,qu’elle ait paru à 3a fuite d’une piquure ou d’une petite plaie, il
fuffir, lorfqu’on l’a fait rentrer, de rapprocher
les paupières l'une de l’autre, & de les maintenir
fermées avec tin lit de coton, de minière à produire
un degré fuffifant de comprefîion, fi ce
moyen ne réuflït point, on ■ applique un petit
morceau de baudruche,enduit d’emplâtre d’André
de la Croix, fur l’ouverture, après que la tumeur
fera rentrée. Wolhoufe employoit une plaque
d’o r , d’argent ou de plomb, faite de manière
à répondre à la convexité de l’oe il; il la plaçoit
fous les paupières après en avoir enduit la convexité
avec quelques fubftances onCtueufes pour
ne point irriter les paupières ; fi l’on éprouvoit
de la difficulté à faire cette réduction, à raifon
d’une légère adhérence des parties, il faudroit
alors fe fervir de deux fondes boutonnées , &
pendant qu’on pouffe avec l'une ce qui eft forri,
on retient avec l’autre ce qui voudroit s’échapper.
Il faut, en procédant ainfi , aller avec beaucoup
de ménagement, crainte de déchirer ou de rompre
quelques vaifleaux. Quand le Staphylome
fuccède à une playe, après la réduction faite,
on panfe plus rarement, afin de donner le tems
à la cicatrice de fe faire; mais quand il eft ancien,
que la réduction en eft impoffible , on
; confeille de recourir à la ligature. Celfe, en
parlant de cette méthode, dit que pour la mettre
en pratique, il faut, ad ipfas radices. per medium
tranfuere acu duo lina duc ente, deindè alterius line
duo capita ex fuperiore parte, alterius ex infe-
riore adfiringes inter fe y quoe paulaùm Jecando ict
excidunt. La ligature , telle précaution qu’on
prenne, n’eft pas fans inconvénient , quoique
Camper dife l’avoir vu- réuflïr une foi*, pratiquée
félon la méthode de Celfe; elle occafionne Couvent,
non-feulement la perte de la vu e , mais
encore elle donne lieu à La fonte du globe par
la fuppuration qui fouvent s’enfuit ; & c’eâ ce