
criie pour l’hydropifie afcite, en fe fervant d’un
très-petit trocar, & en ferrant le corps graduel*
lement avec un bandage. On ne peut difconvenir
que la perforation de 1 intt'ftin, pour donner iflue
à l’air qu’il renferme, ne foit une opération dan- !
gereufe & redoutable , & qu’on ne doit jamais
entreprendre, que dans un cas de néceffitétrès- ;
urgente; mais, comme cette maladie, lorfqu’eile
eft parvenue à un certain p oint, eft généralement
funefte, il vaut mieux, après avoir épuifé
inutilement les fecours de la Médecine, recourir
à ce moyen pour foulager le malade, que
de le laiffer périr dans les fouffrances. On a fréquemment
employé le même moyen avec le plus
grand fuccès , pour évacuer l’ air contenu en
trop grande quantité dans l’eliomac & les in-
tefiins des boeufs & d’autres quadrupèdes, & il
n’eft pas abfolument improbable qu’on pût quelquefois
ufer avantageufement de la même pratique,
pour l’efpèce humaine.
Après l’opération de la ponction, on a coutume
de frotter le bas-ventre, en faifant ufage
en même-tems, d’applications fpiritueufes & aftrin-
gentes. Cette pratique ne fauroit être nuifible ;
elle peut contribuer à rétablir le ton des tégu-
mens ; & , comme les friétions peuvent aufli tendre
à augmenter l’aélion des vaiffeaux abforbans,
on ne devroit pas la négliger. Pendant les deux
premiers jours, on ne peut guères y avoir recours,
parce qu’il pourroit y avoir du danger à
ôter le bandage ; mais enfuite on peut l’ôter une
ou deux fois par jour, pour faire des applications
d’efprit-de-vin camphré , & des friétions
fur tout l’abdomen, le malade gardant, pendant
ce tems-là, une pofirion horizontale.
De la Paracentèfe du Thorax.
La néceffité de la Paracentèfe du thorax eft
indiquée lorfque le mouvement*du coeur, ou
celui des poumons, eft gêné par la préfence
de quelque fluide épanché dans la cavité de la
poitrine. Perfonne n’ignore que le mouvement
fib re , & non interrompu de ces organes, eft
indifpenfable pour le maintien de la vie. Tous
les moyens que l ’Art peut fournir, doivent être
mis en oeuvre pour écarter les caufes qui tendent
à le gêner*, & , lorfque l’obftacle fe trouve être
un amas d’un fluide quelconque, il n’y a point
de remède interne auquel on doive avoir grande
confiance pour l’écarter *, le feul, dont on puiffe
attendre un foulagement r é e l, eft l’évacuation
de ce fluide, par une ouverture faite aux parois
du thorax.
L a nature du fluide épanché ne fauroit influer
fur la néceffité de lui ouvrir une iflue de
cette manière ; & , quoique la plupart des Auteurs
n’aient parlé de cette opération, que relativement
aux cas, foit d’hydropifie de poitrine,
£ojt particulièrement de collections de pus ÇVoyei
Em pykme),. elle peut être de la plus grande
utilité dans ceux où un épanchement c'e fang,
ou un amas d’air ( Voyc{ E mphysème ) empêche
le libre mouvement des organes vitaux,
1. De l ’HyJropiJie de Poitrine.
Il n’y a prefqu’aucune cavité du corps, où l’on
ne-voie quelque fois fe former des amas d’eau
ou de férolité *, & il n’ eft pas très-rare que cet
accident.ait lieu dans l’une ou l’autre des grandes
cavités de la poitrine ', & même dans toutes les
deux. L ’hydropifle de poitrine fe trouve fréquemment
compliquée d’hydropifie générale ;
mais il y a des cas où elle ne le manifefte que
comme maladie locale; & c ’eft dans ceux-ci fur-
tout que la main du Chirurgien peut être d’un
grand fecours.
7 Indépendamment des épanchemens de férofité
dans les grandes cavités du thorax, on en trouve
aufli dans-d* péricarde; ils peuvent encore être
entre les lames du médiaftin, immédiatement au*
deffous du fternum.
Différens fymptômes accompagnent ces épanchemens
d’eau dans le thorax ; il faut cependant
y donner beaucoup d’attention, pour bien s’af-
lürer de leur cxiftence, & particulièrement pour
; déterminer leur fituation aveè la précifion nécef-
faire, lorfqu’il s’agit d’une opération aufli importante
que l’ouverture du thorax.
Lorlqu’un malade fe plaint d’un fentiment de
pefanteur ou d’oppreffion à la poitrine, de gêne
dans la rcfpiration, d’une fenfation plus pénible
d’un côté de la poitrine que de l’autre, de ne
pouvoir fc tenir couché fur le côté fain, d’être
fu je t , dans fon fommeil, de fe.jéveiller en fur-
fau t, comme s’il étoit menacé d’étouffer fur-le-
champ ; lorfqu’avec tous ces fymptômes, il eft
fatigué par une toux fréquente, que le pouls eft
petit & irrégulier, & fur-tout lorfque la peau eft
lèche , que lès urines font en petite quantité, &
qu’il exifte d’autres fymptômes d’hydropifie, on
ne peut pas douter qu’il n’y ait de l’eau épanchée
dans quèlquo partie de la poitrine. Quelquefois,
lorfque le malade, étant couché, fe relève
tout-à-coup, ce mouvement brufquelui fait
éprouver un fentimenf drondulation, comme s’il
paffoit de l’eau d’un côté de la poitrine à Fau-
tre. Ce fymptôme très-caraélériftique de la maladie,
ferr encore à déterminer, d’une manière
plus particulière, en quelle partie du thorax eft
l’épanchement. Il mérite, par çonféquent, d’être
obfervé avec beaucoup d’attention, comme pouvant
fervir à indiquer l’endroit où il convient de
faire l’ouverture.
Pour s’en affurer encore mieux, on mettra le
çorps du malade à nud, afin de lè bien examiner.
S’il y a beaucoup d’eau dans la poitrine,
on pourra fouvent le recopnoître, en mettant
une main fur la partie antérieure des côtes, au-
■ près du fternum, & en frappant de l’autre, avec
une certaine force, fur les vertèbres; cette fe- I couffe fera peut-être appercevoir une fluctuation;
J & fi elle fe manifefte d’url côté feulement, le I fiè^e de la maladie fera par - là même connu ; I mais s’il n’y a pas beaucoup d’eau, fon ne doit
I pas trop compter fur cette épreuve. En pa- I reil cas, le malade étant toujours affis, on con- I feille de le faifir par les épaules, & de le fecouer I vivement , & à plufieurs reprifes, d’un côté
I à l’autre; ces fecouffes agiteront feau , s’il y èn
I a dans le thorax, & l’on pourra entendre le bruit
I de fon ondulation.
Lorfque des affeétions de cette nature ont duré
I long-temps, on peut tirer des lumières pour le
I diagnoftic d’une autre circonftance, c’eft l’éléva-
! tion de la partie du thorax où fe trouve le fluide I épanché. O u a dit même que, dans quelques c a s ,
I toutes les côres d’un même côré s’étoient trouvées
K beaucoup plus élevées que celles ae fau tre , à
K caufe de la grande quantité d’eau contenue dans
■ leur cavité, qui les empêchoic do fe rappro-
Icher dans l’expiration. Un pareil dérangement
[ ne peut avoir lieu , que dans le dernier période
I de la maladie ; niais lorfqu’il exifte , il démon-
I tre la préfence de fe au , & l’endroit où elle eft
lépanchée. I Quand l’eau eft dans le péricarde, on obfecve I à-peu-près les mêmes fymptômes que lorfqu’elle I eft renfermée dans quelqu’autre partie de la poi- I trine ; il y a même bien des cas où l’attention
1 la plus fcrupuleufe ne fuffira pas pour diftinguer I fûrement cette efpèce d’hydropifie. Un fymptôme
j cependant qui lui eft particulier, c ’eft que le
I malade, pour l ’ordinaire , fe plaint beaucoup
I d’une fenfation pénible qu’il éprouve dans le mi-
! lieu du côté gauche de la poitrine. Et Sénac,
[dans fon excellent Traité du Coeur , donne, I pour figne caraélériftique de cette maladie, un
j mouvement ondulatoire affez fort , que l ’on
[apperçoit, à chaque pulfation du coeur, entre
[les troifième, quatrième & cinquième côtes.
I Lorfqu’on eft fur qu’il y a de feau dans le
[thorax, & que l’on a reconnu en quelle partie
Ne fa cavité elle eft épanchée, comme il n’y a
[aucun moyen connu fur lequel on puiffe compter
[pour la difliper, le Praticien doit confeiller la
[Paracentèfe , dès qu’il a lieu d’en regarder le
[délaicomme pouvant entraîner promptement des
iconféquences funeftes. La gravité de cette opéra-
luon , fans doute , ne permet pas de la recom-
Imander à la légère, & pour une maladie peu fér
|$?uk \ ma*s nous croyons qu’on ne doit pas
piéfiter à y recourir toutes les fois que les fymp-
i tômes font évidemment menaçans , & que les
[remèdes ordinaires n’ ont aucun effet. Voici la
manière dont on doit y procéder.
I . malade étant couché fur le dos , de ma-
I ï ! n ^ue côlè doit k faire l’ouverture
aépafle un peu le bord du lit , & foit légère-
Chirurgie. Tome I L L ri Partie.
ment incliné en-dehors, un Aide tirera vers le
haut, autant qu’il lui fera poffible, la peau qui
fe trouve couvrir l’endroit où fon doit faire fin*
cifion, & la maintiendra fermement dans cette
nouvelle place, pendant tout le tems de l ’opération.
Le Chirurgien alors fera , avec un bif-
touri , une incifion de deux pouces de longueur,
entre la fixième & la feptième côtes, en fuivant
exactement la direction de ces os, à une diftance
à-peu-près égale du fternum & des vertèbres;
& il fera très - attentif à ne point trop fe rapprocher
du bord inférieur de la côte fupérieure,
afin d’éviter les vaiffeaux fanguins qui paffenc
dans fa rainure. Mais, quoiqu’il foit néceffaire,
pour donner plus de liberté au mouvement du
biftouri, que l’ incifion du tiffu cellulaire foit de
la longueur que nous avons preferite , il n’y a
pas de raifon pour lui donner autant d’étendue
vers le fond, en forte qu’à rnefure qu’elle avance
au travers des mufeies inrercofiaux, on peut la
réduire à la moitié. Quand on eft parvenu à la
pleure, on l’incifetrès-doucement, & avec beaucoup
de précaution, pour éviter le danger de
bleffer le poumon , fi, par hafard, il fe trouvoit
adhérant en cet endroit. S’il ne l’eft pas, feau
fortira avec force par la première petite ouverture
de la pleure. Mais f i , malheureufemenr, il
fe trouvoit-là quelque adhérence, il faudroitou
continuer l’incifion, en fe rapprochant du fternum
, ou faire une nouvelle ouverture un Douce
ou deux plus haut ou plus bas, dans le thorax.
Dès que feau commencera à paroître, on introduira
, par l’ouverture ,june petite cannule d’argent,
applatie, & légèrement courbée, ( Voyci
les Planches ) qui férvira non - feulement à en
faciliter l’écoulement, mais suffi à l’arrêter plus
aifément, fi quelque difpofition du malade à
tomber en défaillance, rendoit cela néceffaire.
Par-là encore on empêche que l’air n’ait un aufli
facile accès dans la cavité de la poitrine ; ce qui
eft affez important dans cette opération. Voyez
Air.
Quand la quantité d’eau épanchée n’eft pas
confidérable, on peut ordinairement la faire for-
tir toute en une feule fois; mais, comme la
ftruéhjre du thorax ne permet pas l’ufage de la
compreffion que nous avons recommandée lorfqu’on
fait la Ponction pour l ’afcite , iorfqu’il y
a beaucoup d’eau , il faut l’évacuer par petites
parties, & iaiffer, entre chaque évacuation des
intervalles plus ou moins longs, fuivant les cir-
conftances. Pour cet effet, & afin de pouvoir
fufpendre à volonté l’écoulement de fe a u , on
fixera la cannule, au moyen d’un ruban qu’on
y aura attaché, & que fon paffera autour du
corps du malade, & fon y adaptera un petit
bouchon. On couvrira la plaie d’un plumaceau
enduit de cérat ; & , tout étant fixé au moyen
d’une ferviette & d’un bandage fcapulaire , on
laiffera repofer le malade. Après un intervalle
T