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àe leurs, obfervations. S ’il eft des faits contre
cette aftertion peut-être que mieux fuivis iis
n'eu fient fervi qu'à la confirmer davantage ; une
recherche plus fcrupuleufe eût pu en effet la
faire trouver dans l'épanchement du fang dans
l'intérieur des ventricules du -cerveau comme il
m arriva dans le cas fuivant» Une fexagénaire' fur
prife d'une apoplexie avec perte de fenriment
de tout le côté gauche du corps. Je lui admi-
niflrai les fecours que: ton état exigeoit pendant
quatre jours qu’elle vécut. Je l’ouvris au cin-
.. quième jour annonçant un épanchement de fang
an côté droit à un de mes Profefleurs qui m'aidoit
dans cetre opération. L ’événement 'juftifia. mon
attente, nous trouvâmes une cuillerée de fana
coagulé dans le venrricule latéral droit, & le
plexus choroïde de ce côté extrêmement gorgé.
L ’on voit, d’après ce que nous venons de dire
lur ce fujçt, la vérité du theorême de Salie«:
Quoties alicui caput vulneratwn fuerit ità ut inde
paralyfis contingat. f i Icefio dextràm capitis partem
tenet, finifiram corporis partem paralyfis obfidebif
& contra.
A çe tympîôme indicateur de l’épanchement,,
on pourroii & même l’on doit ajouter les con-
vulfions dont {ont agités quelquefois les membres
du côté frappé. Un homme, dit Morgagni,
fut bleffé an côté gauche de la Tête par un fer
contondant,-il tomba au fil-rôt, mais il fe releva
enfiiite. Quelques jours après il eut la fièvre,
il tomba paralytique du côté droit ,& éprouva
des convulfions au côté gauche. Il mourût peu
de jours après ; & , à l'ouverture de fon crâne,
£>n trouva du pus épanché entre la dure & la
pie-mère*, tout le côté droit du cerveau étoit
làin. On trouve,dans le Traité De caufis &fedibus
moiborum, plufieurs autres' faits qui viennent à
l'appui de celui-ci & que nous paierons fous
filence pour ne point alonger la matière. S’il
eft des cas qui fembknt contradictoires , un
plus grand examen les ramène au principe général
comme nous l’avons dit plus haut à l’égard
de la paralyfie.
Mais ce n’eft ppint afiez de connoître le côté
où fiège la matière de l’épanchement; il reftè
encore à favoir fi elle occupe la partie antérieure,
moyenne ou pofiérieure de la Tête. Si l’on s’en
rapporte aux aliénions de P e tit, la chofe n’eft
rien moins que difficile à découvrir, Çet Auteur
dit avoir obfervé , d’après différons cas chirurgicaux
& plufieurs expériences fur les animaux,
que la réfolution des membres arrivojr très-
promptement fi le milieu de l’hémifphère &
lur-tout les corps ftriés étoient comprimas- pu
affeétés d’une manière quelconque^ que 1 accident
arrivôit plus tardivement fi la caufe comprimante
affeéloit plus la partie pofiérieure ou
antérieure du même côté. En réfumant fe§ obfervations,
& celles que nous ont laiflees les différens
Auteurs il confie qiiç la caufe de la paralyfie
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des bras réfide dans la partie pofiérieure, X
que çe qui affeCle ces deux parries en même,
tems fe trouve dans la partie moyenne de {’une
ou de l’autre hémifphère. Les accidens dont
nous venons de parler, paroiffent plus ou moins
promptement félon que la compreffion agit fur
une plus ou moins grande étendue du cerveau
fur le principe des nerfs ou loin , le ion • QUe
le cerveau efi plus ou moins confifiant , félon
enfin la dirèclion perpendiculaire, tranfverfale
ou oblique de prenîon qui a lieu alors, li efi
en effet confiaié, d’après tin uès-grind nombre'
d’obfervalions, que l’épanchement de fa~g fur
la^parde fupéri ure du cerveau a produit très-
prompremtnt la paralyfie des extrémités, pendant
qu’une plus grande fur les parties latérales n'a
caufé que le coma où déIire fans aucun autre
cîéfordre plus éloigné. Il refie encore beaucoup
à faire fur cette matière, fi l'on cherche à reculer
les bornes de l'Art ; mais, pour marcher sûrement
dans cette carrière, il faut fe laiffer conduire
par le flambeau d’une obfervation ferupu-
I leufe & exaéle, fans quoi l'on prend infailliblement
le chemin de l'erreur. Voyei, à ce fujet
les articles O b s erv a tion & O b s e r -
V A T E U R.
- Les épanchemens de fang pourroient être prévenus,
fi l’on avoir des fignes bien décififs qui
annonçaient leur formation, & que celle-ci ne
fût point trop fubite. Les faignées copieufes
pourroient, en pareil cas comme en d’autres,
en diminuer la quantité & conféquemment
les effets ; mais comme tout ici efi conjecture,
fouvent on fe détermine à un parti qui
efi précifémenr celui qu’il ne faudroit point
prendre, l’on ne penfe ,à ce dernier que quand
le mal efi porté à un trop haut point. Le trépan
efi alors le feul remède auquel il faut recourir
On doit d'autant plus efpérer de fon application
que les fymptômes de l’épanchement l'ont
évidens,& qu’ils fe fucc^dent d'une manière
régulière. La féparation du péricrâne d’avec le
crâne, & les fenres ou fiflures qu’on trouve
font un nouveau motif de prendre promptement
une réfolution ; c a r , comme l’obferve Fabrice
d Acquapendente , in vulneribus quoe naturâ fuâ
adrqodum periculof i Junt pejfimum efi expeclare
prava fymptomata & tune demum provider e cura,
forfitan occafio prateriit , nec ampliiis providere
lie et. Si le fang eft fluide, qu'il foit en petite
quantité & entre le crâne & la dure-mère,à côté
ou deffous la partie perforée, on pourra lui
donner complettemcnt iflue, & par-là conferver
la vie au bleffé; fuccès dont ©n a beaucoup
d exemples. On doit également prendre le même
parti dans le cas où les fymptômes continuant
d’être les mêmes, on n’auroit d’autres indices
du fiège de l’épanchement que la pereuflion faite
à un lieu déterminé & apparent ; car ici les incertitudes
font égales de toutes parts, & proba-
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lité pour probabilité , on courre encore une
chance plus certaine, en perforant fur le lieu
quia reçu le coup, qu’ailleurs où l’ép.mchement
auroit pu fe faire par conrre-coup. K o y q , pour
les procédés qu'on doit fuivre en pareil cas, 1 article T r é p a n .
Les coups reçus à la Tête font très-fouvent
accompagnés d’un état du cerveau bien plus
promptement alarmant que celui dont nous
venons de parler., Gomme, en pareil, cas tout
indique que ce vifeère a éprouvé une violente
fecouffe, & qu’il s’eft en quelque façon affaifi’é
fur lui-même, les Auteurs ont donné à cet
état le nom de commotion qu'ils ont dérivé du
latin commovere. Littré efi un des premiers qui
auroit fourni une preuve décifive de ce qui fe
pafl’e alors dans le c e r v e a u f i fon obfervation
étoit vraie. 11 d it , dans les Mémoires de l’Académie
Royale des Sciences, qu’un jeune-homme
fort & robufie détenu en prifon, fe tua fubire-
rnent pour éviter fon fuppiiee, en allant avec
toute l’impétuofité qu’il put avoir, fe frapper la
Tête fur le mur oppofé à celui proche duquel
il étoit. Littré l’ouvrit & fut étonné de ne trouver
aucun défordre à l’endroit qui avoit reçu le coup;
ayant fcié le crâne , il ne dé.:ouvrit également
rien, fi ce n’eft que le cerveau ne rempliffoit
point exactement la cavité du crâne, & que fa
fubftance lui parut à l’oeil & au taél beaucoup
plus ferme & plus denfe qu’elle ne devoir être.
Cette obfervation de Littré eft difficile à concilier
avec les notions que donne l’Anatomie ;
comment concevoir, en effet, qu'un pareil affaif-
fement ait pu avoir lieu fans qu'aucun des va idéaux
de la pie-mère qui vont fe dégorgerdans le fi nus
longitudinal, n ’ayant été rompus de manière à
fournir hémorrhagie. D ’ailleurs cette obfervation
eft contraire à. d’aunes, où l’on n'a vu‘aucun
affaiflement immédiatement après- la mort qu’un
pareil coup , avoit occalïonnée, Voye%, à ce
fujet, la Lettre V I l I .e de Morgagni, article 14.
L’on a lieu d’être ftirpris après la mort qui fuc-
cèJe,fbuvent à un ébranlement li fâcheux» de
ne rien rencontrer à quoi l’on puiffe attribuer
le défordre. Bailiou dit à ce fujet , innumeri a
morbis cerebri pofi convulfiones & concujfiones in-
terierunt quorum in cerebro, per Anatomen nil
videre contigït quod terrifici fymptomatis• caufa
extitijfet ; & idploerofque fefellit ratos Je aliquid
1 reperire pojfie in cerebro laborantium ex-
tinctorum » ctdeb oculta feepè caufa convulfionis '/
La commotion fiiceède quelquefois à une
violence extérieure qu'on feroït bien éloigné ducroire
pouvoir la produire en pareil cas. On
trouve une preuve frappante de ,ceci dans le
deuxième Livre des Epidémies d’Hippocrate.
Tulchra erat virgo, Nerai fili-a; erat qmdem
annorum viginti. Veriim ab arnica mulierculâ ludente
latâ tnanu in fynciput percujfa efi , ac tïim fane ,
tenebùcofa vertigine prthenja efi.. filon fpirabat.
Cumqüe domum perverfijfet, eam illico febris
prehendit & capitis dolor vexavit , & faciem rubor
colorabat ; feptimo die■ ad aurem dextram ■ pus
graveolens aliquantulum rubrum cyatho ampliiis-
prodiit, meliufque habere videbatur ac levata efi)
rursiis increfeente febre in foporem deferebatur,
neque loqui poterat : faciei pars dextra contrahe-
batur, fpirandi difiicultas aderat, & eum tremore
convulfio , & lingua detinebatur & oculus fiupe-
faâus , no no inter in. On l’a également vu firr-
venir à un coup reçu au menton à une chûte
de fort haut fur les pied^ , fur les genoux &
même fur les fefles ; ce qu’on ne peut expliquer
que par une tranfmiffîori des effets de la violence
de l’endroit frappé vers la Tête & jufqu'au
cerveau.
La commotion efi fuivie de défotdres qui
commencent au moment même du coup, & donc
l^a violence tend toujours à diminuer à mefure
que le rétabliflement ^’ppère. Les plus ordinaires
font un dérangement dans le cours dut
fang & des efprits qui paroît annoncé par divers
fymptômes, tels que l’éblouiflemenr, le vertige,
la dilatation des pupilles, le tremblement, la
perte dé connoiffance, du mouvement & du
fenriment, l’iffue involontaire des-'excrémens &
de l’urine, les vomiflemens bilieux, la foibleffe
& la periteffe du pouls. P a aw , qui vivoic au
commencement du feizième fiècle, détaille ces
fymptômes d’une manière rrès-exaéle,. comme ou
peut en juger par le paflage fuivant : Si loejus
inftar dormientis fenfus expers deprehendatur j f i
oculi ejus obcoecati fuerint 3 f i obtumuerit , f i
bilem vomuerit, f i animalis inftar malleo iSi
conciderit ; heee omnia maximam & fubitaneam
fignificant cerebri commotionem , perturbationem-
ac- concujfionem, quoe non rarâ imegro manente
nec. ulla ex parte rupto cranio mortem percujfiy
adferant. Quand la commotion efi légère , le
cours du fang d’abord fufpendu fe rétablit- bien*-
tôt & la connoiffance revient peu-à-peu. Si
elle eft forte,, les^ accidens paroi fient en plus-
grand nombre, la lérhargie ou- l ’afioupiffcment
profond & quelquefois le délire leur fur viennent,.
les paroles font,fans fuite,, mais infenfibiement
ils difparoifient, & enfin les.bleffés font rendus
à eux-mêmes- Quelquefois néanmoins & c'eft
le plus fouvent, ,à ces'accidens primitifs fuc-
. cèdent les feeondaires qu’on préfume annoncer
1 inflammation des membranes ou l ’épanchemem.
Le. malade,.qui commencoit à mieux aller , retombe
dans l'affoupiffement, perd de nouveau-la
1 connoiffance *, le plus grand nombre des fymptômes
ei-deffus décrits reparoifîênt; le pouls dé-
: vient irrégulier, fréquent, le bleffé porre fpo^-
tanément fa main à l’endroit du coup & tous
les fymptômes que nous- détaillerons plus bas
furvenam, annoncent enfin une fuppuration qui
terminera bien-tôt les jours du malade. L ’épan-
cliement fuccède toujours, à-la Rupture des vai&*