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‘ que les fvmptômes foient à ce point > la gorge de
la nourrice eft ulcérée, & le mal fe porte plus ou
motos profondément. Les yeux & les oreilles de-
viennent incapables de leurs fondions , & les
maux dont ils font attaqué* deviennent fi univer-
f is, chez le plus grand nombre, cpiils ont été
t t.\~ardés comme un figne caraèlériftique de Pin-
fecHon. Communément les marques d’infeélion
:pa.’ oifient depuis le dixième jour jufqu Siyquin-
z ème & même vingtième de leur naiffancey car 3
avant ce terns, ils paroifitnt jouir de la meilleure
fantéy quelquefois suffi ils apportent, en naiffant,
r >us les fignes les plus caraèlériftiques dune infection
décidée-, preuve manifefte d'une contagion
;pjr tranfmifljon de la mère à l’enfant. Merklin rap-
porte qu’une noble Vénitienne , qui faifoit le mé-
iier de coiiTtifannè, mourut Iuffoquéèj)ar un mor- ;
ceau d’aliment qui s’étoit glilié dans la trachée-
artère. On Toiivrit, & l ’on fut étonné de trouver
un ulcère vénérien qui avoit déjà rongé i épiglotte,
& un'fétus dont les os étoient exoftofés en cl mère
ns- endroits, il eft rare, en pareil c a s , que les
■ femmes portent leurs enfans jufqu au ternie de la
-greffefie ,* elles avortent toujours, & 5 ordinairement,
elles font fiéfiles. Mais l’enfant cornradie
plus fouvent la Vérole en traverfant le vagin, lors
de l’accouchement, ou par U fuèfion du rna-mme-
1o n d é j a' ex cor ié de fa n ourf ice. t. . .
Orni penfé, dans ce dernier cas 3 quel rnreélion
-s’opéroit par le la it, chargé de molécules virulentes.
Mais les principes de cette humeur viennent
-directement des ali mens, comme nous l’avons dit
dans un Ouvrage particulier fur le Lait, & ils ne
font point affez long teins difiincis- de-la maffe du
fan g , pour qu’on paiffe croire -qu ils partagent
des qualités morbifiques de cette dernière humeur,
de manière; à opérer fur un enfant qui le tireroit
■ d'un matnrrielon où il n’y aurait aucune ulcération.
Haller a obfervé que des eufans qui avoitnt
■ fuccé le lait de femmes bien atteintes de cette
•maladie, n'en avoient cependant éprouvé aucun
•fymptô-ine, même lons-îems après leur ievrage *,
& d’une-autre partauffi, ce qui eft en faveur du
fond délaqueftipp, B'ancard parle d uneouoceule
•de Zélande , femme très-honnête à tous égards ,
qui fut ir l f e à e , pour avoir fuccé une femme dont
•les mammelocs étoient excoriés, & qui infeéla, a
fon tour, pliiücurs femmes très-bien poitantes.
<)nand la femme reçoit la virulence de fon nour-
riflon., le tnammelon fe gonfle, l’épiderme s-en
•détache ; il fe forme fouvent de petites véficules
qui dégénèrent en c h a n c r e s& ceux-ci font fouvent
accompagnés d’ une éruption éréfypélateufe.
Mais, plus fouvent encore , les glandes voifines
•de laiffelle fengorgent, & don fenr des efpèces
•de cordes.qui fe portent de la mammelle vers elle.
‘L ’infeèlion, ainfi communiquée, fe manifefte bientôt
par des fympiômes généraux qui parcourent
•promptement leurs périodes , & fouvent avec un
îcaraciere d’atrocité qui fembîe lu: être particulier,
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& qu’on n’obferve point communément, quand
elle eft la fuite d’une âttion primitive du fyflême
génital ,* c’eft ce qui eft prouvé par les trilles
exemples que nous fourniffenc la plupart des
Ohfervateurs.
On reconnoît deux manières d’adminiflrer le
mercure aux enfans vérolés : l’une où on leur
applique extérieurement, &.l’autre'0Ù on le prêt»
-crit à leurs nourrices. En donnant le mercure aux
nourrices , dit le D . Nisbet, on eft moins sur
dés effets qu’il pourra avoir fur l’enfant ; & ,
avant que les humeurs en aient été empreintes,
il y a tour à craindre d’une plus grande -infection
Il eft, prouvé., d’après les expériences du
D. Young, qu’il eft très-difficile d’imprégner de
mercure le lait^des nourrices ,* d’où il conclut
que fi la guérifon a lieu dans ces cas., on doit plutôt
l’attribuer à l’atmofphère mercuriel où les
enfans^vivent conftamment, foit qu’ ils dorment
avec leurs nourrices, fo;t qu’ils foient tenus dans
leurs bras ou autrement. Cependant cette difficulté
■ d’imprégner ainfi le lait, a été formellement niée-
par d’autres Obfervateurs , qui difent : quaprès
l ’évaporation de cette humeur prife d’ une nourrice
qui-eft dans le traitement, il jrefté une fi
grande quantité .de ce minéral qu’on peut le découvrir
à la vue. Mais comme- il eft difficile de fe
procurer une nourrice qui veuille entreprendra
:d allaiter de pareils enfans , & que Couvent,
d’ail leurs > la mère éprouve des accidens qui [’empêchent
de vaquer à cet emploi on a prôpofé
d’imprégner de mercure le lait do quelques animaux
, pour le donner enfuite aux enfans. -L’on
trouve , à ce fujet , dans le Traité de Van-
Rofenbftein des préceptes fur la manière d’ôter à
une chèvre fes poils, pour la frotter d’onguent
mercuriel, comme dans la méthode ordinaire des
frittions. Il y eft dit que., quand on préfume le lait
fuffifammenr imbu , on peut le donner aux enfans
de la manière la plus convenable. Cette méthode,
telle- efficace qu’elle ait pu être pour quelques cas,
eft néanmoins incertaine , pour le plus grand
nombre , ainfi que -les préparations intérieures
qu’on pourroit donner dans quelques-uns, &
telles que Mafia & Mathiole les preferi voient à la
mère & à -Penfanî, dans les. premiers-rems. Ce fut
vers le milieu du quinzième fiècle que Léonard
Botal, ay'ant peu de confiance en toutes ces préparations
, confeilla lesfrittions pour les enfans,
d’après les -idées de fuccès que fuggère l’expérience.
Vraifemblablemen t ces frittions n’en eurent
pas d’heureux entre les mains de ceux qui lui
fÙGcéd,èrem, puifque, depuis lui jufqu’au milieu
de ce fiècle, on n’ y a point eu généralement recours.
Eft-ce aux fuites fâcheufes de. la mauvaife
adminiftration de ce moyen, ou à fon infuffi-
fance qu’on doit attribuer ie filence du D. Àflruc
fur l’efficacité des frittions chez les' enfans, lui
•qui s’eft tant étendu fur elles pour les adultes ? H
-eft certain qu’on peut guérir les enfans par les
frittions,
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frétions, & peut-être avec moins de danger que
par. aucune autre préparation faline j miis cette
méthode demande des précautions. Les enfans
ont naturellement ia peau très-fenfible ; & , quoiqu’ils
fuenr peu, ils font également perméable
aux principes médicamenteux des fubftances qu'on
y applique ; cette feule confidération doit déterminer
fur le choix des furfaces , dans l'application
du mercure.
Quand on fe décide à traiter un enfanr, & que
des raifons empêchent la mère de le nourrir, il
convient de le fevrer, pour empêcher qu'il’ ne
commoVique lui-même l’ infeélion, fur-tout quand
il a des aphtes à la bouche. On le met au lait de
vache , coupé avec l'eau de riz ou l’eau d’orge ,
& l’on fe contente d’oindre les jambes & l'intérieur
des cuiffes d’un tiers ou d’un quart de gros
d’onguent mercuriel ordinaire. L'on étend >une
bande à l’emour de la partie, & l'on répète ce
procédé tous les trois jours. Le mercure pénètre
facilement ; St il eft rare,, quand l’enfant eft fort,
on il en faille plus d'une once. Ce traitement
(impie eft beaucoup plus expéditif -que.celui par
l’allaitement , St il eft anflï plus sûr. On dit cependant
qu'à l ’Hofpice de Vaugirard , près Paris,
cette méthode n’a été heureufe qu’autam qu’on lu!
a joint l'ufage du fublimé ou de la panacée. Il
efl rare que l’enfani éprouve des coliques ou tran-
chéts à la fuite de ce traitement. Si cela arrivoit,
il faudroit lui ôter les linges, & le purger avec
lefyrop de chicorée : cette leule attention diflïpe
ordinairement tous les accidens, St l’on revient
enfuite au même traitement, que l’on continue
jufqu’à ce que les fymptômes foient diflïpés. Mais
quand rien ne Yoppofe à ce que l’enfant prenne fa
nourriture des înammellos, & que les fymptômes
ne font point urgens, on peut fe difpenfer de ces
onélions, pourvu que la mère fubilfe un traitement
en règle;.
Quand l’enfant eft encore dans le fein de (a
roère, il n’y a point d autre parti à prendre, pour
remédier à l infeélion dont il pourroit être attaqué,
que de faire fubir à celle-ci un tiaitement
, tnerciiriel. Mais il faut'combiner ce traitement de
manière q ue , fauf les reiards occafïonnés par les
accidens qui pourraient furvenir, il fe termine
| toujours trois femaines au moins avant le terme
de ' accouchement, pour éviter les fuites fâcheufes
due 1 ufage .du mercure pourrait entraîner vers le
tem, de la délivrance. Il ne faut point, non plus
le commencer trop t ô t , notamment chez les per’
I lonnes. fujottes aux accidens nerveux, pour leur
1 éviter tome occafion d’avortement : le teins le plus
convenable eft depuis le troifième moi. jufqu’au
I lepnème & demi ou huitième. En général, le
I mercure peut être donné à plus grande dofe aux
I femmes erolTes qu’à celles qui ne le font pas;
i r 'm m paro!t a' oir Peu d’tiTet pendant la
I . 'S S r ^ I l l ,n’ene(i ftue I plus à craindre après la Qellvr=fdo. J at vu une femme qui avoit été traitée,
Chirurgie. Tome I I , I I . Partie.
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depuis le fixième mois de fa grofleffe, par des
frittions alfernanvemenr données jufqu’au ferme
de fes couches, & qui, avant, avoir pris diffé-
rens mercuriels, éprouver ainfi, immédiatement
après fon accouchement, une folie , qu’on rapporta,
d après tout cè qui avoit précédé, à une
furcharge de mercure dont les effets s’étoient
pftrtés fur le cerveau ; & cette obfervation n'ert
point unique en fon genre.
Le mercure, donné avec prudence, excite rarement
la falivaiion chez les enfans ; c’eft un phénomène
dont il eft difficile de fe rendre raiïon
mats qui n’ell pas moins arteflé par l’expérience.
Le D. Young rapporte, à ce fujet, une
preuve confirmative de cette alfertion. On avoir
donné à un enfant douze prifes de calom-1 à lui
faire prendre pour douze jours ; on lui fii prendre
la dofe en fix, par un mal-entendu; cependant
enfant s en trouva bien , & il ne lui furvinr pas
le moindre fymprôme de falivaiion. Le calomel
quand les circonflances ne favorifent point IVnt-
plot des t é t io n s , eft la meilleure préparation que
Ion puifte choifir, donné à la dofe d’un grain
chaque nuit ; mais il convient de l’unir à deux
grains de fucre, & autant de magnéfie de riiire
Douze dofes, du on , fuffitenr ordinairement -
mats il faut quelquefois les doubler. Donné à
dores plus grandes ou plus rapprochées il occasionne
des tranchées; & toujours s’échappe par
. les Celles, & alors il perd fon effet altérant P
Nous terminerons cet article par quelques con-
fidérations fur les maladies qui, reftemblanr beaucoup
à la Vérole, peuvent induira en de «mandes
erreurs, en les prenant pour e lle , & fur ||s Dns
fetvarùs de l’inf.flioh. La Pathologie médicale
fur-tout offre beaucoup défaits du premier genre
tant à raifon de la complication des circonftances ’
que de ia difficulté qu'ont lés malades à lts bien
développer. La fituation feule d'une maladie peut
jetter dans de grandes erreurs, à ne s’en tenir
qu à ce qui concerne ITiiftoire de la Vérole Ainfi
la préfence d’un ulcère fur le gland, |e prépuce ’
les grandes lèvres, la gorge , fe nez, onî fouvenî
porté à foupçonner une maladie vénérienne oui
nexiftoit point. Combien de femmes nom point
été traitées comme affeélées de ia Vérole , oui
n avoient que des fleurs-blanches, ou queloues
excoriations. Pour éviter l’erreur, en pareil cas
il faut ne point s'en lenirà un fe„| lympiôn-e’
niais bien à leur enfemble; il faut confidérar les’
circonflances antécédentes, & prendre les indications
de celles qui font les plus concluantes On
fera fondé à croire la maladie vénérienne, quand
le plus grand nombre de fes fymptômes offriront
un caraétère qu'on a découvert dans d’autres de
nature évidemment relies, quoiqu’elle manque dn
principal, ie pouvoir d’infeélion. tt Quoique la
maladie vénérienne, dit Hunter à ce fujet con
ferve diftintftemem les propriétés fpécifique’s dont
elle Jouit dans fes différentes formes, les fymp