
MAC
M.
MACHINES j Vbyti Instrument
MACHOIRE inférieure, mûm, Mandibuîa. Cet
o j dont perfonne n’ignore la liquation, offre un
levier de la fécondé efpèce, dont les extrémités
recourbées obliquement viennent en haut s’appuyer
contre deux cavités ou gléne-s pratiquées dans
chaque os temporal à la racine de leurs .apophyfes
zygomatiques, La Mâchoire jouit d’un.-très-grand
mouvement dans la portion prolongée de fon
a r c , ce qui lui eft commun ^veç tout levier qui
fe meut fur une de fes extrémités, Le mouvement
de fes deux branches eff plus borné-, mais il n’en
eff pas moins évident, même à la fimple vue,
pôur ceux qui favenr obferyer. Nous ne nous étendrons
point ici fur la Angularité de ces motive-
mens qui dépendent en partie du genre d’arihro-
die de fon articulation & de la mobilité d'une
lame cartilagineufe ou ménifque qui accompagne
les condyles dans tous leurs mouvemens -, on peut
confulter furcefujet les Mémoires communiqués,
en 17 4 4 , à l’Académie Royal.e des Sciences ,
par M. Ferrein, & lqs Remarques fur î'articnla-
lio.n, les mufcles & ;la luxation de la Mâchoire
inférieure, par Monro, dans les Efiais de Méde-I
cine d’Edimbourg. L ’on y trouvera tout ce qui
eff relatif à cette matière. Notre objet étant les
maladies qui peuvent attaquer la continuité ou la
contiguïté de çet ps, np,us; nous, occuperons d'abord
des premières.
De la ƒ raclure de la Mâchoire,
L a Mâchoire inférieure, quoique mobile, &
conféquemment pouvant fuivre les efforts qui ppar-
roient lui faire violence, quoique compaèfe,; &
par-là pouvant leur oppofer une formante ré-
fiance , n’en eff pas moins fnjetteà être rompue.
Cette fra&ure peut avoir lieu dans fon corps ou
dans fes branches, el le peut être avec déplacement,
ou fans déplacement, quand la folution arrive
principalement près de l ’angle - poftérieur -, car
alors les mufcles prérigoïdiens, erptaphites &
niafleter retenant la partie pofiérieure , les fter-
3iohyoïdu?ns & les. digaffriques ne peuvent agir
fur le cotps de la Mâchoire & l’entraîner en bas.
On connoît la fraélure de la Mâchoire en portant
un doigt dans la bouche-fur les, depts antérieures
du côté qu’on croit fraèiuré, & appuyant d.effus
pendant qu’on oppofé-les doigts de l’autre main le
lo n g de la bafe de l’os vers fon angle poftérieur,
en faifant dp chaque main des efforts alternatifs;,
©n fetit les pièces fe mquvoir, & fouvent même
leur crépitation. Le diagnoftic eff beaucoup plus
facile dans le cas où il y ’ a déplacement, fi le
çprps s’éloigne de la branche & fe porte en bas,
la-bouche fera très-béante, & tirée de côté fig
manière que la commiffuie des lèvres s’y trouve
beaucoup plus bas, les dents de la portion pofté-
Heure fe trouveront plus hautes que celles de la
portion antérieure.. Si une portion fe porte en
avant, & pafie fur l’autre, la bouche paroîtra plus
grande de. :ce côté] elle fera jetép en avant, &
les dents cefferont d’être fur la même iigiie.:, les
unes: étant en-dedans pendant que,les aut resteront
en - dehors.
En général, toutes ces fraôfures font la plupart
dii tems accompagnées de rumeurs,, d’ecçhy-
mpÇe. La contufion, le déchirement, le tiraillement
dès tendoùs,, dçs vaifléaux & dès nerfs font
fouvent naître des âcciclens fort graves ; quelquefois
la parai} lie ouJa conv'ulfion de la joué du
même 'côté ont lieu 'félon que les: nerfs, qui font
renfermés dans le canal maxiilaire, font tiraillés
ou rompus, & à raifon de la communication
que ces net fs entretiennent avec la portion dure
de-la feptième paire j l’ouïe, difent les Auteurs,
en eff plus ou tnôinsdéfée, il y a un bruiffement
dans les: oreilles, les yeux s’enflamment, laffa-
live coule abondamment, & les lèvre) fontfon-
vènt agitées de mouvemens convuififs.
La fraéfure eft avec ou fans déplacement. Dans
ce dernier cas, on fe contente de tenir fixée la
Mâchoire inférieure conrre la fupérieure, en a.p-
pliquaht le long .du côté fraèfuré une fimple cam-
preffe, puis la fronde ou menton ni ère, -dont lès
chefs viennent s’attacher avec des épingles fur la
tête' du malade. Le procédé, dans le premier, eft
un peu plus compliqué. Si la partie .antérieure
de l’os fe trouve plus baffe que la pofiérieure,
alors on portera l’index jufque contre la bafe de
l’apophyfe eoronoïde > & l’on pouffera peù-à-
peu en arrière cette partie de la Mâchoire,' en
l’embraflant légèrems rit, & tenant en même-tèms 1 index Sc le doigt du milieu de l’autre main appuyé
fur les dents antérieures , & le ponce fous la bafe
de certe portion antérieure. On élève celle-ci en
même-rems qu’on relève suffi tôt la portion pollé-
rieure , en forte qu’on remette prefqu’en méme-
tenrs les deux portions. Mais, quand- l’une des
deux pièces monté fur l’autre, il faut avec les
doigts appliqués comme nous Ta'vons dit précédemment,
porter une portion en arrière & l’autre
en avant, jtifqua Ce.qu’eïiës ne puiffent plus fe
toucher; puis, raientiflant tout doucement, on
les rapproche & remet dans leur première placé.
On croit qu’elles y font, quand il n’y a plus
aucune diffoimité , St que les dents.font réÿilière-
menr placées. Allez fouvent il y a une dent com-
prife dans l ’étendue de la frafliire, on doit &
conbdéier alors comme un corps - étranger iqui
ns peut que retarder la cure , & conféquemment
il faut l’extraire. Mais quand, par hafard, une
ou plufieurs des dents fituées dans les environs
ont été forcées de leurs alvéoles j il faut, dans tous
les cas, lesy remettre, & les retenir en les liant
aux autres dents voifines. Celfe le confeille, en
difant, f i hi lobant (dentes) , altérions interJe
f ctâ deligandi funt. Hippocrate conleilloit l ’ ufage
d’un fil d’or. On applique enfuite 1 appareil, qui
confifie en plufieurs comprefles de la forme d un
qüarré long, dans l’une defqnelles on met un
carton-, on les trempe dans l’eau-de-vie , avant
de les appliquer, & on les foutient par la fronde
à,quatre chefs ou par le chevètre; La fronde eft
un bandage très-ancien, & dont Celfe fait men
tion en parlant de la fra&ure dont il s’agit ici.
Mollis kabena, dit-il, media inlongitudincm inc i f a ,
ut utrinque mentum compte datur & indt capita ejus
fupracaputadductaibideligentur. Quelques Auteurs
.préfèrent à ce bandage fimple un autre pi us compliqué
& qu’on nomme chevètre, qu’on diftingue
en fimple & en compofé} voici en quoi confifie
lq fimple. On prend une bande de cinq aunes de
long & de trois doigts de large, qui fera roulée à
un globe excepté environ une demi-aune. On
tiendra le globe d’une main & le bout de l’autre.
L e milieu ou environ de la portion déroulée fera
appliqué fur le bas du front, & l’on conduira
les deux parties de la bande derrière la nuque ;
là on engagera le bout fous le jet de la bande,
enfui te on la conduira en-devant fur le côtéoppofé à: la fraélure pour la faire palier fous le menton
& de-là la faire monter le long de la joue malade
proche le petit angle -de l’oeil ; on continuera ftir
le vertex pour defeendre derrière l’oreille oppo-
fée & revenir par-defious le menton. On paflera
une fécondé fois fur la joue , formant un petit
doloire, on continuera de monter au-deffus de la
tête , & l’on defeendra obliquement fur la nuque
pour revenir du côté de la fraéture.' On paffe
deux fois de fuite fur le menton & derrière la
nuque en forme de circulaire, & une autre fois
defious le menton. Après ce troifièine tour, on
monte le long de la joue près le petit angle
du côté oppofé à la maladie jufqu’au fommet
de la tête, d’où l’on defeend en revenant par le
même côté oppofé au mal pour paffer fous le
menton, & faire un fécond doloire fur la joue
malade. Quand on eft parvenu fur le pariétal
oppofé , on retourne de nouveau vers la fraôîure
jqfquevis-à-vis la région temporale, & l’on finit
le. refte de la bande par des circulaires autour de
la tête. Ce bandage, tel contentif qu’il paroifte
devoir être , n’eft cependant pas préférable à la
fronde , qui remplit les mêmes vues, & dont l’application
eft beaucoup plus facile \ canin appareil
ferré n’eft ici que rien moins néceflàire -, & c’eft
ce qu avoir déjà bien remarqué Hippocrate dans
fon T rairé De^ Articnlis , où il d it: Scire autem
■ convertit maxillam fractam fafciis par'um juvari ,Jî
reâe injiciantur \ ubi minus • rc&e, mult'um Icedi.
Le malade, pendant tout le tems du traitement,
Chirurgie, Tomt JJ.e Partie,
ne fera aucun mouvement de la mâchoire, on
le nourrira à la cuillère. Si la fracture eft compliquée
de plaie, on ne défera la bande qu’avec
beaucoup de précautions, quand il s’agira de la
panfer j & un A id e , pendant ce tems, tiendra
toujours les pièces rapprochées pendant qu’on
appliquera les différentes parties de l’appareil.
Une attention qu’Hippocrate regardoit comme
bien effemielle, eft de tâter fouvent l’intérieur
de la bouche pour s’affurer de l’état de la fracture,
afin de contenir ou remettre avec les doigts
les fragmens offeux qui auroient pu fe déranger.
Au bout de trois femaines, on permettra l’ ufage
de la parole-, on pourra même ne plus appliquer
aucune pièce d’appareil. On nourrira alors le
malade avec des alitwens plus folides, tels qu»
les oeufs & les viandes hachées, &c.
De la Luxation de la Mâchoire..
L ’Infpeélion du genre d’articulation qui unit
la Mâchoire avec l’os temporal dit à ceux qui
1 obfervent, que la luxation ne peut arriver que
de deux manières \ quand les deux condyles portés
en avant, s'avancent en - deçà de la racine
de l’apophyfe zygomatique , & y refient im-
.mobiles, alors la luxation eft parfaite, ou quand
un des condyles fort latéralement & en-dchors
d’un côté , pendant que l’autre eft porté antérieurement
; c’ eft la luxation imparfaite des Auteurs.
Dans le premier cas, les condyles font
entièrement hors de la cavité qui doit les recevoir
j dans le fécond, ils font encore appuyés
fur les bords, l’un étant forti dehors, & l’autre
rentré en-dedans. Le rebord du conduit auditif
& la racine de i’apophyfe ftiloïde font un obfta-
cle à la luxation en arrière, & c’eft ce qu’avoient
déjà remarqué Paré & Fabrice d’Aquapendente
long-tems avant J . L. Petit & Monro. On ne
conçoit point comment, d’après une difpofition
fi parlante, Saliceti, Lanfranc, Gui de Chau-
liac & de Vigo ont pu admettre ce dernier genre
de luxation, & en donner des lignes qui ne
peuvent être que dérifoires. Dans la luxation
parfaite la bouche eft béante, le menton defeend
fur la poitrine, quelqu’effort que le malade &
ceux qui l’entourent faffent pour la fermer, ils
n’y peuvent parvenir, les tempes font applaiie6
en iaifon de la tenfion des mufcles crotaphites,
les joues font rendues & rapprochées des dents
la falive exprimée des glandes parotides coule
en abondance, la Mâchoire , par i’inclinaifon de
fes condyles eft portée obliquement en arrière,
& la parole eft nulle, ou peu diftinéle. La plupart
de ces fignes font rapportés par Hippocrate,
ainfi qu’on le peut voir dans fon Traité De Jr.ti-
culis. Dans la luxation imparfaite, la Mâchoire
eft fonté portée d’ un côté , la bouche eft à moitié
ouverte & les dents de l’ une & l’autre Mâchoire
ne font plus dans la même ligne, le malade balbu-
F