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tous fur ce poinf. L’ufage des petites minuties,
i'efprit des femmes généralement compariflant,
la plus grande intimité que donne une reffem-
blance de fexe , qui foumet celle qui foulage, aux
mêmes maux que celle qui fouffre, durent, de
tout tems, attirer aux Sages-Femmes une très-
grande confiance. Celaétoit très-naturel^ & même
piaufible,dans les cas les plus ordinairesyàù la Nature
fuit le fyfiême de loix quelle s'bfi impofé
pour produire à la vie les individus dont elle a
en vue I'exiftence. Mais., comme quelquefois
elle eft arrêtée dans fa marche par des ôbfiacles fortuits
qui s’oppbfent à.fes intentions, il arrivoit, ce
qu’il arrive encore aujourd’hiii,que l’accouchement
devenoit laborieux, fouvent même impoffible, par
l’ignorance pu éroierit; les Sages-Femmes-, fur les
caufes & les accidens de l'accouchement. L’éducation
des femmes, en général, les éloigne de l’étude
& de l’application aux fciences de combinaison
*, plus adonnées au genre d’imitation qu’à celui
d'invention, elles favént moins comparer & prendre,
dans les circonftances difficiles , un parti
motivé , que fuivre ce qu’elles ont vu faire , quelque
foit la nature des cas qui devfoit les
guider. Auffi , l’art des accouchemens a-t-il fait
peu de progrès entre leurs mains, & fans les travaux
continuels-des hommes célèbres, qui, depuis
plufienrs fiècles, s’en font férieufemem occupés
, emportant la précifion rigoureufe des Mathématiques
, la pratique eh ce genre feroit encore
ce qu’elle eft dans le fond des campagnes ,
*me pure routine trop fouvent défaftreufe.
Les femmes qui, en France, fe deftinent à la
pratique dès accouchemens , étudient-'dans les
grandes villes fous les Chirurgiens, qui leur font
es cours particuliers; elles peuvent également
uiyre les Profeffeurs publics aux Ecoles de Médecine
& de Chirurgie. Elles apprennent la pratique
fous celles qui ëxerçent dans le Public , ou
qui font ftipendiés par les Hôpitaux pour aideF
, es femmes qui viennent y faire leurs couches.
Quand elles ont rempli le tems affignë par la loi,
elles font dans le cas d’afptrer à la maîtrife. Quoique
les Sages-Femmes aient une maîtrife, à cette
époque encore , où fien n’eft décidé fur les réformes
à faire'dans cë qui cbnëerne l’A rt de guérir,
elles ne forment néanmoins aucune communauté
entr’elles. Elle s font reçues maîrreffes par le corps
des Chirurgiens , à la police duquel elles font
foumifesi Les loix pour les Sages-Femmes de Paris
, font différentes de celles de la Province. Dans
cette ville, elles ne peuvent être reçues à là'maîtrife
avant l’âgede vingt ans; fffautqu'elleS-aieur été trois
ans apprentiffes chézùne maîrréfie Sage-Femme^tt
trois mois feulement à rHôtel-Dieu-;Les brevets
d’apprenuffage, chez les Sages-Femmes, doivent
avoir été enrégiftrésau greffe du premier Chirurgien
du Roi, dans la quinzaine de leur paffàdon,
,à peine de nullité* Les apprentiffes de l’Ilôt ei-
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Dieu, font tenues de rapporter un fimpîe cerfi.
ficar des Adminiflrateurs, attefté par la principal
Sage-Femme de l’Hôpital. L ’afpirante à la maîtiifç
eft interrogée, au Collège de Chirurgie, par le
premier Chirurgien de Roi ou fon Lieutenant,
par les quatre Piévôts du Collège de Chirurgie,
par les quatre Chirurgiens ordinaires du Roi
en fon Châtelet, & par les quatre Sages-Femmes
Jurées, en préfence du Doyen de la Faculté de
Médecine, des deux Médecins du Châtelet, 'dit
Doyen des Chirurgiens, & de huit autres Maîtres
en Chirurgie. Si l’afpirante eft jugée capable, elle
eft reçue lur-le-champ, & on lui fait prêter le
ferment ordinaire, dont les principaux points
font, de ne donner aucun médicament capable de
caufer l’avortement, & de demander du fecours
des Maîtres de l’A r t , dans les cas épineux & em*
barraffans : on n’exige point d’apprentiffage pour
les Sages-Femmes de Province. Toute afpiranteà
la pratique eft admife à l’examen pour la maîtrife,
en rapportant un certificat de bonne vie & moeurs,
délivré par le Curé qui ordinairement ne le donne
qu’à celles de fa paroiffe, qui a déjà quelque dif<
pofition pour cet état. Cette afpirante eft enfuite
interrogée, moins pour donner des preuves de fa
capacité, que pour recevoir des inftruélions fur
les difficultés qui peuvent fe préfenter. On la
reçoit le plus fouvent, quelque peu inftruite qu’elle
foit ; & ainfi elle eft réputée propre à facrifier
les viélimes, qui bien-tôt viendront s’offrir à elles.
Abus funefte auquel on eft encore bien éloigné d’avoir
remédié! Un enfeignement régulier, fait dans
les principaux Départemens, pourroit en diminuer
le danger, ainfi que nous l’avons déjà dit à
l’article A ccoucheur. Mais il faut efpérer que
dans le nouvel ordre de chofes, qui s’établit actuellement
en France, le cri des mères en fouft'rance
réveillera l’attention des Légiflateu.rs, fi portés à
tourner les yeux vers toutes les caufes qui contribuent
à la dépopulation du Royaume. (Af.
P e t i t -R a b e l .')
SAIGNÉE. Opération par laquelle on ouvre
un vaiffeau fanguin pour en tirer le fluide qui
y eft contenu.
La faignée, foit qu’on la confidère relativement
à fon influence fur le fyftème animal, ou
relativement à la délicateiïe , on pourroit pref-
qtie dire à la difficulté des moyens par lefquels
on l’exécute, eft peut-être une des opérations
les plus importantes de la Chirurgie. Comme
cependant elle fe pratiqué très-fréquemment &
comme on la voit exécuter tous les jours fans aucune
apparence de difficulté , même par les derniers
de ceux qui fe donnent pour avoir des eonnoiffan-
ces dans l’Art de guérir, le Public s’eft accoutumé
à regarder fon exécution comme une bagatelle*
Cependant il n’y a pas un Praticien infiruit qui
ne doive reconnoître que cette opération, pou*
être bien faite, demande beaucoup de précifion
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•jam le coup-d’oeil,comme aufli beaucoup de sûreté
& d’exaéfitude dans la main.
Notre intention n’eft point d’entrer dans l’examen
des diverfes circonftances où il peut être
avanrageux d’ôter une partie du fang contenu
dans le fyfiême vsfculaire. Nous n’entreprendrons
pasnon plus de traiter dès effets divers desfaignées
générales & locales ; car toutes ces confidéra-
tions qui font de la plus grande importance , nous
méneroient trop loin*, d’ailleurs elles trouveront
mieux leur place dans le Diélionnaire de Më-,
decine» Tout ce que nous nous propofons fe
réduit à décrire aufli clairement qu’il fera pof-
fible les différentes manières de Saigner qui font
en ufagè.
Dans tonte affeélion inflammatoire qui produit
tm dérangement général de l’économie animale,
la manière de faigner telle qu’elle a été pratiquée
de tems immémorial, confifle à tirer en peu de
tems la quantité de fang qu'on juge néceflaire,
par une ouverture faite avec la lancette dans une
artère ou dans une veine. Il efl très**diffici!e de
déterminer avec un certain degré de précifion
la différence qu’il peut y avoir quant à l’effet
entre ces deux manières de Saigner; mais il y
a lieu de fiippofer qu’indépendamment de la quantité
de fang que Ion tire, la différence qu’il y
a entr’elies eft moins importante qu'on ne l’imagine
ordinairement. La première qu’on appelle
Artériotomie, & la fécondé nommée Phlébotomie,
font les moyens qu’on emploie pour faire la
Saignée que l’on nomme générale , & dont nous
allons bien—tôt nous occuper.
Souvent une maladie de nature inflammatoire
fe manifefie par une affeélion locale , fans être
accompagnée de beaucoup de fièvre ; & l’on voir,
en pareil cas, que la Saignée générale n'a pas
grand effet pour appaifer les fymptômës, randis
qu’on les calme très-efficacement fi l'on tire du
fang de la partie même qui eft affeéîée,en ouvrant
un certain nombre des petits vaifleaux qui lui
en fourniffent. C ’eft cette opération que l’on nomme
Saignée topique-ou locale. Les moyens qù’on
emploie pour la faire feront éxpofés dans la fuite;
nous allons à préfent parler de la Phlébotomie.'
On peut ouvrir les veines pour tirer du fang
par-tout où il s’en trouve a aftez groffes pour
que l'on puiffe y atteindre facilement, & fans
inconvénient, avec la lancette. Mais on fait cette
opération particulièrement fur les veines du bras
«ans le pli du coude, fur lès veines jugulaires,
& fur les veines du pied près de la cheville. Dans
certains cas particuliers, on tireanffi du fang des
veines de la main, de la langue, &c. Les Anciens
comptoient à la tête, cinq veines qu'on
pouvoir ouvrir.
La première eft la frontale ou préparâtes elle
fraverfe le milieu du front ; c’eft une branche
«e la veine angulaire;;elle rapporte le fang des
parties voifines & de1 la parue poftérieure de
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la tète dans les angulaires. Hippocrate recommande
l ’ouverture de cette veine dans les douleurs
de la partie poftérieure de la fête.
La deuxième eft la temporale; elle accom-
• pagne l’artère du même nom ; elle rapport»
dans la veine jugulaire externe, dont elle eft
une branche, le fang des parties pofiérieures,
latérales & antérieures de la tête. Il y a une veine
temporale de chaque côté, & ces deux veines
. ont communication enfemble 8c avec la veine fron-
. taie. Les Anciens faifoient1 Couverture de ces
veines temporales dans les douleurs vives &
chroniques de la tête.
‘ La troifième eft l’angulaire ; elle eft fituéq
dans le grand angle, ou angle interne de l’oe il;
ceft la continuation du tronc de la veine jugulaire
externe. Les Anciens 1 ouvroienr pour guérir
lë,s, ophtalmies.
La quatrième eft la nafale ; elle fe trouve
entre les cartilages latéraux du nez. On en fai-
foit autrefois 1 ouverture dans les maladies de
la peau du vifage, comme dans lagoatre-rofe.
La dernière eft la ranine; elle eft" fituée fouj
la langue à côté du filet; c'eft une branche de
la jugulaire externe. Les Anciens l’ouvroient
dans l’efquinancie.
Toutes ces veines portent le fang dans les
jugulaires,* ainfi,en ouvrant la jugulaire on produit
le même effet qu’on produiroit en ouvrant
une de ces autres veines, & on le produit plus
facilement & plus promptement, parce que les
jugulaires font plus groffes, & par conféquent
fourniffent par l'ouverture qu’on y fait une bien
plus grande quantité de fang; c’eft pourquoi l’on
a prefqtie entièrement abandonné la pratique des
Anciens, & l’on n’ouvre guères que les jugula
ires . •
II..y a deux veines jugulaires externes, uno
de chaque côté du cou; elles font recouvertes
du mufcle peauffier & des tégumens ; elles reçoivent
le fang de toutes les parties extérieures
de la face & de la tête, & communiquent avec
les jugulaires internes. \
Il y a au pli du bras quatre veines qu’on a
coutume d'ouvrir; favoir la céphalique, la médiane
, la bafilique & la cubitale.
La Céphalique eft fituée à la partie fupérieure
& externe du pli du coude.
La médiane fe trouve un peu plus bas; elle
n'ell autre chofe qu’une branche de communication
de la céphaliquë avec la bafilique ; elle
eft ordinairement placée fur le tendon du mufcle
biceps.
La bafilique eft plus près de la partie interne du
bras, & plus bas que la médiane. C'eft fous cette
veine que fe rencontre ordinairement l’artère.
Enfin la cubitale eft fituée vers le condyie
interne du bras.
Ces quatre veines s'étendent à l’avant-bras, au
poignet, -& jufques fur le dos de la main. On peut
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