avons prefcrite pour les autres cas d’épanchement
dans la poitrine. Il faut feulement faire obferver
q ue, dans le cas d’empyème, tou,tes ;les fois que
le liège du pus eft marqué, ou par une douleur
qui s’eft fait fentir long-tems dans un même endroit,
ou par la préfence d’un abcès entre .deux
côtes, ces indices, font les guides les plus fûrs
pour le choix de l’endroit où il faut faire l!in-
cifion. Mais quand ils n’exiftent pas, la, plac^q.ue
nous avons indiquée pour,la faire,: dans les,.cas
d’épanchement d’eau ou de, fang , fera aulfi la
plus convenable pour donner ifl'ue à un amas
de pus.
Il fera bon d’obferver encqre que, lorfqu’un
abcès s’eft formé dans le çhqrax^en conféquenee.
de quelque plaie extérieure , & particulièrement
à la fuite de quelque bleflute3jfaite:gàr un'instrument
qui ait pénétré profondément, il n’eft
pas néceffaire d’avoir recqurs à aucune opération, ;
li la bleffure qui a caufé l’abcès eft fttuée de manière
à pouvoir aifément laiffer .couler le pus.
Mais fi elle eft trop près du haut du thorax . pour
que cet écoulement puiffe avoir lieu, il fera à
propos de faire une nouvelle ouverture dans une ,
partie plus baffe. Et fi le pu^ fe. trouve logé im- j
médiatement fous le flernum i qe manière qu'on j
ne puiffe pas lui ouvrir une iffuç eptre deuxcôres, \
on enlèvera une portion de cçt.,os avec le trépan,
comme nous avons confeillë de le faire ,
en parlant de l’hydropifîe du médiâftin.
Lorfqu il y a épanchement de pus dans la poitrine,
ce fluide commence, pour l’ordinaire, à
fe former dans la fubflance même, des poumons, ■
& fe verfe enfuite dans l’une des cavités du th o -,
rax. Mais il y a des cas où l ’on trouve dç grandes
quantités de pus entre la pleure & la furface des ‘
poumons, fans aucune affeélion apparente de,ces
organes*, ce pus vient évidemment d’une inflammation
de la pleure, ou de la membrane qui
recouvre les poumons. Il efl rare qu’il tarde beaucoup
à produire des ulcérations j & / lorfqu’ellçs
ont lieu, l’écoulement qui fe fait après.la F a - •
racemèfe, continue ordinairement pendant tiès-
long-tems.
Différentes caufes concourent à rendre la gué-
rifon des abcès de la poitrine plus longqe^ &
plus difficile que celle de femblables affections
dans d’autres parties. Telles font le mouvement
continuel des poumons, la dëlicateffe de
ces organes, qui ne nous permet pas d’y exciter
le . degré d’inflammation que nous favons être
néceflaire pour la réunion des parties qui ont
été féparées par la formation, du pus, St l’im-
poflîbilité où nous fommes de faire ufage de la
comprelfion , que le voifinage des côtes rend
impraticable ; & quoique, dans un petit nomp
bted e cas , la quantité du pus diminue graduel-:
lement que l’ouverture extérieure fe cicatrife, ,
cependant,en vertu des caufes dont nous vepons
de parler 9 le plus grand nombre de ceux à qui
1 on a fait l’opération de l’empyème, ou qui on<t
eu des abcès dans la poitrine , en conféquenee
de bleffures , confervent un écoulement de pus
pendant très-loRg-tems, & fouvent pendant toute
leur vie. II eft vrai que , dans bien des cas , la
plaie extérieure fe cicatriferoir, fi l’on n'avoit
pas foin d’en entretenir l’ouverture ; mais fi on
lui permet defe fermer, le pus fe fait jôur de
nouveau, ou bien on.eft obligé d’en venir à une
.autre opération pour l’évacuer , lorfqu’il s’eft
amaffé en affez grande quantité pour renouveller
.les, fymptômes qui annoncent la gêne des mou-
.vemens du coeur & dès poumons.
Nous aurons occafion de traiter plus amplement
de ce fujet à l’article Poitr ine , en nous
.occupant des bleffures de ces parties, Nous croyons
cependant devoir obferver encore ici qué ,quoi-
qu’en général l’on ait condamné, avec beaucoup
dp raifon, l’ufage des tentes creufes, ou folides,
dans le traitement des plaies, c’ eft f e ,laiffer malà
propos entraîner par l’opinion, que de les'prof
çrire entièrement dans les cas de bleffures qui
ont pénétré dans .la caviré du thorax. Car, quoiqu’il
y ait des Praticiens ;qui les rejettent abfo-
iument, il eft certain qu’ôn a^laiffé périr des malades
qu’ on auroit pu fauver’ fi l’on fé"fut tenu
moins ftriélement à cette règle. -Ainfi, dans le
cas qui nous occupe, aufli long-tems que le pus
d’un abcès trouve une i f f u e & s’écoule . librement
par la plaie , il n’y a aucune raifon pour
fe fervir de tentes, & même on' auroit tort d’en
faire ufage. Mais quand la plaie du thorax fe
ferme trop tô t , quand il en, réfulte.un nouvel
amas de pus, & un obftacle.au jeu des poumons,
il eft bien évident qu’il faut entre,tenir un paf-
fage par où Le pus puiffe -s’écouler. C ’eft ce qu’on
fait très^facilement r ,au moyen d’un bout de bougie,
ou d’une petite cannule d’argent qu’on introduit
dans {’ouverture/&"qu’on y laiffe .quelques
heures, en répétant cette opération auili
fouvent que, la difpofitipn des parties à fe. cica-
trifer en indique la néceffité. Saqs doute, qu’un
écoulement continuel de pus nîçft.pa.s fans in-
convéniens *, mais ils ne doivent, pas être plus
grands que ceux qui réfultent d’un fimple cautère,
auquel une ouverture, comme celle dont
nous parlons, reffemble beaucoup.
. IV". De s Epanchemens <£air dans le Thorax,
L ’a ir , amaffé dans l’unè des grandes cavités da
thorax, produit- les mêmes eftéts fur le mouvement
du Coeur & des poumons, que ‘les épan-
chemens d’eau, de fan g ou de pus*, & les acci-
dens qu’il occafionne font fouvent l’objet des
foins du Chirurgien. Voye\ Emphysème;
Différentes caufes peuvent donner lieu à ces
amas d’air dans le thorax.
T .° Nous favons que le "procédé de -la pùïréïaéltoo
tend à dégager des fluides aëriformes
des corps qui y font expofés, la corruption'de
quelque partie du poumon pourra , par confé-
quentd onne r lieu à un dégagement de quelque
fluide de cette efpèce , dans la cavité du
thorax. Mais une pareille maladie ne peut gùères
être l’objet de la Pratique Chirurgicale *, car la
caufe dont elle dépend cède bien rarement aux
remèdes par lefquels on cherche à la combattre \
& fi l’on ne peut pat arrêter les progrès de la
putréfaélion , ce feroit en vain qu’on tenteroit
une opération pour, donner iffue au fluide.
z.° L ’air peut paffer dans les cavités de la
poitrine , en conféquenee d’une rupture de la
membrane qui enveloppe les poumons j rupture
qui peut être caufée par des efforts violeus qu’on
aura faits en touffant, en criant, &c.
3.0 Uné.érofion de la furface des poumons,
caufée par des ulcères , ou par l’attouchement
d’une matière purulente qui aura contraélé de
l’acrimonie, peut de même ouvrir un paffage
à l’air dans l’une ou l’autre des cavités du
thorax.
4.0 Des bleffures, qui pénètrent dans la fubflance
des poumons, peuvent encore produire le même
effet 5 mais cela n’arrive que lorfque la plaie a
été faite dans une direélion oblique, par un infiniment
étroit & pointu. Car un infiniment qui
pénètre le poumon, dans une direélion à-peu-
près perpendiculaire à fa furface, ne donne jamais
lieu à un épanchement d’air entre cet organe
& là pleure, parce que tout l’air qui s’échappe
de l’intérieur, pafle au - dehors par la
plaie. Mais fi la blefiùre eft oblique, il eft très-
poff.ble que l’air ne trouve pas de libre iffue à
/extérieur , à caufe du rapprochement naturel
des parties 4 les bords de l'ouverture faite au
thorax, agiffant alors comme une valvule, forcent
l ’air à s’accumuler dans l’une des cavités
de la poitrine.
$.° I^es bords'pointus d’ une côte caffée, ou de
quelque fragment détaché des côtes ou des vertèbres
j peuvent auffi caufer de pareils accidens.
De toutes ces caufes , celle qui produit lé 1
plus fréquemment des épanchemens d’air dans là
ppitrine, c’eft la blefl'ure du poumon faite par.
l’extrémité d’une côte fraélurée.
Les fymprômes produits par un épanchement
d’air , ne diffèrent de ceux qui dépendent d’un
épanchement d’eau , ou de pus, que parce qu’ils
augmentent rapidement, de la manière la plus
alarmante, au point que l ’on a vu descasoù le
malade eft mort peu d’heures apres s’être caffé
une côte , uniquement parce , que l ’air s’ëtoit
amaffé entre la pleure & le poumon , en telle
quantité qu’il empêchoit abfolument le jeu de
la refpiration. Dans bien des cas , & peut-être
dans le plus grand nombre, en même-terris que
1 air s’accumule dans les cavités du thorax, il s’in-
finue dans, le tiffu cellulaire de la poitrine j & ,
fi l'on n’y porte pas un prompt remède, il pénètre
bien-tôt par tout le corps.
C'eft une chofe vraiment étonnante que de
voir avec quelle rapidité la bleffurè fuperficielle
du poumon , faite par une côte caffée , amène
quelquefois les fymptômes les plus graves. Le
malade fe plaint d'abord d’une gêne dans la poitrine1,
'accompagnée' d’oppreflion & de douleur
dans la partie la plus particulièrement affeélée.
Peu - à - peu l’oppreflionaugmente, le malade ne
peut plus fe tenir couché; il refpire plus facilement
quand il a le tronc élevé & penché un
peu en avant. Le vifa'ge devient rouge & enflé.
L e pouls eft ordinairement faible ,• & devient
bien-tôt irrégulier. Les extrémités fe refroidiflent;
& fi le malade n’eft pas promptement fecouru,
il ne tarde pas à périr, avec toutes les marques
de la fuffocation.
L ’enflure emphyfémateufe de la poitrine , &
des’autres parties qu’on obferve ici quelquefois,
fe diftingue aifément de celle qui dépend d’un
épanchement de férofité, par l’efpèce de bruit qui
fe fait entendre quand on preffe les parties ainfi
gonflées, & par la fenfation qui en réfulte, laquelle
reflemble à celle qu’on auroit, en comprimant
une veflie sèche, à-peu-près pleine d’air.
Pour combattre ce fymptôme, on fait des inci-
fions profondes, d’un demi-pouce de longueur,
qu’on multiplie dans toute l’étendue de l’enflure.
Par ce moyen , on donne iffue à une grande
quantité d’a ir , dont on aide la fortie, en pref-
fant 1 enflure de tnanière à là pouffer vers les
incifions ; par-là auffi, on débarraffe la poitrine
d une grande partie de l’air contenu dans fes cavités
; car,, à mefure qu’il en fort par les ouvertures
qu’on a faites 'dans le tiffu cellulaire, il
eft remplacé par celui qui eft dans le thorax;
&fi la quantité que fourniffent les poumons n’eft
pas plus grande que celle qui s’échappe par les
fcarifications, on l’aura bien-tôt faitfortir en totalité.
Mais il arrive fouvent que l’air qui vient
de la bleffurp du poumon , eft en plus grande
quantité que celui1 auquel on peut donner iffue
par un nombre quelconque d’indlions faites à
la peau; & , dans ce cas, lefoulagement d e t’op-
preffiôn , qui eft le plus fâcheux fymptôme que'
le malade éprouve, n’eft pas bien confidérable.
Il n’y a pas bien long-tems que les malades,
dans cet état, périffoient prefque toujours fuffo-
qués ; car ; • lorfqü’oti ne 1 rëuffiffoit pas à faire
fortir l’air, au moyen des fcarifications ( & même
i’iifage de c.tie'Méthode n’eft pas bien ancien )
les Praticiens n’imaginoient pas d’autre moyen’
de les fecourir. Mais aujourd’hui dans tons les cas de ceité naturen,o uosù flaav ognêsn eq udee,
la refpiration eft très’grande, & où les fymptômes
font évidemment1 ôccafionnés par un épanchement
djair dans le thorax ,. il faut employer,
pour lui donner iffue , le même moyen que pour
évacuer d’amrïs iQuides, favoir la Pàracencèfe.